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Patients et mรฉthodes
Cadre dโรฉtude
Lโenquรชte sโest dรฉroulรฉe dans les services de Traumatologie (A, B, D) et de lโUSFR Oncologie de lโHรดpital Joseph Ravoahangy And rianavalona.
Type dโรฉtude
Il sโagit dโune observation des cas de Sarcome dโEw ing vu et traitรฉs au CHUHUJRA.
Pรฉriode dโรฉtude
Notre รฉtude sโรฉtait รฉtendue sur une pรฉriode de 1 5 asn (de janvier 1995 ร Octobre 2010).
Collecte de dossiers
Le recueil des dossiers a รฉtรฉ fait ร partir :
– le registre de consultation externe ;
– les dossiers de consultation et de suivi postopรฉratoire des malades.
Observations
Durant notre รฉtude, sur une pรฉriode de quinze ans,nous avons recrutรฉ quatre cas de sarcome dโEwing diagnostiquรฉs et traitรฉs au Centre Hospitalier Universitaire Hรดpital Universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHU HUJRA).
Le premier patient รฉtait un homme de 52 ans admis dans le service de traumatologie en Mai 1996 (CAS nยฐ1).
La deuxiรจme patiente รฉtait une petite fille de 04 nsa admise dans le service de chirurgie infantile en Fรฉvrier 2002 (CAS nยฐ2).
La troisiรจme patiente รฉtait une petite fille comorienne de 04 ans admise dans le service dโoncologie en Janvier 2009 (CAS nยฐ3).
La quatriรจme patiente รฉtait une adolescente de 12 nsa admise dans le service de chirurgie infantile en Mars 2010 (CAS nยฐ4).
Du point de vue รฉpidรฉmiologique
Les tumeurs osseuses sont moins frรฉquentes par rapport aux tumeurs des parties molles. Aux Etats unis dโAmรฉrique, les tumeurs osseuses malignes primitives (TOMP) reprรฉsentent 10 cas par an pour un million dโhabitants (8).
Lโostรฉosarcome est la plus frรฉquente, rencontrรฉe dans 30 ร 35 % des cas ; elle reprรฉsente 0,2 % des tous les cancers et son incidence est de 100 ร 154 cas par an en France ; viennent ensuite les
chondrosarcomes (25 %), et les sarcomes dโEwing (20 %) (10).
Les tumeurs osseuses secondaires sont, quant ร elle s, plus frรฉquentes. Cinquante ร quatre-vingt pour cent des patients atteints dโun cancer du sein, 20 ร 40 % des patients atteints dโun cancer du poumon et 5 % de ceux atteints dโun cancer colorectal vont dรฉvelopper des mรฉtastases osseuses (29).
Parmi les TOMP, le sarcome d’Ewing prend la deuxiรจm place chez les enfants aprรจs lโostรฉosarcome (7) (8).
Le sarcome dโEwing est une affection assez rare, il est surtout observรฉ entre lโรขge de 5 et 30ans, avec un รขge mรฉdian de 13 ans, 75 % des cas surviennent avant 20 ans. Il est exceptionnel au delร de 30 ans (10).
Le pic d’incidence se situe entre 4 ร 9 ans chez les filles et entre 10 ร 14 ans chez les garรงons. Cette pathologie est lรฉgรจrement plus frรฉquente chezles garรงons que chez les filles avec un sexe ratio H/F entre 1,2 ร 1,5 (5).
Dans le cadre de notre รฉtude, le premier cas รฉtaitun homme de 52 ans et les trois cas restant sont des enfants de moins de 20 ans : deux enfants de 04 ans et une adolescente de 12 ans.
Selon la littรฉrature, le sarcome dโEwing est six fois plus frรฉquent chez les Occidentaux ร peau claire par rapport aux Africains et les populations de race caucasienne (7) (8) (10).
Une รฉtude effectuรฉe au Royaume-Uni sur une pรฉriodede 20 ans (allant de1981 jusquโen 2002) a retrouvรฉ 144 sarcomes dโEwing sur un total de 374 cas de tumeurs de l’os de l’enfance, soit une frรฉquence moyenne de 7,2 nouveaux cas par an (39).
Pour la France, sa prรฉvalence est estimรฉe entre 0,5et 1,5/million/an soit, entre 25 et 75 nouveaux cas annuels.
