Le zona est une maladie virale liée au Varicella-Zoster Virus (ou VZV). Ce virus peut être à l’origine d’une varicelle (en cas de primo-infection) ou d’un zona. Dans ce dernier cas, le VZV, latent dans les ganglions des racines postérieures des nerfs spinaux ou des ganglions des nerfs crâniens, est réactivé [1]. Le zona est une maladie sporadique le plus souvent de l’adulte d’âge moyen ou âgé, caractérisée par une éruption cutanée vésiculeuse, douloureuse, localisée à un ou plusieurs dermatomes dont l’évolution est le plus souvent spontanément favorable [2]. Dans la population générale, la fréquence annuelle du zona est estimée de 1,5 à 4 nouveaux cas pour mille [3]. Il touche 10 à 20% de la population et l’incidence augmente avec l’âge [4]. En Europe, le zona atteint 20% de la population française [1], avec un taux d’incidence d’environ 400 cas pour 100 000 habitants [5]. Aux États-Unis, de 300 000 à 1 000 000 de personnes sont affectées chaque année et l’incidence annuelle dans la population de plus de 80 ans est de 1% [6]. En Australie l’incidence annuelle était de 10 cas pour 1000 habitants en 2006 [1]. En Afrique, des études épidémiologiques et cliniques du zona ont été menées au Mali en 2008 et au Cameroun en 2002 révélant respectivement une fréquence hospitalière de 3,43% et 3,75% et une association significative à l’infection VIH [7, 8]. Le rôle de l’immunité à médiation cellulaire dans l’immunité antivirale est prouvé.
Les facteurs de risques principaux sont liés à l’immunodépression en particulier celle relative à l’âge, l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et les traitements immunosuppresseurs. [4]. Le zona est 10 fois plus fréquent chez les VIH positif que dans la population générale. Il survient souvent précocement dans l’évolution de la maladie et est même souvent révélateur de l’infection à VIH dans 46% des cas. [9]. La survenue d’un zona chez les séropositifs est prédictifs d’un risque évolutif accrue de la maladie avec un passage au stade sida dans un délai variable : de 21 % dans les 3 mois à 30 % dans les 2 ans [10]. D’autres facteurs individuels tels que le sexe, des désordres immunitaires affectant particulièrement l’immunité cellulaire, les traumatismes physiques, le stress psychologique voire l’exposition à certaines toxines ont également été décrits [11].
Les complications les plus redoutables sont ophtalmologiques avec le risque de kératite, de sclérite ou de nécrose rétinienne aïgue pouvant aboutir à une cécité [6]. Les complications à type de douleurs post-zostériennes sont les plus fréquentes et constituent un défi pour le corps médical du fait de leur impact sur la qualité de vie. D’ailleurs un vaccin vivant atténué (Zostavax) a été introduit depuis 2006 en France pour la prévention des algies postzostériennes [5, 13, 14, 15]. Au Sénégal, la dernière étude sur le zona date de plus de 12 ans (2008) et avait retrouvé une fréquence hospitalière de 0,004% [12].
MÉTHODOLOGIE
Cadre
L’étude était menée dans les services de dermatologie de l’Hôpital Aristide Le Dantec et l’Institut d’Hygiène Sociale de Dakar. Le Service de dermatologie-Vénéréologie de l’Hôpital Aristide Le Dantec, constitue le centre de référence en dermatologie au Sénégal. Les ressources humaines sont constituées de : 7 dermatologues dont 2 professeurs titulaires et 1 professeur agrégé, 1 maître-assistant, 1 assistant, 4 internes et 40 médecins en cours de formation pour l’obtention du DES en dermatologievénéréologie. Le service reçoit en moyenne 7000 patients par an en consultation avec environ 250 hospitalisations annuelles.
Le service de dermatologie-Vénéréologie de l’institut hygiène et sociale est le premier centre de référence des maladies sexuellement transmissible et le 2ème centre de référence en dermatologie au Sénégal. Les ressources humaines sont constituées par des médecins dermatologues dont un professeur Titulaire, un maître assistant, deux anciens internes et du personnel paramédical. Il comporte 4 salles de consultations et une salle de soins. Le service reçoit en moyenne 15660 patients par an en consultation avec environ 158 hospitalisations annuelles.
Type d’étude
Il s’agit d’une étude transversale à visée analytique avec recueil prospective de données du 1er Janvier 2019 au 31 Août 2019.
Critères d’inclusion
Tous patients se présentant soit en consultation ou en hospitalisation atteint de zona dont le diagnostic a été cliniquement affirmé par l’existence d’une éruption aïgue érythémateuse et vésiculeuse en bande métamérique douloureuse quelle que soit la topographie ou de séquelles métamériques.
Critères de non inclusion
Tous patients atteint de zona n’ayant pas donné leur consentement.
Méthodologie
Tous nos patients étaient interrogés par la même personne selon une fiche de renseignements préétablie afin de standardiser les résultats (cf annexe). Nous nous sommes intéressés particulièrement :
✦ Aux variables socio-démographique: âge, sexe, adresse, profession, statut matrimonial
✦ Aux variables cliniques : les antécédents, les terrains, le mode de vie (dépigmentation artificielle), stress, l’itinéraire thérapeutique, signes fonctionnels, aspects cliniques, topographies des lésions, dermatoses associées, complications (surinfection).
