Le territoire d’étude : les Gorges du Verdon et le site du Couloir Samson
Les Gorges du Verdon, entre préservation des espaces et développement économique
Les Gorges du Verdon, situées entre Castellane et Moustiers Sainte Marie, sont un des canyons les plus réputés et fréquentés d’Europe. Elles abritent quelques trente kilomètres de linéaire de cours d’eau au débit variant en fonction des besoins électriques qui est géré en amont par le barrage hydro-électrique de Chaudanne (débit réservé de 3 m3 /s sauf en été où il est de 1,5 m3 /s et éclusées variables en général environ 10 à 40 m 3 /s selon les besoins).
Possédant une biodiversité très riche et un cadre paysager et géologique atypique, elles sont devenues à partir des années 80/90, le lieu privilégié des activités de sport de nature, de la randonnée aux activités d’eau vive en passant par les activités liées aux falaises tel que base jump, high line, escalade et le saut pendulaire. Mais c’est aussi le site support d’une pluralité d’outils de protection et de gestion qui témoigne d’un patrimoine naturel exceptionnel : deux sites Natura 2000 (ZPS et SIC), un schéma d’aménagement et de gestion des eaux et un contrat de rivière sur le Verdon, un arrêté inter-préfectoral de protection de biotope au titre de l’apron du Rhône, une Opération Grand Site et une réserve naturelle régionale en amont.
La description rapide de la biodiversité extrêmement riche et des enjeux importants et parfois contraires, permet de considérer que cet espace subit de fortes pressions. Celles-ci sont variées dans le temps et l’espace. La nature de ces pressions est aussi bien d’ordre touristique, hydroélectrique que naturel.
Le couloir Samson forme le début du canyon des Gorges du Verdon jusqu’à l’Imbut. Du fait, de son incroyable richesse floristique mais surtout de sa spécificité géologique, qui forme un étroit couloir de dix à douze mètres, il est réputé pour la beauté de son environnement naturel et pour les nombreuses activités qui s’y sont développées au fil des ans. En effet, sa situation géographique et sa typologie géologique en font un endroit stratégique du territoire. Lieu d’arrivée des randonneurs venant de du Chalet La Maline, le sentier Vidal qui longe le canyon offre une marche unique au bord du Verdon. C’est également un site très réputé pour l’escalade depuis les années 1960. Quelques mètres en aval du couloir se trouve le lieu de débarquements des activités d’eau vive comme le rafting, le canoë kayak ou encore l’hydrospeed. Quelques activités non encadrées, tel que le high line ou le base jump, commencent à se développer sur ce secteur depuis quelques saisons. Toutefois, ce secteur a connu une forte augmentation de sa fréquentation due à l’apparition de la randonnée aquatique ou floating. Cette activité plutôt familiale, consiste à se laisser porter par le courant, flotter dans les eaux plus calmes tout en savourant le paysage de l’intérieur des Gorges et peut comporter des zones de saut dans la rivière. Elle s’est largement développée durant les années 2000, à cause des modifications du débit réservé par EDF, au détriment du rafting. On constate d’ailleurs que le nombre de compagnies proposant cette activité est en constante augmentation. Tout cela implique donc une forte concentration d’usagers sur ce site et donc une pression sur le milieu naturel. Il ne faut pas oublier d’ajouter à ces activités, les pratiques amateurs ainsi que la baignade pourtant interdite sur ce secteur.
La question du développement touristique s’inscrit de plus en plus dans un p rojet de développement durable. Le Parc Naturel Régional du Verdon s’est d’ailleurs engagé en 2008 dans la charte du développement touristique durable. Déterminer la capacité des systèmes locaux à intégrer et supporter la charge touristique s’avère être un e question cruciale pour déterminer la mise en application d’une politique de développement durable, en somme un développement prenant en compte tous les usagers. Une démarche de gestion concertée a donc été mise en place en 2010 par le Parc Naturel Régional du Verdon et les différents acteurs concernés par la rivière et un plan de gestion et d’aménagement des Gorges a été établi (cf. carte 1). Cependant, les différentes rationalités à savoir les bonnes raisons d’agir pour les acteurs sur le territoire ont engendré des conflits persistants entre les différents usages et ont mené à une complexification des relations et de la gestion de certaines activités sur les Gorges.