En Hong Kong, une รฉtude sur une dizaine dโannรฉe (de1982 en 1991) a montrรฉ que la frรฉquence annuelle du sarcome dโEwing รฉtait de 8 % parmi les tumeurs osseuses primitives (45).
Dans notre รฉtude, durant les quinze derniรจres annรฉes (de 1995 jusquโen 2010), quatre cas รฉtaient diagnostiquรฉ formellement comme sarcome dโEwing au laboratoire dโAnalyse anatomo-pathologique du CHU HUJRA.
Il se pourrait que notre statistique serait sous estimรฉ par lโexistence des cas sous diagnostiquรฉs. Ceci, faute de moyen pour confirmer le diagnostic ou problรจme dโinfrastructure. Pour de nombreux pays en voie de dรฉveloppement comme le notre, nombreux cas de tumeurs (osseux ou tumeurs des parties molles) nโarrivent que tardivement ou nโarr ivent pas au centre de rรฉfรฉrence. Ceci pour des multiples raisons tels les problรจmes pรฉcuniaires etles mauvaises habitudes (par insuffisance des communications pour le changement du comportement). Les tradipraticiens, qui ont encore une influence prรฉpondรฉrante sur lโattitude de la population en gรฉnรฉrale, entraรฎnent un retard de diagnostic.
Dโun autre cรดtรฉ, ce chiffre peut reprรฉsenter approximativement la frรฉquence du sarcome dโEwing chez nous du fait que cette tumeur demeure peu frรฉquente chez les populations africaine et caucasienne.
Du point de vue รฉtiopathogรฉnie
Dรฉcrite pour la premiรจre fois par James Ewing en 1921 sous le nom dโendothรฉliome diffus de lโos, cette entitรฉ tumorale a suscitรฉ de nombreusesdiscussions quant ร sa nosologie (6), (8).
En 1983, Aurias et al dรฉcrivaient la prรฉsence dโunetranslocation chromosomique รฉquilibrรฉe retrouvรฉe dans 83 % des sarcomes dโEwing. Cette translocation t(11;22)(q24;q12) devenait un marqueur cytogรฉnรฉtique spรฉcifique de cette entitรฉumoralet. Le sรฉquenรงage molรฉculaire de lโADN rรฉvรจle que la translocation entraรฎne de faรงon constante la fusion du gรจne EWS portรฉ par le chromosome 22 avec lโhomologue humain du gรจne FLI1 de la souris, portรฉ sur le chromosome 11.
En 1994, on a mis en รฉvidence par RT-PCR (Reverse ranscriptase polymerase chain reaction) le transcrit de fusion issu de lโexpression du gรจne chimรจre EWSโFLI1. Retrouvรฉ dans plus de 95% des cellules dโEwing, lโARNm dโEWS-FLI1 devient un marqueur gรฉnรฉtique trรจs spรฉcifique. La translocation t(11;22)(q24;q12) est la plus frรฉquente, aboutissant au gรจne de fusion EWSโFLI1 (90%). Dans la translocation t(21;22), le gรจne EWS est fusionnรฉ avec ERG un oncogรจne appartenant ร la mรชme famille que FLI1 et dans la translocation t(7;22) avec ETV. Dans tous les cas le gรจne EWS est impliquรฉ dans la genรจse de cette pathologie (7) (8).
Lโoncogรฉnicitรฉ probable de la protรฉine chimรฉriqueeutp รชtre expliquรฉe par la vocation des deux gรจnes impliquรฉs dans la translocation. Le gรจne EWSen 22q12 est un gรจne dโexpression ubiquitaire, codant pour un cofacteur de la transactivation (ยซ allumage ยป de gรจnes cibles par activitรฉ transcriptionnelle). Le gรจne FLI1 en 11q24, lui, code pour un facteur de transcription dont lโexpression est essentiellement, et normalement, limitรฉe aux stades prรฉcoces de lโhรฉmatopoรฏรจse, de lโangiogenรจse et du dรฉveloppement neuroectodermique. Ainsi, lโoncogรฉnicitรฉ du transcrit chimรฉrique peut รชtre imputable ร lโexpression ubiquitaire de FLI1 sous lโeffet du promoteur dโEWS, notamment dans des tissus inappropriรฉs, lors dโรฉtapes de la diffรฉrenciation accidentellement intรฉressรฉes, et exerรงant son action de facteur de transcription sur des gรจnes cibles inhabituels (16).
