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LES SYMPTOMES CLINIQUES
Les troubles moteursย
La MP est caractรฉrisรฉe par sa sรฉmiologie spรฉcifique avec la triade clinique : tremblement, rigiditรฉ, akinรฉsie.
Le tremblement
Il sโagit du symptรดme clรฉ de la MP. En effet 50 ร 70% des maladies de parkinson dรฉbutent par un tremblement. Plus de 80% des malades tremblent plus ou moins aprรจs quatre ans dโรฉvolution. Les caractรฉristiques cliniques du parkinsonien sont trรจs particuliรจres et rendent son diagnostic relativement aisรฉ. Il sโagit avant tout dโun tremblement de repos survenant sur un segment de membrane dans lequel les muscles sont relรขchรฉs. Le tremblement parkinsonien est relativement lent, dโamplitude variable, ร prรฉdominance distale touchant au dรฉbut plutรดt le membre supรฉrieur. Il consiste en des mouvements dโabduction / adduction du pouce et de pronosupination du poignet, donnant les classiques impressions dโรฉmietter du pain ou de rouler une cigarette. Il est au dรฉbut unilatรฉral. Il atteint ensuite lโavant bras, puis habituellement sโรฉtend au membre infรฉrieur homolatรฉral, avant de gagner le membre supรฉrieur controlatรฉral. Cependant il reste presque toujours asymรฉtrique, prรฉdominant lร ou il a dรฉbutรฉ. Le tremblement est variable, sujet ร des accalmies, et ร des majorations spontanรฉes dโamplitude. Il disparait pendant le sommeil. Le tremblement peut se rรฉactiver et devenir incontrรดlable lors dโun stress. Il atteint parfois la mรขchoire infรฉrieure, les lรจvres et plus rarement la langue, il ne touche jamais la tรชte, ni le tronc. Le retentissement fonctionnel du tremblement de repos est faible. Il disparait dรฉs lโinitiation du mouvement, nโentrave pas lโactivitรฉ, ne gรจne pas le mouvement involontaire, ni lโรฉcriture.
La rigiditรฉ
La rigiditรฉ ou hypertonie extrapyramidale est un des รฉlรฉments fondamentaux de la sรฉmiologie du syndrome parkinsonien. Elle se dรฉfinit comme une forme particuliรจre dโhypertonie musculaire, se traduisant par une rรฉsistance aux mouvements passifs. Elle est due ร une activitรฉ musculaire permanente par incapacitรฉ ร obtenir un relรขchement complet. Elle contribue largement au handicap fonctionnel du patient, qui ressent une sensation de raideur et dโankylose. Cette rigiditรฉ peut varier dโintensitรฉ et se renforcer par ร – coups. Cโest le phรฉnomรจne de la roue dentรฉe : lors des mouvements passifs de flexion-extension ou de pronosupination du poignet, mais รฉgalement de flexion-extension du coude, lโexaminateur perรงoit une augmentation du tonus musculaire qui cรจde par ร -coups, donnant lโimpression de ยซ passer des crans ยป. Ce phรฉnomรจne de ยซ roue dentรฉe ยป est trรจs spรฉcifique de la maladie. Si lโhypertonie touche prรฉfรฉrentiellement au dรฉbut de la maladie la musculature axiale et les membres, elle peut รฉgalement toucher la musculature bucco pharyngรฉe. Elle est alors responsable dโune dysphonie, dโune dysarthrie ou dโune dysphagie.
Lโakinรฉsie
Lโakinรฉsie est le plus important des signes de la MP. Elle traduit le dysfonctionnement des noyaux gris centraux. Elle se dรฉfinit comme une difficultรฉ ร initier et ร exรฉcuter des mouvements volontaires et automatiques et ร passer dโun schรฉma moteur ร un autre et ce en lโabsence de paralysie. Il y a une augmentation du temps de rรฉaction. Lโakinรฉsie proprement dite se distingue de la bradykinรฉsie, qui est une augmentation du temps dโexรฉcution du mouvement, et de lโhypo kinรฉsie, qui est une rรฉduction de son amplitude. Chez le parkinsonien, les trois sont souvent conjuguรฉs pour donner cette lenteur motrice. Lโinstallation de cette akinรฉsie est le plus souvent insidieuse. Elle va sโintensifier au cours de lโรฉvolution de la maladie. La perte des mouvements automatiques involontaires, tels que le balancement des bras lors de la marche ou des gestes accompagnant le discours, est rarement perรงue comme pathologique par le patient et son entourage. Lโappauvrissement de la mimique est interprรฉtรฉ comme un รฉmoussement affectif, parfois un รฉtat dรฉpressif dรฉbutant. Quant au ralentissement global dโactivitรฉ, ร la difficultรฉ de lโexรฉcution de mouvements volontaires, ils sont volontiers mis sur le compte dโune sensation de fatigue inexpliquรฉ, de lโรขge. Progressivement, les gestes quotidiens deviennent plus lents, plus malaisรฉs, malhabiles. Tous les mouvements habituellement automatiques requiรจrent dรฉsormais un effort dโattention et de volontรฉ pour รชtre exรฉcutรฉs. Le patient dรฉveloppe une instabilitรฉ posturale. Cette altรฉration des rรฉflexes de posture concourt ร lโattitude gรฉnรฉrale en flexion et explique le fait que le malade semble courir aprรจs son centre de gravitรฉ. A la phase initiale de la maladie, elle est mise en รฉvidence par la dรฉcomposition du demi- tour et la difficultรฉ ร monter sur un escabeau. Cette instabilitรฉ posturale est responsable dโune grande part du handicap moteur au cours de lโรฉvolution de la maladie.
