L’eau, facteur de trouble d’ordre economique et ecologique

En année 2007, près d’1,8 million d’enfants dans le monde sont décédés à cause de la diarrhée ou d’autres pathologies causées par la consommation d’eau insalubre ou par un assainissement inadéquat. Les maladies et décès liés au manque d’eau potable et d’assainissement adéquat sont aujourd’hui un triste souvenir de l’époque passée dans les pays industrialisés, alors que dans les pays en développement, 1,1 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et 2,6 milliards de personnes ne disposent pas d’assainissement adéquat. La réduction de l’écart entre ces deux mondes en ce qui concerne l’eau et l’assainissement est trop lente. Certaines régions du monde, en particulier l’Afrique Subsaharienne dont fait partie Madagascar, sont très loin d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement en matière d’eau et d’assainissement. Si on suit ce rythme, l’OMD relatif à l’eau potable ne pourrait être atteint qu’en 2040 et celui relatif à l’assainissement adéquat qu’en 2070 .

L’eau est a priori une ressource qui doit être peu affectée par les dynamiques d’échelle internationale. Les transferts d’eau brute entre Etats sont rares et il est indispensable, pour des raisons techniques, qu’il existe un jour un marché mondial de l’eau, semblable à celui d’autres matières premières. Pourtant, partout dans le monde, l’eau est devenue un enjeu de la mondialisation contemporaine. D’une part, parce que de nombreux pays ont pris conscience qu’ils échangeaient effectivement de l’eau sous forme « virtuelle », à travers des échanges d’autres produits ( ALLAN, 1998 ) ; d’autre part, avec la constitution d’un modèle mondial de gestion de l’eau, construit à partir du milieu des années 70, fondé sur la diffusion d’améliorations techniques, la fin des subventions croisées au bénéfice de l’agriculture irriguée et la valorisation maximale de la ressource, y compris par la mise en place de marché de l’eau ; cette nouvelle politique de l’eau, prônée par la Banque mondiale est devenue la norme dans de nombreux pays du Sud et y joue le même rôle que le « Consensus de Washington » dans le champ du financement public . C’est à partir de ces deux dynamiques que nous allons analyser l’évolution de l’environnement de l’eau et les tendances de l’économie mondiale.

L’EAU, FACTEUR DE TROUBLE D’ORDRE ECONOMIQUE ET ECOLOGIQUE 

Les activités humaines modifient aujourd’hui le cycle hydrographique à une échelle mondiale, régionale et locale, selon les voies qui ont de profondes conséquences sur la production alimentaire future et la productivité à long terme.

L’ECONOMIE DE L’EAU

L’eau, une denrée économique de grande valeur

L’idée nouvelle de considérer l’eau comme denrée économique de grande valeuridée qui s’est récemment imposée au niveau international est loin d’être nouvelle pour la majorité des pays en développement. Beaucoup sont situés dans les zones semi arides, comportent des régions semi-arides, ou subissent des saisons sèches et humides extrêmes. Dans certains pays en développement : Inde, Irak, Sri Lanka, Chine, et autres, la technique hydraulique gérant les écoulements de l’eau a été à la base des civilisations antiques et la gestion de l’eau demeure un élément central de la vie sociale, politique et spirituelle. Les problèmes que pose l’eau, qu’elle soit rare ou surabondante au moment des inondations saisonnières, sont une réalité quotidienne. L’eau a toujours eu des incidences politiques ; sa gestion et sa conservation sont essentielles au développement et toutes les politiques économiques prennent en compte les besoins en eau.Bien que la pénurie d’eau et les inondations demeurent les problèmes prioritaires pour beaucoup de pays en développement, les problèmes de qualité commencent à apparaître dans leur programme, tout comme les problèmes de pénurie s’imposent de plus en plus dans certaines régions du monde industrialisé. Dans le Sud, l’accroissement rapide de la population et un mouvement d’urbanisation encore plus rapide ont récemment exercé de nouvelles pressions sur une ressource qui s’avère surexploitée. Dans beaucoup de pays, l’agriculture en reste le premier utilisateur et le transfert vers d’autres utilisations de l’eau peut avoir des conséquences sur la production et la sécurité alimentaire. De plus, dans les villes et leurs agglomérations, des quantités croissantes d’eaux usées non traitées sont déversées dans les rivières causant des problèmes en aval pour l’agriculture et la vie rurale .

Comme politique de l’eau, la Chine prévoit de réduire de 69 milliards de m3 sa consommation d’eau selon un plan de conservation de l’eau pour la période 2006 2010 élaboré conjointement par la Commission d’Etat pour le développement et la réforme, Ministère des Eaux et le Ministère de la construction. Ce plan prévoit ainsi une baisse de 20% de la consommation d’eau par unité du PIB par rapport à 2005. À travers cette mesure, il est question d’améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau. Pour ce faire, le pays fait la promotion des équipements et technologie peu consommateurs d’eau, notamment dans le secteur agricole, l’industrie et dans la vie quotidienne de la population. La Chine compte actuellement 1,3 milliard d’âmes et fait face à une pénurie d’eau. En effet, elle dispose seulement d’une quantité d’eau de 2200 m3 par habitant, soit 31% de la moyenne mondiale. A l’heure actuelle, entre 400 et 600 villes chinoises souffrent de la pénurie d’eau. 136 d’entre elles ont déjà connu de graves pénuries. Le pays a commencé à mettre l’accent sur la conservation, la protection et une meilleure distribution des ressources disponibles et identifiées. Les mesures prises sont supposées éviter à la Chine de connaître de criants problèmes d’approvisionnement en eau face à la croissance économique soutenue du pays .

