Le Yangzi et la recherche de l’équité spatiale

Les disparités géographiques en Chine 

La Chine du XXIe siècle : face au défi d’un développement inégal

Depuis la réforme économique et l’ouverture vers l’extérieur en 1978, la puissance économique de la Chine, s’appuyant sur le développement de la côte Est et des grandes villes, s’est traduite par une croissance économique sans précédent. Bien engagée dans l’économie de marché et intégrée dans le système économique mondial, en 2011, elle devient la deuxième puissance économique du monde et affirme sa première place en terme de taux de croissance économique depuis 1980 . La Chine est un exemple particulièrement stimulant de développement pour les pays du tiers monde. D’une manière visible, en trente ans, le niveau de vie du peuple chinois s’est globalement amélioré de la région tibétaine, la plus enclavée, jusqu’à la région shanghaienne, la plus ouverte. Si l’on considère les 31 circonscriptions administratives qui structurent la Chine au niveau provincial, la croissance économique est perceptible dans chacune d’entre elles ; même les régions les moins développées fournissent des résultats qui indiquent une amélioration du niveau de vie et une croissance économique constante. Néanmoins, si l’on compare le développement des provinces entres elles, la corrélation d’horizons entre le littoral et l’intérieur, entre les espaces urbains et ruraux, entre les provinces riches et pauvres laisse apparaître des disparités fortes. L’évaluation de la valeur du PIB (Produit intérieur brut) par habitant permet de quantifier ces écarts au niveau économique. Par exemple, en 1978, l’écart du PIB par habitant entre la province du Zhejiang (région littorale) et le Hunan (province intérieure) était faible, 185 yuans en moyenne, alors que cet écart s’élève à 1 030 yuans en 1991, et à24 213 yuans en 2009. D’après le tableau ci-dessous, il est évident que l’écart régional chinois révélé par la valeur du PIB par habitant se creuse depuis 1985. Neuf circonscriptions  , surtout côtières, connaissent des croissances supérieures à la moyenne nationale. Cette existence dans la Chine actuelle d’une fracture économique régionale opposant schématiquement les provinces littorales et intérieures fait apparaître une Chine à «plusieurs vitesses » (cf. carte 1) et elle est une composante de la crise multiforme qui affecte le développement de ce pays.

Depuis les années 1990, ces disparités font l’objet d’études poussées de la part de chercheurs venant d’horizons très différents. Le champ de ces études est vaste et permet d’embrasser de nombreux aspects de la Chine moderne et contemporaine : la nature du régime politique, la croissance économique, la vie sociale, la répartition des ressources naturelles et les enjeux écologiques. Les résultats de ces études ont fait naître de vives inquiétudes quant aux conséquences découlant de ces disparités. Depuis 1994, le «Rapport sur le développement humain » publié par le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) fait figurer la Chine parmi les quatre pays au monde où les écarts en terme de disparité régionale sont les plus forts . Le coefficient de Gini , qui est un critère économique important pour analyser l’inégalité de la distribution des richesses dans une société donnée, fait apparaître que la Chine, depuis 1994, a franchi en la matière la côte d’alerte internationale. L’ONU (Organisation des nations unies) a ainsi conseillé au gouvernement chinois d’être prudent sur cette question et d’entamer des démarches pour diminuer ces disparités. Aujourd’hui, face à l’aggravation des inégalités économiques, le gouvernement central doit prendre des mesures de contrôle efficaces, sans quoi il serait susceptible de mettre en danger la stabilité sociale du pays.

Le développement économique, inégal selon les régions contribue à accentuer les disparités géographiques. Actuellement, ces disparités géographiques mises en relief par l’intensification des activités industrielles, la concentration de la vie urbaine et la macrodistribution de la force productive (hongguan shengchanli fenpei) , sont devenues des particularités représentatives pour révéler le caractère du territoire chinois. Pour les géographes, les différents types d’inégalités spatiales permettent de dégager des critères (investissement, industrie, ville, revenu, flux, réseau, système de protection sociale, etc.) pour se livrer à une étude du territoire de la Chine, à travers l’approche de la géographie régionale. Voici l’hypothèse qui sous tend cette approche : depuis l’abandon du régime de l’économie planifiée par l’État en 1978, les instances du Parti communiste ont beaucoup moins d’emprise et de marge de manœuvre en matière économique. Dans la mesure où la Chine subit de plein fouet l’influence de la mondialisation, il est plus difficile de recourir à la régularisation du développement par la politique de contrôle des prix et la redistribution des ressources. De ce fait, les disparités géographiques, qui se traduisent par la répartition déséquilibrée des activités économiques et des populations, sont à la fois une cause de la recomposition territoriale face aux inégalités des revenus et de la stratification sociale, et une conséquence qui émerge des divers phénomènes territoriaux de «concentration » et «desserrement », révélateurs des nombreux problèmes de développement déséquilibré suite à la réforme économique.

