Développement du produit : de l’idée à la commercialisation
Introduction
Le tourisme n’est pas une invention contemporaine ; depuis toujours, l’homme est fasciné par ce qui lui est inconnu, étrange. L’indispensable quête de contrées exotiques date de l’époque de la colonisation où de nombreux récits de voyage en font d’ailleurs l’éloge. Cela n’a pas changé. Seulement, le tourisme a évolué et a été contraint de s’adapter à l’environnement socioculturel des voyageurs. L’ethnotourisme appartient à l’une de ces formes évolutives du tourisme. Comme les animaux dits « exotiques », les personnes visuellement divergentes n’ont cessé d’attiser la curiosité et l’imagination de l’Homme. Comme nous pouvons nous en rendre compte dans les médias en général, et plus particulièrement dans les émissions télévisées, l’ethnotourisme est perçu, par les peuples autochtones comme par les voyageurs, tantôt comme une bénédiction, tantôt comme un fléau. Certains diront qu’ils ne sont pas des phénomènes de foire que l’on peut astreindre à satisfaire les exigences des touristes en mal d’exotisme. Alors que d’autres ne se sentent tout simplement pas concernés par cette tendance.
Développement du produit : de l’idée à la commercialisation
Lors de la conception d’un produit touristique, plusieurs étapes sont nécessaires. Ce chapitre s’appuie sur le manuel « Le tourisme – tout naturellement ! » de la Sanu (Kämpf, 2011), plateforme de dialogue promouvant le développement durable en Suisse qui met ses compétences au service de clients individuels et commerciaux qui souhaitent intégrer ce concept dans leurs stratégies. Huit étapes guident les acteurs touristiques durant les phases de la création d’un produit durable en prenant en considération la culture et l’environnement naturel.
Cette étude reprend les objectifs généraux fixés pour chacune des huit étapes suivies de leurs mises en pratique concernant notre produit.
Orienter et analyser
La situation générale de la Birmanie précédemment exposée, l’entreprise mandante L’Atelier du Voyage sera décrite suivie d’une analyse de l’environnement concurrentiel. Enfin, le public cible sera défini grâce à une enquête quantitative auprès de la clientèle de L’Atelier du Voyage.
Présentation de l’Atelier du Voyage
Créé en 1979 par Gilbert Barbey et Jean-Claude Savary, l’Atelier du Voyage s’est immédiatement démarqué de la concurrence par son désir de s’éloigner des destinations proposant du tourisme de masse. Au fil des années, l’Atelier du Voyage a bien naturellement élargi son offre et a ajouté de nouvelles destinations à son catalogue. Actuellement, l’Atelier du Voyage propose 18 destinations sur 3 continents (Amérique Centrale, Europe et Asie). L’agence compte 4 brochures : les grands voyages, les soleils, les pays celtes et au fil de l’eau. La Croatie viendra compléter la partie Balkans de la brochure les soleils 2018 qui paraîtra en janvier.
Voyages de découverte, d’aventure, ou de culture, l’agence privilégie l’authenticité et l’originalité. En effet, pour les voyageurs plus indépendants, elle propose des offres « découvertes », très joli éventail d’itinéraires, à utiliser séparément ou conjointement aux circuits dits classiques.
La clientèle de l’Atelier du Voyage provient notamment de Suisse Romande et est très présente sur le canton de Vaud. Familles, jeunes, retraités ou couples, il n’existe pas de segment de clientèle prédominant procédant à des réservations dans cette agence. Mais il varie plutôt suivant les destinations. Si on tient compte de la brochure pour les locations de bateaux, c’est souvent plusieurs générations même si c’est plutôt les 50 et + en majorité. Quant au Costa Rica par exemple, c’est soit une clientèle familiale ou plus jeune, en plus des 50 ans et + ; les voyages culturels concernent les 60 et +. Pour les locations de bateaux, les ventes se font à 79 % en Suisse alémanique !
En ce qui concerne la Birmanie, l’Atelier du Voyage propose deux circuits classiques, six croisières et six découvertes individuelles. L’âge moyen se situe autour de 48 ans selon Mme Valbone Hoxha.
