Le virus West Nile

Le virus West Nile

Facteurs de virulence

Comme le montre la figure 7, il existe deux lignages gรฉnรฉtiques principaux du virus West Nile, divergents ร  30%, qui sont pathogรจnes pour lโ€™Homme et le cheval. Le lignage 1 est mondialement rรฉpandu et a รฉtรฉ ร  lโ€™origine dโ€™รฉpidรฉmies et dโ€™รฉpizooties mortelles (Roumanie en 1996, Russie en 1999, Israรซl en 2000, Amรฉrique du Nord en 2002 et 2003). Il est divisรฉ en 2 groupes, le groupe 1a et le groupe 1b. Le cluster mรฉditerranรฉen du groupe 1a, regroupe les souches isolรฉes lors des foyers rรฉcents en Europe Occidentale (France, Italie, Espagne, Maroc) et qui sont trรจs proches gรฉnรฉtiquement. Le cluster israรฉlien et amรฉricain qui appartient au groupe 1a, regroupe des souches qui se caractรฉrisent par une mortalitรฉ aviaire et รฉquine (surtout aux Etats-Unis) รฉlevรฉe. Le lignage 2, au dรฉbut localisรฉ au sud et au centre de lโ€™Afrique, a รฉtรฉ retrouvรฉ en Europe (Russie en 2004, Israรซl en 2010, Grรจce en 2011) et nโ€™a occasionnรฉ que peu de signes cliniques chez lโ€™homme. Cependant, des รฉtudes ont montrรฉ que les deux lignages sont neuro-invasifs et donc que le lignage 2 est possiblement pathogรจne (Botha et al., 2008). Les souches prรฉsentes en Europe de lโ€™Est ont une variabilitรฉ gรฉnรฉtique importante et appartiennent au lignage 1 (ex: Ro96), au lignage 2 (Hu04), 3 (RabV97) ou 4 (Rus98).

Les souches proches gรฉnรฉtiquement entrainent des รฉpidรฉmiologies semblables comme par exemple au Maroc en 1996, en Italie en 1998 et en France en 2000 avec une atteinte importante des รฉquidรฉs ou en Tunisie en 1997, en Israรซl en 1998 et ร  New York en 1999 oรน le virus a provoquรฉ des signes neurologiques chez lโ€™Homme (Schuffenecker et al., 2005). Les mutations gรฉnรฉtiques peuvent รชtre ร  lโ€™origine dโ€™une diminution ou dโ€™une augmentation de virulence. En effet, des mutations sur les sites de glycosylation entrainent une diminution de la rรฉplication virale et de la pathogรฉnicitรฉ du virus (Shirato et al., 2004). En 2005, Hanna et al. ont montrรฉ que la N-glycosylation de la protรฉine E permet la modulation de la stabilitรฉ, de la rรฉplication et de lโ€™assemblage des particules virales. Les protรฉines NS2A, NS2B, NS3, NS4A et NS4B contribuent ร  la rรฉsistance du virus ร  la rรฉponse ร  lโ€™IFN. Des mutations de ces protรฉines pourraient ainsi augmenter lโ€™รฉchappement du virus ร  la rรฉponse immunitaire.

Les humains et les รฉquins : hรดtes occasionnels, culs-de-sac รฉpidรฉmiologiques

Chez lโ€™Homme comme chez le cheval, la durรฉe dโ€™incubation varie de 3 ร  15 jours. Lโ€™infection par le virus West Nile se traduit le plus souvent par une forme asymptomatique. Dans les autres cas, on observe un syndrome pseudo-grippal ou une atteinte neurologique. Chez lโ€™Homme : dans 20 % des cas, lโ€™infection peut se traduire par un syndrome grippal. Le patient est atteint dโ€™hyperthermie (supรฉrieure ou รฉgale ร  38,5ยฐC), de cรฉphalรฉes, dโ€™arthralgies, de myalgies, dโ€™รฉruptions cutanรฉes, de lymphadรฉnopathies, de nausรฉes et de douleurs abdominales. Les symptรดmes apparaissent aprรจs une pรฉriode dโ€™incubation de trois ร  quinze jours (InVS, 2011). Dans 1,5 % des cas, on observe des signes de mรฉningite, dโ€™encรฉphalite, de paralysie flasque ou un syndrome de Guillain-Barrรฉ (polyradiculonรฉvrite) pouvant entrainer le dรฉcรจs de la personne (dans 1 ร  15 % des cas). Les personnes รขgรฉes (plus de 50 ans) sont les plus ร  risque de dรฉvelopper une atteinte neurologique (dans des รฉtudes italienne et israรฉlienne rรฉalisรฉes en 2009 et 2011, la moyenne dโ€™รขge des patients atteints dโ€™infection ร  virus West Nile avec une forme neuro-invasive รฉtait de 75 ans, Kopl et al., 2011, Angelini et al., 2009).