La population d’étude était soumise à un examen clinique. L’aspect clinique, la topographie des lésions, les dermatoses associées et les complications étaient précisés. A la recherche d’une immunodépression à VIH une sérologie rétrovirale était réalisée. Lorsqu’elle était positive le taux de CD4 complétait la sérologie. A la recherche d’un diabète une glycémie à jeun était demandée. La recherche du virus par la polymérase chain reaction n’était pas faite. Une consultation ophtalmologique était systématique devant tous les cas de zona ophtalmique. La prise en charge des patients était faite selon la présentation clinique et la sérologie du patient. Selon les indications thérapeutiques définies par la conférence de consensus.
– Antivirals : (aciclovir 200 mg 5 fois par jour pendant 10 jours, valacyclovir 1g trois fois par jour)
– Antalgiques : Douleur modérée : antalgiques palier I ou II .
Enfant : paracétamol 60 mg / Kg / jour, en quatre prises. Adulte : paracétamol – dextropropoxyphène (DI ANTALVIC), paracétamolcodéine) 6 gélules par jour, en six prises espacées de 4 heures
– Antibiotiques (béta lactamine, macrolides)
– Soins locaux (eosine aqueuse, chloréxidine) .
Tous les patients étaient revus 15 jours après le début du traitement pour l’évaluation clinique (cicatrisation des lésions, appréciation de la douleur par le patient lui-même), puis un rendez vous de contrôle étaient demandé à un mois et 3 mois. L’évolution était considérée comme favorable si on notait une régression complète des lésions de zona sans douleur. Elle était défavorable devant la survenue d’algies post-zostériennes au delà de 3 semaines et de troubles de la cicatrisation des lésions de zona.
ASPECTS ÉVOLUTIFS
L’évolution du zona était favorable avec guérison dans un délai compris entre une à trois semaines chez 54 patients soit 51% des cas. Les troubles pigmentaires étaient représentés par :
● Des macules hypochromiques chez 5 cas (soit 4% des cas)
● Des macules hyperchromiques chez 4 cas (soit 3% des cas)
● Une cicatrisation sur le mode chéloïdien chez 9 cas (soit 8% des cas).
Une hospitalisation a été nécessaire dans 3 cas : Il s’agissait:
● D’un zona ophtalmique dans 2 cas
● D’un zona cervical dans un cas.
Les complications ophtalmiques étaient observées dans 5 cas. Elles étaient représentées par :
● Un ptosis dans 2 cas soit 10% des cas de zona ophtalmique
● Une paralysie faciale dans 1 cas soit 5% des cas de zona ophtalmique
● une baisse de l’acuité visuelle dans 1 cas soit 5% des cas.
Aucun cas de cécité n’a été retrouvé. Les algies post zostériennes étaient présentes dans 35 cas de la série soit 33% des cas. Une gène esthétique était ressenti dans 18 cas (chéloïdes, cicatrices) après guérison soit 16% des cas ; 79% des cas n’ont aucune plainte esthétique (84 cas). Une impétiginisation a été suspectée dans 8 cas (soit 7% des cas).
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Table des matières
INTRODUCTION
I- OBJECTIFS DE L’ÉTUDE
I-1- Objectif général
I-2- Objectifs spécifiques
II- MÉTHODOLOGIE
II-1- Cadre
II-2- Type d’étude
II-3- Critères d’inclusion
II-4- Critères de non inclusion
II-5- Méthodologie
II-6- Analyses statistiques
II-7- Calendrier prévisionnel
II-8- Budget
III- RESULTATS
III-1- ÉTUDE DESCRIPTIVE
III-1-1- ÉPIDEMIOLOGIE
III-1-1-1- Fréquence hospitalière du zona
III-1-1-2- Répartition selon les mois
III-1-1-3- Fréquence selon l’âge et le sexe
III-1-1-4- Répartition selon l’origine géographique
III-1-1-5- Répartition selon le statut matrimonial
III-1-1-6- Répartition selon le motif de consultation
III-1-2- ASPECTS CLINIQUES
III-1-2-1- Répartition selon le terrain
III-1-2-2- Répartition selon l’itinéraire thérapeutique
III-1-2-3- Répartitions selon les signes fonctionnels
III-1-2-4- Répartition selon les lésions élémentaires
III-1-2-5- Répartition selon les formes cliniques
III-1-2-6- Répartition selon la topographie
III-1-2-7- Répartitions selon les dermatoses associées
III-1-3- ASPECTS PARACLINIQUES
III-1-3-1- Répartition selon la sérologie rétrovirale
III-1-3-2- Répartition selon le taux de CD4
III-1-3-3- Répartition en fonction du taux de glycémie
III-1-4- ASPECTS THÉRAPEUTIQUES
III-1-4-1- Prise en charge du zona
III-1-4-2- Prise en charge de l’infection VIH
III-1-5- ASPECTS ÉVOLUTIFS
III-2- ANALYSE BIVARIÉE
III-2-1- Relation entre l’âge et les complications de la maladie
III-2-2- Relation entre l’âge et les algies post-zostériennes
III-2-3- Relation entre formes cliniques et infection à VIH
III-2-4- Relation entre la topographie du zona et l’infection à VIH
III-2-5- Relation entre l’évolution et le statut sérologique
III-2-6- Relation entre le zona et la dépigmentation artificielle
IV- DISCUSSION
IV-1- REPRÉSENTATIVITÉ, BIAIS ET LIMITE D’ÉTUDE
IV-1-1- Représentativité
IV-1-2- Les biais et limites
IV-2- ETUDE DESCRIPTIVE ET ANALYTIQUE
IV-2-1- Aspects épidémiologiques
IV-2-2- Aspects cliniques
IV-2-3- Aspects thérapeutiques
IV-2-4- Aspects évolutifs
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES