Définition de la motivation
Le mot « motivation » vient du latin movere, qui signifie se déplacer, on lui trouve plusieurs définitions. Tout d’abord d’après le dictionnaire Larousse la motivation serait « Raisons, intérêts, éléments qui poussent quelqu’un dans son action ». Rolland Viaux nous apporte une définition théorique de la motivation dans un contexte d’apprentissage beaucoup plus précise. Pour lui, c’est « un état dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu’un élève a de lui-même et de son environnement et qui l’incite à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer dans son accomplissement afin d’atteindre un but » . De nombreux écrivains et philosophes ont également défini ce mot. Pour compléter, j’ai relevé celle de Maslow et Herzberg. Ils expliquent que « la motivation désigne les forces qui agissent sur une personne ou à l’intérieur d’elle pour la pousser à se conduire d’une manière spécifique, orientée vers un objectif » . Je me rends compte effectivement de la motivation d’un élève par son passage à l’action. S’il se met rapidement au travail, et qu’il s’implique sérieusement avec ténacité dans son activité, j’en déduis qu’il est motivé. Au contraire, si un élève retarde le moment de participer à l’activité proposée en discutant par exemple avec son camarade oufait autre chose que le travail demandé comme par exemple dessiner sur unefeuille ou regarder à l’extérieur de la classe, c’est qu’il utilise des stratégies d’évitement. Je peux en déduire, d’après le livre de Rolland Viau10, que l’élève n’est pas motivé.
Les trois sortes de motivation
Deci et Ryan classaient la motivation en trois grandes catégories : Tout d’abord la motivation intrinsèque ou d’autodétermination. Elle s’apparente au fait de s’engager volontairement dans une activité. Elle renvoie à la notion de bonheur, c’est-à-dire le plaisir procuré lorsque vous faites une activité qui vous intéresse et que vous trouvez agréable ou amusante. C’est le cas par exemple d’une jeune fille qui fabrique ses propres jupes. Elle fait cette activité pour sa satisfaction personnelle et non pour l’argent qu’elle pourrait gagner en les vendant. Cette motivation vient de l’intérieur de la personne c’est donc celle qui va le plus perdurer dans le temps. L’objectif est de satisfaire un besoin personnel. Dans la motivation intrinsèque, on peut distinguer trois formes.
– La première est attachée à la connaissance ou plus précisément au plaisir d’apprendre, par exemple j’assiste à une conférence parce que j’éprouve de la satisfaction à enrichir mes connaissances. Je retrouve en cours le désir chez certains élèves d’approfondir leurs connaissances, notamment dans l’apprentissage des caractéristiques des étoffes.
– La deuxième est liée à la stimulation comme quand je fais du saut à l’élastique car j’ai plaisir à ressentir cette sensation forte. En classe, les apprenants peuvent être motivés par des différentes pratiques pédagogiques. Les jeux comme l’Escape Game, le Time’s Up ou tout simplement le jeu de cartes incitent par leur aspect ludique les élèves à participer activement à l’activité.
– Et enfin, la dernière est associée à l’accomplissement. Prenons l’exemple de la participation à un tournoi qui est plaisant car on a la possibilité de se surpasser et de relever des défis. Au cours de leur formation, les élèves réalisent des produits. Quand ils finalisent leur modèle, ils éprouvent la satisfaction d’avoir réussi à terminer. Ils ont parfois la possibilité de porter leur réalisation ce qui renforce ce sentiment d’accomplissement.
La seconde est la motivation extrinsèque c’est-à-dire qu’elle dépend des facteurs extérieurs. Nous passons à l’action car quelque chose nous pousse à le faire. Celle-ci n’a pas de connotation de plaisir. C’est une force extérieure qui nous emmène à agir. C’est le cas par exemple d’un enfant qui range sa chambre sous peine de punition. Cette motivation est basée sur la recherche d’un résultat. Là on peut discerner quatre niveaux de régulation.
– La première a un niveau de régulation externe. Elle dépend selon Deci et Ryan « des éléments extérieurs à l’activité comme des récompenses matérielles ou l’évitement de punitions »
– La deuxième est un niveau de régulation introjectée. La personne se met à l’action pour ne pas ressentir le sentiment de culpabilité. Par exemple « Je vais à une fête de famille pour ne pas décevoir ma famille ». Pour certains élèves, la pression des parents est très importante. Ainsi, ils travaillent pour ne pas les décevoir.