La facture écologique

L’irrigation, une des plus anciennes technologies humaines a transformé un grand nombre des terres les plus ensoleillées, les plus chaudes, les plus riches du globe pour en faire des régions de grande production agricole. L’irrigation est devenue la pierre angulaire de la sécurité alimentaire mondiale. Les meilleurs rendements que les agriculteurs ont pu obtenir par suite de la maîtrise de ressources en eau se sont révélés essentiels pour assurer la nourriture de millions d’hommes. Mais vers la fin du XXème siècle, l’irrigation a cessé d’être l’accélérateur de la production alimentaire qu’elle était depuis le milieu du XXème siècle. La hausse des coûts réels des programmes nouveaux, toute une gamme de problèmes écologiques, un souci croissant des répercussions sociales et des effets sur l’environnement de la création de grands barrages et à l’échelon régional, la raréfaction croissante des ressources en eau, tout concourt à faire peser des contraintes sévères sur l’utilisation de l’eau par l’agriculture. De plus les changements climatiques dus à l’accumulation dans l’atmosphère de gaz à effet de serre font planer une ombre de mauvais présage sur l’avenir des ressources alimentaires .

La médiocrité de la gestion et les inégalités dans la distribution de l’eau sont également responsables des résultats médiocres de l’irrigation. Trop de systèmes distribuent l’eau selon des horaires préétablis qui ne correspondent pas aux exigences des récoltes. Dans certains cas, la distribution en est si imprévisible et si aléatoire que les agriculteurs ne peuvent pas prendre le risque d’investir dans des activités ou l’achat de produits susceptibles d’ augmenter le rendement. L’irrigation a eu des conséquences sérieuses sur les réserves d’eau du globe et sur les terres de culture qu’elle arrose. La dégradation des sols irrigués due à une mauvaise gestion de l’eau oblige à cesser toute culture sur certaines terres.

Les conséquences fâcheuses que les grands programmes d’irrigation ont eu pour l’environnement ont suscité de fortes oppositions aux nouveaux projets de barrages et de détournement des eaux. Même dans les pays pauvres où pourtant le problème de l’eau demeure hautement prioritaire. En Afrique comme ailleurs, les planificateurs surestiment souvent les avantages des grands projets et sous-estiment leur coût social et écologique. Un spécialiste de l’anthropologie du développement, THAYER Scudder, attire l’attention sur le fait que les grands projets d’irrigation ont tendance à bénéficier à une petite minorité au prix de la destruction des systèmes locaux de production, comme l’agriculture et les pêcheries des régions régulièrement inondées, qui sont vitaux pour la majorité de la population qui, elle est pauvre .

Raréfaction, compétences et conflits

La raréfaction de l’eau fait craindre que l’intensification de la concurrence entre Etats pour l’accès à l’or bleu ne dégénère en conflit ouvert. Un point de vue sérieusement mis en doute par le PNUD dans le rapport mondial sur le développement humain 2006 rapporte que la coopération transfrontalière en matière de gestion des ressources en eau est d’ores et déjà plus répandue et fructueuse qu’on ne pense généralement. L’eau est la ressource fugace par excellence : les rivières, les lacs et aquifères font fi des frontières politiques qu’ils franchissent sans passeport ou autres documents. Pas moins de 145 pays se partagent des bassins hydrographiques dits frontaliers. L’eau partagée a toujours recélé un potentiel conflictuel. Le terme « rival » vient du latin rivalis qui signifie « qui tire son eau du même cours d’eau ».

La pénurie d’eau constitue un programme sérieux dans tout le Moyen-Orient. L’Irak et l’Iran sont les seuls pays de la région qui se situent au-dessus de seuil du stress hydrique. Mais 90% de la population du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord vont vivre dans des pays affectés par des pénuries d’eau d’ici à 2025. Alors que la plupart des Etats disposent d’ une réglementation nationale pour réguler la distribution d’eau, les mécanismes transfrontaliers sont bien plus faibles.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : « EVOLUTION DE L’ENVIRONNEMENT EAU ET TENDANCES DE L’ECONOMIE MONDIALE »
CHAPITRE I : L’EAU, FACTEUR DE TROUBLE D’ORDRE ECONOMIQUE ET ECOLOGIQUE
CHAPITRE II : DISPONIBILITE DE RESSOURCE, PROBLEME D’ACTUALITE
DEUXIEME PARTIE : « ESPACE AQUIFERE ET DYNAMIQUE RURALE A TSARASAOTRA »
CHAPITRE III : MAITRISE FAMILIALE ET UTILISATION DE L’EAU
CHAPITRE IV : LA CIRCULATION DE L’EAU A TRAVERS LA VIE DU MENAGE
CHAPITRE V : L’EAU, FACTEUR DE FRACTURE
TROISIEME PARTIE : « L’ACCES MASSIF A L’EAU COMME PROSPECTIVE DE L’UNITE DEMOCRATIE ET DEVELOPPEMENT »
CHAPITRE VI : GENERATION D’EPARGNE RURALE PAR LA MAITRISE DE L’EAU
CHAPITRE VII : L’ACCES A L’EAU, UNE BASE DE DEVELOPPEMENT POUR L’AVENIR
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
LISTES
ANNEXES
RESUME

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