Chez le cheval : Dans 20 % des cas, on observe une forme pseudo-grippale avec un syndrome fรฉbrile. Dans 10 % des cas, le virus touche la moelle รฉpiniรจre, le rhombencรฉphale et le mรฉsencรฉphale et lโ€™animal dรฉclare une forme nerveuse. Celle-ci se caractรฉrise par une faiblesse gรฉnรฉralisรฉe (94% des cas), une ataxie des postรฉrieurs (72 %), des troubles comportementaux (67 %), une hyperthermie (65 %), des trรฉmulations musculaires (61 %), une anorexie (57 %) et un dรฉficit des nerfs crรขniens VII (facial), XII (hypoglosse), IX (glossopharyngien) avec par exemple une dysphagie (44 % des cas). Plus rarement, on peut observer un syndrome parรฉtique spontanรฉ, une atonie et des dรฉfauts de proprioception. Cette forme nerveuse de West Nile est appelรฉe ยซ lourdige ยป dans le Sud de la France. La mort survient alors dans 30 ร  40 % des cas cliniques confirmรฉs (Lafon, 2012). Chez le cheval, ร  la diffรฉrence des oiseaux, les lรฉsions sont surtout retrouvรฉes dans le systรจme nerveux central. On observe une polyencรฉphalomyรฉlite, des manchons pรฉrivasculaires constituรฉs de lymphocytes et de macrophages ainsi que des hรฉmorragies (Castillo-Olivares et Wood, 2004). Lโ€™Homme et le cheval sont tous deux des culs de sac รฉpidรฉmiologiques puisquโ€™ils ne peuvent contaminer ni un moustique, ni un autre animal, leur virรฉmie รฉtant courte et faible pour pouvoir contaminer un vecteur (Bunning et al., 2002).

Les vecteurs

Les arthropodes hรฉmatophages, les principaux vecteurs Le virus West Nile est transmis par des arthropodes hรฉmatophages qui sont des vecteurs biologiques puisque le virus sโ€™y multiplie. De nombreux moustiques peuvent รชtre porteurs (plus de quarante-trois sont identifiรฉs) mais sans pour autant pouvoir le transmettre. Les ornitophiles de la famille des culicidรฉs sont les vecteurs majeurs (Nelms et al., 2013). Les culicidรฉs sont abondants toute lโ€™annรฉe dans les pays chauds et dans les pays tempรฉrรฉs surtout en รฉtรฉ et en automne. Le repas sanguin et la prรฉsence dโ€™eau sont essentiels ร  la reproduction de ces espรจces. En effet, aprรจs lโ€™accouplement, la femelle doit se nourrir de sang pour permettre la ponte des oeufs qui se dรฉroule ร  la surface de lโ€™eau, cโ€™est pourquoi ces espรจces sont hygrophiles. Les femelles sont trรจs agressives aprรจs la fรฉcondation. Les culicidรฉs se nourrissent par solรฉnophagie, c’est-ร -dire directement dans un capillaire sanguin dans lequel leur salive est injectรฉe plusieurs fois au cours du repas. La plupart des espรจces ont une activitรฉ nocturne mais certaines peuvent รชtre diurnes dans les rรฉgions trรจs humides (Bussiรฉras et Chermette, 1991). En Europe, les principaux sont Culex pipiens, Culex modestus, Culex torrentium. En Afrique et en Israรซl, il semble que ce soit Culex univittatus.