Les troubles neuropsychiatriquesย
La MP est responsable non seulement de troubles moteurs mais รฉgalement de troubles psychiques. Elle est maintenant considรฉrรฉe comme une maladie neuropsychiatrique et la qualitรฉ de vie des patients dรฉpend non seulement de lโรฉtat moteur et de lโรฉtat cognitif mais aussi de lโรฉtat psychique. Les troubles psychiques prรฉsentรฉs par les patients parkinsoniens, notamment les perturbations affectives, ont longtemps รฉtรฉ considรฉrรฉs comme une rรฉaction psychologique au handicap causรฉ par la maladie. Cependant, la persistance de ces troubles en dรฉpit de lโamรฉlioration motrice obtenue par les traitements dopaminergiques, de mรชme que la mise en รฉvidence de nombreuses liaisons anatomiques et fonctionnelles entre les ganglions de la base, les lobes frontaux et le systรจme limbique, ont conduit ร considรฉrer le dysfonctionnement des circuits baso-thalamo-corticaux comme รฉtant en cause dans des manifestations psychiques rencontrรฉes chez un grand nombre de patients.
Les troubles de lโhumeur
La MP sโaccompagne frรฉquemment de troubles de lโhumeur, se manifestant principalement sur un versant dรฉpressif. Dโaprรจs la classification du DSM-IV TR, les troubles de lโhumeur peuvent รชtre divisรฉs en deux catรฉgories principales : les troubles dรฉpressifs et les troubles bipolaires. Les troubles dรฉpressifs se distinguent des troubles bipolaires par lโabsence dโantรฉcรฉdents dโรฉpisodes maniaques, mixtes ou hypomaniaques. Ces troubles de lโhumeur peuvent sโexprimer sous formes dโรฉpisodes ponctuels de courte durรฉe variant de faรงon cyclique ou sโรฉtendre sur une plus longue pรฉriode.
Dans la symptomatologie on retrouve des manifestations dโeuphorie, dโhypomanie, dโenthousiasme, dโactivitรฉ excessive, de prise de risque inappropriรฉe, dโinvulnรฉrabilitรฉ, en pรฉriode ou le patient est en bonne situation motrice, souvent sous lโeffet dโune prise mรฉdicamenteuse ร action rapide. Paradoxalement, le patient peut avoir des propos pessimistes malgrรฉ cet รฉtat euphorique. Dans ces pรฉriodes hypomaniaques, le patient prรฉsente une difficultรฉ ร distinguer la rรฉalitรฉ du fantasme. A lโopposรฉ, en pรฉriode ยซ off ยป, il existe des pรฉriodes dysphoriques avec apathie, dรฉpression, isolement social, fatigue. Les patients parkinsoniens se dรฉclarent davantage sujets aux crises de larme quโavant leur maladie. Il sโagit le plus souvent dโune hyperรฉmotivitรฉ avec une intensification excessive mais involontaire des rรฉactions รฉmotionnelles qui deviennent inappropriรฉes.
Les troubles psychotiques constituent lโun des principaux motifs dโinstitutionnalisation du patient. Les manifestations psychotiques associรฉes ร la MP sont assez variables : idรฉes dรฉlirantes, agitation, รฉtats confusionnels et hallucinations. Les hallucinations visuelles sont les plus frรฉquentes. Elles touchent environ un tiers des patients. Leur phรฉnomรฉnologie est assez variable, allant de phรฉnomรจnes hallucinatoires mineurs (sensation de prรฉsence ou de passage) ร des hallucinations visuelles complexes mettant en scรจne des personnages, des animaux ou des objets. La prรฉvalence de la psychose a alors รฉtรฉ estimรฉe ร 13% et surviendrait essentiellement chez les patients prรฉsentant une dรฉgradation cognitive. La physiologie des troubles de lโhumeur associรฉs ร la MP reste en partie mรฉconnue. Le rรดle jouรฉ par la dรฉplรฉtion dopaminergique, prรฉpondรฉrante dans la MP, est souvent รฉvoquรฉ mais dโautres systรจmes de neurotransmission pourraient aussi intervenir.