Concrètement, en Chine, les disparités géographiques proviennent non seulement du processus de la modernisation et de la redistribution des forces productives, mais elles sont aussi liées àquatre autres éléments fondamentaux : la géographie physique, la localisation d’une ville, l’évolution historique de la société, ainsi que l’orientation du régime politique.

Les conditions physiographiques

Bien que la géographie du XXe siècle se soit détachée de la doctrine du «déterminisme environnemental », les impacts de la topographie, de l’hydrographie et de la climatologie sur la surface terrestre ne peuvent pas toujours être négligés. Le climat extrême, les catastrophes naturelles récurrentes (séisme, dérivation du fleuve, par exemple) suscitent encore la stagnation économique de certaines régions, tandis que d’autres régions sont devenues des zones économiques importantes grâce à la fertilité du sol et à des conditions climatiques et topographiques favorables (les deltas, les plaines en sont de bons exemples).

En Chine, la répartition de la population et l’implantation des activités économiques épousent le découpage traditionnel du pays en trois grandes zones géographiques : un Nord et un Nord-Ouest arides, les hauts plateaux du Tibet et du Qinghai, et enfin la Chine orientale de la mousson . Cette distinction met en évidence un gradient physique sud-est / nord-ouest et révèle que les variations de la physiographie conditionnent l’ancrage actuel des disparités territoriales chinoises (carte 2). De même, la répartition régionale des ressources naturelles (les plus importantes étant les ressources minières, l’énergie, l’eau et les terres labourables) a considérablement joué sur l’accentuation des disparités géographiques pendant la période initiale de l’industrialisation. Aujourd’hui, grâce à l’amélioration du réseau des transports, l’intensification des transactions commerciales et le développement des technologies, les échanges matériels inter-régionaux deviennent fréquents et permettent de soutenir le développement des régions en pénurie de ressources naturelles. Le critère du «déterminisme environnemental » a tendance à être laissé de côté.

L’importance de la localisation

La notion de localisation transmet une double idée. Elle renvoie, d’une part, à un facteur naturel et, d’autre part, à un facteur humain émanant de la stratégie géopolitique et géoéconomique empirique. Les disparités régionales développées en Chine dès le XIXe siècle sont fortement marquées par la proximité ou non de la mer. Fréquemment, les régions littorales et leur espace attenant ont plus d’occasions de développement, par rapport aux régions continentales, de participer à la concurrence internationale et aux activités de l’économie moderne, et ainsi de devenir le cœur région de l’ensemble du territoire. Sur un espace étendu, le cœur-région s’engage à travers un mouvement centripète à structurer un espace où se concentrent la population, la richesse, la technologie et l’information en permettant d’attirer plus d’investissement et de main-œuvre par rapport à la périphérie.

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
Le Yangzi et la recherche de l’équité spatiale
PREMIÈRE PARTIE : Le Yangzi et les facteurs de la construction de son territoire régional
Chapitre I. Au fondement de la région du Yangzi : le fleuve et sa structuration de l’espace
Chapitre II : Unité et identité de l’espace régional : les valeurs de la civilisation fluviale du Yangzi
DEUXIÈME PARTIE : Les recompositions spatiales de l’urbain dans le bassin du Yangzi
Chapitre III : L’évolution des politiques de développement régional
Chapitre IV : La nouvelle structuration du bassin du Yangzi
Chapitre V : L’espace rural et le défi du dualisme ville / campagne
Chapitre VI : Le Yangzi et la nouvelle structuration symbolique de l’espace : vers un système de «fleuve-région »
Chapitre VII : Le réseau de transport : vers la création d’un « carrefour continental »
TROISIÈME PARTIE : L’instrumentalisation du Yangzi et les recompositions territoriales : idéologie, discours et acteurs
Chapitre VIII : Nouvelle conception de la gouvernance et multiplication des acteurs œuvrant { l’aménagement du bassin du Yangzi
CONCLUSION GÉNÉRALE
Un espace yangzien en gestation
Sources et bibliographies

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