Le tourisme et l’inclusion sociale des communautés  

Le tourisme et l’inclusion sociale des communautés natives au Pérou 

Avec l’attrait du fameux Machu Picchu ainsi que d’autres sites touristiques dans les Andes, le tourisme péruvien est une industrie en pleine expansion. Mais le Pérou est également l’un des pays d’Amérique Latine ayant le plus grand pourcentage de populations natives. Ces communautés ont un mode de vie dur, non seulement à cause des conditions climatiques difficiles et de l’altitude, mais aussi parce que les activités agricoles leur permettent à peine de couvrir leurs nécessités de base et leur accès au marché est limité (Ypeij & Zoomers, 2006, pp. 37-38).

On peut ainsi parler d’exclusion sociale des communautés natives. Afin d’y remédier et de favoriser l’inclusion au circuit économique de ces communautés, il faut premièrement leur garantir l’accès aux droits économiques, politiques et sociaux ainsi que la participation à la sphère politique. Deuxièmement, l’inclusion sociale des communautés natives requière une connexion solide à la redistribution des ressources et finalement, considérant le travail comme base de l’inclusion sociale, il faut leur donner de l’espace sur le marché du travail ou dans la production d’un bien ou d’un service. Il existe de multiples segments de la population au Pérou qui n’ont pas accès au marché du travail, qui restent en dehors du circuit économique et qui sont ainsi socialement exclus (Sancho, 2014, pp. 20-21).

Le tourisme est une solution pour diversifier les activités des populations indigènes et il peut se transformer en source de revenu, en travail alternatif pour les populations pauvres et ainsi en facteur d’inclusion sociale. Le gouvernement péruvien n’est pas resté indifférent face à cette idée en créant notamment le Plan de Développement Touristique National de la République du Pérou en 1999 et le Plan Stratégique du Secteur Touristique en 2008, avec pour objectif d’augmenter l’offre touristique proposée par les populations rurales des Andes et de l’Amazonie. Parallèlement, les politiques de lutte contre la pauvreté ont inclus la promotion et le soutien de l’industrie touristique pour ce segment de la population. Il existe actuellement une demande du marché pour des expériences touristiques avec une rencontre interculturelle. Face à cela, les populations rurales possèdent un riche patrimoine culturel et naturel qui leur permettrait de se lancer dans ce type d’activité. Mais la participation de communautés indigènes au tourisme suscite autant d’enthousiasme que de scepticisme. En effet, les personnes favorables soulignent l’importance de nouveaux revenus pour ce segment de la population et ainsi un meilleur accès au marché du travail, donc une meilleure inclusion sociale, tandis que les critiques avancent le fait que les projets de développement communautaire sont souvent mis en avant par des organisations non gouvernementales (ONG) ou des institutions externes et que les communautés sont souvent des acteurs passifs de leur propre développement (Fuller, 2011, pp. 930-931).

Le tourisme communautaire 

Ainsi, l’impact du tourisme sur la culture et les populations locales a toujours été controversé (Scaglione, 2012) mais on considère qu’une baisse de la pauvreté requiert une croissance de l’activité économique d’un pays (Ashley, 2006, p.1). Le tourisme a donc le potentiel d’aider à faire diminuer la pauvreté, ceci grâce à l’augmentation du commerce international, mais aussi grâce aux échanges avec l’étranger (Scaglione, 2012), en créant des emplois ainsi qu’en générant une diversification de l’économie (X, s.d.). Mais, sans une intervention active de l’extérieur, les opportunités pour les personnes défavorisées sont souvent perdues. Les clients attendent d’ailleurs des grands opérateurs internationaux qu’ils gèrent leur propre impact sur les personnes en situation de difficultés financières ainsi que de changer leurs pratiques de travail en ce sens (Ashley, 2006, pp. 1-3).

Bien que les récentes stratégies de baisse de la pauvreté mettent en lumière le tourisme, on relève 3 inquiétudes majeures : le focus reste limité au niveau microéconomique et ne génère pas d’impact suffisamment conséquent, le lien reliant le produit au marché est trop étroit et il échoue à trouver une demande sur le marché, et l’expansion du tourisme ainsi que l’augmentation des bénéfices pour les populations les plus démunies sont vues comme deux tâches différentes. Finalement, la documentation à ce sujet est limitée : on relève une absence de documentation systématique au sujet des changements pour cette tranche de la population grâce au tourisme (Ashley & Goodwin, 2007).

