Actuellement, beaucoup sont les pressions qui pèsent sur la forêt dans le monde et constituent une grave menace pour la biodiversité existante. La dégradation de la forêt est de plus en plus accentuée dans les zones tropicales dont fait partie Madagascar. Celle-ci est en relation avec la croissance démographique rapide et surtout avec la paupérisation généralisée des populations. Les populations pauvres sont étroitement tributaires du contexte environnemental et la nécessité de subvenir aux besoins vitaux engendre des comportements nuisibles de la population aux ressources naturelles.
Le rythme actuel de la disparition de la forêt impose des mesures immédiates.
Pour faire face à la déresponsabilisation de tous les acteurs, et notamment des paysans qui se considèrent plutôt comme des assujettis que comme des partenaires dans la conservation et la valorisation des ressources, l’État malgache s’est engagé dans la décentralisation et la déconcentration. Mais devant les difficultés rencontrées par l’établissement de la démocratie dans un pays où les modes d’organisation coutumiers prévalent dans nombre de domaines, l’État a décidé d’aller plus loin. Avec la Gestion Locale Sécurisée des ressources naturelles renouvelables et du foncier (GELOSE), il entend rapprocher le légal et le légitime et donner ainsi aux populations locales les moyens de gérer de manière viable les ressources naturelles qui se situent dans les limites de leur terroir. Une variante de la GELOSE est la GCF (“Gestion Contractualisée des Forêts”) qui transfère la gestion des forêts aux communautés locales. La GCF essaie de définir et de préciser les éléments essentiels du transfert de gestion des ressources forestières annoncé de manière globale dans la loi forestière et dans la loi GELOSE.
Pour cela, la société VERAMA ( Les VERgers d’Anacardes de MAsiloka) a financé cette étude pour une gestion rationnelle d’une forêt dans le cadre d’une convention de GCF établie entre l’administration des eaux et forêts et la communauté de base avec l’aide de la société VERAMA. La GCF concerne les forêts naturelles se trouvant autour de la zone d’action de la société dans la région d’Analalava. L’étude est menée conjointement avec le département des Eaux et Forêts de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA-FORET).
PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
Situation géographique et administrative
Au nord-ouest de Madagascar, le milieu d’étude se trouve dans la presqu’île de la baie de Narindra située à 47° 24’ de longitude Est et 14° 48’ de latitude Sud. La zone d’action du projet fait partie de la commune d’Antonibe dans la sous-préfecture d’Analalava de la Région SOFIA incluse dans la province de Mahajanga. Deux fokontany sont concernés par le projet : le fokontany d’Ampitily qui est intégré dans le site du projet et le fokontany d’ Antsanifera situé au côté nord-Est du site. Les villages les plus proches du site sont :
➤ Antananabo, Ampasimatera, Ampitily, Ampasindava pour le fokontany d’Ampitily avec les hameaux d’Amparitsimagnito, Antanimenakely, Abido et Andrafiatsimana
➤ Madera et Antsanifera pour le fokontany d’ Antsanifera .
Climat :
Dans le milieu d’étude, les données climatiques disponibles ne sont pas fiables du fait que celles-ci ne concernent que les trois années seulement depuis l’installation du projet. La zone d’étude est marquée par une longue période sèche continuelle. La période des pluies s’étend environ de novembre jusqu’en mars. Pour vérifier l’indication des paysans de la zone d’étude, des données climatiques du service de Météorologie d’Analalava des années 1961 à 1990, Station la plus proche, étaient exploitées .
Selon cette courbe ombrothermique , deux saisons se distinguent nettement :
• saison humide et chaude
• saison sèche
A cet effet, les mois correspondant aux quantités de précipitations moyennes, sont groupés :
• Période Perhumide (janvier, février, novembre, décembre) : mois avec des précipitations moyennes de P> 100 mm.
• Période Humide (mars, octobre,) : tous les mois avec des précipitations moyennes entre 2T < P < 100mm ;
• Période sèche (avril jusqu’en septembre) : tous les mois avec des précipitations moyennes de P< 2T.
La somme des précipitations annuelles varie autour de 1500 mm et est soumis à des fluctuations cycliques. Les origines des pluies sont multiples :
➤ pluies de convergences, occasionnées par la rencontre de la mousson et les vents de l’Est (Alizé du Sud-Est) : convergence intertropicale
➤ pluies convectives en fin de l’après-midi après l’échauffement de l’air pendant la journée
➤ pluies cycloniques, durant les dépressions et cyclones tropicaux
➤ notons également que la Mousson est un vent chaud et humide très instable qui provoque des pluies orageuses.
Comme pour la précipitation, l’évolution de la température est également soumise à certaines fluctuations. Le tableau climatique (cf. Annexe 1) déduit que :
• la température moyenne annuelle est aux environs de 26,8°C
• le mois le plus chaud est le mois de novembre
• et le mois de juillet correspond au mois le plus froid
Les autres paramètres du climat laissent entrevoir les caractères tropicaux et littoraux du climat :
➤ atténuation de l’amplitude thermique par l’effet régulateur de la mer
➤ vent assez fort, Alizé de direction Sud-Est vers Nord-Ouest particulièrement violent et pouvant atteindre localement une vitesse moyenne de 20m/s
➤ des brises de mer couvrent également la région
➤ réchauffement de l’atmosphère en basses altitudes
➤ fort ensoleillement .
