Ressources et fondements des mรฉthodes actives
Une conception du processus enseignement-apprentissage : Lโapprentissage est ยซ un processus actif et constructif ยป. La connaissance nโest pas le rรฉsultat dโune rรฉception mais le fruit de lโactivitรฉ de lโapprenant. Lโactivitรฉ รฉtant elle-mรชme essentiellement une manipulation des idรฉes, des connaissances, des conceptions que lโapprenant possรจde dรฉjร pour les transformer. Lโapprenant nโest pas une ยซ tabula rasa ยป que lโenseignement doit remplir mais une personne en รฉvolution. Lโapprenant construit ses connaissances ร partir de ce quโil sait dรฉjร dans une dialectique qui sโรฉtablit entre les anciennes et les nouvelles connaissances. Lโapprentissage est ยซ un processus interactif et une activitรฉ intentionnelle ยป. Lโenseignement est une mise ร disposition de lโapprenant dโoccasions oรน il puisse apprendre. Lโenseignant traite le savoir de faรงon ร le mettre en situations auxquelles lโapprenantย sera confrontรฉ et qui seront sources dโapprentissage ; il le place dans des conditions oรน les interactions avec lโenvironnement puissent avoir lieu ; il gรจre les conditions dโapprentissage, rรฉgule lโensemble du processus, il contrรดle que lโapprentissage est rรฉalisรฉ, que les savoirs codifiรฉs sont rรฉalisรฉs. Une rรฉfรฉrence explicite ร la thรฉorie constructiviste de lโapprentissage Selon le modรจle constructiviste de lโapprentissage, on apprend en agissant sur les choses et les gens qui nous entourent. Et selon ce qui se passe suite ร notre action, on en tire des lois sur la structure de notre environnement, sur le fonctionnement social et sur la forme ร donner ร nos actions. ยซ Le sujet apprend en organisant son monde en mรชme temps quโil sโorganise lui-mรชme par les processus dโadaptation, dโassimilation, dโaccommodation ยป10 dรฉfinis par J. Piaget. C’est par l’action que nous apprenons et que nous construisons notre reprรฉsentation du monde (reconstruction, ร un niveau mental, de notre milieu). Lโinteraction entre l’individu et son milieu est un facteur important d’apprentissage.
Le courant de lโEducation Nouvelle et ses valeurs : LโEducation Nouvelle ยซ consiste en une attitude nouvelle vis-ร -vis de lโenfant. Attitude faite de comprรฉhension, dโamour mais surtout attitude de respectโฆ. Attitude dโacceptation de lโenfance comme une pรฉriode nรฉcessaire dans le dรฉveloppement de lโhomme. Indulgence, admission des erreurs de lโenfant, de ses faux pas, de ses hรฉsitations, de ses lenteursยป. LโEducation Nouvelle, dรจs le dรฉbut du XXรจme siรจcle et surtout aprรจs la deuxiรจme guerre mondiale sโest appuyรฉe sur la connaissance scientifique de lโenfance, sur la psychologie gรฉnรฉtique. Il faut fonder les sciences de lโรฉducation sur la psychologie. Trois รฉlรฉments sont particuliรจrement retenus. La valeur de lโenfance : Lโenfance est ยซ porteuse de toute la personnalitรฉ future, de tout le dรฉveloppement des personnes ยป12. Cette idรฉe est neuve et rรฉvolutionnaire car elle rompt avec la philosophie classique (mis ร part J.J. Rousseau qui a inaugurรฉ ce thรจme de lโenfance comme valeur au 18รจme siรจcle), pour laquelle lโenfance รฉtait une pรฉriode quโil fallait traverser le plus rapidement possible, oรน lโenfant รฉtait un homme en devenir. Plus lโenfance est pensรฉe en elle-mรชme, pour elle-mรชme, plus lโรฉducation a des chances dโaider les hommes dans leur construction de soi et dans leur progrรจs. Le milieu : la notion de milieu recouvre aussi bien le milieu biologique (celui des รชtres vivants, des corps), que le milieu social (lโorganisation sociale) et que le milieu idรฉologique et humain (celui des idรฉes et des concepts forgรฉs par lโhomme). Le milieu joue ยซ un rรดle prรฉpondรฉrant en รฉducation, cโest mรชme lโagent de lโรฉducation. Cโest grรขce au milieu social que lโenfant devient un รชtre de langage ยป. Lโactivitรฉ : lโactivitรฉ suscitรฉe par le milieu est une rรฉponse au besoin dโagir sur le monde, de se mouvoir, de produire des effets sur la rรฉalitรฉ (objets et personnes) qui entoure lโenfant. Lโactivitรฉ est la source mรชme du dรฉveloppement de lโenfant. Cโest autre chose quโune simple effectuation, tout lโรชtre humain (corps, mouvement, intelligence, affectivitรฉ mรชlรฉs) se trouve mobilisรฉ dans et par lโactivitรฉ. Une autre valeur chรจre ร lโEducation Nouvelle est la libertรฉ, comme principe de lโรชtre humain et de lโรฉducation. La libertรฉ, ยซ cโest lโapprentissage du gouvernement de soi en respectant les autres et le milieu, cโest รชtre capable de se donner sa propre loi. Initiative, responsabilitรฉ, autonomie sont des termes clรฉs de lโEducation Nouvelle ยป. Une finalitรฉ de lโEducation Nouvelle est de rรฉformer la sociรฉtรฉ par lโรฉducation, de construire un nouveau type dโhomme : social, responsable, autonome au service de la dรฉmocratie. Lโรฉcole est le lieu de lโapprentissage de la vie sociale rรฉelle. Le courant de lโEducation nouvelle se dรฉfinit stratรฉgiquement en opposition systรฉmatique ร lโรฉcole traditionnelle par la finalitรฉ, la conception de lโenfant, de lโรฉcole, du maรฎtre, de la discipline,โฆ Les mรฉthodes actives, sโappuyant sur les valeurs รฉnoncรฉes ci-dessus, sur les principes thรฉoriques et visant la finalitรฉ, ont pour objectif de ยซsusciter des situations oรน le formรฉ se forge des habiletรฉs utiles pour lโaction. La construction des connaissances par le sujet luimรชme, la libertรฉ individuelle, la tolรฉrance sont dรฉfendues ร chaque occasion. Lโexpรฉrimentation est essentielle ; si cette derniรจre est rรฉussie, on est dans le vrai et la seule valeur fondamentale est le progrรจs, le dรฉveloppement et lโenrichissement des connaissances. Le formรฉ est actif dans sa dรฉmarche dโapprentissage. Nous sommes dans un projet dโautostructuration de la connaissance cโest ร dire que le formateur aide le formรฉ ร se transformer. Cโest le primat du formรฉ sur la connaissance. Lโactivitรฉ auto-รฉducatrice du formรฉ est la base de ces mรฉthodes ยป.
Dรฉfinition du groupe
ย ย ย ย ย ย ย ย Ces derniรจres annรฉes, ร lโEcole Normale Supรฉrieure, on assiste de plus en plus au recours aux travaux de groupe, qui auraient pour fonction de favoriser nos apprentissages. Mais du cรดtรฉ des enseignants du CEG, nous avons constatรฉ (dโaprรจs notre enquรชte) ce dรฉsir de trouver une nouvelle pรฉdagogie active. Les enseignants cherchent ainsi des techniques sโรฉloignant des pratiques plus traditionnelles pour essayer de mettre lโรฉlรจve au centre du systรจme รฉducatif. Cโest pourquoi aujourdโhui, lโรฉcole cherche รฉgalement son identitรฉ. Au fil du temps, sa spรฉcificitรฉ est devenue de moins en moins apparente. Son rรดle se limite souvent ร anticiper le lycรฉe, par la prรฉparation ร la lecture, ร lโรฉcriture et au dรฉtriment dโautres acquisitions. Or, ce sont les รฉlรจves les plus dรฉfavorisรฉs, les plus vulnรฉrables, qui ont le plus ร pรขtir de lโutilisation trop prรฉcoce de pratiques de lโรฉlรฉmentaire de la faiblesse de pรฉdagogie du langage et de lโindiffรฉrenciation des modalitรฉs et des rythmes du travail. En outre, plusieurs questions importantes nโont pas trouvรฉ de rรฉponse satisfaisante dans la rรฉforme au sein de lโรฉcole comme le CEG AMPARY. Les cycles au niveau du collรจge, qui devraient permettre aux รฉlรจves de