Les troubles anxieux
La prรฉvalence des troubles anxieux serait de lโordre de 25ร 50% dans la MP alors quโelle varie entre 5-15%dans la population gรฉnรฉrale. Les patients dรฉcrivent des sentiments excessifs ou inappropriรฉs dโapprรฉhension, de nervositรฉ, dโagitation ou de tensions qui persistent ou qui sont rรฉcurrentes. Cette anxiรฉtรฉ sโaccompagne de perturbations du systรจme nerveux vรฉgรฉtatif sous forme dโune hyper vigilance, de troubles du sommeil, de pertes dโรฉnergie et de troubles de la concentration. Ces troubles anxieux peuvent survenir de faรงon isolรฉe, prรฉcรฉder ou accompagner un syndrome dรฉpressif, mais peuvent persister malgrรฉ le traitement des troubles dรฉpressifs. Lโanxiรฉtรฉ, comme la dรฉpression, peut-รชtre un symptรดme inaugural de la MP. Trois types de syndromes anxieux sโassocient frรฉquemment ร la MP : le trouble panique, le syndrome dโanxiรฉtรฉ gรฉnรฉralisรฉe, les phobies. Un lien a รฉtรฉ montrรฉ avec la dรฉficience dopaminergique et noradrรฉnergique dans les troubles anxieux.
Lโapathie
Symptรดme trรจs frรฉquent dans la MP, lโapathie concernerait environ 50%des patients parkinsoniens. Elle correspond ร lโexpression dโun sentiment de ยซ fatigue ยป, intellectuelle ou mentale. Cette ยซ fatigue ยป se dรฉcrit comme un manque de dรฉsirs, dโidรฉes, dโenvies, une difficultรฉ ร concrรฉtiser un projet. Ce dรฉficit de motivation sโaccompagne dโune perte des variations รฉmotionnelles et dโune attรฉnuation des capacitรฉs de rรฉponse affective. Lโapathie fait partie dโun syndrome comportemental plus large comprenant, par ailleurs, lโanxiรฉtรฉ et la dรฉpression. Elle peut exister indรฉpendamment de la dรฉpression, lโapathique nโรฉprouvant pas les sentiments nรฉgatifs du dรฉprimรฉ. Cette apathie parait liรฉe ร lโaltรฉration du systรจme mรฉsocorticolimbique. Le traitement par agoniste dopaminergique semble efficace dans cette indication.
Les troubles cognitifs
Ils peuvent apparaitre assez prรฉcocement au cours de la maladie. Ils sont dans la plupart des cas modรฉrรฉs et se traduisent par des troubles de la mรฉmoire, une diminution de la capacitรฉ dโapprentissage, une lenteur dโidรฉalisation. Ces troubles sont liรฉs ร la MP mais รฉgalement aux effets secondaires des mรฉdicaments (anti cholinergiques, benzodiazรฉpines) et ร la dรฉpression. Ils altรจrent mรฉmoire et capacitรฉ de concentration. Ils entrainent un syndrome de type frontal. Ce dysfonctionnement rรฉsulte dโune dรฉsactivation du cortex frontal secondaire ร lโatteinte des structures sous-corticales dopaminergiques (systรจme nigro-striรฉ et mรฉsocorticolimbique). Mais les troubles cognitifs sont trรจs peu corrรฉlรฉs ร lโatteinte motrice et ne sont pas sensibles aux traitements dopaminergiques. En effet la L-dopa nโamรฉliore que transitoirement la performance intellectuelle et nโa aucun impact sur la dรฉgradation progressive dans le temps, malgrรฉ la persistance dโune amรฉlioration motrice. Cโest pourquoi on a รฉvoquรฉ une atteinte associรฉ des autres voies de neurotransmission (cholinergiques, noradrรฉnergiques, sรฉrotoninergiques). La dรฉcouverte du rรดle de lโalphaโsynucleine dans la physiopathologie de la MP et de lโarrivรฉe de nouvelles techniques dโimmunomarquage ont mis en รฉvidence une atteinte beaucoup plus diffuse avec des dรฉpรดts dโalpha-synucleine non seulement dans les noyaux du tronc cรฉrรฉbral et leurs projections ascendantes mais รฉgalement vers tout le cortex, expliquant mieux lโinstallation progressive des troubles cognitifs.
