Le tissu cellulaire cervico-facial
Histologie du tissu cellulo-adipeux cervico-facial
Origine
Histologiquement, le tissu cellulo-adipeux cervico-facial est à l’origine constitué de cellules dérivées du mésenchyme primitif: les lipoblastes qui indifférenciées au départ subissent par la multiplication de leurs mitochondries, des transformations qui les amènent à l’état de lipocytes. Ces derniers se chargent de graisse et deviennent progressivement des vésicules adipeuses qui se pressent les unes contre les autres et s’assemblent en un véritable tissu conjonctif lâche.
Constitution
Le tissu cellulo-adipeux facial est formé d’un tissu conjonctif lâche comprenant des fibres élastiques et du collagène disposées en faisceaux, de cellules libres et d’un tissu adipeux cloisonné par des fibres conjonctives, formant des lobules plus ou moins grands. De nombreux vaisseaux sanguins et lymphatiques font partie de ce tissu conjonctif qui est parfois appelé, à raison, tissu conjoctivovasculaire. Ce tissu cellulo-graisseux occupe différents espaces, délimités par des insertions musculo-aponévrotiques sur les corticales osseuses du maxillaire et de la mandibule. Ce tissu cellulo-adipeux a pour fonction non seulement de remplir certains creux et donc de donner le relief particulier à la région bucco-maxillo-faciale; mais aussi de permettre une mobilité des pièces osseuses, de la mandibule principalement et des structures musculaires. Il joue ainsi le rôle d’amortisseur ou de lubrifiant.
Localisation
On distingue plusieurs régions ou loges anatomiques, communiquant entre elles par des hiatus comblés d’un tissu cellulo-adipeux.
❖ Région massétérine
Le tissu celluleux englobe classiquement le masséter.
❖ Région zygomatique
Elle contient les muscles ptérygoïdiens et du tissu cellulo-graisseux dans lequel cheminent l’artère maxillaire interne et le nerf maxillaire inférieur.
❖ Région orbitaire
Dans la cavité orbitaire, il existe du tissu cellulo-adipeux qui remplit les espaces compris entre les muscles moteurs du globe oculaire et les espaces entre ces muscles et les parois osseuses.
❖ Région nasale et labiale supérieure
Le tissu celluleux y est abondant et cloisonné, ce qui limite la diffusion de l’infection.
❖ Région palatine
Il n’existe pas de tissu celluleux.
❖ Région temporale
Le tissu celluleux pénètre dans cette région par le canal temporo-zygomatique et forme une masse cellulo-adipeuse semi-fluide développée surtout à la partie externe et inférieure de la loge entre le muscle temporal et son aponévrose.
❖ Région génienne
Les différent 3 espaces inter- musculaires sont comblés par du tissu cellulaire lâche. Celui-ci communique avec les fosses temporale et zygomatique a la partie la plus reculée de la région, entre le masséter et le buccinateur, le tissu celluloadipeux forme la boule graisseuse de BICHAT.
❖ Région mentonnière et labiale inférieure
Dans cette région, le tissu celluleux forme un coussin dans la concavité du fer à cheval de la mandibule. Ce secteur est en relation avec les régions carotidienne, ptérygo-maxillaire, paraamygdalienne, thyrohyoépiglotique, para-laryngée en arrière, et en avant avec le creux sus claviculaire et le médiastin.
Le plancher buccal
Il se subdivise en deux étages :
➤ Un étage supérieur ou sus mylo-hyoïdien, sous muqueux.
➤ Un étage inférieur ou sous mylo-hyoïdien, sous cutané.
Ce plancher comporte cinq espaces celluleux :
– Un espace sous mylo-hyoïdien : entre le muscle mylo-hyoïdien en haut et l’aponévrose cervicale superficielle en bas, communique en arrière avec les loges sous maxillaires ;
– un espace sublingual : entre les muscles mylo-hyoïdien en bas, hyoglosse en dedans et muqueuse en haut, contient la glande sublinguale, le canal de Wharton, les vaisseaux sublinguaux, le nerf hypoglosse, communique en arrière avec la loge sous maxillaire. L’espace sous parotidien antérieur et la région ptérygo-maxillaire ;
– un espace de l’artère linguale entre les muscles génioglosse et hyoglosse ;
– un espace médio-lingual entre les deux génioglosses en dessous du septum ;
– un espace infra lingual entre les muscles génio-hyoïdien en bas, hyoglosse et génioglosse en haut c’est un véritable centre celluleux du plancher buccal.
Les voies de la propagation de l’infection
L’inoculation du tissu celluleux peut se faire selon différentes voies :
La voie ostéo-périostée
Elle est la principale voie. Les micro-organismes qui ont atteint l’apex, traversent l’os et le périoste, pour gagner les tissus celluleux bucco-faciaux. La participation osseuse est à l’origine de l’appellation d’ostéophlégmon (SEBILEAU) ou de phlegmons odontopathiques trans-osseux (BERCHER).