– La troisième motivation a un niveau de régulation identifié. Elle implique que « le sujet s’engage parce qu’il juge l’activité valable et qu’il a identifié l’importance de son engagement » car je pourrai réaliser cette recette à mes invités ».
– Enfin la quatrième et la plus extrinsèque des motivations a une régulation intégrée. La personne se sent entièrement impliquée dans l’activité c’est-à-dire qu’elle réalise la tâche avec une forte conviction car elle correspond à ses valeurs.
Elle va jusqu’à militer et défendre ses idéaux. Quand je réalise des vêtements avec zéro déchet, et que je témoigne dans la presse du bien-fondé de cette méthode par exemple. Pour terminer l’amotivation est l’absence totale de motivation. L’élève s’engage dans une activité sans raison, sans but, sans plaisir. Il ne fait plus de relation entre son action et le résultat de son action. On peut prendre l’exemple de l’élève qui n’a pas choisi la filière de la mode et qui ne s’investit pas dans la formation. Dans ma classe, j’ai pu constater que certains élèves avaient une motivation intrinsèque. Ils ont en eux le désir d’apprendre et d’avancer dans leur formation, car ils ont trouvé un sens à leur apprentissage. Ils ont compris que ce qu’ils apprennent en cours leur servira dans leur vie future. J’ajoute que pour certains d’entre eux, la couture est un loisir auquel ils s’adonnent également en dehors des cours. Pour l’autre partie de la classe, la motivation est extrinsèque. Ils me disent que ce sont surtout les devoirs notés qui les motivent à travailler, ou encore ils font leur travail pour ne pas être « collés ». Une élève m’a avoué lorsque que je lui ai remis son travail avoir peur de la réaction de ses parents. Enfin, pour une minorité, c’est l’absence totale de motivation. Ils subissent leur formation et n’arrivent pas à trouver de but à leurs apprentissages.
Le travail en groupe ou travail coopératif ou travail collaboratif
Le mot « Co-opérer » vient du latin « cooperari », qui se traduit par opérer ensemble. Le travail coopératif est interprété selon Olry-Louis (2011) par « la façon dont les membres d’une dyade ou d’un groupe donné, confrontés à un apprentissage particulier, rassemblent leurs forces, leurs savoir-faire et leurs savoirs pour atteindre leurs fins » 15. Ainsi, les apprenants regroupent et confrontent leurs idées et leurs savoirs variés pour arriver à un même but. Dans le milieu scolaire on parlera d’approche coopérative ou de pédagogie coopérative. Sa finalité est de permettre à chaque élève de participer activement à sa formation, et donc d’être acteur de son apprentissage. Le travail coopératif est un travail de groupe organisé. Les élèves se voient attribuer une tâche ou un rôle. Ainsi, chacun sait ce qu’il doit faire dès le début. La responsabilité de chacun est ainsi engagée. Le travail collaboratif contrairement au travail coopératif ne relève pas d’une répartition des rôles. Chaque apprenant travaille sur les mêmes points. La responsabilité est collective et donc incombe au groupe. Le travail en groupe est organisé par l’enseignant. Son rôle est de mettre en place un cadre avec des consignes claires et précises et de faire respecter les règles. Une fois le travail lancé, il doit se mettre en retrait. Il est juste là pour aider les élèves et répondre à d’éventuelles questions. Lors de la phase de restitution, sa mission est d’organiser la discussion, en même temps d’être à l’écoute des propositions et d’apporter des précisions. En fin d’activité, c’est lui qui valide les résultats exposés et qui fait le bilan de la séance. Le travail coopératif permet à l’enseignant d’exercer sa fonction d’accompagnement des élèves. Le nombre de participants dans un groupe peut varier. On parlera de dyades ou de binômes quand il est constitué de 2 personnes, de trois à cinq élèves. Il s’agira d’un groupe coopératif et au-dessus on parlera d’un groupe classe. La constitution du groupe peut être faite de trois façons différentes : aléatoire, libre ou imposée par le professeur.