Le mouvement du parkinsonienย
Le malade se lรจve difficilement dโune chaise, les membres, le tronc et le cou sont en demi-flexion. Le dรฉmarrage se fait par piรฉtinement, la marche sโeffectue ร petits pas, le balancement des bras est rรฉduit et lโรฉquilibre est instable. Des phases dโaccรฉlรฉration momentanรฉe sont souvent ร lโorigine de chutes. Le franchissement dโobstacles rรฉels (bordure de trottoir) ou virtuels (encadrement dโune porte) se fait avec difficultรฉ ; le demi-tour est dรฉcomposรฉ, difficile.
Des perturbations vestibulaires pourraient รชtre responsables, en partie, des troubles des rรฉflexes de posture, le dรฉsรฉquilibre lors dโune poussรฉe latรฉrale ou antรฉropostรฉrieure les met en รฉvidence.
Les autres troubles de la motricitรฉ volontaire
Les troubles moteurs se manifestent รฉgalement dans lโรฉlocution et lโรฉcriture.
La dysarthrie parkinsonienne
Les symptรดmes de la MP, au plan de la parole, se manifestent par une ยซ Perte de la mรฉlodie kinรฉtique ยป [13], c’est-ร -dire par des difficultรฉs dans lโinitiation et la gestion dynamique de mouvements requis pour la production orale. Le sujet parkinsonien, classiquement, prรฉsente une dysarthrie de type hypokinรฉtique. Celle-ci est la consรฉquence dโune lรฉsion du systรจme nerveux central ou pรฉriphรฉrique. Les trois fonctions principales de la phonation sont touchรฉes : la respiration (difficultรฉ dans lโinitialisation de lโacte respiratoire et phonatoire : expiration, rรฉsonance, nasalisation), la vibration des cordes vocales et l’articulation. En effet, les troubles de la communication parlรฉe communรฉment observรฉs dans cette dysarthrie sont : la diminution de l’intensitรฉ de la voix (qui semble รชtre la manifestation la plus frรฉquente), l’altรฉration du timbre (qui peut รชtre rauque, sombre ou sourd) et la dysprosodie ou attรฉnuation des paramรจtres prosodiques : frรฉquence fondamentale, durรฉe, intensitรฉ, dรฉbit.[14] Les troubles d’origine motrice auraient une incidence sur la production de la parole : ยซ le handicap qui perturbe la communication orale dans la MP est un trouble de la rรฉalisation motrice de la parole. Les diffรฉrents mรฉcanismes les plus souvent impliquรฉs dans cette maladie peuvent รชtre atteints au niveau laryngo-respiratoire de la voix parlรฉe (et chantรฉe) et au niveau articulatoire (motricitรฉ des lรจvres, de la langue, des muscles de la mรขchoire et des muscles vรฉlo- pharyngรฉs) ยป. [15] Les travaux de Longman, Fisher & Boshes (1981) et de Pawlas, Ramig & Countryman (1996), souligne que ยซ chronologiquement, les troubles les plus prรฉcoces sont ceux qui atteignent la production de la voix. Ils seraient quasi-constants dans la pรฉriode qui couvre les cinq premiรจres annรฉes d’รฉvolution de la maladie alors que l’atteinte de l’articulation est plus tardive, n’apparaissant qu’aprรจs plusieurs annรฉes ยป. [16]
Dโun point de vue physiopathologique, les troubles de la communication parlรฉe pourraient รชtre rattachรฉs :
โข A la rigiditรฉ consรฉcutive aux insuffisances laryngo-respiratoires et articulatoires,
โข A un dysfonctionnement de diverses activitรฉs motrices, habituellement
automatiques, ร l’origine de la tachylalie (dรฉbit de parole accรฉlรฉrรฉ), de la festination, ou vรฉritable piรฉtinement de la parole prenant la forme d’un marmonnement, avec dรฉmarrage hรฉsitant et frรฉquente rรฉpรฉtition d’une syllabe, suivie parfois d’un blocage et de la palilalie ( rรฉpรฉtitions dโun mรชme segment avec baisse progressive de lโintensitรฉ de la voix). [17]
Lโรฉcritureย
Rapidement perturbรฉe, lโรฉcriture du parkinsonien est lente, difficile, micrographique. La taille des lettres se rรฉduit progressivement au cours de la ligne jusqu’ร รชtre illisible ; certains malades ne peuvent ni รฉcrire, ni signer. Pour le Parkinsonien, dรจs le dรฉbut de sa maladie, la belle รฉcriture acquise ร lโรฉcole primaire pendant son enfance, risque fort (75%) dโรชtre perturbรฉe. Le trouble de lโรฉcriture le plus frรฉquent est la micrographie. La micrographie se caractรฉrise par une รฉcriture qui devient de plus en plus petite ร mesure que la main progresse vers la fin dโun mot ou dโune ligne. On parle parfois dโรฉcriture en ยซpattes de moucheยป. Des difficultรฉs au dรฉmarrage de lโรฉcriture (et donc ร รฉcrire les premiรจres lettres dโun texte) sont รฉgalement signalรฉes par les patients. Les groupes de lettres qui composent les mots sont souvent entrecoupรฉs dโespaces, reflets des blocages que connaรฎt le patient lorsquโil รฉcrit. Enfin, les lettres en forme de boucles posent beaucoup de problรจmes aux patients atteints de la MP (ex.: les โeโ et les โlโ). Idem pour les โmโ et les โnโ, auxquelles le patient a tendance ร rajouter un ou plusieurs jambages (โpontsโ).
