Le transport et son impact sur la disponibilité des autres services
Mobilité autochtone
Une recension des écrits sur la mobilité autochtone à l’international nous offre peu de données. La majorité des recherches est davantage axée sur la mobilité au niveau de la migration des Autochtones, soit les déménagements des Autochtones hors réserves, ou le changement de région, ou au niveau de la mobilité sociale des Autochtones soit l’évolution des revenus ou de l’éducation des Autochtones.
Canada
Au Canada, presque aucune recherche n’a été effectuée sur la mobilité quotidienne des Autochtones. Tout comme la recherche à l’international, les données fournies provenant de Statistique Canada portent davantage sur la mobilité en termes de migration et non de déplacements quotidiens. Toutefois, on retrouve deux mémoires réalisés par une communauté autochtone et par une organisation autochtone portant chacun sur l’impact que pourraient avoir des projets précis sur le déplacement quotidien des Autochtones.Un premier mémoire a été déposé en 2004 par le Conseil de la nation huronne-wendat lors des audiences publiques sur le projet de prolongement de l’axe du Vallon par le MTMDET et la ville de Québec. Ce document permet de comprendre certains enjeux et certaines habitudes liés aux déplacements quotidiens des membres de la nation huronne-wendat. Il est indiqué que les Hurons-Wendats avaient souhaité que l’autoroute soit prolongée jusqu’au boulevard Bastien. Ils voulaient ainsi « faciliter [les] déplacements quotidiens vers la ville et les grands pôles commerciaux ou encore vers leur lieu de travail » (Conseil de la nation huronne-wendat, 2004, p. 2). Les intervenants spécifiaient que seulement une partie de la communauté est desservie par le transport en commun et que celui-ci est peu utilisé par les Hurons-Wendats pour se rendre au centre-ville ou à Ste-Foy (Conseil de la nation huronne-wendat, 2004, p.2). Les Hurons-Wendats en profitaient aussi pour mentionner que malgré un agrandissement de réserve vers 1970, le réseau routier est resté le même et que les problèmes de circulation sont présents (Conseil de la nation huronne-wendat, 2004, p.5).Le deuxième document est celui déposé par Femmes autochtones du Québec intitulé Pour que l’égalité de droit devienne une égalité de fait – Vers un deuxième Plan d’action gouvernemental pour l’égalité entre les femmes et les hommes en 2011. Ce mémoire a été présenté lors de la Commission des relations avec les citoyens de l’Assemblée nationale du Québec. Dans son document, l’organisation indique que le manque d’infrastructure est l’une des barrières au développement économique et à l’investissement. Elle spécifie de plus que l’amélioration du transport notamment pour les femmes autochtones vivant dans les régions éloignées serait bénéfique pour le développement économique (Femmes autochtones du Québec, 2011, p.7).
Ces deux mémoires présentent des points de vue intéressants sur les besoins et les problématiques des Autochtones en matière de transport. Cela tend à démontrer que ces derniers ont des besoins spécifiques selon les régions et que l’accès à différents moyens de déplacement a un impact sur le développement économique.
États-Unis
Une seule étude touchant directement la mobilité quotidienne des Autochtones a été trouvée aux États-Unis. Cette étude a été publiée en 2006 et s’intitule Native american transit : Current pratices, Needs, and Barriers. Cet article traite de l’état de « transit » dans les réserves et discute du besoin de mobilité des Autochtones américains en donnant des recommandations sur la façon de surmonter les obstacles en lien avec la mobilité autochtone (Boyles et all, 2006, p. 108). Il soutient entre autres que les options limitées dans le choix du mode de déplacement affectent l’accès à certains services et donc la qualité de vie des autochtones américains. Plusieurs études de cas sont présentées soit le cas des Choctaw dans le Mississippi, le cas de la nation Lakota Sioux dans le Dakota du Sud et celui de la nation Navajo présente dans l’Arizona, l’Utah et le Nouveau-Mexique. Les auteurs en viennent à la conclusion que le transport en commun n’est pas assez développé dans les communautés et ils indiquent que le gouvernement doit être créatif pour trouver de nouvelles idées de financement, car les programmes en place ne sont pas suffisants pour répondre adéquatement aux besoins (Boyles et all, 2006, p.109).