progresser ร leur rythme, ne sont mis en ลuvre quepartiellement ; lโorganisation du temps de travail nโest pas adaptรฉe ; la formation initiale et continue des enseignants, rรฉduite ร sa portion congrue ne leur permet pas dโaccomplir leur mission. Cโest pour cela que nous rรฉflรฉchissons ร la pratique et ร lโefficacitรฉ du travail de groupe, il faut dโabord alors se pencher sur la dรฉfinition de ce quโest un ยซ groupe-classe ยป. Dans cette optique, nous pouvons nous rรฉfรฉrer aussi ร BACHELARD qui affirme quโร lโรฉcole, ยซ le milieu est plus formateur que les autres vieux, les camarades plus importants que les maรฎtres ยป. Cela veut dire que : pour que lโรฉcole soit plus bรฉnรฉfique ร lโรฉlรจve, il faut un contact direct entre les membres de cette communautรฉ dโรฉlรจves. Par ailleurs, lโapproche de PIAGET (1966), lโun des premiers psychologues qui a fourni une explication des structures mentales qui sous-tendraient lโintelligence humaine, nous incite ร rรฉflรฉchir. Dโaprรจs cette approche, ยซ lโacquisition des connaissances dรฉpendrait dโune interaction รฉtroite de lโindividu et lโenvironnement ยป. Cela veut dire que, la connaissance se construit et sโacquiert entre lโaction rรฉciproque de lโindividu (lโรฉlรจve). Le savoir se constituerait ainsi non seulement ร partir des sens (comme le soutiennent les thรจses empiristes) mais รฉgalement de possibilitรฉs internes (la raison) dโapprรฉhender le monde. En ajoutant que lโacquisition de connaissances serait ainsi dรฉterminรฉe par la capacitรฉ de lโindividu qui limiterait plus ou moins le champ de ses expรฉriences dans la sociรฉtรฉ oรน il vit alors que ce dernier pourrait, en retour, faire รฉvoluer leur capacitรฉ. En tenant en compte ainsi les principes de Piaget, nous avons pris comme modรจle le travail de groupe pour favoriser le dรฉveloppement de lโintelligence chez lโรฉlรจve. Cโest la thรฉorie constructiviste, en ce sens que lโรฉvolution de lโintelligence de lโรฉlรจve est envisagรฉe comme une construction progressive dรฉpendant des facteurs internes (les capacitรฉs initiales de lโรฉlรจve) et externes (les caractรฉristiques plus ou moins adaptรฉes dans lโenvironnement dans lequel รฉvolue lโรฉlรจve comme la communautรฉ en classe). En parlant du dรฉveloppement de lโintelligence, lโun des intรฉrรชts majeurs est de rendre compte de la construction progressive des connaissances de lโรฉlรจve (les structures mentales) sous la doubles influence de deux facteurs : ยซ internes et externes ยป. Cโest ainsi que nous nous intรฉressons ร la mรฉthode du travail de groupe. Puisque ce dernier est un outil pรฉdagogique privilรฉgiรฉ pour permettre aux รฉlรจves de construire leur savoir ร travers une activitรฉ intellectuelle ou un projet commun. Il consiste alors de regrouper les รฉlรจves en divisant la classe en petits groupes dโunitรฉs variables, afin quโils rรฉalisent une mรชme activitรฉ correspondant ร un objectif fixรฉ par le maรฎtre. Les รฉlรจves sont alors impliquรฉs ร rรฉaliser une seule tรขche commune et participent ร lโรฉlaboration du travail donnรฉ en confrontant leurs idรฉes ร celles des autres. Il ne faut pas oublier que la simple juxtaposition dโindividus (รฉlรจves) rassemblรฉs en un certain lieu nโest pas une condition ร lโexistence du groupe. En fait, il n’y a groupe que lorsque le tout ne se rรฉduit pas ร la somme des parties. Nous devons donc en conclure quโun groupe nโest pas une simple collection dโindividus. Comme Raoul PANTANELLA (mai 2004) 32affirme dans un article que ยซ lโรฉlรฉment groupal sโinstaure quand il y a ce double mouvement dโinteraction ยป. Cela veut dire quโil y a dโabord des individus dans