Le vivrier marchand dans la lutte contre la pauvreté des ménages en milieu rural

Une expansion récente de la commercialisation des cultures vivrières au Cameroun 

La pauvreté des ménages en Afrique subsaharienne résulte souvent de diverses circonstances.
Il peut s’agir de :
➤ l’endettement ;
➤ la corruption ;
➤ la difficulté des États à peser sur les échanges internationaux ;
➤ l’inégale redistribution des revenus nationaux aux dépens des couches sociales les plus vulnérables ;
➤ la dépendance de la majeure partie de la population à une agriculture en baisse de productivité, etc.

Pourtant, en dépit de tous ces indicateurs ou de leurs conséquences négatives sur les conditions de vie des populations, plusieurs chercheurs n’en retiennent primordialement qu’un. Selon eux, la pauvreté en Afrique subsaharienne serait principalement liée à l’absence de modernisation des systèmes de production et de commercialisation agricoles (Chaléard, 2011 ; Charlery de la Masselière, 2011 ; Dufumier, 2004 ; Courade, 2000 ; Norro, 1994). La pauvreté est généralisée dans le sous-continent. Elle est surtout concentrée dans les espaces ruraux. Une situation qui s’explique par le fait que, contrairement aux zones urbaines, les ménages y sont davantage dépendants d’une agriculture familiale . Dans l’espace rural camerounais, les activités agricoles sont encore l’apanage de petits agriculteurs. Ils pérennisent habituellement des techniques culturales traditionnelles sur de petits espaces. Ainsi, malgré quelques signes d’évolution, le secteur agricole y est prédominé par son caractère rudimentaire. L’implication de ces habitudes est la modicité des gains récoltés, avec pour corollaire, une baisse du pouvoir d’achat de nombreux ménages. Il demeure donc évident que la qualité des conditions de vie des ménages ruraux est liée à la qualité de leur agriculture. Pour cela, les notions de développement rural et de développement agricole sont très souvent associées dans différentes politiques de lutte contre la pauvreté rurale (Courade & Bruneau, 1983).

L’idéologie d’un développement des communautés rurales, qui repose sur l’amélioration de l’appareil productif, n’est pas nouvelle au Cameroun. On constate qu’elle est le fondement de toutes les politiques agricoles déjà élaborées dans le pays. Les politiques agricoles y ont évolué en fonction des contextes historiques et économiques sans pour autant perdre cette quintessence.

Le Cameroun, du protectorat allemand (1884-1914) au mandat franco-britannique (1914- 1944), est fortement influencé par l’introduction de l’agriculture de rente (cacao, café, coton). C’est non seulement la découverte de nouveaux produits pour les communautés locales, mais aussi celle de l’initiation de tout le pays à la commercialisation agricole. Pendant plus d’un demi-siècle, les cultures de rente (cacao, café et coton) constituent la plus importante ressource économique du pays et la majorité des projets de développement rural en sont tributaires. Une orientation qui fait de l’agriculture d’exportation la principale source de revenus des espaces ruraux et des ménages agricoles. Cette élaboration systématique des politiques agricoles est remise en cause avec la crise agricole de la fin des années 1980. La crise agricole frappe tous les domaines de la vie au Cameroun. Concernant le secteur agricole, elle entraîne la baisse des prix de toutes les cultures d’exportation (cacao, café). Ceux du cacao, par exemple, passent de 420 FCFA/Kg en 1986 à 200 FCFA/Kg en 1992. Quant au prix du café robusta, il est de 440 FCFA/Kg contre 155 FCFA/KG en 1992.

Pourquoi le vivrier marchand comme moyen de lutte contre la pauvreté ?