Le grand canyon du Verdon est le secteur situé entre le Point Sublime (Aiguines / Rougon) et la queue de la retenue de Sainte Croix. Sur ce secteur, 3 tronçons ont été identifiés, à savoir le tronçon n°2 du Couloir Samson, le n° 3 qui débute à la fin du Couloir et se termine à la passerelle de l’Estellié et enfin le tronçon n°4 qui reprend de la passerelle de l’Estellié et se termine à l’Imbut (cf. carte 2).
Selon ce découpage, identifié dans le cadre de l’élaboration du plan de gestion des Gorges de 2010 (cf. carte 2), le Couloir Samson situé au démarrage du grand canyon s’étend du Point Sublime (Rougon/Aiguines) à l’aplomb du belvédère de La Carelle (La Palud / Aiguines). C’est sur ce secteur d’une longueur de deux kms que va se concentrer cette étude.
Contexte et objectifs du stage
Contexte du stage
L’une des actions définies dans le cadre du plan de gestion des Gorges consiste à mieux cerner la nature et le degré de fréquentation du grand canyon et à comprendre comment se traduit l’impact du piétinement humain sur la rivière dans ce secteur. C’est pourquoi le Parc du Verdon porte depuis 2014 une étude d’impact du piétinement prévue sur trois ans. L’IRSTEA d’Aix-en-Provence a accompagné le Parc pour définir le cahier des charges de cette étude et la Maison régionale de l’eau (MRE) a été choisie pour réaliser ce travail. Trois relecteurs scientifiques ont été choisis pour suivre les résultats d e cette étude et adapter la méthodologie aux objectifs fixés chaque année : Gaït Archambaud de l’IRSTEA d’Aix-en-Provence, Alain Thiery de l’IRSTEA d’Avignon et Jean-Pierre Mounet de l’Université Joseph-Fournier de Grenoble Les deux premières années ont consisté à établir le lien entre piétinement humain et richesse et diversité des invertébrés aquatiques au fil de la saison touristique. La dernière année doit permettre de mieux connaitre les réservoirs biologiques d’invertébrés aquatiques et doit confirmer l’état des lieux du secteur d’étude avant le redémarrage de la saison touristique au printemps. Cette troisième année a également pour objectif de tenter de définir la capacité de charge du Couloir Samson, où de nombreuses pratiques de loisirs se superposent. Une gestion régulée se révèle donc nécessaire pour un bon déroulement des activités et un respect de la rivière. L’objectif est donc de compléter les indicateurs biologiques recueillis sur trois ans par des indicateurs socio-économiques . Pour ce volet de l’étude, le Parc a demandé le soutien de Jean-Pierre Mounet, maître de conférences HDR (STAPS), sociologue et écologue au sein de l’Université Joseph Fournier Grenoble. Il est un des spécialistes français concernant les sports de nature et la gestion de site naturel.
Le Parc naturel régional du Verdon souhaite donc évaluer et définir la capacité de charge du Couloir Samson. Il convient donc d’en donner quelques définitions parmi les nombreuses existantes, afin de définir plus clairement ce qui sera recherché dans le cadre de ce travail.
Définitions de la capacité de charge
La capacité de charge ou carrying capacity est un concept initié par les sciences de la nature. Cette notion est devenue un outil de gestion, un indicateur pour les écologues définissant la population maximale d’une espèce sur un habitat pour permettre le renouvellement des ressources naturelles. C’est donc un concept de limite de population sur un site pour préserver les ressources. En somme, cela reprend les idées de Malthus, l’accroissement de la population met en danger les ressources disponibles puisque ces dernières ne subissent pas une augmentation similaire. Cette notion sera alors reprise et remodelé dans les années 70 par les anglos saxons, ainsi que par le clu b de Rome, mais cette fois à l’échelle de population humaine et non plus spécifiquement à une espèce animale.
Comme nous le mentionnons précédemment, les années 70 représentent l’émergence d’un nouveau secteur d’activité, le tourisme. C’est également à cette période, qu’apparait une volonté politique de changement dans nos rapports à la nature afin de préserver les ressources pour les générations futures. À travers le projet Brundtland, apparait la notion de développement durable/ soutenable plutôt. Les pays anglos saxon doivent alors faire face à l’afflux de population touristique de plus en plus importante dans les espaces naturels. Réputé pour leur grand espaces, ce sont notamment les réserves indiennes qui sont ciblés par ce tourisme de masse. Ils décident alors de se doter d’un modèle de gestion ayant emprunté des caractéristiques du concept écologique.
Les anglos saxons sont donc des pionniers en matière de capacité de charges, on peut penser notamment au Parc National de Yellowstone aux Etats Unis. Nous avons une petite idée de l’objectif de la capacité de charge mais quelle est sa signification ? Quel est son but ? Est ce un outil de gestion approprié pour tous les sites naturels ?