ETIOLOGIES
Il se pourrait que certaines personnes naissent avec une prรฉdisposition gรฉnรฉtique ร la MP. Des gรจnes ont รฉtรฉ associรฉs ร la MP dans des familles chez qui la maladie semble se transmettre de gรฉnรฉration en gรฉnรฉration sur le mode autosomique dominant. A lโheure actuelle, plusieurs gรจnes ont รฉtรฉ identifiรฉs comme ayant un rรดle dans le dรฉveloppement de la MP (PARK1, PARK2, GBA, SNCA, etcโฆ).Il est รฉgalement possible que des facteurs environnementaux contribuent ร lโapparition de la MP. De nombreuses รฉtudes รฉvoquent la possibilitรฉ dโune intoxication (mรฉthyl-4-phรฉnyl-1, 2, 3, 6- tรฉtrahydro-pyridine, pesticides, herbicides, agents de lโenvironnement) comme cause potentielle. On pense, par exemple, au fait de vivre en milieu rural, ร la consommation dโeau provenant de puits et ร lโexposition ร des herbicides ou ร des pesticides. Dโautres hypothรจses ont รฉtรฉ avancรฉes, telles quโun choc รฉmotif, un stress important ou un traumatisme pourraient favoriser lโapparition de la maladie, mais il nโexiste encore aucune certitude ร ce sujet.
Les facteurs gรฉnรฉtiquesย
Autrefois, la MP รฉtait considรฉrรฉe comme une maladie purement sporadique, mais depuis quelques annรฉes, avec lโavรจnement de nouvelles technologies de pointe dans le domaine de la gรฉnรฉtique molรฉculaire, de trรจs nombreux groupes dโรฉtudes ont rรฉvรฉlรฉ dโimportantes influences gรฉnรฉtiques sous-jacentes au dรฉveloppement de la maladie. Lโun des premiers gรจnes identifiรฉs fut le gรจne PARK1 (4q21) codant pour la protรฉine ฮฑ -synuclรฉine, trรจs abondante, de maniรจre physiologique, dans les neurones. Comme la plupart des maladies neuro-dรฉgรฉnรฉratives, la MP se caractรฉrise par la dรฉposition dโagrรฉgats protรฉiques intracellulaires dans les neurones. Ces agrรฉgats, dans le cas prรฉsent, sont appelรฉs corps de Lewy et provoquent progressivement la mort des neurones concernรฉs, particuliรจrement dans la substance noire pars compacta, siรจge des neurones dopaminergiques mรฉsencรฉphaliques. La description de mutations dans le gรจne de lโ ฮฑ- synuclรฉine a rapidement menรฉ ร la dรฉcouverte que cette protรฉine est un composant majeur des corps de Lewy. Malgrรฉ le fait que des mutations dans ce gรจne restent des causes relativement rares de MP, ces dรฉcouvertes ont รฉtรฉ rรฉellement importantes dans la comprรฉhension de cette maladie.
Notons que les corps de Lewy sont retrouvรฉs dans tous les cas de MP, et quโils sont par ailleurs un critรจre de diagnostic post-mortem. Les agrรฉgats dโฮฑ-synuclรฉine sont ainsi retrouvรฉs chez les patients porteurs de mutations du gรจne PARK1, mais รฉgalement dans les cas sporadiques de la maladie.