Cependant, comme dans les autres tumeurs osseuses, l’existence de certains facteurs sont incriminรฉs dans la survenue du sarcome d’Ewing ร savoir :
– des antรฉcรฉdents d’irradiation ou de traitement par les agents alkylants
– une dรฉlรฉtion du gรจne suppresseur des tumeurs
– les patients ayant un rรฉtinoblastome hรฉrรฉditaire,un syndrome de Li-Fraumen (association de divers types de cancers observรฉe au sein d’une mรชmefamille) prรฉsentent un risque accru (17). Dans notre รฉtude, la troisiรจme patiente a prรฉsentรฉsimultanรฉment avec le sarcome dโEwing un rรฉtinoblastome qui est probablement liรฉ ร une prรฉdisposition gรฉnรฉtique (elle a des antรฉcรฉdents de rรฉtinoblastome dans sa famille). En effet, selon lalittรฉrature, le sujet qui dรฉveloppe un rรฉtinoblastome est exposรฉ au risque de tumeur secondaire reprรฉsent par les sarcomes (8).
On ne peut rien dire concernant les autres cas de notre รฉtude puisquโaucune รฉtude cytogรฉnรฉtique nโa รฉtรฉ faite; cependant on pouvaitonstaterc quโaucuns facteurs liรฉs ร lโenvironnement quant ร la survenue de la tumeur dโEwing nโont รฉtรฉ retrouvรฉ pour notre sรฉrie.
Du point de vue clinique
Le sarcome dโEwing peut toucher tous les os de lโor ganisme, chez les adultes les os plats sont les siรจges principaux du sarcome dโEwing (60% des cas) et chez les enfants cโest surtout au niveau des os long que se trouve lโatteinte (40% des cas) (7) (36) (37).
Parmi ces os plat lโos iliaque est le plus souvent atteint, les cรดtes et le rachis peuvent รฉgalement รชtre touchรฉs. Parmi les os longs, la tumeur siรจge rรฉfรฉrentiellementp au niveau des os du membre inferieur (8) (40) (45).
Le sarcome dโEwing est rรฉvรฉlรฉ dans 95 % des cas par une douleur permanente ou intermittente, nocturne dans moins dโun quart des cas, localisรฉe ร la zone tumorale ou projetรฉe. Le caractรจre non spรฉcifique de la douleur conduit, dans 20 % des cas, ร la rattacher ร un traumatisme antรฉrieur. La douleur, souvent amรฉliorรฉe par le repos au dรฉbut, est trompeuse et peut exister depuis plusieurs semaines ou mois (8) (14) (16).
Une รฉtude faite en Angleterre de 1948 jusquโen 2004 sur les sarcomes dโEwing ร localisation pelvienne avait recrutรฉ 33 patients ร prรฉdominancemasculin (18 hommes et 15 femmes). Dans cette sรฉrie, lโรขge des patients se situe entre 3 ร 48 ans avec une mรฉdiane ร 20 ans. Les symptรดmes รฉtaient dominรฉs par la douleur, la tumรฉfaction et la limitation des mouvements. Parmi ces 33 patients, 10 prรฉsentaient dรฉjร des mรฉtastases au moment du diagnostic avec une mรฉdiane de vie de 13 mois (14).
Les cas qui ont fait lโobjet de notre รฉtude ont permis de constater que les os longs sont frรฉquemment touchรฉs chez les enfants et que les membres infรฉrieurs sont prรฉfรฉrentiellement atteints (8).
Le premier cas de notre sรฉrie a prรฉsentรฉ une fracture pathologique des deux cols fรฉmoraux suite ร un accident domestique (chute sur une marche dโes calier) ainsi quโune altรฉration de lโรฉtat gรฉnรฉral. Les symptomatologies รฉgaraient le diagnostic et รฉvoquaient plutรดt une localisation secondaire dโune tumeur primitive extra-osseuse plutรดt quโau sarcome dโEwing. Ceci a รฉtรฉ rectifiรฉ ร la radiographie par la mise en รฉvidence dโune ostรฉolyse diffuse cevicotrochantรฉrienne- gauche associรฉe ร une fracture pathologique des deux cols fรฉmoraux qui a motivรฉal dรฉcision dโeffectuer une biopsie diagnostique.