L’une des premières définitions de la capacité de charge, la première concernant les activités de loisirs, a été caractérisée par Wagar, (Wagar, 1964 in Graefe, 1989, 451), comme étant le “niveau d’utilisation récréationnelle auquel un site peut résister tout en fournissant une qualité durable de loisirs”.
Pour la FNNPE, c’est » la capacité d’un écosystème à perdurer et à permettre des utilisations humaines spécifique ou des activités sans qu’elles exercent d’effets négatifs sur lui . »
Clark J. quant à lui la présente comme « un certain seuil d’activité touristique au-delà duquel l’environnement va subir des dégradations y compris les habitats naturels », il ajoute que la capacité de charge définie comme le nombre de visiteurs ou quota est plus un jugement basé sur le niveau de changement acceptable pour ce qui concerne la durabilité des ressources, la satisfactions des utilisateurs et l’impact socio-économique. »
Le PNUE définit la capacité de charge comme étant « le nombre maximum de personne qui peuvent se rendre dans une destination touristique au même moment, sans provoquer de destruction de l’environnement physique, économique, et socio-culturel et une diminution de la satisfaction de la clientèle ».
Toutes ces définitions ont en commun de présenter la capacité de charge comme un seuil au delà duquel l’environnement peut être détérioré, détruit. Un niveau de fréquentation qu’un site peut supporter sans que les impacts sur son écosystème soient irréversibles, et sans que le bien être de la population ou la qualité de visite/intérêt des visiteurs n’en soient affectés.
Cette notion se distingue de la capacité d’accueil. Celle-ci, s’apparente plutôt à la capacité d’hébergement, soit le nombre de lits disponibles sur le territoire pouvant accueillir des visiteurs. Cette capacité peut être élargie à la restauration, ou à l’offre des pratiques proposées sur le territoire concerné. Cependant certains auteurs assimilent ces deux notions pour donner la primauté à celui de capacité d’accueil. C’est notamment le cas d’Anne Vourch, pour qui la capacité d’accueil « traduit une vocation patrimoniale et sociale des sites » . D’après elle, « l’accès à ces sites ne doit pas se fonder sur une politique malthusienne considérant le visiteur comme un pollueur dont la présence serait tout juste tolérée mais bien au contraire répondre à une forte demande sociale du public, dans des conditions préservant la qualité du site et la qualité de l’expérience du visiteur . Il s’agit de donner accès au plus grand nombre possible de visiteurs, sachant qu’il n’est justement pas possible d’accueillir tout le monde au même moment, au même endroit ».
La plupart des auteurs s’accordent à dire que la capacité de charge, répond à différentes caractéristiques propres à chaque site. On peut les délimiter en trois composantes, que l’on retrouve dans les définitions de cette notion, à savoir :
– la capacité physique/biologique
– la capacité sociale/psychologique
– la capacité économique/juridique/politique
Il semble donc y avoir consensus sur la définition de la capacité de charge généralement, mais il y a beaucoup plus de scepticisme quant à son application et son utilisation comme outil de gestion ou sur les paramètres à prendre en compte pour calculer le seuil à ne pas dépasser.
Pour Wagar par exemple, la capacité de charge est un outil efficace pour la gestion des pâturages ou des zones de pêche. Cependant pour définir une capacité de charge sur une activité de sport de nature, la tâche est beaucoup plus ardue, car selon lui le loisir est une expérience psychologique, donc la qualité de la pratique est dépendante autant du site, que des attentes du visiteurs ou de la qualité de la prestation etc . Ensuite la capacité de charge est spécifique à chaque site. Ce qui signifie qu’il n’y a pas de méthode universelle qui saurait être applicable à l’ensemble des sites concernés par la « sur-fréquentation ».
L’expérience en ce qui concerne la capacité de charge dans les destinations touristiques est encore très limitée dans les pays européens.
Objectifs du stage et attentes du PNR
Cette étape a pour objectif de définir les différents indicateurs du terrain d’étude. Ces indicateurs doivent permettre de répondre aux objectifs et buts fixés par les gestionnaires, afin d’élaborer la capacité de charge du site. Pour permettre à cette étude d’aider à définir de la capacité de charge, celle ci doit d’abord répondre à un certain nombre de questionnement étroitement lié aux indicateurs étudiés. Les premières interrogations de ce stage se sont portées sur les problématiques du Couloir Samson, à savoir, quelle est la fréquentation actuelle du site et à partir de quel niveau de fréquentation l’organisation des activités de loisirs devient elle difficile ? Comment est elle perçue par les visiteurs et les encadrants ?