Des synergies, un réseau et de l’enthousiasme
Ce troisième chapitre présente les différents acteurs qui participent à la bonne réalisation de ce projet. Comme retenue lors des chapitres précédents, certains critères sont à prendre en compte lors de la création d’un produit telle que la chaîne d’approvisionnement. Pour planifier une visite responsable, chaque partie prenante de cette chaîne doit être considérée. En tant qu’intermédiaire entre l’offre et la demande, les tour-opérateurs jouent un rôle capital dans le monde du voyage à travers leurs visions et leurs décisions. En conséquence, les tour-opérateurs et agences de voyages ont une responsabilité et peuvent être le vecteur qui conduit à des pratiques plus responsables.
De plus, sont particulièrement importants : le type de logement, le mode de transport, le type d’excursion et l’inclusion et la sélection des repas. Pour le choix des prestataires de services, des indicateurs bien définis en relation avec la durabilité sont de mise. Ce circuit privilégie donc les fournisseurs de services qui offrent des possibilités pour les clients de participer activement aux activités de la communauté, de consommer et d’acheter des produits fabriqués localement. Les activités sont quant à elles effectuées dans les communautés proposant du CBT. Certaines communautés ont été sélectionnées pour parfaire le bien-être des visiteurs. En effet, l’accessibilité aux différents villages est laborieuse et nécessite de longs trajets qui peuvent rendre le circuit fatiguant.
L’entreprise mandante « L’Atelier du Voyage » a été présentée antérieurement et s’occupe de la commercialisation du produit en Suisse.
Dans cette étude, étant donné qu’il est difficile de travailler en direct avec tous les prestataires, et surtout avec les guides, il est apparu comme une évidence d’intégrer en tant qu’intermédiaire lors de la conceptualisation et la commercialisation de l’offre l’agence réceptive se situant à Yangon : « Phoenix Voyages Myanmar ». Averti de toutes les particularités de ce voyage, ce séjour sera donc concrétisé grâce à elle ; cette dernière s’occupera de la réservation des guides et de certaines activités ainsi que des vols internes.
Enfin, les entreprise soutenant les projets CBT sont énoncées ci-dessous :
– L’ITC qui soutient le projet dans les villages Pan Pet et Hta Naa La Leh
– ActionAid Myanmar qui soutient le projet dans le village de Pakokku
– Wild life conservation Society qui soutient le projet Dolphin Ecotourism
Wild life conservation Society et le projet Dolphin Ecotourism
Dolphin Ecotourism, dans la région de Mandalay, soutenu par Wild life conservation Society mise sur la réduction des impacts négatifs, avec une observation ecofriendly des dauphins, la valorisation de l’artisanat comme la poterie, et la rencontre avec la population locale grâce à la possibilité de déjeuner au village. Un contact par courriel a été pris avec la personne en charge de ce projet, Monsieur Thant Zin, mais aucune suite n’a eu lieu. Cette activité a donc été incluse dans le circuit grâce à l’aide de l’agence réceptive Phoenix Voyages Myanmar.
Concrétiser les contenus, définir les objectifs et la stratégie
Cette étape permet de se concentrer sur le développement de l’offre et représente l’aboutissement des recherches préalables. La revue littéraire a fait le point sur le tourisme communautaire, l’enquête auprès de la clientèle a permis de cerner ses besoins, l’état des lieux en Birmanie a révélé les meilleures initiatives de tourisme communautaire. Ainsi la création d’un produit de qualité, répondant aux exigences de l’entreprise et du public cible peut être esquissée.
Dans un premier temps, l’atout et le coeur du produit sont définis grâce à une analyse SWOT, suivis des objectifs opérationnels et stratégiques indiquent la direction à suivre pour concrétiser la conceptualisation du produit.
La publicité, la communication et les médias
Cette partie ne sera que très brièvement abordée. En effet, L’Atelier du voyage n’alloue pas de budget spécifique pour une découverte unique, mais seulement pour une destination ou à une brochure lors de son lancement. La recherche de produit et leur intégration en brochure doivent être pensées et effectuées bien à l’avance afin de pouvoir être intégrées en temps voulu.
Par exemple, la brochure Les grands voyages dans laquelle est proposée la Birmanie est parue en septembre. Pour être publié dans cette édition, il aurait fallu que le projet ait été terminé en juillet. À nouveau, il est rare que les agents fassent un voyage de reconnaissance pour un seul module, dû à son coût élevé. Cependant, chaque année, lorsqu’un des agents va dans une destination, il prend le temps d’investiguer et faire de la recherche de produit… en même temps qu’un voyage privé (ou quelques jours professionnels peuvent être ajoutés…) ou pendant un voyage d’études. Le circuit pourra, si l’agence et les clients valident, s’insérer dans la brochure 2018-2019 qui paraîtra en septembre 2018 (V. Hotxa, gestionnaire de voyages chez l’Atelier du Voyage, communication personnelle, 6 novembre 2017).