Un autre gรจne impliquรฉ dans la pathogรฉnรจse de certaines formes familiales est le gรจne PARK2 (6q25.2-27), codant pour la protรฉine Parkine. Cette protรฉine a une activitรฉ E3-ubiquitine ligase, et sa dysfonction est la cause dโune forme rare de MP ร transmission autosomique rรฉcessive. Des mutations dans le gรจne PARK5 (4p14) codant pour la protรฉine UCH-L1 ont รฉgalement รฉtรฉ dรฉcrites ; cette protรฉine, tout comme la Parkine, a un rรดle primordial dans le systรจme ubiquitine-protรฉasome. La dรฉcouverte de mutations de tels gรจnes dans des cas de parkinsonisme suggรจre que la dysfonction de ce systรจme aurait une fonction importante dans lโapparition de la maladie.
Les connaissances que nous avons acquises ร lโheure actuelle sont cependant fort limitรฉes ; de nombreux autres gรจnes incriminรฉs dans la maladie ont รฉtรฉ dรฉcouverts, encore rรฉcemment, et beaucoup reste encore ร dรฉcouvrir dans ce domaine. Dโautres thรฉories sur la cause de la maladie ont รฉtรฉ dรฉveloppรฉes parallรจlement ร la recherche gรฉnรฉtique. Une thรฉorie intรฉressante suggรจre que des anomalies dans le mรฉtabolisme mitochondrial aboutissant ร un dรฉficit dans la production dโรฉnergie cellulaire et des taux augmentรฉs de radicaux libres, joueraient un rรดle important dans le dรฉveloppement de cette maladie. Cette thรฉorie a par ailleurs รฉtรฉ confirmรฉe par des dรฉcouvertes rรฉcentes faites parallรจlement en gรฉnรฉtique molรฉculaire, et mettant en รฉvidence des mutations dans le gรจne PARK6 (1p36), codant pour la protรฉine PINK1 (PTEN-induced putative kinase 1), une protรฉine mitochondriale. Des recherches sur le rรดle prรฉcis de cette protรฉine sont menรฉes actuellement, mais cette dรฉcouverte renforce lโidรฉe quโun dรฉfaut mitochondrial contribue ร lโapparition de la MP.
Les facteurs environnementaux
Un autre terrain de recherche prometteur est celui des causes toxiques de la maladie. En effet, de nombreux composรฉs environnementaux se sont rรฉvรฉlรฉs impliquรฉs dans la pathogรฉnรจse de la maladie. Notablement, les pyridines N-mรฉthylรฉes comme le MPP+ (1-methyl-4-phenylpyridinium) ont des effets toxiques bien documentรฉs sur les neurones dopaminergiques. Des taux รฉlevรฉs de ces substances ont รฉtรฉ mesurรฉs dans des cerveaux de patients atteints de la MP ; ces taux รฉlevรฉs peuvent รชtre en partie le rรฉsultat dโune prรฉdisposition gรฉnรฉtique, et en partie la consรฉquence dโune exposition rรฉpรฉtรฉe ร certaines substances particuliรจrement les composรฉs N-mรฉthylรฉs et dโรฉpisodes rรฉpรฉtรฉs de stress.
Dans une รฉtude menรฉe par Davies GC et al. en 1979, des cas de parkinsonisme chez de jeunes hรฉroรฏnomanes ont รฉtรฉ dรฉcrits comme causรฉs par une intoxication au MPTP, un agent N-mรฉthylรฉ de la classe des pyridines. De trรจs grandes similitudes ont รฉtรฉ dรฉmontrรฉes avec les formes idiopathiques de la MP, tant du point de vue biochimique, pathologique, que clinique. Cette dรฉcouverte permet aujourdโhui lโutilisation du MPTP pour la crรฉation de modรจles animaux de la maladie. Le MPTP est une pro-toxine convertie en MPP+ par lโenzyme monoamine oxydase B (MAO-B). Le MPP+, comme la plupart des molรฉcules chargรฉes, est incapable de traverser la barriรจre hรฉmato-encรฉphalique, mais si la conversion du MPP+ se produit dans le cerveau, celui-ci peut sโaccumuler dans les neurones dopaminergiques et rapidement empoisonner la machinerie mitochondriale.
Lโinhibition de cette conversion par les IMAO-B permet de prรฉvenir la toxicitรฉ au MPTP mais, de maniรจre surprenante, nโaffecte pas le cours de la MP. Dโautres travaux rรฉalisรฉs quelques annรฉes plus tard ont mis en รฉvidence chez la souris une autre rรฉaction permettant la conversion directe des pyridines en MPP+, catalysรฉe cette fois-ci par la NNMT (nicotinamide N-mรฉthyl transfรฉrase). Cette dรฉcouverte explique lโinefficacitรฉ des IMAO-B sur la toxicitรฉ au MPP+ dans le cerveau de ces souris, cette enzyme nโinhibant pas la NNMT. De nombreux composรฉs N-mรฉthylรฉs et enzymes de N-mรฉthylation (MAO-B, NNMT, etcโฆ) ont ainsi รฉtรฉ liรฉes ร lโapparition de la MP, mais ces rรฉsultats nโont ร lโheure actuelle pas รฉtรฉ gรฉnรฉralisรฉs ร lโhomme, ces รฉtudes รฉtant principalement basรฉes sur la souris ou sur de petits mammifรจres.
