Le Traitement de la passion dans La princesse de Clèves (1678) de Madame de Lafayette

La Princesse de Clèves (1678) ,célèbre roman de Madame de LA FAYETTE de son vrai nom Marie Madeleine Pioche de la Vergne est ,pour l’ essentiel l’histoire d’une âme, celle de Madame de Clèves ,et cette histoire est pour l’essentiel, pour ne pas dire exclusivement, celle de sa passion pour Monsieur de Nemours .En effet, l’étude portée sur le traitement de la passion dans l’œuvre romanesque de Madame de LA FAYETTE nous a mené à faire des recherches sur un bon nombre de critiques qui, depuis le XVIIème siècle jusqu’à nos jours, n’ont cessé d’étaler leurs connaissances sur le sujet . Ainsi, nous nous inscrivons dans la continuité d’une certaine tradition littéraire tout en étudiant la passion dans La Princesse de Clèves .Il s’agira d’apporter une modeste contribution parmi tant d’autres qui ont été faites par rapport à ce thème si dense et si riche mais difficile à cerner du fait de sa concurrence et de la complexité de son auteur. En outre, Madame de LA FAYETTE ne détient pas le monopole du roman sentimental. Autrement dit, avant La princesse de Clèves, beaucoup d’écrivains avaient développé ce thème à travers leurs écrits .En effet des auteurs comme Racine, Corneille, Honoré d’Urfé ont fait la peinture de l’amour par le biais de leur théâtre. Mais Madame de la Fayette à l’opposé de ces prédécesseurs vient renouveler le genre avec une conception pessimiste de l’amour par des remaniements et adopte ainsi une rupture avec la tradition littéraire.

Selon GILBERT SIGAUX « A l’amour de connaissance analysé par d’Urfé et les autres Mme de Lafayette oppose l’amour d’inclination, passion violente et aveugle, d’abord inconnue de celui ou de celle qui va en être victime ; puis connue et combattue par le respect de soi, éprouvée comme un péché dans un climat de jansénisme morale, conduisant enfin à la mort ».

Ainsi, elle se focalise dans son art sur de nouvelles composantes à savoir : la simplicité, la vraisemblance, et la brièveté de l’intrigue .Elle apporte un style particulier dans le roman qui feuillette les replis de l’âme. De ce fait, la vie intérieure de l’héroïne fait la cohérence du récit .Les moindres détails dans la vie intime des personnages sont captés et privilégiés par la romancière ; elle dissèque particulièrement le cœur. Par ailleurs, pour elle il n’est plus indispensable de s’attarder sur la narration des péripéties que doit traverser un couple mais plutôt une passion interdite .C’est dans ce contexte de troubles passionnels que s’inscrit notre sujet intitulé : Le traitement de la passion dans La Princesse de Clèves (1678), de Madame de Lafayette.

De ce fait, les personnages ciblés dans cette histoire sentimentale seront-ils en mesure de surmonter cette passion irrésistible ? En effet, dans son œuvre, Madame de LA FAYETTE peint la passion de manière pessimiste. Celle-ci entraine des ravages dans le cœur de ses personnages ciblés qui la plupart n’échappent pas aux désordres passionnels, ne jouissent du bonheur de l’amour passion .Ils sont tous tourmentés par ce sentiment rebelle qui exerce son emprise sur eux .En outre, la passion envahit le cœur des personnages et les entraine dans une impasse d’où son caractère irrésistible et irrémissible. Et dans un court récit empreint de réel à travers un style à la fois simple et clair, Madame de LA FAYETTE semble avoir une conception pessimiste de la passion qui nuit ses personnages. Ces passions engendrent en outre, des maux à savoir : la jalousie, la capacité de dissimulation, la perte de la lucidité etc. Donc, il s’agirait de deux termes (passion amoureuse et lucidité), qui s’opposent mutuellement en perpétuel dans le cœur d’un personnage victime. En effet, la lucidité essaie de la canaliser et de l’anéantir dans une lutte acharnée entre l’esprit et le cœur, la raison et les sentiments. Ainsi cette passion dévastatrice est indissociablement liée à la mort .Elle exerce son emprise sur les victimes atteint de ce mal qui sont appelés à mourir où à se retirer de la vie. De ce point de vue, malgré les efforts qu’auraient consentis les personnages touchés par les forces obscures de la passion, ces derniers ne parviendront pas à dominer cette passion qui les mortifie. Cependant, l’étude portée sur cette œuvre permet surtout de mieux apprécier les qualités de Madame de LA FAYETTE romancière, lesquelles ne peuvent apparaître qu’à un regard extrêmement attentif. Une étude approfondit sur la passion permettra de faire ressortir les maux et les sentiments mitigés qui préoccupent les personnages en particulier l’éponyme du roman qui est tourmenté par l’amour qu’elle ressent pour un homme qui n’est pas son mari. Certes, ce type d’intrigue n’est pas neuf, c’est la manière dont le sujet est abordé qui est complètement novateur. En plus, sur fond historique, la fiction met en scène des personnages qui ont chacun leur logique, et c’est d’ailleurs cette logique implacable qui semble traversée le roman tout entier en dictant les sentiments et les comportements des personnages comme étant la raison d’être de l’œuvre.