Australie et Nouvelle-Zélande
Plusieurs études ont été produites en Australie et en Nouvelle-Zélande sur la mobilité des autochtones. Ces pays ont une grande présence d’Autochtones sur leur territoire et il est donc intéressant d’explorer les conclusions de ces études. Un rapport de recherche a été publié en 2008 par l’ « Institue of Transport Studies » de l’Université de MONASH en Australie. Les chercheurs abordent les problèmes liés à la sécurité, au transport et à la santé lors des déplacements autochtones. Ils ont fait de nombreuses entrevues semi-dirigées avec des Autochtones (notamment en communautés éloignées) pour comprendre les enjeux et les besoins en matière de transport. De nombreux constats ressortent de ce projet. On dit que les Autochtones ont évoqué un manque de transport pour avoir accès aux nombreux services tels que les services de santé, d’éducation et d’emploi ainsi que la nécessité du transport pour maintenir des liens familiaux ou avec la communauté. D’autres points, moins évidents, ont ressorti soit la nécessité d’avoir accès à un transport efficace et sécuritaire pour l’obtention du permis de conduire ou, pour avoir accès au système de justice. Un manque de transport est aussi mentionné soit pour aller à des funérailles ou rendre visite à des proches malades. Finalement, le manque de choix de transport pour se rendre aux événements culturels à l’occasion de certains rituels et événements ayant un impact majeur dans la vie des Autochtones a aussi été évoqué. La pauvreté a de plus, une incidence sur le maintien du permis de conduire ou encore, le pouvoir de payer des amendes et les plaques d’immatriculation. De plus, cette recherche établit que les chaînes de déplacement des Autochtones sont différentes de celles des non Autochtones; ce qui cause plusieurs problèmes de déplacements pour les Autochtones, en Australie du Sud. Les dix-sept recommandations sont intéressantes à analyser (HELPS, Yvonne, MOLLER, Jerry, KOWANKO, Inge, et al, 2008, p. ix). On propose qu’un service de conducteur entre la communauté et le reste de la région soit établi. Des formations sur la sensibilité au racisme devraient être suivies par les chauffeurs de bus, train et taxi pour assurer un service de qualité auprès des aborigènes. On demande que les permis de conduire pour les aborigènes tiennent compte des barrières de langues et d’alphabétisation des communautés. Cela inclut les livres pour les cours de conduite automobile et les cours de conduite pour les autobus, ainsi que les camions. Il est également recommandé qu’un programme conjoint, entre les autorités locales et les aborigènes, de sensibilisation sur les dangers de conduire avec les facultés affaiblies (drogues et alcool) soit développé et mis en place. Ces recommandations aident à mieux saisir la réalité de déplacement des Autochtones et leurs besoins en transport. (HELPS, Yvonne, MOLLER, Jerry, KOWANKO, Inge, et al, 2008, p. ix)
Dans une étude publiée en 2013, d’autres auteurs se sont concentrés sur les habitudes et les besoins en transport des Maoris de la Nouvelle-Zélande. Ces auteurs ont démontré que la restriction du choix du mode de transport affecte le bien-être et la qualité de vie des Maoris. Certaines communautés ne pouvant pas se présenter à des cérémonies de grande importance. Ces cérémonies font partie de l’identité culturelle de ces communautés. Le fait de ne pouvoir se présenter constitue un manquement grave au niveau de la communauté. Les membres ne s’étant pas présentés à certaines cérémonies peuvent donc se retrouver exclus de leur communauté. Les chercheurs en viennent également à la conclusion que le manque de transport en commun mène à un problème d’accès aux services. (K.Raerino, Alex K. Macmillan et Rhys G.Jones, 2013, pp. 54-62) Des universitaires australiens lient, quant à eux, le taux d’emplois des Autochtones et l’accès au transport. La conclusion est que bien que d’autres facteurs comme l’éducation et la santé peuvent justifier le taux d’employabilité des Autochtones, celui-ci est également lié à l’accès à différents modes de transport. Les chercheurs ont entre autres associé le taux d’employabilité d’un ménage à la présence du nombre de voitures dans celui-ci. La possession d’un permis de conduire et l’accès à un véhicule ont donc une incidence sur l’employabilité des Autochtones. (Birch Elisa and Davide Marshall, 2016, pp. 91-110). Un chapitre de livre écrit par Sara Holcombe interprète les données sur le transport et les Autochtones australiens du national social survey of Australia’s Aboriginal and Torres strait Islander population (NATSISS) qui a été faite en 2002. Certaines données de ce questionnaire permettaient d’analyser les besoins des Autochtones en matière de transport. Le NATSISS suggère que la question du genre a un impact sur l’accès à un véhicule motorisé. L’auteure conclut toutefois que le NATSISS ne permet pas de faire un lien direct entre le fait de vivre dans une région éloignée et l’accès au transport. Ce sondage démontre en effet que les Autochtones, même dans les régions les plus éloignées, ont accès à une forme de transport (Holcombe, 2006, pp. 183-196).
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Table des matières
Remerciements
Liste des abréviations
Résumé
1. Introduction
2. Présentation de l’organisation d’accueil et du mandat
2.1. Le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports
2.2. La Direction des affaires institutionnelles (DAI)
2.3. Le mandat de stage
2.4. Le mandat dans le ministère des Transports, la Mobilité durable et de l’électrification des transports
3. Thèmes de recherche
4. Description de la problématique
5. Cadre conceptuel
5.1. Autochtones
5.2. Mobilité
5.3. Droit au transport
6. Recension des écrits
6.1. La mobilité des femmes et des Autochtones dans le monde
6.1.1. Mobilité des femmes
6.1.2. Mobilité autochtone
7. Cadre légal
7.1. L’international
7.2. Le Canada
7.3. Responsabilités du gouvernement provincial
8. Méthodologie de recherche et d’intervention
8.1. Analyse différenciée selon les sexes (ADS)
8.2. Théorie des multiples stigmates et intersectionnalité
9. Analyse/Résultats/ Discussion
9.1. Les facteurs
9.1.1. Le fédéralisme canadien et le facteur légal
9.1.2. La problématique du transport en commun
9.2. Les éléments politiques
9.3. Caractéristiques territoriales propres à chaque région
9.3.1. La réserve d’Akwesasne
9.4. Les impacts
9.4.1. Le niveau de vie des Autochtones
9.4.2. La situation des femmes autochtones et l’absence de données ADS
9.4.3. Le transport et son impact sur la disponibilité des autres services
9.5. La Déclaration des Nations Unies et le changement de position du gouvernement fédéral : quels changements à venir pour l’offre des services publics?
10. Conclusion
Bibliographie
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