Notre travail de Master évalue la production et la commercialisation des cultures vivrières dans le département du Ntem. De ce travail, nous avons une première idée de l’organisation de la production et la commercialisation vivrière dans cette région. Bien plus, nous dégageons des nuances significatives entre la production et la commercialisation. En effet, si la production vivrière est massive, ce n’est pas le cas de la commercialisation. Cependant, les deux activités vivrières sont pratiquées dans un contexte resté essentiellement traditionnel. Pourtant, c’est avec ce secteur agricole que le gouvernement compte augmenter le pouvoir d’achat des ménages ruraux. Un choix qui ne manque pas de nous interpeler. En 2005, le document de stratégie de développement du secteur rural (DSDSR) qu’élabore le gouvernement camerounais, relance en quelque sorte la promotion du vivrier marchand déjà commencée avec la révolution verte des années 1970. Cette stratégie vise à augmenter le pouvoir d’achat de nombreux ménages ruraux en chute depuis la crise agricole et la baisse de rentabilité du cacao. Sans avoir les résultats souhaités, la même stratégie est reconduite en 2008. Elle doit contribuer au projet d’émergence du pays pour 2035. Pourtant d’importantes hésitations subsistent quand il s’agit de faire le choix du vivrier marchand comme ressource financière. Pour nous, elles subsistent surtout quand il s’agit d’associer cette ressource à l’amélioration des conditions de vie. Notre motivation ici réside dans le besoin de vérifier, à travers des enquêtes de terrain, si le vivrier marchand et la lutte contre la pauvreté sont compatibles dans le cadre socioéconomique des espaces ruraux du Cameroun.

Pourquoi le département de la Mvila comme site d’étude ? 

Le choix du département de la Mvila pour mesurer l’enjeu du vivrier marchand dans l’amélioration des conditions de vie des communautés rurales n’est pas fortuit. Il repose sur plusieurs observations. Premièrement, nous avons noté une rareté de recherches focalisées sur cette région. En effet, les écrits sur cette localité sont surtout de petites monographies de quelques villages , où quelques mémoires de Maîtrise ou de Master. Pour cela, afin d’avoir certaines informations sur le département, il est indiqué de se référer aux recherches générales sur le Cameroun ou sur la région du Sud. L’une des études approfondies sur la zone est celle faite par Cahen (1975) au début des années 1970. Il revient alors sur l’organisation socioéconomique, politique et culturelle. Toutefois, il convient de rappeler qu’il aborde la question dans le vaste ensemble que forment les départements de la Mvila et de la vallée du Ntem. Pourtant, le département de la Mvila est l’un des plus importants de la région du Sud à plus d’un point :
➤ On y retrouve la ville d’Ebolowa, la capitale à la fois de la région et du département. Elle est la principale ville de toute la région du Sud et regroupe l’essentiel des services régionaux et des populations urbaines.
➤ Il est le site de nombreuses communautés qui dépendent de différentes activités économiques, en l’occurrence l’agriculture. Selon les résultats du dernier recensement national de la population, la Mvila compte 21 818 ménages agricoles en 2005.

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Table des matières

Introduction générale
PARTIE I : CADRES CONCEPTUEL, POLITIQUE ET SOCIOÉCONOMIQUE DES TERRITOIRES RURAUX DU SUD CAMEROUN
CHAPITRE I : Concepts et politiques de développement
Chapitre II : Organisation socioéconomique des villages étudiés
PARTIE II : UNE LENTE MUTATION DES MECANISMES DE PRODUCTION ET DE COMMERCIALISATION DES CULTURES VIVRIÈRES
Chapitre III : Une production vivrière restée traditionnelle
Chapitre IV : Le vivrier marchand, un secteur qui peine à progresser
PARTIE III : LE VIVRIER MARCHAND : UNE OPPORTUNITÉ POUR L’AMÉLIORATION DES CONDITIONS DE VIE ?
Chapitre V : Une contribution négligeable à la lutte contre la pauvreté rurale
Chapitre VI : Les GIC vivriers : vers un cadre solide d’amélioration des conditions de vie des ménages ?
Conclusion générale
Bibliographie
Tables des matières
Tables des illustrations
Annexes

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