Pour le deuxiรจme cas, lโabsence de fiรจvre et un assez bon รฉtat gรฉnรฉral ont permis dโรฉliminer une infection osseuse. Les symptomatologies รฉtaientmarquรฉes par une tumรฉfaction douloureuse de sa cuisse droite. Le caractรจre trรจs รฉvolutif de la maldie avait fait que la tumeur se propageait ร dista nce sur une pรฉriode plus ou moins courte.
Le troisiรจme cas, une fille dโorigine comorienne, qui a prรฉsentรฉ un rรฉtinoblastome gauche. Ses symptomatologies cliniques constituรฉes par une douleur de la jambe gauche suivie dโune tumรฉfaction inflammatoire ainsi quโune altรฉration de lโรฉtat gรฉnรฉral simulaient une atteinte osseuse dโallure maligne.
Le dernier cas, une adolescente de 12 ans, qui ร pr รฉsentรฉ des signes imitant une infection osseuse de la jambe droite notamment une douleur de la jambe gauche et un รฉtat fรฉbricule. Lโรฉvolution de sa maladie reflรจte le caractรจre capricieux du sarcome dโEwing.
Les symptomatologies cliniques retrouvรฉes dans notre sรฉrie de cas รฉtaient semblables ร ceux retrouvรฉes dans la littรฉrature ainsi que ceux des tudesรฉ fait ailleurs.
Les diagnostics diffรฉrentiels frรฉquemment rencontrรฉs sont lโostรฉomyรฉlite et lโostรฉosarcome. Ils diffรจrent par des signes cliniques et radiologiques souvent trompeurs. Le tableau si dessous montre briรจvement les diagnostics diffรฉrentiels dโun sarcome dโEwing (8).
Du point de vue paraclinique
Sur le plan biologique
Dans les affections cancรฉreuses, lโanรฉmie inflammatoire se rencontre frรฉquemment. Elle est souvent accompagnรฉe de syndrome inflammatoire biologique, telle quโune accรฉlรฉration de la VSH et une รฉlรฉvation de la C Reactive-Protein. Une รฉlรฉvation de la LDH et une perturbation du bilan phosphocalcique peuvent aussi se voir surtout pour les tumeurs ostรฉophyles (8). Des รฉtudes ont montrรฉ que ces signes pouvaient รชtre des facteurs de mauvais pronostic.
Une รฉtude effectuรฉe en Croatie sur 34 patients atteint du sarcome dโEwing rapportait 2 cas ayant une รฉlรฉvation de la LDH et 26 cas une accรฉlรฉration de la VSH. Ils avaient conclu que ces paramรจtres seraient comme des facteurs de mauvais pronostic. En effet, tous les patients ayant un taux รฉlevรฉ de LDH au moment du diagnostic รฉtรฉ dรฉcรฉdรฉ a deuxiรจme ร l’annรฉe (43).
Lโinstitue de Rizzoli en Italie avait fait une รฉtude sur 359 patients atteint de sarcome dโEwing. Ils avaient conclu que le pronostic des patients atteints de sarcome dโEwing localisรฉ รฉtait influencรฉpar plusieurs variables clinique et hรฉmatologique tels que le sexe masculin, lโรขge supรฉrieur ร 12 ans, la prรฉsence de fiรจvre, lโanรฉmie et le taux รฉlevรฉ de LDH (35).
Dans notre sรฉrie, deux patients sur quatre รฉtaientanรฉmiques. Pour le premier cas, cโรฉtait une anรฉmie rรฉgรฉnรฉrative normochrome normocytaire avecneu accรฉlรฉration de la VSH et une augmentation de la LDH. Pour le deuxiรจme cas : une lรฉgรจre microcytose et une leucopรฉnie ont รฉtรฉ retrouvรฉes ร lโhรฉmogramme. Pour le troisiรจme cas, lโhรฉmogramme amontrรฉ une anรฉmie hypochrome microcytaire ainsi quโune hyperplaquetose. Une lรฉgรจre รฉlรฉvationde la C Reactiv-Protein a รฉtรฉ aussi constatรฉe. La biopsie ostรฉo-mรฉdullaire a montrรฉ une moelle richeet infiltrรฉe de petites cellules monomorphes (prรฉsence de 72 cellules mรฉtastatiques). Pour le quatriรจme cas : Lโhรฉmogramme est normal ร part une lรฉgรจre hyperplaquetose.