– Dans le premier cas, on peut procéder par exemple à un tirage au sort ou encore s’aider d’un jeu de carte pour constituer les groupes. Il permet un mélange totalement hasardeux. Le point positif est qu’il laisse place à un vrai mélange des élèves et les habitue à travailler avec des personnes différentes. Le risque est que certains élèves en conflit se retrouvent ensemble et n’arrivent pas à se comprendre, à échanger et donc à atteindre l’objectif de la séance ensemble.
– A l’opposé les élèves peuvent constituer eux même leur groupe. La complicité et la confiance sont importantes et dans ce cas la mise au travail sera plus rapide. Une attention sera toutefois portée aux bavardages qui risquent d’être plus importants.
– Enfin, l’enseignant peut former les groupes. Il tiendra compte de la personnalité des élèves de façon à former des groupes mixtes. En effet selon C.
Trarieux, « La progression de tous les élèves est plus nette en situation de groupe hétérogène » 16. Il est donc important de prendre en compte cette notion. Pour la formation des groupes, je ne fonctionne pas toujours avec la même méthode. Il m’arrive souvent pour des activités rapides de faire travailler les élèves avec leur voisin de classe. Lors de ma première expérimentation, j’ai formé des groupes hétérogènes de quatre élèves. Il m’a semblé important en début d’année que les élèves apprennent à se connaître et le travail à groupe offre la possibilité de créer des liens. J’ai donc mélangé les deux groupes classe en prenant soin d’équilibrer les compétences à l’intérieur de chaque groupe. Le sujet de travail était identique pour tous. Enfin, j’ai testé le travail en groupe en laissant la liberté à chaque élève de choisir son binôme et son sujet de travail. Il me semble important de procéder de différentes façons pour ne pas tomber dans la lassitude et pour toujours surprendre les élèves.
Cadre de l’analyse
Pour valider ma première hypothèse, « l’élève est motivé s’il trouve du plaisir dans son apprentissage », je vais déchiffrer les réponses du questionnaire en m’intéressant à l’interaction plaisir et motivation. Si mon hypothèse est juste, dans toutes les réponses positives au niveau de la motivation, je devrais avoir une réponse positive au niveau du plaisir. Les commentaires des élèves vont me permettre d’analyser et comprendre cette relation. Pour vérifier ma deuxième hypothèse, je vais dans un premier temps analyser mes observations réalisées au cours des quatre séances. Si je constate que les élèves se sont mis au travail rapidement, sans déranger leurs pairs et n’ont pas quitté la classe ou fait semblant de travailler, alors le travail en groupe aura bien eu pour effet de les motiver. Cependant, il se peut qu’il ne permette pas totalement de stimuler les élèves. Si je veux prouver le bien-fondé de ma théorie, « le travail en groupe accroît la motivation des élèves dans leur apprentissage », je vais, dans un second temps, m’intéresser à une question posée à ma classe de seconde, au retour des vacances de la Toussaint : « Êtes-vous motivé dans les cours généraux et professionnels ». Cette question générale, ne permet pas de différencier la motivation des apprenants en fonction de la discipline. Mais justement, mon étude étant basée sur une mixité de cours, cette première enquête va être mon point de référence pour observer l’impact du travail en groupe sur la motivation. Pour ne pas fausser les données, la réponse à cette question n’étant pas anonyme, j’ai supprimé les réponses des trois élèves qui n’étaient pas présents en janvier.