Conclusion
L’objectif de ce travail est de promouvoir le tourisme communautaire à travers la création d’une offre touristique en Birmanie pour le tour-opérateur lausannois L’Atelier du Voyage et de déterminer dans quelles mesures ce type de tourisme est un vecteur d’inclusion sociale des populations locales. Le secteur du tourisme constitue un élément déterminant de l’aménagement du territoire et du développement local. En effet, pour les régions attractives, il représente un facteur non négligeable de croissance économique, culturel et d’accroissement d’utilité sociale. Il permet aux destinations fragilisées et marginalisées d’accroître considérablement leur niveau de vie par le biais de la création d’emplois. L’interface État-peuples autochtones est devenue un sujet de préoccupation majeure au cours des dernières années. C’est dans cette démarche que le tourisme communautaire s’inscrit. Pour rappel, selon le rapport suivant : Community-Based Tourism in Myaing and Thandaung-gyi : Assessing Community Participation and the Impact of CBT Initiatives on Host Communities (The Institute Myanmar Responsible Tourism, s.d.), l’initiative du tourisme communautaire est de soutenir la résilience des communautés ethniques afin qu’elles puissent générer des revenus alternatifs et améliorer leur mécanisme de protection sociale pour faire face à divers défis. Les revenus générés par le tourisme contribueront au fonds de développement géré par les communautés locales. De plus, le tourisme communautaire soutient également :
– La préservation de la culture et des traditions locales
– L’autonomisation de la communauté
– Les échanges de connaissances et d’expériences
– Le développement de l’approvisionnement local et la chaîne de valeur
– L’accès au service et à l’information
– La collaboration intersectorielle (éducation, agriculture, pêche, artisanat… etc.)
Cette démarche est soutenue par l’Organisation Mondiale du Tourisme. Elle a édité un code mondial d’éthique du tourisme le 1er octobre 1999 à Santiago du Chili et instaure la nécessité du respect mutuel entre autochtones et voyageurs avec des efforts de compréhension de la culture de l’autre pour un épanouissement collectif. Elle soumet également l’idée de l’intégration des populations locales, des notions de liberté, de coopération entre les acteurs (Organisation Mondiale du Tourisme, 2011). Il est évident que même si certaines entreprises touristiques n’ont aucun scrupule à profiter de ce marché, le rôle que joueront tous ces acteurs sera déterminant ces prochaines années.
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Table des matières
Introduction
1. Définition
2. Revue littéraire
2.1. Les enjeux de l’ethnotourisme
2.2. Le tourisme communautaire, nouveau marché de niche
2.3. La Birmanie, une vision controversée du tourisme responsable ?
2.3.1. La mise en tourisme en Birmanie
2.3.2. Inclusion des populations ethniques dans l’industrie touristique : les défis
2.3.3. Le cas des Kayans et des Rohingyas
2.3.4. Conclusion
3. Développement du produit : de l’idée à la commercialisation
3.1. Etape 1 – Orienter et analyser
3.1.1. Présentation de l’Atelier du Voyage
3.1.2. L’environnement concurrentiel
3.1.3. Public cible et analyse de l’enquête qualitative
3.2. Etape 2 – La phase créative
3.3. Etape 3 – Des synergies, un réseau et de l’enthousiasme
3.3.1. La Communauté Kayah
3.3.2. ITC et le projet Cultural tourism tours development
3.3.3. ActionAid Myanmar et le village de Kyunkalay à Pakokku
3.3.4. Wild life conservation Society et le projet Dolphin Ecotourism
3.4. Etape 4 – Concrétiser les contenus, définir les objectifs et la stratégie
3.4.1. Atout et coeur du produit
3.4.2. Stratégie et objectifs de la communication
3.4.3. Esquisse de l’offre
3.5. Etape 5 – Définir ses prestations et calculer le prix de revient
3.6. Etape 6 – L’organisation et la chaîne de services
3.7. Etape 7 – La publicité, la communication et les médias
3.8. Etape 8 – Assurer la qualité et se donner du temps
Conclusion
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