Certes, La Princesse de Clèves est influencée par son prédécesseur le roman baroque, ce qui apparait nettement à la lecture .Néanmoins, d’un point de vue formel, l’impact de la dramaturgie classique sur l’écriture de Mme de Clèves constitue le « nœud » de l’intrigue, au sens aristotélicien. Sans leur rencontre chez le bijoutier, qui intervient avant celle de M.de Nemours et de la jeune fille au bal, cette dernière n’aurait surement pas achevé sa vie aussi pieusement. Dans cette perspective, l’on peut se porter à rêver d’une idylle entre les véritables amants .La démonstration finale en aurait été bouleversée. Par ailleurs, l’aveu de la Princesse constitue, le « renversement » précipitant la « catastrophe ».Cette dernière développée par Aristote dans sa Poétique, correspond au rapport du gentilhomme à son maitre, M .de Clèves .A partir de cette trame qui se trouve dans le théâtre du XVIème et du XVIIème siècle ,il semble que le dénouement soit , non pas la mort dans la maison religieuse, ni même sa décision lors de l’entretien avec M.de Nemours, mais la mort de l’époux. En effet, « le dénouement » prend alors tout son sens. Le « nœud » est en fin dénoué celui de l’intrigue et celui du mariage, puisque la princesse n’est plus liée à M.de Clèves.

Une tragédie classique

La tragédie classique du XVIIème a été inspirée de la tragédie grecque dont toutes les tragédies avaient un point en commun, l’image de l’homme incapable de fuir sa volonté, enchainé par des forces puissantes. Le roman La Princesse de Clèves, écrit par Mme de La Fayette, montre quelques caractéristiques du genre tragique même si c’est un roman romantique .Une tragédie a quelques particularités. D’abord, son écriture doit être en vers dans une langue constante. Deuxièmement, elle doit contenir cinq actes dont le premier est la présentation, les trois suivants font la progression de l’action dramatique, et le quatrième montre la résolution malheureuse. Troisièmement l’action doit se développer dans un passé lointain et les personnages doivent avoir un statut social élevé. Finalement, la tragédie doit concorder avec la règle des trois unités : de temps, de lieu et d’action. Le roman de Mme de La Fayette exhibe la plupart de ces particularités .On peut dire qu’il est « une tragédie dans un fauteuil ».Tout au long du roman on trouve que l’action est composée de parties similaires à celle d’un ouvrage tragique. Le roman peut être coupé en scènes selon le modèle ci-dessous mentionné qui pourront être adaptable aux scènes théâtrales.

Par exemple, la scène de la mort de Mme de Chartres, l’aveu de Mme de Clèves à son mari, la mort de M. Clèves, et la scène entre la Princesse et Nemours à Coulommiers .Comme au théâtre les scènes ont des didascalies et elles sont dialogués d’une telle manière qu’on a le sens d’être un spectateur .C’est l’exemple de la scène de la mort de Mme de Chartres est courtes mais très chargée.