Dโautres substances, comme la cafรฉine ou la nicotine, se sont avรฉrรฉes au contraire protectrices, les sujets soumis ร ces substances รฉtant moins souvent atteints par la MP que les sujets contrรดlรฉs. Le mรฉcanisme de cet effet protecteur est encore inconnu. Lโapparition de la MP pourrait donc รชtre partiellement expliquรฉe par la combinaison de prรฉdispositions gรฉnรฉtiques ร une hypersensibilitรฉ ร certains composรฉs chimiques et par une exposition ร certains produits ร risque (pyridines N-mรฉthylรฉes principalement). Ces facteurs doivent รฉgalement รชtre mis en balance avec lโeffet protecteur de certaines substances (cafรฉine, nicotine, etcโฆ). Les recherches sont cependant encore en cours et toutes les rรฉponses aux nombreuses questions que soulรจve ce domaine nโont pas encore รฉtรฉ apportรฉes.
Le tabac
Les รฉtudes รฉpidรฉmiologiques montrent que les parkinsoniens seraient plutรดt retrouvรฉs parmi la population non fumeuse. Afin dโexpliquer ce fait, plusieurs hypothรจses ont รฉtรฉ avancรฉes pour expliquer le rรดle ยซ protecteur ยป que pouvait avoir le tabac vis-ร -vis de la MP.
Les arguments biologiques portent sur :
– Lโaugmentation de la synthรจse de dopamine par la nicotine ;
– La diminution de production de radicaux libres par la nicotine ;
– Une action IMAO- B like de la nicotine ;
– Lโaction antioxydante du monoxyde de carbone dans le systรจme nerveux. Lโargument รฉpidรฉmiologique porte sur le fait que les parkinsoniens fumeurs dรฉcรฉderaient plus prรฉcocement que les parkinsoniens non fumeurs, ce qui abaisserait la prรฉvalence de la maladie dans leur population.
Lโargument neuropsychiatrique porte sur le fait que dans la personnalitรฉ prรฉ morbide attachรฉe ร la maladie, la caractรฉristique est plutรดt dโรชtre non fumeur. Des รฉtudes plus larges et plus fines, comme lโรฉtude europรฉenne Euro-Parkinson rรฉalisรฉe de 1993 ร 1995, montrent quโen fonction de la tranche dโรขge considรฉrรฉe, le risque nโest pas le mรชme. Avant 75 ans, le tabac apparaรฎt comme plutรดt protecteur, aprรจs 75 ans comme un facteur de risque par le biais des lรฉsions vasculaires quโil entraรฎne.
Infection
Depuis lโobservation pendant la pandรฉmie de grippe au dรฉbut du siรจcle que lโencรฉphalite peut prรฉcรฉder le parkinsonisme, de nombreuses รฉtudes ont cherchรฉ ร identifier un agent infectieux comme facteur รฉtiologique dans les MP typiques. Bien quโune poignรฉe dโassociations sporadiques aient รฉtรฉ publiรฉes, ceci a rarement รฉtรฉ confirmรฉ.
Par exemple, lโexposition in utero au virus de la grippe serait responsable de lโendommagement de la substance noire fลtale, prรฉdisposant ainsi ร MP ร lโรขge adulte. Dโautre part la diphtรฉrie chez lโenfant et le croup ont รฉtรฉ directement associรฉs ร MP.
Bien quโun processus infectieux puisse expliquer la nature familiale de la MP, le manque de mise en รฉvidence de groupements familiaux ou gรฉographiques et lโimpossibilitรฉ dโidentifier un agent infectieux spรฉcifique sont en dรฉfaveur de lโinfection comme facteur รฉtiologique primaire.
Dรฉpression et stress
Une dรฉpression importante apparaรฎt souvent chez les patients atteints de la MP et est indรฉpendante du degrรฉ de lโaltรฉration fonctionnelle. Certaines รฉtudes ont montrรฉ que la dรฉpression peut prรฉcรฉder les symptรดmes moteurs, cependant il nโest pas รฉtabli de maniรจre claire si la dรฉpression est un facteur de risque pour le dรฉveloppement futur de MP ou une manifestation prรฉcoce de la maladie.