Le second point qui intéresse cette enquête est de connaître l’évolution des activités d’eau vive, notamment de la randonnée aquatique dans le Verdon. Comment ont évolué les activités d’eau vive sur le Verdon ? Quelle est la situation des professionnels de l’eau vive ?
Ces questions permettent d’étudier les aspects économiques et de voir si ce secteur d’activité se porte bien au vu de l’évolution du nombre de structures sur le territoire, des salariés employés, des retombées économiques directes de ces compagnies. Ces questions soulèvent une interrogation essentielle, qui est l’objectif principal de la capacité de charge, à savoir comment améliorer la gestion du site ? En prenant en compte notamment, la perception des usagers, l’amélioration des transports, à partir de quel niveau de fréquentation peut on assurer une viabilité économique à ces activités etc.
Enfin il semble que ce site et le Moyen Verdon sont des espaces où il y a une concentration d’usages multiples et donc des conflits entre les usagers. Pour définir un seuil de fréquentation sur un grand site naturel, il est nécessaire que le dialogue soit noué et qu’une bonne communication soit établie. Au vu des premières lectures et des retours des premiers entretiens, on peut se demander comment est gérée la gestion concertée entre les acteur/usagers de la rivière Verdon ?
Méthodologie
La recherche bibliographique
Afin de répondre aux attentes de la commande de stage et de pouvoir commencer à définir la capacité de charge du site, trois types d’outils ont été utilisés.
L’analyse a commencé par le recueil de données à l’aide d’une bibliographie sur la capacité de charge et sur le contexte du territoire, englobant aussi bien des documents officiels tel que les arrêtés préfectoraux que des comptes rendus de réunion etc. Cette première étape a permis de s’imprégner du sujet, de saisir le fonctionnement du Parc Naturel Régional et de cibler les problèmes présents sur le site du Couloir Samson. Toutefois l’essentiel de cette partie a consisté à chercher et dépouiller la bibliographie concernant la capacité de charge, sa définition, la méthode d’évaluation et ses critiques. Elle a aidé à cibler les indicateurs appropriés pour définir la capacité de charge du site. Les indicateurs ont été présélectionnés à partir du contexte du territoire, ainsi il semblait nécessaire de connaître par exemple les indicateurs de mobilités (lieu de rendez vous, moyen de transport, nombre de stationnement) etc. Au départ de l’enquête, une vingtaine d’indicateurs ont été choisis.
Toutefois les contraintes de temps et d’accessibilité à certaines données ont induit que certains indicateurs ne pourraient être étudiés. Sur les vingt indicateurs présentés en Annexe 1, douze ont été étudiés. Les indicateurs qu’il n’a pas été possible de traiter sont essentiellement les indicateurs économiques, le nombre de baigneurs sur le site car la pose d’un appareil photo sur le site n’a pu être effectuée et la perception des populations locales.
Après avoir sélectionnés ces indicateurs, avec le Parc, le troisième temps de travail a été consacré à la réalisation d’entretiens auprès des acteurs du territoire concernés par la gestion de la rivière Verdon et plus particulièrement du site Couloir Samson.
La méthodologie qualitative : les entretiens semi – directifs
Dans le cadre de la définition de la capacité de charge du site, il est important de recueillir les représentations des acteurs et leurs rationalités, leurs bonnes raisons d’agir. Pour ce faire la méthodologie s’est dirigée vers des entretiens semi-directifs auprès des acteurs du territoire du Moyen Verdon. L’entretien semi-directif est le type d’entretien le plus courant. Il commence par l’énonciation d’une thématique générale. Le chercheur est plus présent dans la discussion,notamment parce qu’il a prévu à l’avance la liste des thèmes qui doivent être abordés aux cours de la discussion. Si l’enquêté n’aborde pas les sous-thèmes prévus, la grille d’entretien permet à l’enquêté d’intervenir, et de recadrer la discussion.
Cette méthode est sans doute la plus pratiquée car elle a un double avantage. Elle permet d’obtenir des réponses assez détaillées mais aussi de pouvoir comparer les entretiens entre eux étant donné que tous abordent les mêmes thématiques.
Ces entretiens ont pour intérêt de permettre à l’enquêté de parler du sujet plus librement et sur un temps long. Ils ont également l’avantage de générer des réponses riches et détaillées de la part de l’enquêté. Ces avantages offrent la possibilité à l’enquêteur d’accéder à beaucoup plus d’informations mais également de recadrer son interlocuteur durant l’entretien pour revenir sur un ou plusieurs thème(s) non abordés.
