Le trafic de viande de brousse
Origine de la chasse de viande de brousse
Importance pour la communauté
Valeur nutritionnelle
Entre les tropiques, la viande de brousse est une importante source de protéines. Les animaux sauvages et les poissons apportent au moins 20% des protéines animales aux habitants de régions rurales d’au moins 62 pays du monde. Cette viande permet d’apporter des protéines et acides gras essentiels aux communautés rurales (Hladik et al, 1999). En Afrique Centrale, la chasse procure entre 30 et 80% de l’apport protéique des familles rurales et près de 100% des protéines animales (Koppert et al, 1996). La viande de brousse est d’ailleurs un aliment de qualité équivalente voire supérieure à celle d’animaux domestiqués, car contient moins de gras et plus de protéines. En effet, la valeur moyenne en protéines de la viande sauvage est évaluée à environ 30 grammes de protéines par 100 grammes de viande, ne pouvant pas être remplacées par les protéines végétales disponibles (manioc…) car celles-ci sont plus pauvres en acides aminés (Pagezy, 1996). Même si de récentes études révèlent que la viande de brousse ne joue pas forcément de rôle déterminant dans la nutrition des populations pauvres des forêts, elles montrent néanmoins clairement que cette viande joue un rôle primordial au cours de la saison maigre (de Mérode et al, 2003).
Moyen de subsistance
Chasser des animaux sauvages pour subvenir à ses besoins est une pratique qui remonte au Paléolithique inférieur dans les forêts d’Afrique de l’Ouest et Centrale. La viande de brousse est une ressource facile à échanger, car elle est transportable, offre une bonne valeur pour son poids et peut facilement être conservée à faible coût. Ainsi, de nombreuses populations des forêts profitent de la viande sauvage : les habitants qui la mangent car leur mode de vie dépend de la forêt, les personnes qui l’échangent et la transportent vers différents points de la chaîne d’approvisionnement et les personnes qui la consomment dans les restaurants et à la maison, souvent loin de la forêt. Pour certains consommateurs africains, surtout ceux vivant en zones rurales, la viande de brousse représente encore aujourd’hui la source de protéine animale la moins chère et l’une des rares qu’ils peuvent se procurer.
Depuis quelques années cependant, ces pratiques ont fortement augmenté. Cela est dû en partie à la croissance incontrôlée de la population, mais aujourd’hui les quantités de chasse sont bien au-delà du nécessaire vital – et des possibilités naturelles de renouvellement de la « ressource ». Une étude effectuée au Cameroun a montré que la raison principale pour la chasse était désormais le profit économique. En effet, un chasseur moyen gagnait environ 350 000 CFA, ce qui correspondait à 33 % des revenus du village (Ape-alliance, 1998). De même au Congo, une étude détaillée de diverses communautés dans trois zones forestières a montré que les revenus liés à la vente de viande constituaient la principale source de revenus de 47,9% des foyers pygmées et 50,7% des foyers bantous (POST, 2005).
Aujourd’hui, le commerce de la viande de brousse à l’échelle locale, nationale et régionale, depuis le premier prélèvement jusqu’à la vente ferme, représente un créneau important de « l’économie cachée ». Le problème est donc que ce trafic joue à présent un rôle majeur dans la vie économique des pays, à tel point que l’adoption d’une loi visant son interdiction engendrerait des diminutions importantes de revenus de tout un réseau (transporteurs, vendeurs de marché…) (Rabasté, 2011). En effet, la viande chassée est non seulement consommée mais aussi vendue dans divers endroits, Ce trafic rapporte désormais de l’argent à de nombreux locaux qui n’ont pas d’autres choix pour survivre. En effet, il existe un manque d’alternatives nutritionnelles mais surtout économiques dans les zones rurales, qui contribuent à entretenir cette chasse.
Développement des populations (moyens, transports, routes…)
Le développement de la population et des outils a entraîné un élargissement du territoire au détriment, bien souvent, des forêts. De nombreuses zones dont l’accès n’était pas possible se sont vues reliées à la ville par des voies forestières et des routes. L’exploitation des ressources a également participé à ce phénomène : abattage des arbres, installations minières… La diffusion des armes à feu et autres techniques de chasse ont également rendu le braconnage plus aisé et moins dangereux. Ainsi, les chasseurs peuvent récolter beaucoup plus dans un même temps donné tout en risquant moins leur vie.