Ainsi, la zone d’étude jouit d’un climat tropical chaud et subaride. Le fort contraste entre les deux saisons fait alterner des conditions différentes d’activités biologiques.
Hydrographie
La zone d’implantation du projet et son environnement sont des zones relativement planes ne présentant que très peu de cours d’eau permanents (LAND RESSOURCES). Le réseau hydrographique de la région est constitué par :
➤ des cours d’eaux sillonnant la région. Les lits sont étroits et limités par des berges faiblement abruptes
➤ des dépressions fermées ou inter reliées en forme de cuvettes de décantation qui peuvent être permanentes ou saisonnières.
Le principal cours d’eau Ampitily se trouve au centre et draine par ses affluents la presque totalité de la zone. La zone comporte cependant une série de plan d’eau temporaire et permanent appelé sous le vocable de Matsabory (lac). Certains de ces plans d’eau s’interconnectent pendant la saison des pluies. Seulement quelques uns sont relativement profond et conservent l’eau pendant toute l’année. L’origine de ces petits lacs s’explique par l’existence d’une couche rocheuse imperméable en profondeur.
Relief :
Le relief est faible avec une altitude inférieure à 50m. L’allure générale de la côte vers l’intérieur se présente comme suit :
➤ le complexe dunaire composé de sable actuel et de dunes anciennes faiblement pédogenéisés
➤ les restes d’un plateau côtier conservé culminant à 60m d’altitude, dans sa forme originale le plateau a une pente longitudinale très faible en plan incliné vers la mer taillé dans du matériel gréseux continental du pliocène. Le plateau est recouvert d’un matériel pédologique sabloargileux non remanié et fortement lessivé
➤ le plateau a été dissequé au quaternaire en donnant des glacis d’épandage coalescent entre les altitudes 20m et 50m. Ainsi, la forme du relief actuel est celui d’un étroit couloir de glacis encadré à l’Ouest et à l’Est par le reste du plateau
➤ vers l’Est, une plaine au lac Masiloka. C’est une formation issue d’un substratum géologique calcaire peu profond. Des tsingy fossilisés apparaissent par endroit, par déblayage de la dépression, sous forme d’îlots dans la pénéplaine.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : CADRE GENERAL DE L’ETUDE
1- PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
1.1- Situation géographique et administrative
1.2- Climat
1.3- Hydrographie
1.4- Relief
1.5- Géologie et pédologie
1.6- Végétation
1.7- Milieu humain
2- CONTEXTE DU PROJET
2.1- Historique
2.2- Le transfert de gestion des ressources forestières
PARTIE II : METHODOLOGIE
1- ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
2- CARTOGRAPHIE
3- ENQUETES SOCIO-ECONOMIQUES
3.1- Entretiens avec le personnel du VERAMA
3.2- Entretiens avec l’Administration forestière
3.3- Enquête socio-économique auprès des villageois
4- METHODE D’INVENTAIRE
5- ANALYSE DES DONNEES
5.1- Analyse des données bibliographiques
5.2- Analyse des photos aériennes
5.3- Analyse des résultats d’enquête
5.4- Analyse des résultats des inventaires
6- LIMITES DE TRAVAIL
PARTIE III : RESULTATS ET DISCUSSIONS
1- SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1- Accès aux forets et aux ressources de la biodiversité
1.2- Gestion de foret de proximité (GELOSE, GCF)
2- ZONAGE
2.1- Le VOI « MANANJARA »
2.2- Le VOI « TODISOA »
2.3- Le VOI « VITAZARA »
2.4- Le VOI « TARATRA »
2.5- La fédération des VOI « SOAMITAMBATRA »
3- LE MILIEU SOCIO-ECONOMIQUE
3.1- Population et démographie
3.2- La communauté
3.3- La situation foncière
3.4- Les us et coutumes
3.5- Les systèmes de production
3.5.1- L’élevage
3.5.1.1- L’élevage bovin
3.5.1.2- Les petits élevages
3.5.2- L’agriculture
3.5.2.1- La riziculture
3.5.2.2- Les autres cultures vivrières
3.5.2.3- Les arbres fruitiers
3.5.2.4- Les autres cultures
3.5.3- La Pêche
3.5.3.1- La pêche lacustre
3.5.3.2- La pêche maritime
3.5.4- Les bois d’énergie et l’exploitation forestière
3.5.5- Les activités de collecte et de prélèvement
3.6- Marché et flux d’échanges
3.7- Préoccupation et opinions de la population
3.7.1- Compréhension du transfert de gestion et information
3.7.2- Réceptivité
4- LA STRUCTURE DE LA VEGETATION
4.1- La Savane
4.2- La forêt littorale
4.3- La forêt dense sèche
4.4- La forêt marécageuse
4.5- La Mangrove
5- TYPE DE TRANSFERT DE GESTION ADEQUAT
6- PLAN D’AMENAGEMENT SIMPLIFIE DES FORETS
6.1- Nécessité du plan d’aménagement
6.2- Les éléments essentiels d’un plan d’aménagement forestier dans la zone d’étude
6.2.1- Coordination des différentes utilisations de la forêt et du sol
6.2.2- Caractéristiques du plan d’aménagement forestier simplifié adopté pour cette étude
6.3- Présentation des PAS de chaque COBA
CONCLUSION