Les entretiens ont été enregistrés dans leur intégralité, avec l’accord des personnes interrogées, sous réserve de respecter leur anonymat. Sur l’ensemble des entretiens réalisés, un seul enquêté n’a pas souhaité être enregistré, ce qui a limité la retranscription complète de cet entretien. L’ensemble des entretiens a été retranscrit pour pouvoir mener une analyse thématique et pour permettre une analyse lexicale pour la suite de l’étude.
Le choix des interrogés
Il aurait été intéressant de rencontrer la population locale pour accéder à leurs représentations sur la gestion Moyen Verdon et plus particulièrement du Couloir Samson.
Toutefois il a semblé plus pertinent pour débuter cette étude de recueillir l’ensemble des voix des gestionnaires, administrateurs et usagers du site. Ceci dans l’intérêt d’avoir des réponses le plus diversifiées possibles. Bien évidemment, il était compliqué d’interroger l’ensemble des professionnels de l’eau vive et cela n’aurait eu aucun intérêt. Chaque acteur possède sa propre raison d’agir, sa propre pratique, motivation, représentation. Les professionnels de l’eau vive du Moyen Verdon sont représentés par deux syndicats de professionnels sur le Verdon : le GPSEVV et le SPGC.
Ces deux groupes n’ont pas le même regard sur le sujet, et dans chacun de ses groupes se trouvent des personnes favorables à une réglementation alors que d’autres à l’inverse s’y opposent.
Par facilité géographique, au vu de leurs situations et de leurs disponibilités, les enquêtes qualitatives ont d’abord débuté auprès des professionnels de Castellane. La majeure partie d’entre eux ne commencent la saison qu’à partir du mois de Juillet. Ils étaient donc plus disponibles au mois de Mai et Juin. Cette période a également été consacrée à la prise de rendez vous téléphoniques et à l’envoi de mails auprès des responsables administratifs concernés par la gestion du Moyen Verdon. Du 23 Mai au (19 ou 26 Juillet), 23 acteurs ont été interrogés, pour un total de 21 entretiens puisque trois d’entre eux ont été des entretiens groupés. Voici la liste des personnes interviewées pour cette enquête :
11 professionnels de l’eau vive et du canyoning : 9 à Castellane et 2 à La Palud
2 maires, la commune de Rougon et celle de Castellane
Le sous préfet de Castellane
Le chef de service environnement et risque de la DDT 04
2 agents de l’ONEMA 04
2 représentants du Conseil Départemental 04, un chargé des sports de nature, animation CDESI PDESI et un technicien randonnée au service environnement
1 chargée de mission, animation du pôle sports de nature, conflits d’usage au sein du PNR Verdon
1 interlocutrice EDF
1 inspectrice de la jeunesse et sports, chef de service animation et développement et lien social, DDCSPP
1 délégué syndical de la fédération de pêche du VAR, AAPPMA
Cet échantillonnage a permis d’interroger une grande majorité des acteurs concernés par la gestion du site. Toutefois, ces acteurs se concentrent en majorité sur le département des Alpes de Haute Provence. Le personnel administratif du Var n’a pas été contacté, tout comme les professionnels des Alpes Maritimes, d’Aiguines ou encore des Salles sur Verdon. La DREAL a été contactée mais n’étant pas réellement concernée par ce site, nous avons convenu de ne pas nous rencontrer. Le chargé de mission était un tout nouvel arrivant dans le service et bien que très intéressé par cette étude, il a eu la franchise de dire qu’il n’avait pas d’informations sur le sujet. La fédération de pêche du 04, l’Agence Régionale de l’Eau et la municipalité de La Palud n’ont pas donné suite aux mails envoyés.
La grille d’entretien
Après avoir ciblé les enquêtés, liste préalablement fournie par Anne Ferment, chargée de mission Natura 2000 au sein du Parc Naturel Régional du Verdon, la grille d’entretien a été élaborée. Cette grille permet de cadrer l’enquêté pendant la durée de l’interview autour des thèmes préalablement sélectionnés comme objectifs de recherche.
L’entretien aborde notamment la représentation du territoire, les pratiques, les usages, les normes, etc. Ces thématiques sont ensuite divisées en sous thèmes, qui présentent plus précisément le discours des personnes interrogées.