Le genre Aedes a รฉgalement รฉtรฉ incriminรฉ en Amรฉrique du Nord, mais il ne semble pas capable de maintenir une infection et joue un rรดle secondaire (Apperson et al., 2002). Culex pipiens se retrouve partout dans le monde sauf lร  oรน le froid est trop important (Antarctique), donc dans toute notre zone dโ€™รฉtude. Pour assurer sa reproduction, il nรฉcessite de lโ€™eau plutรดt chaude et stagnante, riche en matiรจres organiques. On le rencontre donc en zone urbaine (piscines ou eau de pluie stagnante) et pรฉriurbaine (mares, fossรฉs intra forestiers, marรฉcages). Il se multiplie donc mieux avec un climat chaud et humide. Les adultes sโ€™รฉloignent peu des sites larvaires, au maximum trois kilomรจtres, sauf en cas de vent violent (Toussaint, 2003). C. pipiens a une activitรฉ nocturne et pique prรฉfรฉrentiellement les passรฉriformes (comme les moineaux retrouvรฉs dans toute lโ€™Europe mais aussi en Afrique du Nord) et les colombiformes (par exemple les pigeons, les colombes et les tourterelles qui ont une rรฉpartition trรจs รฉtendue dans notre zone dโ€™รฉtude et qui sont migrateurs pour certains, comme les tourterelles). Les gites larvaires de Culex modestus se trouvent dans des zones humides dโ€™eau douce oรน lรฉgรจrement salรฉe comme des riziรจres, des roseliรจres, des canaux dโ€™irrigation et des marais semi permanents. C. modestus sรฉjourne donc principalement en zone rurale humide, essentiellement au Maghreb, bien que leur prรฉsence soit discrรจte, mais aussi en Camargue. Les adultes sont prรฉsents de juillet ร  septembre avec un pic de population au mois dโ€™aoรปt. Les femelles sโ€™รฉloignent peu des gรฎtes larvaires (maximum un kilomรจtre). Les moustiques du genre Aedes ont une rรฉpartition cosmopolite, essentiellement dans les zones tropicales et tempรฉrรฉes oรน la tempรฉrature moyenne annuelle est supรฉrieure ร  20ยฐC. Ils nโ€™ont besoin que dโ€™une petite quantitรฉ dโ€™eau pour se reproduire (par exemple dans les coupelles de pots de fleurs, pneus, troncs dโ€™arbres, base de feuilles). On les rencontre donc en zone urbaine, pรฉriurbaine et inhabitรฉe. Les adultes peuvent piquer toute lโ€™annรฉe mais leur activitรฉ augmente en รฉtรฉ, essentiellement au crรฉpuscule (Chermette R, 2008).

Cycle naturel

Le cycle naturel se dรฉroule entre les moustiques et les oiseaux. Lorsquโ€™un oiseau est infectรฉ, il va amplifier le virus et dรฉvelopper une virรฉmie longue et des titres รฉlevรฉs en particules virales dans le sang (durรฉe et titres variables selon les espรจces, les passรฉriformes seraient ceux qui auraient la virรฉmie et les titres les plus รฉlevรฉs) (Komar et al., 2003). Par exemple, en Europe et en Amรฉrique du Nord, ce sont les passรฉriformes et surtout les moineaux qui sont majoritairement responsables du maintien du cycle viral car ils prรฉsentent des hauts titres viraux pendant 5 ร  6 jours. Lors dโ€™un repas sanguin sur un oiseau, le vecteur absorbe des particules virales qui passent dans lโ€™hรฉmolymphe pour gagner diffรฉrents organes oรน le virus va se multiplier intensรฉment. La pรฉriode entre la piqรปre par lโ€™insecte et le moment oรน celui-ci peut infecter un animal est appelรฉe la phase extrinsรจque. La rapiditรฉ de cette phase est dรฉpendante de la tempรฉrature de lโ€™air, elle dure deux semaines en pรฉriode froide et beaucoup moins lorsque la tempรฉrature est plus clรฉmente. Le virus gagne ensuite les glandes salivaires de lโ€™arthropode. Il inocule ainsi le virus ร  un hรดte via sa salive, lors dโ€™un autre repas sanguin Il existe une transmission verticale du virus chez les moustiques : les oeufs, les larves et donc les adultes sont infectรฉs via leur mรจre ce qui constitue un rรฉservoir pour le virus. La transmission trans-ovarienne a รฉtรฉ dรฉmontrรฉe expรฉrimentalement chez Culex et Aedes par Baqar et al. en 1993 et naturellement au Kenya en 2000 par Miller et al. La capacitรฉ vectorielle, c’est-ร -dire lโ€™importance de la transmission du virus par les vecteurs est influencรฉe par le climat et la gรฉographie. La circulation virale est donc plus intense dans les rรฉgions oรน les moustiques sont nombreux, se multiplient et survivent longtemps et oรน la phase extrinsรจque est rapide.