Un lien important existe entre la notion de tourisme et de culture qui exercent l’une sur l’autre une influence réciproque. Le tourisme moderne, de masse, a reçu dès le début une critique soulignant que l’on ne devrait jamais sacrifier la culture d’un lieu en faveur du tourisme. La plupart des gens voyagent actuellement pour découvrir ou redécouvrir quelque chose de différent, d’unique et de nouveau et ils possèdent une sensibilité à préserver la culture. Même si on assiste à une globalisation et une uniformisation du monde, on relève une forte volonté de défendre et de préserver l’identité locale de chaque lieu (Keller, 2002, pp. 2-6). Face au tourisme conventionnel, on remarque une mutation vers le « nouveau tourisme » ou « 4-L Tourism » : Landscape (paysage), Leisure (loisir), Learning (apprentissage) et Limit (limite) qui agit dans le respect des ressources naturelles et de reconnaissance des cultures locales (Franch, Martini, Buffa & Parisi, 2008). Ceci engage tout de même une discussion autour du concept d’authenticité dans le tourisme et souligne le problème de lieux transformés en parc d’attraction où il devient difficile de définir où le « vrai » se termine en faveur du copié ou du simulé (Keller, 2002, pp. 8-9).

Le tourisme crée ainsi des revenus et des emplois, mais souvent en faveur des acteurs du Nord. A ceci s’ajoute les effets négatifs sociaux, culturels et environnementaux ainsi que les bénéfices économiques qui ne reviennent que très rarement à la population locale (Belattaf & Mouloud, 2011, p. 1). En ne prenant en compte que les aspects négatifs, le tourisme de masse fragilise la qualité de vie, la culture et l’environnement des communautés locales. Il génère l’apparition de tensions sociales, de ghettos, augmente la prostitution, la consommation de drogue et d’alcool et favorise la privatisation du patrimoine naturel (Parents, Klein & Jolin, 2009, p. 75). A la suite de ces problèmes, on remarque l’apparition de différentes formes de tourisme alternatif (Belattaf & Mouloud, 2011, p. 1).

Le tourisme alternatif a pour objectif le développement durable. Il cherche à « préserver le patrimoine naturel, culturel et social et à assurer la durabilité de la ressource et la mise en valeur des résultats de son exploitation au profit des collectivités locales et non pas à leurs dépens » (Parents, Klein & Jolin, 2009, p. 75).

La chaîne de valeur

Kaplinski et Morris définissent la chaîne de valeur comme « l’entièreté des activités requises pour amener un produit ou un service depuis sa conception, à travers les différentes phases de production…, jusqu’à être délivré au consommateur et son recyclage après usage» (2002, p. 4). Comme relevé précédemment, le tourisme a le potentiel d’améliorer le niveau de vie des personnes dans le besoin. Pour ce faire, il faut comprendre le volume de tourisme qui atteint cette tranche de la population et améliorer son accès à la chaîne de valeur du tourisme (Ashley & Mitchelle, 2007, p. 1). La nécessité et l’opportunité d’exploiter le marché pour faire baisser la pauvreté est évident (odi, 2009, p. 1).

L’analyse de la chaîne de valeur est donc une approche pratique pour analyser l’accès au tourisme pour un segment spécifique de la population. C’est un bon moyen pour déterminer et comprendre comment la population des pays en voie de développement peut améliorer son implication dans le tourisme (Mitchell, Coles & Keane, 2009, p. 2). Ashley et Mitchell définissent la chaîne de valeur comme une manière de représenter une série de transactions réalisées lors de la production d’un bien ou d’un service en incluant tous les stades de la production (2008, p. 4).