L’entretien semi-directif laissant libre court à la parole de l’enquêté, ce dernier peut être amené à parler de thèmes qui n’ont pas encore été abordé dans l’entretien. C’est donc à l’enquêteur de s’adapter au discours de son interlocuteur et de le recadrer s’il prend un axe diamétralement opposé de l’objet d’étude.
Cette enquête qualitative a également été complétée par des journées de formation et des réunions avec les acteurs du territoire.
– une réunion le 2 Mai avec les représentants de la fédération de canoë-kayak (FFCK), de canyoning et d’escalade (FFME), le syndicat national des guides professionnels du canoë kayak (SNGPCK), le président du GPSEVV, Anne Ferment tutrice de stage, chargée de mission Natura 2000. Cette réunion a eu pour objectif de faire un état des lieux sur la problématique du Couloir Samson et de présenter les potentiels indicateurs sur lesquels le stage allait porter.
– une réunion le 25 Avril, à Hyères Parc National de Port Cros, pour discuter de la capacité de charge et des indicateurs économiques avec la stagiaire en charge de cette étude pour le Parc National de Port Cros.
– un Colloque à Marseille Colloque le 27 Avril sur la pisciculture, le poisson au regard des sciences, 6ème édition, Faculté Marseille Saint Charles. Les chercheurs ont présenté leurs travaux de recherche en halieutique et ichtyologie, encadré par les étudiants en médiation scientifique de la faculté. Etaient présent l’ONEMA, EDF, l’IMBE, la MRE, l’IRSTEA, l’IRD etc.
– une matinée d’observation des prélèvements de la MRE pour l’étude de l’impact du piétinement humain sur les micro-invertébrés.
L’analyse des entretiens
L’analyse des entretiens a été effectuée en trois temps. Tout d’abord une analyse thématique a été effectuée pour chaque entretien. À l’aide de la grille d’entretien, des thèmes et sous thèmes ont été déterminés et disposés sous la forme d’une grille d’analyse thématique, en suivant la ligne directrice de cette étude. Cette méthode permet, grâce à des extraits d’entretiens de venir appuyer les thématiques étudiés, de dégager les représentations des acteurs et leurs connaissances sur le sujet. Une fois cette première analyse terminée, il est possible de créer un arbre thématique général, composé des différentes citations et représentations de l’ensemble des entretiens.
La méthodologie quantitative
Dans la démarche de définition de la capacité de charge, il est essentiel de prendre en compte les perceptions des visiteurs par rapport à la gestion du site et à sa fréquentation. Ainsi, l’enquête qualitative est tout à fait adéquate pour mettre en chiffre un phénomène, connaître son ampleur et son évolution. La méthode statistique permet également de mettre en évidence que deux variables peuvent être dépendantes. Il y a deux types de variables : la variable dépendante et la variable explicative, idée que la première dépend souvent de la deuxième. La première phase de cette méthode consiste à élaborer une base de données où les colonnes sont les variables et les lignes correspondent aux individus. Les questions posées sont censées répondre aux objectifs et hypothèses formulées en amont de l’enquête. Une fois cette base de données créée, la seconde étape consiste à administrer les questionnaires. Pour cette étude deux modes d’administrations ont été sélectionnés.
Mode d’administration
Comme il était difficile d’accéder à la clientèle des professionnels de l’eau vive après l’activité, à cause de leurs rotations et d’un temps limité sur le parking du site, un accord a été passé avec eux pour qu’ils fassent passer les questionnaires sur le chemin du retour dans la navette, puisque le trajet dure entre 20 à 40 minutes selon la circulation. Il a également été proposé de laisser des questionnaires à disposition sur les bases des professionnels, lieu où les clients peuvent se changer et discuter avec les guides. 500 questionnaires ont ainsi ont été transmis au professionnels dont 250 en anglais. Ces questionnaires ont donc été auto-administrés, les clients ont remplis eux même les questionnaires.
De mon côté, je me suis donc concentré sur la baignade. La décision s’est portée sur une population mère correspondant aux pratiquants de la randonnée aquatiques et aux baigneurs. Cependant les baigneurs sont souvent des randonneurs, des grimpeurs ou des curieux, on peut donc englober les usagers du site dans la population mère. L’administration de ces questionnaires a été faite en face à face.
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Table des matières
Introduction
I- Le Verdon, une rivière, un territoire, un parc : contexte du territoire et objectifs du Parc Naturel Régional du Verdon
II- Méthodologie
III- Résultats
IV- Pistes d’améliorations
Conclusion
Annexes
Glossaire
Bibliographie
Table des figures
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