Ces rรฉsultats reflรจtent ceux vus dans la littรฉrature ; lโanรฉmie est constante dans une affection cancรฉreuse ; lโรฉlรฉvation du taux de la LDH, lโaccรฉlration de la VSH ainsi que la prรฉsence de mรฉtastase au moment du diagnostic รฉtaient des facteurs de mauvais pronostic.
Pour notre รฉtude, les trois premiers cas avaient unpronostic plus sombre que le dernier cas.
Sur le plan imagerie
La radiographie standard est essentielle pour une atteinte osseuse maligne. Non seulement elle est importante pour le diagnostic et le bilan dโextension, mais elle permet aussi lโรฉvaluation de lโefficacitรฉ du traitement et la dรฉtection de rรฉcidves. Les fractures sur os fragilisรฉ ne sont pas des modes de rรฉvรฉlation exceptionnels. Il est possibledโรฉvaluer lโagressivitรฉ dโune lรฉsion osseuse sur des clichรฉs standards (8) (10) (11).
Pour les lรฉsions malignes, les critรจres habituels ncluenti la taille (> 200 ml), la matrice tumorale plus ou moins calcifiรฉe ou ossifiรฉe, et les rรฉactions pรฉriostรฉes, volontiers interrompues, lamellairesou spiculaires, qui contrastent avec les rรฉactions รฉpaisses et longitudinales des lรฉsions ร รฉvolution lente.
En radiologie standard, la tumeur dโEwing apparaรฎt comme une plage dโostรฉolyse รฉtendue, aux limites imprรฉcises. La corticale est dรฉtruite ou soufflรฉe,la rรฉaction pรฉriostรฉe est spiculaire ou lamellaire(4).
Lโatteinte des parties molles peut prรฉdominer de sorte que la radiographie standard peut apparaรฎtre normale au niveau osseux. Si un processus malin est suspectรฉ, le bilan dโimagerie doit รชtre approfondi. La scintigraphie osseuse permet dโanalyser au mieux cette lรฉsion osseuse. Le sarcome dโEwing apparaรฎt gรฉnรฉralement comme une lรฉsion hyperfixante intense sur la scintigraphie osseuse. Nรฉanmoins, une lรฉsion hypofixante, froide, peut รชtre vue et elle correspond alors ร une forme agressiv e de la tumeur avec une croissance trรจs rapide et une rรฉaction osseuse minime (30).
Dans le cadre de notre รฉtude, ces critรจres radiologiques du sarcome dโEwing ont รฉtรฉ trouvรฉs dans tout les cas. Un cas sur quatre avait รฉtรฉ dรฉcouvert suite ร une fracture pathologique (le premier cas : qui รฉtait un homme de 52 ans).
Lโimagerie moderne comme la tomodensitomรฉtrie (TDM) et lโimagerie par rรฉsonance magnรฉtique (IRM) prennent une place importante danslโรฉvaluation locale, locorรฉgionale et gรฉnรฉrale du sarcome dโEwing. Actuellement, la tomodensitomรฉtrie par รฉmission de positron (TEP) a aussi fait lโรฉpreuve de son efficacitรฉ (22).
Aucun des quatre patient nโont bรฉnรฉficiรฉ de TDM nidโune IRM du faite du coรปt trรจs รฉlรจve de ces examens. Cโรฉtaient les aspects radiologiques suspects qui nous ont conduits ร effectuer une biopsi e osseuse.
Concernant les rรฉsultats dโanalyse anatomopathologique
Intรฉrรชt de la biopsie
Lโhistopathologie est indispensable pour prรฉciser le diagnostic avant tout traitement. Elle est aussi primordiale pour รฉvaluer lโefficacitรฉ et la qualitรฉ du traitement. De prรฉfรฉrence cette รฉtude sefra dans un centre de rรฉfรฉrence disposant des laboratoires capables de rรฉaliser les examens nรฉcessaires de cytogรฉnรฉtique et de biologie molรฉculaire sur la tumeur. Le prรฉlรจvement devra comporter du matรฉriel frais stรฉrile et congelรฉ pour analyses immรฉdiatesytogรฉnรฉtiquesc (caryotype) et diffรฉrรฉes (transcrite d fusion).