un groupe, puis un groupe avec les membres qui le constituent. Cela รฉvoque encore quโil y une certaine interdรฉpendance entre les membres, permettant au groupe de fonctionner et surtout de bien fonctionner. Nous pouvons donc postuler que le groupe est une unitรฉ en luiโmรชme. Si nous รฉlargissons encore notre analyse, Marie Christine TOCZEK33met en รฉvidence une notion particuliรจre relative au groupe qu’elle nomme ยซ le groupe constituรฉ ยป. En fait, un groupe constituรฉ est un groupe oรน les personnes concernรฉes ont une forme d’interaction sociale entre elles, oรน il y a des relations d’interdรฉpendance entre tous les membres. Pour Marie-Christine TOCZEK34(2005), cette notion est essentielle pour avoir un groupe qui puisse fonctionner de faรงon bรฉnรฉfique pour chacun. Pour cela, elle a adoptรฉ une dรฉfinition plus dynamique du groupe : ยซ un groupe est mieux dรฉfini par l’interdรฉpendance entre les membres du groupe que par la similitude des individus entre eux ยป. D’autre part, pour vรฉritablement parler de groupes, il faut ยซ au moins trois รฉlรจves pour entraรฎner un dialogue voire un conflit cognitif ยป35; cโest-ร -dire des interactions cognitives entre des sujets ayant des points de vue diffรฉrents. De ce fait, cet outil pรฉdagogique est une structure qui doit permettre ร l’รฉlรจve d’arriver ร un niveau cognitif supรฉrieur, qui lui permet de progresser. Lโinteraction est caractรฉristique du travail de groupe. Cโest lors de la confrontation de points de vue que lโรฉlรจve va construire ses savoirs. C’est en ce sens que l’on peut rapprocher le travail de groupe du constructivisme qui met en รฉvidence qu’apprendre se fait par interaction avec les autres. En effet, c’est l’รฉlรจve qui construit ses savoirs suite ร une confrontation avec ses pairs. Selon MEIRIEU (P) 36ยซ le projet d’une pรฉdagogie constructiviste ยป est soucieux des apprentissages, notamment intellectuels et met l’รฉlรจve au cลur des apprentissages pour le rendre acteur ร part entiรจre. Il faut instaurer une dynamique qui ne soit centrรฉe ni sur la tรขche ni sur le vรฉcu affectif du groupe, mais sur le dรฉveloppement cognitif de chacun de ses membres. Le groupe d’apprentissage n’a de raison d’รชtre que s’il est, pour chaque participant, un lieu et un moyen de faire des acquisitions intellectuelles. Pour approfondir cette dรฉfinition, il faut mettre le travail de groupe en opposition au fonctionnement de la classe traditionnelle, comme le fait MERIEU(P)37: ยซ le travail de groupe est constituรฉ de relations plurielles, d’รฉchanges, articulรฉs sur un contact avec ce qui est donnรฉ comme le rรฉel, รฉvacuant tout ou partie de l’autoritรฉ du maรฎtre ยป. Le groupe se caractรฉrise alors par la prรฉsence dโindividus en interaction en prise directe sur la rรฉalitรฉ. On le voit ici, pour qu’il y ait travail de groupe, il faut que le maรฎtre ne soit plus le rรฉfรฉrent absolu mais qu’il dรฉlรจgue des responsabilitรฉs ร ses รฉlรจves qui seront alors considรฉrรฉs comme des sujets. En somme, le travail de groupe suppose regroupement d’รฉlรจves ayant acquis une identitรฉ et une reconnaissance, pour ainsi donner un nouveau rapport au savoir. Cette dรฉfinition nous amรจne ร envisager le travail de groupe ยซ comme une vรฉritable mรฉthode pรฉdagogique qui a en soi valeur et signification ยป, cโest la position dรฉfendue par BARLOW(M.) 1993.
Travail de Groupe : pourquoi faire?
ย ย ย ย ย ย Parmi les diffรฉrents types de groupe, nous nous intรฉresserons plus particuliรจrement ร ceux qui permettent ร des รฉlรจves de travailler ensemble au collรจge, en essayant de dรฉgager le pourquoi de telles pratiques.