Dโautres formes de stress physique et psychologique ont รฉtรฉ liรฉes ร un risque accru de MP. Ces รฉtats physiologiques peuvent รชtre associรฉs ร un accroissement du mรฉtabolisme des catรฉcholamines conduisant ร un stress oxydatif neuronal.
Cafรฉine
Il a รฉtรฉ mis en รฉvidence une association inverse entre la consommation de cafรฉ et cafรฉine et MP. Chez les hommes, plus de cafรฉ ou cafรฉine sont consommรฉs au cours de la vie adulte, moins le risque de dรฉvelopper la MP ultรฉrieurement est important. Chez les femmes, cet effet nโest pas vรฉrifiรฉ avec autant de certitude.
Il est supposรฉ que lโeffet stimulant de la cafรฉine agit par son effet antagoniste sur le rรฉcepteur A2a ร lโadรฉnosine. Un effet neuroprotecteur possible de la cafรฉine et autres antagonistes des rรฉcepteurs A2a ร lโadรฉnosine a รฉtรฉ mis en รฉvidence par des expรฉriences dans lesquelles la prรฉ-administration de cafรฉine ou autres antagonistes des rรฉcepteurs A2a ร lโadรฉnosine attรฉnuent la perte de dopamine dans le striatum chez des souris ayant reรงu MPTP.
Diagnosticย
Le diagnostic de la MP est avant tout clinique ; il repose sur une anamnรจse et un examen clinique ciblรฉs sur les troubles moteurs que prรฉsentent ces patients. Le clinicien examine tout dโabord la prรฉsence de symptรดmes cardinaux de la maladie : le tremblement de repos, la rigiditรฉ, la bradykinรฉsie, ainsi que lโinstabilitรฉ posturale. Par la suite, le clinicien recherche dโautres signes, parfois absents, mais qui, sโils sont prรฉsents, peuvent orienter ce dernier dans son diagnostic. Parmi ces signes, mentionnons la baisse des expressions faciales et du clignement des yeux, lโaspect figรฉ du visage, la micrographie, la difficultรฉ ร articuler (dysarthrie) avec souvent une voix assourdie, des blocages interrompant la fluiditรฉ du discours, etcโฆ
Le clinicien se doit รฉgalement de penser ร certains signes apparaissant trรจs prรฉcocement dans le cours de la maladie, particuliรจrement la diminution de lโodorat. En effet, il est maintenant dรฉmontrรฉ statistiquement quโune grande proportion de patients parkinsoniens prรฉsente, dans les stades initiaux de la maladie, une lรฉgรจre baisse de lโolfaction. Cette dรฉcouverte a fait de lโolfactomรฉtrie un test aujourdโhui couramment utilisรฉ dans le diagnostic de la MP.
ร lโexamen clinique, le tremblement est caractรฉrisรฉ par une faible amplitude, une faible frรฉquence, et une disparition lors de lโexรฉcution de mouvements volontaires. Il touche le plus souvent les extrรฉmitรฉs distales des membres supรฉrieurs, plus rarement les pieds, mais jamais la tรชte, ร la diffรฉrence du tremblement essentiel qui fait par ailleurs souvent partie du diagnostic diffรฉrentiel. Le tremblement est dans la plupart des cas unilatรฉral, et dรฉbute de maniรจre asymรฉtrique chez prรจs de 75% des patients.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. DEFINITION
II. HISTORIQUE
III. EPIDEMILOGIE
IV. PHYSIOPATHOLOGIE
V. LES SYMPTOMES CLINIQUES
V.1. Les troubles moteurs
V.2. Les troubles neuropsychiatriques
V.2.1. Les troubles de lโhumeur
V.2.2. Les troubles anxieux
V.2.3. Lโapathie
V.2.4. Les troubles cognitifs
VI. Le mouvement du parkinsonien
VII. Les autres troubles de la motricitรฉ volontaire
VII.1. La dysarthrie parkinsonienne
VII.2. Lโรฉcriture
VIII. ETIOLOGIES
IX. Diagnostic
X. La prise en charge
DEUXIEME PARTIE : LE TRAITEMENT DE LA MALADIE DE PARKINSON
I. LES TRAITEMENTS
I.1. Les traitements pharmacologiques
I.1.2. Les agonistes dopaminergiques
I.1.3. Les anticholinergiques
I.1.4. Les inhibiteurs enzymatiques
I.2. Perfusion duodรฉnale de levo-dopa
I.3. Pompe ร apomorphine
I.4. Les stylos ร apomorphine
I.5. Les traitements chirurgicaux
I.5.1. Les chirurgies lรฉsionnelles
I.5.2. La stimulation cรฉrรฉbrale profonde
I.6. Les nouveaux traitements
PERSPECTIVES
CONCLUSION
REFERENCES
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