Une tradition fortement ancrée dans les mœurs
Le trafic de viande de brousse est aussi directement lié à la tradition. La chasse est une tradition sociale et culturelle importante pour plusieurs peuples, même au sein des pays industrialisés. La consommation de cette chair sauvage est avant tout une habitude culturelle. Dans une étude de 1994, il est apparu que les habitants d’une zone du Nord-est du Congo savaient que les grands singes étaient protégés par la loi, mais qu’ils considéraient que leur consommation devrait être autorisée car cela avait été le cas depuis bien longtemps avant l’apparition de cette loi. Parfois, les produits issus de ce trafic ont d’importantes valeurs médicinales et spirituelles aux yeux des villageois (Scoones et al, 1992). De plus, dans plusieurs cultures, être chasseur suscite le respect et marque un passage vers l’âge adulte, voire permet de prendre épouse. Il apparaît donc que les gens chassent même s’ils ont d’autres moyens de subsister.
L’élite riche et grandissante des villes raffole de ce mets original et préfère largement la viande de brousse aux viandes plus classiques d’élevage. Les expatriés africains vivant en Europe sont aussi très demandeurs et ne se soucient guère des risques que l’importation peut engendrer, tant sur le plan légal que sur le plan sanitaire. Ces viandes leur rappellent leur pays d’origine, et ils ne comprennent pas pourquoi ils ne pourraient pas s’en procurer en Europe,
d’autant plus que rien n’est réellement fait pour sensibiliser la population sur place aux risques, à la conservation etc. (POST, 2005 ; HERBET, 2010).
Ces liens entre chasse, faune, mythologie et sociologie des peuples habitant la forêt doivent entrer en ligne de compte dans les plans de conservation et de gestion valables.
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Table des matières
Introduction
1. Le trafic de viande de brousse
1.1 Viande de brousse
1.1.1 Définition
1.1.2 Origine de la chasse de viande de brousse
1.1.2.1 Importance pour la communauté
1.1.2.1.1 Valeur nutritionnelle
1.1.2.1.2 Moyen de subsistance
1.1.2.2 Développement des populations (moyens, transport, routes…)
1.1.2.3 Une tradition fortement ancrée dans les mœurs
1.2 Mise en évidence de l’existence d’un trafic : Étude d’A.-L. Chabert
1.2.1 Chiffres
1.2.2 Espèces majoritairement impliquées dans le trafic
2. Risques
2.1 Généralités
2.2 Risques microbiologiques pour l’Homme et les animaux de production
2.2.1 Risques liées à l’importation de viande de brousse en France
2.2.3.1 Pour la santé publique
2.2.3.2 Pour l’élevage français
2.2.2 Risques au départ de la chaîne, liés à la production de viande de brousse
2.2.2.1 Menaces virales
2.2.2.2 Tuberculose bovine
2.2.2.3 Brucellose
2.2.2.4 Autres menaces
2.2.3 Contrôles renforcés actuellement en vigueur dans les aéroports
2.2.4 Exemple : ce qui a déjà été mis en évidence lors des saisies effectuées en 2008 à Paris-Charles de Gaulle
2.2.4.1 Bactériologie
2.2.4.2 Virologie
2.2.4.3 Hydrocarbures aromatiques polycycliques
2.3 Les risques pour la faune sauvage : biodiversité
2.3.1 Des bouleversements écologiques à plusieurs niveaux
2.3.2 Une menace grandissante
3. Fondements réglementaires
3.1 Réglementations
3.1.1 Sanitaires
3.1.1.1 Introduction
3.1.1.2 Règlements sanitaires
3.1.1.3 Pénalités
3.1.2 Protection de la nature et des espèces vivantes
3.1.2.1 Convention de Washington
3.1.2.2 Textes de législation concernant l’importation : les règlements Européens
3.2 Moyens mis-en-œuvre pour surveiller les frontières
3.2.1 Les Douanes
3.2.2 Les services vétérinaires : Postes d’Inspection Frontaliers (PIF)
3.2.3 Les Directions Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DIREN)
3.2.4 En pratique
4. Quelles solutions pour lutter contre ce trafic?
4.1 Dans les pays de départ
4.1.1 Généralités
4.1.2 Subsistance, commerce et environnement
4.1.2.1 Rappels
4.1.2.2 Comment trouver des solutions?
4.1.2.3 Un exemple de « règlementation de la demande en viande sauvage » réussie
4.1.3 Politique et institutions
4.1.3.1 Une nécessité d’acceptation de l’existence du trafic par les autorités
4.1.3.2 Détermination de nouveaux objectifs concrets par les gouvernement
4.2 Dans les pays d’arrivée
4.3 Renforcement des contrôles
4.3.1 Dans le pays de départ
4.3.2 À l’arrivée en France
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Annexe 1 : Procédures réglementaires d’échantillonnage pour les contrôles physiques à l’importation
Annexe 2 : Morceaux choisis du Code Zoo-sanitaire International de l’OIE (2001)
Annexe 3 : Maladies de la liste de l’OIE
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