Pour rรฉpondre ร l’hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ des classes : La rรฉpartition des รฉlรจves dans des classes, mรชme si elle se fait globalement par classes d’รขge, conduit inรฉluctablement ร des regroupements hรฉtรฉrogรจnes d’enfants. Les causes de cette hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ sont diverses : ยซ les diffรฉrentes origines socioculturelles, socio-รฉconomiques et parfois ethniques ; les diffรฉrences de dรฉveloppement (physique ou psychique) et de rythmes ;les diffรฉrences au niveau des processus d’apprentissage mis en ลuvre ; les diffรฉrents curricula scolaires ; les รฉcarts de niveaux de savoirs ; les histoires de vie diffรฉrentes ยป. Une organisation pรฉdagogique qualifiรฉe de ยซย traditionnelleย ยป avec un enseignement frontal et collectif permanent ne permet pas de gรฉrer toute cette diversitรฉ, cette hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ. Par contre, le travail en groupes, instrument de la diffรฉrenciation pรฉdagogique permettra de prendre en compte et de gรฉrer partiellement cette hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ.
Pour favoriser les apprentissages et la communication : Les รฉtudes et recherches en Sciences Humaines font apparaรฎtre l’importance de l’action et du travail en groupes pour les apprentissages. Comme nous l’aborderons plus loin, les approches socioconstructivistes sont permises de le faire. Le conflit sociocognitif, les dรฉmarches ยซ d’entraide et de coopรฉration ยป 42permettent aux enfants de progresser dans leurs processus d’apprentissages et dans l’acquisition de savoirs, tout en favorisant leur motivation. Le groupe joue รฉgalement ยซ un rรดle trรจs important et un enrichissement dans l’appropriation de la langue ainsi que dans l’apprentissage et le perfectionnement de la communication ยป43. En effet, par l’รฉcoute, le dialogue, l’interaction, en situation rรฉelle, construits sur le sens, les membres du groupe doivent sans cesse adapter et amรฉliorer le langage utilisรฉ pour qu’il y ait comprรฉhension, รฉchange et communication.
Pour favoriser la socialisation : Nous ne pouvons pas passer sous silence un autre avantage du travail de groupe qui est sa dimension socialisante. En effet, le simple fait d’รชtre parmi d’autres, semblables mais diffรฉrents, d’agir avec eux, de ยซย coopรฉrerย ยป ou d’รชtre en compรฉtition, induit des comportements particuliers. Les interactions provoquent des relations nouvelles et nรฉcessitent des adaptations, des accommodations ; elles peuvent provoquer ou rรฉvรฉler des conflits dont la gestion nรฉcessitera analyse, comprรฉhension et rรฉgulation. Le groupe permettra ร chacun de se repรฉrer, de se situer, de prendre conscience de ses similitudes et de ses diffรฉrences, d’apprendre quels sont ses droits et ses devoirs. Il prรฉparera l’enfant ร sa vie prรฉsente et future dans la sociรฉtรฉ, dans le cadre d’une รฉducation ร la citoyennetรฉ. Par ailleurs, dans le travail en groupe, les รฉlรจves sont parfois, voire souvent amenรฉs ร agir seuls, sans la prรฉsence de l’enseignant qui leur dรฉlรจgue ainsi un certain pouvoir et les met en situation d’autonomie, selon un ยซย modรจle d’affranchissementย ยป au sens oรน le dรฉveloppe Gilles FERRY44. Dans ce modรจle, qui n’est centrรฉ ni sur l’enfant, ni sur l’enseignant mais sur les relations qui peuvent exister entre eux, le souci est de permettre, d’encourager le besoin de communication et de coopรฉration des enfants ร des fins scolaires et sociales. Le travail en groupe prรฉsente donc bien ยซ des avantages dans le contexte รฉducatif actuel ยป, comme le prรฉcise MEIRIEU. (Ph). Pour que de telles pratiques soient rรฉellement bรฉnรฉfiques, les รฉlรจves doivent y รชtre suffisamment prรฉparรฉs tout en รฉtant informรฉs de leurs finalitรฉs. Prendre conscience du fait que le groupe est un moyen qui favorise les apprentissages.