L’analyse de la chaîne de valeur est un outil qui a été créé suite à la nécessité de revoir et d’adapter la répartition des gains ainsi que d’intensifier le rôle des populations démunies dans la globalisation. C’est une manière de voir comment maximiser la valeur qui peut être perçue par les pauvres dans la chaîne de valeur touristique (Ashley & Mitchell, 2008, p. 4). L’analyse de la chaîne de valeur est un procédé complexe dans le domaine touristique, car c’est un service : on ne peut pas le stocker, il est produit et consommé simultanément, il prend place à un endroit spécifique géographiquement parlant, appelé la « destination touristique » (Ashley et Mitchell, 2007), et est le fruit de la combinaison de plusieurs services (hébergement, transport, activités,…) (Ashley & Mitchelle, 2008, p. 4). Face à cela, lorsque l’on parle d’analyse de la chaîne de valeur dans le tourisme, on cherche à estimer la valeur totale des dépenses touristiques pour la production d’un service ou d’un package défini puis à la désagréger dans différentes catégories (hébergement, shopping, transport,…). Ensuite, on analyse chaque catégorie afin de voir ce qu’il reste pour les populations démunies et s’il existe des barrières à ce que les gains leurs reviennent (Ashley & Mitchelle, 2007).

La chaîne de valeur est à la fois un outil d’analyse visant à améliorer la compréhension du procédé de répartition des gains suite à la création d’une offre mais c’est aussi une manière pratique d’intervenir sur les points clés de la production d’un bien ou d’un service pour ensuite procéder à des changements réels. L’intervention est plus importante que l’analyse (Ashley & Mitchell, 2008, pp. 5-6). Néanmoins, l’analyse de la chaîne de valeur fait face à deux extrêmes ; d’un côté, l’augmentation de la compétitivité de la destination touristique, et de l’autre, l’augmentation des revenus pour les pauvres. Cette pratique fait également face à un challenge méthodologique. La notion de « pauvres » n’est pas définie clairement, les données ne sont pas suffisamment désagrégées, la recherche pour comprendre pourquoi les populations démunies ne sont pas inclues dans la chaîne de valeur est toujours en cours et la difficulté de faire des comparaisons avec d’autres études à cause des divergences méthodologiques ne rend pas les choses plus simples. Il faut aussi tenir compte des coûts non-financiers du tourisme, tels que la prostitution ou l’exploitation. (Ashley & Mitchelle, 2007) .

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Table des matières

Introduction
1. Revue littéraire
1.1 Le tourisme et l’inclusion sociale des communautés natives au Pérou
1.2 Le tourisme communautaire
1.3 La chaîne de valeur
1.4 La conceptualisation et la tarification d’une offre touristique
1.5 L’entonnoir du marketing
1.6 Conclusion à la revue littéraire
2. Cadre du travail de Bachelor
3. Question de recherche
4. Objectifs
5. Description du projet
5.1 Le concept
5.2 L’agence Pasión Andina
5.3 La communauté de Huilloc
6. Méthodologie
6.1 Visites de la communauté de Huilloc
6.2 Benchmarking
6.3 Questionnaire
6.4 Conceptualisation du produit
7. Analyse
7.1 Benchmarking
7.1.1 Casa Ecologica
7.1.2 Pachamama Turismo
7.1.3 RAP Travel Peru
7.1.4 Responsible Travel Peru
7.2 Enquête quantitative
7.3 Conclusion de l’analyse
8. Conceptualisation de l’offre
8.1 Clientèle cible
8.2 Activités possibles
8.2.1 Marche accompagnée par des gens de la communauté
8.2.2 Travail communautaire
8.2.3 Travail agricole
8.2.4 Tissage
8.2.5 Cérémonie à la Pachamama
8.2.6 Visite de l’école du village
8.2.7 Visite de sites touristiques alentours
8.2.8 Apprentissage de l’usage des plantes médicinales
8.2.9 Musique et danse traditionnelle
8.2.10 Essayer les vêtements traditionnels
8.2.11 Aide à la cuisine
8.2.12 Discussion avec les gens de la communauté
8.2.13 Trekking accompagné de professionnels avant ou après le séjour
8.2.14 Repas au restaurant du village
8.2.15 Autres évènements
8.3 Transport
8.4 Hébergement
8.5 Package
8.5.1 Séjour d’un jour
8.5.2 Séjour de deux jours / une nuit
8.5.3 Séjour de trois jours / deux nuits
9. Chaîne de valeur
Conclusion

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