Conclusion
Cette recherche sur la motivation, m’a permis d’expérimenter le travail en groupe, méthode pédagogique que j’avais trop peu utilisée auparavant. Elle m’a fait réfléchir sur toutes les possibilités de sa mise en place. En effet, il demande au professeur une réflexion importante en amont, il peut prendre différentes formes en fonction de l’activité. L’effet escompté peut-être très différent d’une séance à une autre en fonction de l’objectif à atteindre et des compétences visées. On peut conclure aux vues des résultats de l’étude, que le travail de groupe est un facteur du plaisir et de motivation. Le travail à plusieurs permet également de relancer l’intérêt de l’un par l’intérêt de l’autre. Un élève ne peut soutenir son attention durant plusieurs heures et l’enseignant ne peut rappeler à l’ordre chaque élève continuellement. Dans un petit groupe les élèves ne sont pas inattentifs ensemble, au même moment ; si l’un ne fait plus attention, les autres vont instinctivement le relancer ; l’entraide joue et favorise ainsi la motivation. Mais au-delà, il est bénéfique aux élèves car il favorise la compréhension du travail, la socialisation et la collaboration entre pairs. Mais aussi, il permet de partager les valeurs de la république à travers la liberté d’expression, l’égalité dans le travail, la fraternité et la laïcité à l’occasion des échanges sociaux cognitifs. Comme le suggère le référentiel des compétences des métiers du professorat et de l’éducation, être enseignant nécessite d’être en mesure de faire partager ses valeurs. J’ai pris également conscience qu’il ne permet pas de mobiliser tous les apprenants. Il est donc très important de varier ses pratiques pédagogiques pour surprendre ses élèves, et ne pas rester dans une routine qui à la longue apportera de la lassitude. Cette étude m’a permis d’entrevoir d’autres possibilité pour motiver les élèves et notamment la pratique du jeu en classe. Il peut prendre diverses formes comme tout simplement le jeu de carte ou correspondre à des jeux plus récents comme par exemple « l’Escape Game pédagogiques ». Le jeu développe le plaisir de découvrir un enseignement et à la fois, il enrichit les relations entre pairs et entre élèves/enseignant. Mais c’est également un outil bénéfique à l’éducation car, il favorise l’apprentissage dans l’action. Cette étude m’a permis d’avoir un autre point de vue sur la manière dont l’enseignant pouvait motiver les élèves. Au départ, je pensais que la transmission de mon savoir était l’élément indispensable à l’apprentissage. Le rôle du pédagogue est bien plus que cela, il est de créer les conditions pour que tous les élèves se mobilisent pour acquérir les savoirs nécessaires à leur développement ainsi qu’à leur réussite scolaire, professionnelle et citoyenne. Au lieu de me poser la question de ce que je vais faire durant le cours, je la retourne pour me demander quelles sont les activités que les élèves vont faire durant la séquence et la séance. Enfin à travers mes différentes observations, j’ai pu observer l’impact positif du projet réalisé en groupe. Il permet de passer du concept au concret, de redonner du sens à l’apprentissage, de modifier la relation élève-professeur, et de rendre l’élève responsable et autonome. Il influence de façon significative la motivation. Suite à mon observation du cours d’arts appliqués, j’ai mis en œuvre cette pratique en co-intervention mathématiques, en proposant aux élèves de construire une jupe d’après des calculs mais surtout d’aller jusqu’à la concrétisation de leur projet en présentant une toile sur mannequin. Cet aboutissement permet de donner un but concret à l’activité. De même, mon observation en cours de français m’a permis de découvrir l’impact de l’accroche sur la mise au travail des élèves. Depuis, j’essaie d’utiliser cette méthode notamment dans mes cours de technologie textile et d’atelier. Mon année de stagiaire m’a permis de m’enrichir sur le plan professionnel et personnel notamment grâce à la découverte de nouvelles pratiques pédagogiques telles que le projet, la différenciation et l’évaluation entre pairs, qui m’étaient jusqu’alors inconnues. J’ai commencé à les tester et compte bien les approfondir dans les années à venir
|
Table des matières
Introduction
1. Naissance du sujet
2. Motivation, travail en groupe et plaisir
2.1. Définition de la motivation
2.2. Les trois sortes de motivation
2.3. Le climat de classe
2.4. Le travail en groupe ou travail coopératif ou travail collaboratif
2.5. Les avantages du travail en groupe
2.6. Les limites du travail en groupe
2.7. La relation entre plaisir, motivation et travail en groupe
2.8. Problématique et hypothèses
3. Mise en oeuvre
3.1. Organisation des groupes
3.2. Méthodes de recueil
3.3. Cadre du recueil de données
3.4. Déroulement du recueil de données
3.5. Première expérimentation
3.6. Deuxième expérimentation
3.7. Troisième expérimentation
3.8. Quatrième expérimentation
4. Analyse des données
4.1. Cadre de l’analyse
4.2. Résultats et analyse
4.3. Limites de l’étude
5. Conclusion
Bibliographie
Annexes
Télécharger le rapport complet