Le programme scolaire : 1995-1996 : Partie du programme appropriรฉe ร lโapplication du travail de groupe
ย ย ย ย ย ย ย ย Les programmes scolaires des classes ont รฉtรฉ particuliรจrement consultรฉs. En fait, ce sont des programmes des collรจges avec plusieurs rubriques : les finalitรฉs, les objectifs gรฉnรฉraux de lโรฉducation, les objectifs de la matiรจre pour chaque classe ainsi que la liste des contenus ร enseigner. En plus, il est ร remarquer que pour la plupart des matiรจres, lโordre des thรจmes nโest ni impรฉratif ni contraignant : latitude de modifier en fonction des rรฉalitรฉs de la classe et le choix des mรฉthodes prรฉconisรฉes sont donnรฉs aux enseignants, lโessentiel รฉtant dโatteindre les objectifs fixรฉs. Dans ce paragraphe, notre objectif est de repรฉrer, puis discuter les informations favorables ร lโapprentissage par groupe des รฉlรจves ainsi que les avantages engendrรฉs par cet apprentissage.
Le dรฉroulement du travail de groupe
ย ย ย ย ย ย ย ย Nous tenons compte des trois phases qui dรฉterminent le travail de groupe. Notre souci repose sur le fait que les interactions en classe soulรจvent des problรจmes que lโenseignant devrait surmonter.
– Phase proactive : Lorsque lโenseignant annonce lโobjectif, les รฉquipes acceptent passivement au dรฉbut du travail mais la comprรฉhension se vรฉrifie ร la phase dโรฉvaluation. Lโobjectif peut รชtre un moyen adjuvant du groupe classe dans lโexรฉcution de la tรขche. Ce fait marque รฉgalement la transparence entre les deux pรดles du triangle didactique (รฉlรจve et enseignant) car lโenseignant ne cache plus lโobjectif du travail. De plus, il est plus facile de guider les participants lorsque le but ร atteindre est clairement dรฉfini et est connu de toutes les รฉquipes. Si lโenseignant ne donne aucune mรฉthode ni aucune dรฉmarche ร suivre, certaines รฉquipes peuvent travailler vรฉritablement avec autonomie. La libertรฉ constitue, dans ce sens, une condition dโapprentissage par excellence puisque les participants ont produit aussi efficacement que conformรฉment ร ce que lโenseignant attend dโeux. Mais cela nโempรชche pas les interventions de lโenseignant quand certaines รฉquipes se trouvent en difficultรฉ.
– Phase active : Lโisolement de certains รฉlรฉments inadaptรฉs ร cause de lโambiance dans lโรฉquipe a รฉtรฉ remarquรฉ trรจs frรฉquemment. En gรฉnรฉral, les bruits sont attรฉnuรฉs mais cela nโempรชche pas les conversations en apartรฉ. Ce phรฉnomรจne exige le contrรดle vigilant de lโenseignant qui devrait amener les participants ร se concentrer sur la tรขche. Les รฉquipes peuvent produire avec autonomie mais il est aussi possible que plusieurs conflits se manifestent durant la concertation. Lโenseignant reste neutre tout en laissant chaque รฉquipe rรฉsoudre eux-mรชmes leurs conflits. Cette sorte de ยซ conflit cognitif ยป ne peut รชtre rรฉsolue que par la rรฉfรฉrence aux donnรฉes thรฉoriques. Il y a eu des idรฉes divergentes au niveau de la connaissance acquise de chaque membre. Autrement dit, la comprรฉhension relative aux cours thรฉoriques ou aux รฉtudes personnellement effectuรฉes se contredisent et entraรฎnent une certaine dispute pendant la rรฉalisation de la tรขche. Ce phรฉnomรจne vient du fait quโil semble difficile de confronter les points de vue personnels, de se dรฉtacher des idรฉes personnellement avancรฉes, dโadmettre ou de critiquer celles des autres et de rรฉajuster les divergences dโopinions. Toutefois, le travail de confrontation devrait permettre dโavoir du recul pour rรฉsoudre les problรจmes nรฉs des divergences de points de vue. La dรฉlimitation temporelle rigoureuse du travail entraรฎne une certaine contrainte chez les รฉlรจves. En outre, la prรฉsence et la supervision de lโenseignant les rendent souvent mal ร lโaise : comment lโenseignant devrait-il donc se comporter devant eux ?