Il est prรฉfรฉrable que la biopsie osseuse chirurgicale soit rรฉalisรฉe par une รฉquipe spรฉcialisรฉe qui prendra en charge le patient par la suite car la chirurgie dโexรฉrรจse de la tumeur inclut le trajet biopsique et doit retirer la cicatrice. Lโensemencement du champ opรฉratoire par des cellules tumorales lors dโune biopsie mal faite peut compromettre voire rendre impossible la rรฉalisation dโun traitement conservateur ultรฉrieur (21) (22).
Ainsi, la qualitรฉ de lโexรฉrรจse chirurgicale est analysรฉe sur la piรจce de rรฉsection. Lโefficacitรฉ de la chimiothรฉrapie prรฉopรฉratoire sera apprรฉciรฉe suner tranche de section complรจte du prรฉlรจvement, lui-mรชme comparรฉ ร la biopsie initiale. Le pourcentage moyen de cellules rรฉsiduelles a une importance pronostique influenรงant la stratรฉgie postopรฉratoire(35) (38).
Aspect macroscopique
Macroscopiquement la tumeur est volumineuse et a un aspect blanc grisรขtre, molle, luisante, prenant des zones hรฉmorragique et nรฉcrotiques de consistance liquide voire laiteuse, diffusant dans la piรจce osseuse et s’insinuant entre les travรฉes ostรฉoรฏdes en dรฉtruisant les structures osseuses.
Lโinfiltration des parties molles est extrรชmement rรฉquente,f la tumeur se propageant le long des insertions tendineuses et des aponรฉvroses, sโรฉtendent ร distance de la lรฉsion osseuse.
Aspect microscopique
Le sarcome d’Ewing est dans sa forme classique, constituรฉ de petites cellules tumorales monomorphes, agencรฉes en larges plages sรฉparรฉes parun abondant tissu fibreux. Les cellules sont arrondies ร noyau ovalaire ou arrondi et est pourvu d’une chromatine dense, dรฉlimitรฉ par une fine membrane nuclรฉaire. L’activitรฉ mitotique est souvent faible. Les cytoplasmes sont pรขles et trรจs peu abondants, aux limites floues. Ils comportent du glycogรจne identifiable par les colorations complรฉmentaires PAS. Il existe parfois des images de pseudorosette liรฉes ร des nรฉcroses cellulaires sans neurofibrille.
Ponction ร lโaiguille ou biopsie chirurgicale ?ย
Jusquโร prรฉsent, le standard รฉtait de rรฉaliser unebiopsie chirurgicale dans lโaxe du membre, ร lโaplomb de la tumeur afin de pouvoir faire secondairement lโexรฉrรจse large de la tumeur. Depuis quelques annรฉes, la diffusion de la technique de biopsie percutanรฉe permet, en collaboration avec le radiologue et lโanatomopathologiste, de rรฉaliser cette biopsie sous anesthรฉsie locale avec un trocart protรฉgรฉ par un mandrin. Les avantages et inconvรฉnients respectifs de ces deux modalitรฉs techniques doivent รชtre connus pour en poser lโindication.
Seule la biopsie chirurgicale peut ramener un fragment suffisant qui permet de grader la tumeur et dโen congeler pour des รฉtudes de gรฉnรฉtique molรฉculaire. Les inconvรฉnients de lโabord chirurgical sont le risque dโhรฉmatome, de surinfection et dโenvahissement secondaire de la cicatrice cutanรฉe. De plus, si la lรฉsion est profonde, la rรฉalisation de la biopsie chirurgicale impose une anesthรฉsie gรฉnรฉrale, ce qui alourdit la prise en charge. Mais le risque essentiel, que la biopsie soit percutanรฉe ou incisionnelle, est une voie dโabord ectopique de la biopsie par rapport ร la cicatrice dโexรฉrรจse chirurgicale ultรฉrieure (cicatrice ยซ esthรฉtique ยป dans le pli inguinal par exemple). Ces voies dโabord ectopiques peuvent dรฉfinitivement compromettre un traitement fonctionnel ultรฉrieur (43). Lโalternative est de rรฉaliser la biopsie par voie percutanรฉe, sous scanner ou sous รฉchographie si la lรฉsion est profonde (ce qui รฉvite une anesthรฉsiegรฉnรฉrale), et de rรฉserver la biopsie chirurgicaleaux รฉchecs de la biopsie percutanรฉe (42).
Les รฉquipes du Memorial Sloan Kettering de New York, du Royal Marsden de Londres et du Centre Lรฉon Bรฉrard de Lyon ont montrรฉ que la biopsie percutanรฉe permettait de porter le diagnostic de sarcome dโEwing dans 80 ร 95 % des cas (8).