Elle appelle Mme de Clèves pour lui parler seule. Elle commence « en lui tendant la main », un monologue où elle avoue tout ce qu’elle pensait de la relation entre Mme de Clèves « fondait en larmes sur la main de sa mère » et sa mère finit par lui dire adieu pour toujours. Par ailleurs, ce roman est à l’opposé du roman pastoral ou du grand roman précieux alors en vogue. Le roman était jusqu’alors tenu pour le fils en prose de l’épopée, où l’action prime. Comme dans le poème tragique selon Aristote, le caractère des personnages doit servir à justifier l’action, qui est première. Dans les romans aussi, jusqu’aux nouvelles théories de Segrais du moins, c’est l’action qui fait le roman. Mais avec La Princesse de Clèves, le personnage et sa psychologie deviennent le nerf du roman ; l’action est toute entière subordonnée à l’analyse du cœur humain.

On trouve dans La Princesse de Clèves, le souci de la connaissance de soi, la découverte de signes trahissant la vérité des sentiments, le refus d’un réalisme au profit d’une analyse psychologique (monologue intérieur), l’utilisation du je, un récit modelé sur la temporalité intérieure et linéaire du personnage.

L’écriture de La Princesse de Clèves traduit un souci constant pour la vérité et la vraisemblable. Au XVIIème siècle, le vraisemblable tend de moins en moins à désigner un vrai parfait, général et exemplaire, et vise de plus en plus à proposer une peinture psychologique de l’homme. Si l’ambition du roman dès le dernier quart du XVIIème siècle est de peindre « le tableau de la vie humaine », il doit se rapprocher de l’expérience du lecteur. La vraisemblance romanesque n’est plus liée aux idées et valeurs découlant d’une « opinion », mais prend sa source sur une expérience commune existentielle prise dans le vécu. D’ailleurs, ce ne sont pas les comportements alambiqués dénoncés par Molière dans les Femmes savantes que l’on retrouve dans La Princesse de Clèves, mais bien de cette école de la psychologie des passions, de la subtilité de l’analyse et de ce raffinement langagier qui irrigue tout le XVIIème siècle et trouve son apothéose chez Racine…

On retrouve ainsi dans l’œuvre un débat sur l’amour, une réflexion féministe, la présence de personnages d’exception et l’usage des figures linguistiques de la préciosité. A une confiance exubérante en l’homme succède un pessimisme sceptique où il devient la plus inconstante, la plus infidèle des créatures ; il était un héros, maître de soi et de sa destinée, et le voici tout entier le jouet de puissances naturelles qui prennent sur lui, le traversent et lui ôtent l’être. Humain, trop humain, pour ne s’élever jamais au-dessus de lui-même, telle est la réponse de la morale janséniste aux velléités héroïques.

Dans les romans galants ou précieux, la flamme du regard permet d’épurer l’amour et de l’unir à la vertu. Dans La Princesse de Clèves, le regard passionné entre les deux amoureux, loin de conduire à la vertu, la met en péril. La vertu de Mme de Clèves est dépendante du hasard ou de conditions extérieures ; pour la protéger, elle doit s’éloigner de l’objet de sa passion, faute de pouvoir lui résister autrement. En outre, dans La Princesse de Clèves domine l’aspect fatal de l’amour rebelle à la raison, les effets tragiques de la jalousie. L’œuvre est construite sur le schéma dilemme, lutte, renoncement.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I. Une tragédie classique
1. Une proximité avec la tragédie
2. Une écriture classique
II. La théâtralisation
-Le cadre et les circonstances de la rencontre
-La rencontre est une grande mise en scène
-Le bal continue
-Le coup de foudre
-Le thème lexical du regard
-Les points de vue
-La fatalité de la passion
-Les héros
-Le narrateur
III. Un drame à trois personnages
3. Les tragiques destinées d’une histoire sentimentale
4. Monsieur de Clèves : un homme accablé et malheureux
5. Madame de Clèves : une femme vertueuse à la destinée tragique
IV.UN DENOUEMENT TRAGIQUE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Webographie

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