– Phase post-active : Cette derniรจre phase consiste ร รฉvaluer le travail de chaque รฉquipe. Pour que chaque รฉlรจve prenne conscience de ses acquis ou de ses erreurs, toute activitรฉ effectuรฉe devrait รชtre รฉvaluรฉe en classe mรชme. Lโรฉvaluation devient complexe vu quโune รฉquipe est constituรฉe de plusieurs membres.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : METHODES ACTIVES ET TRAVAIL DE GROUPE : APPROCHE THEORIQUE
I. EVOLUTION DES METHODES DIDACTIQUES
1. Historique
2. les mรฉthodes actives ou participatives
2.1. Dรฉfinition
2.2. Les ressources et fondements de mรฉthodes actives
3.Les diffรฉrentes mรฉthodes participatives
4.Les caractรฉristiques des mรฉthodes actives
II.LE TRAVAIL DE GROUPE : ESSAI DE DEFINITION
1.Dรฉfinition du groupe
2.Types de groupes et modes de constitution
3.Un travail de groupe : pourquoi faire ?
III. APPROCHES THEORIQUES SUR LES PROCESSUS DโAPPRENTISSAGES LIES AU TRAVAIL EN GROUPES
1.Les approches socio-constructivistes
– Approche de VIGOTSKY
– Lโapproche dโA.N. PERRET-CLERMONT, W.DOISE et MUGNY
2.Approche de Philippe MEIRIEU
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
DEUXIEME PARTIE : EXPERIMENTATION-ANALYSE DES RESULTATS
I.ETAT DES LIEUX DE LA ZONE ETUDIEE
1.Prรฉsentation de la zone รฉtudiรฉe
2.Etat des lieux du collรจge dโEnseignement Gรฉnรฉral dโAmpary
II.OUTILS DโINVESTIGATION
1.Le programme scolaire : 1995-1996 : partie du programme appropriรฉ ร lโapplication du travail de groupe
2.Les finalitรฉs de lโenseignement
3.Les objectifs gรฉnรฉraux de lโenseignement
4.Enquรชte par questionnaire
4.1.Questions destinรฉes aux enseignants
– Phase dโutilisation de la technique du groupe
– Moment appropriรฉ ร lโapplication du travail de groupe
– Les solutions proposรฉes par les enseignants pour amรฉliorer le travail de groupe
4.2.Questions destinรฉes aux รฉlรจves
– Les questions ร caractรจres personnels
– Les questions sur le principe du travail de groupe
III.OBSERVATION DES CLASSES ET EXPERIMENTATION
1.Prรฉsentation des classes observรฉes
2.Observation des mรฉthodes dโenseignements employรฉs par lโenseignant
3.Expรฉrimentation
3.1. Installation dโรฉquipe
3.2.Le dรฉroulement du travail de groupe
– Phase proactive
– Phase active
– Phase post-active
3.3.Comportement des รฉlรจves (groupe-classe) pendant le travail en รฉquipe
– Les comportements non verbaux
– Les comportements verbaux
3.4.Lโauto-รฉvaluation
3.5.Lโรฉvaluation
– Intra-รฉquipe
– Inter-รฉquipe
4.Problรจmes rencontrรฉs au sein du C.E.G ร propos de la mรฉthode participative dont le Travail de groupe
4.1.Problรจmes vis-ร -vis du coรฉquipier
4.2. Problรจmes personnels des รฉlรจves
4.3.Problรจmes vis-ร -vis de lโenseignant
4.4.Autres problรจmes
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
TROISIEME PARTIE : DERIVES A EVITER ET SUGGESTIONS
I. LES INTERETS PEDAGOGIQUES DE CE TRAVAIL
II. LES DERIVES A EVITER POUR LE BON FONCTIONNEMENT DU TRAVAIL DE GROUPE
1.Dรฉrive รฉconomique
2.Dรฉrive fusionnelle
III. COMMENT EXPLOITER AU MIEUX LES RESULTATS
1.Confrontation des produits
2.Evaluer les consรฉquences sur lโapprentissage
3.Vรฉrifier le bรฉnรฉfice du travail de groupe
3.1.Mise en รฉvidence des compรฉtences ร dรฉvelopper
3.2.Mise en place de critรจre pour รฉvaluer
IV.NECESSITE DES METHODES, DES TECHNIQUES POUR ANIMER LE GROUPE-CLASSE
V. UNE FICHE DE PREPARATION BIEN DEFINIE
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE
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