Le contrรดle de la tumeur primitive et la prรฉvention des rechutes locales dans le lit opรฉratoire et en marge de celui-ci nรฉcessitent dโabord une exรฉrรจs chirurgicale complรจte ; cette exรฉrรจse doit avoir pour objectif aussi de prรฉserver la fonction (38).
Ces choix parfois complexes soulignent encore lโabsolue nรฉcessitรฉ dโune concertation pluridisciplinaire prรฉalable.
Une รฉtude faite au Srinagar au Kashmir, sur une pรฉriode de 12 ans (Janv. 91 jusquโen Fรฉv. 2003) a permis de recruter 21 tumeurs famille de la tumeur dโEwing diagnostiquรฉs par ponction biopsique ร lโaiguille fine. Dans cette sรฉrie il y en avait 13 sarcomes dโEwing osseux, 10 รฉtaient localisรฉs sur des long et 03 sur des os plat. Leurรขge รฉtait pris entre 4ans 1/2 et 25 ans dont 10 hommes et 3 femmes. Cette รฉtude a prouvรฉ que la biopsie ร lโaiguille fine est simple, rapide, a un moindre coรปt et que le diagnostic peu รชtre posรฉ avec certitude.
Nรฉanmoins, les tumeurs difficiles dโaccรจes comme les sarcomes dโEwing du tissus mou situรฉs profondรฉment dans lโabdomen ou ceux situรฉs dans lepetit bassin nรฉcessitent lโรฉtude formelle dโune biopsie incisionnelle pour la confirmation (41).
Dans le cadre de notre รฉtude, mรชme si les symptomatologies retrouvรฉes chez nos patients faisaient fortement suspecter le diagnostic dโune tumeur maligne en gรฉnรฉral et en particulier le sarcome dโEwing, dans tous les cas, la biopsie รฉtai rรฉalisรฉ pour asseoir le diagnostic dรฉfinitif.
Trois cas sur quatre avaient bรฉnรฉficiรฉ dโune biopsie incisionnelle et un cas avait bรฉnรฉficiรฉ dโune biopsie exรฉrรจse. Dans notre cas, la biopsie ร lโaiguille fine ainsi que lโexamen extemporanรฉe ne sont pas encore rรฉalisables vu la qualitรฉ de notre plateau technique.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
I. PREMIERE PARTIE : RAPPEL THEORIQUE
I.1. Lโostรฉogรฉnรจse
I.1.1. Ossification endomembraneux
I.1.2. Ossification endochondrale
I.2. Rappel histologique
I.2.1. Le tissu osseux contient 4 types de cellules
I.2.2. La matrice extracellulaire ou MEC du tissu osseux
I.3. Les tumeurs osseuses
I.3.1. Les tumeurs osseuses bรฉnignes
I.3.2. Les tumeurs osseuses malignes
I.4. Sarcome dโEwing
I.4.1. Historique
I.4.2. Epidรฉmiologie
I.4.3. Etiopathogรฉnie
I.4.4. Diagnostic
I.4.5. Traitement
II. DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
II.1. Patients et mรฉthodes
II.1.1. Cadre dโรฉtude
II.1.2. Type dโรฉtude
II.1.3. Pรฉriode dโรฉtude
II.1.4. Population dโรฉtude
II.1.5. Critรจre dโinclusion
II.1.6. Critรจre de non inclusion
II.1.7. Paramรจtre dโรฉtude
II.1.8. Collecte des donnรฉes
II.2. Observations
III.TROISIEME PARTIE : COMMETAIRES ET SUGGESTIONS
III.1. Du point de vue รฉpidรฉmiologique
III.2. Du point de vue รฉtiopathogรฉnie
III.3. Du point de vue clinique
III.4. Du point de vue paraclinique
III.4.1. Sur le plan biologique
III.4.2. Sur le plan imagerie
III.4.3. Concernant les rรฉsultats dโanalyse anatomopathologique
III.5. Lโextension tumorale
III.5.1. Bilan dโextension locale
III.5.2. Bilan dโextension ร distance
III.6. Du point de vue thรฉrapeutique
III.6.1. Historique
III.6.2. Traitement systรฉmique
III.6.3. Traitement local
III.7. Sur le plan de lโรฉvolution et du pronostique
III.8. Suggestions
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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