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Table des matiรจres

Introduction
PREMIERE PARTIE : LE WEST NILE, ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES, CLINIQUES ET REGLEMENTAIRES
EPIDEMIOLOGIE ANALYTIQUE
1) Lโ€™agent : le virus West Nile
Taxonomie et structure
Dissรฉmination et pathogรฉnie
Facteurs de virulence
2) Les hรดtes
Les oiseaux : rรฉservoirs
Les humains et les รฉquins : hรดtes occasionnels, culs de sac รฉpidรฉmiologiques
Autres espรจces
3) Les vecteurs
Les arthropodes hรฉmatophages, les principaux vecteurs
Les tiques
4) Modes de transmission
Cycle naturel.
Rรดle des oiseaux dans la dissรฉmination du virus
Autres modes de transmission
DIAGNOSTIC
1) Epidรฉmio-clinique
2) De laboratoire
Chez lโ€™Homme
Chez le cheval
Chez les oiseaux
Chez les moustiques
REGLEMENTATION
1) En France
Chez lโ€™Homme
Chez lโ€™animal
2) En Union Europรฉenne
3) Autres pays de la zone dโ€™รฉtude
Cas humains
Cas chez les animaux
EPIDEMIOSURVEILLANCE
1) Organismes
Le Ministรจre des Affaires Sociales et de la Santรฉ
Le Ministรจre de lโ€™Agriculture, de lโ€™Alimentation et de la Forรชt
Institut de Veille Sanitaire et les cellules inter rรฉgionales dโ€™รฉpidรฉmiologie
Le Centre de coopรฉration Internationale en recherche Agronomique pour le Dรฉveloppement et lโ€™Entente Interdรฉpartementale de Dรฉmoustication
Le Centre Europรฉen pour la prรฉvention et le contrรดle des maladies
Lโ€™organisation mondiale de la santรฉ animale
Le programme de surveillance des maladies รฉmergentes
2) Mรฉthodes
En France
Exemple dans dโ€™autres pays
Dรฉclaration des cas au niveau europรฉen et mondial
DEUXIEME PARTIE : EVOLUTION DE Lโ€™INCIDENCE DE LA MALADIE DE 2000 A 2013 EN EUROPE ET DANS LE BASSIN MEDITERRANEEN
I.Objectifs de lโ€™รฉtude
II.Matรฉriels et mรฉthodes
1) Recherche Bibliographique
2) Recueil de donnรฉes auprรจs dโ€™organismes dโ€™รฉpidรฉmiosurveillance et de prรฉvention
3) Rรฉalisation de cartes
III. Prรฉsentation des rรฉsultats
1) Dans lโ€™ensemble de la zone รฉtudiรฉe
Annรฉe 2000
Annรฉe 2001
Annรฉe 2002
Annรฉe 2003
Annรฉe 2004
Annรฉe 2005
Annรฉe 2006
Annรฉe 2007
Annรฉe 2008
Annรฉe 2009
Annรฉe 2010
Annรฉe 2011
Annรฉe 2012
Annรฉe 2013
2) Etudes de certaines zones
En France
En Russie
En Italie
En Grรจce
Discussion
1) Sur la fiabilitรฉ et lโ€™exhaustivitรฉ des donnรฉes
Diffรฉrents systรจmes de surveillances
Variabilitรฉ du nombre de cas
Etudes phylogรฉnรฉtiques
2) Sur la situation du virus West Nile en Europe et dans le bassin mรฉditerranรฉen et lโ€™รฉvolution possible
Situation actuelle
Perspectives dโ€™รฉvolution
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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