La voie directe
Au cours d’une anesthésie locale ou régionale, l’aiguille peut être source d’inoculation des micro-organismes au sein des tissus cellulaires. Il en est de même dans les traumatismes maxillo-faciaux s’accompagnant de plaies cutanéo- muqueuses multiples.
La voie lymphatique
Elle est rare. Se rencontre dans les formes graves dans le cas des cellulites diffuses. Une lymphite suivie d’une péri-lymphite serait le point de départ de l’infection cellulaire. Dans certain cas c’est le ganglion qui sera touché directement : adénite puis péri-adénite.
La voie veineuse
Par phlébite, périphlébite et micro embolies septiques. Cette voie semble être bien plus une voie de dissémination secondaire à distance d’une cellulite déjà déclarée qu’une voie d’apport de l’infection au tissu cellulaire.
Etude clinique
Formes cliniques
La forme type : les cellulites diffuses d’origine dentaire
Il s’agit de l’infection du tissu cellulaire sans tendance aucune à la limitation, compliquée par la nécrose des tissus inflammés. Elle succède en général à des causes dentaires la cellulite diffuse peut être soit secondaire à une cellulite circonscrite, soit diffuse d’emblée ou rapidement diffusante. Par sa rapidité, elle aboutit précocement à des complications gravissimes. De par son caractère d’urgence, elle nécessite une prise en charge hospitalière rapide.
Examen clinique
– Interrogatoire
Relèvera:
– Les données sociodémographiques du patient avec l’âge, le sexe, l’adresse et la profession.
– Le motif de la consultation constitué principalement par des douleurs et/ou une tuméfaction inflammatoire.
– L’anamnèse ou l’histoire de la maladie qui débute par des épisodes d’odontalgies et d’infection dentaire le plus souvent qui se compliquent par l’installation d’une tuméfaction inflammatoire péri- maxillaire localisée qui a tendance à diffuser.
– Un terrain particulier.
Examen physique
– Sur le plan général:
Il se caractérise par des signes généraux marqués (fièvre à 40 °C, choc septique), signalant une toxi-infection. Le début est rapide, il s’agit d’un véritable choc infectieux. Après l’apparition de frissons, le malade se couvre de sueur. Le faciès est pâle, la respiration superficielle et la tension artérielle basse. En quelques heures, une diarrhée apparaît avec des vomissements répétés. Les urines sont rares et foncées. Le faciès devient terreux, les yeux sont excavés. La conscience est conservée. Des signes méningés ou pleuro-pulmonaires peuvent se surajouter.
– Sur le plan local:
La cellulite diffuse se caractérise par une nécrose rapide et étendue des tissus. Au début, on observe une tuméfaction limitée, molle, peu douloureuse mais fluctuante. Très vite, elle s’étend et devient d’une dureté ligneuse. La peau est blafarde et tendue, tandis que la muqueuse est grisâtre. Le trismus est serré. La suppuration n’apparaît pas avant le cinquième ou sixième jour. Le pus, obtenu d’abord en petite quantité, est inhabituel: il est de couleur verdâtre, parfois gazeux et contient des débris nécrotiques.
– Sur le plan paraclinique :
Le scanner cervico-thoracique qui permet d’objectivé une éventuelle extension thoracique. La radiographie panoramique dentaire permet de mettre en évidence une clarté sous radiculaire.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. Anatomie
1. Peau cervico-faciale
2. Région cervico-faciale
3. La situation des apex par rapport aux tables osseuses
II. Le tissu cellulaire cervico-facial
1. Histologie du tissu cellulo-adipeux cervico-facial
1.1. Origine
1.2. Constitution
1.3. Localisation
III. Les voies de la propagation de l’infection
1. La voie ostéo-périostée
2. La voie directe
3. La voie lymphatique
4. La voie veineuse
IV. Etude clinique
1. Formes cliniques
2. Autres formes cliniques
2.1. Formes évolutives
2.1.1. Cellulite circonscrite
2.1.2. Cellulite séreuse
2.1.3. Cellulite gangréneuse
2.2. Formes compliquées
2.2.1. Complications locales
2.2.2. Complications loco régionales
2.3. Selon leur topographie
2.3.1. Cellulite génienne haute
2.3.2. Cellulites labiales
2.3.3. Les abcès palatins ou sous périostés
2.3.4. Cellulites temporales
2.3.5. Les cellulites ptérygo-maxillaires
2.3.6. Cellulite Génienne basse
2.3.7. Les cellulites du plancher buccal
2.3.8. Cellulite massetérine
2.3.9. Les cellulites ptérygo-mandibulaires D’ESCAT
V. Examens paracliniques
1. Examen biologique
1.1. Examens de routine
1.2. Examen bactériologique
1.3. Antibiogramme
2. Imagerie
2.1. Radiographies classiques
2.2. Echographie
2.3. Tomodensitométrie cervico-thoracique
VI. Diagnostic
1. Diagnostic positif
2. Diagnostic différentiel
3. Diagnostic étiologique
3.1. Germes
3.2. Portes d’entrées
3.2.1. Dentaire
3.2.2. Péri-dentaire ou parodontale
3.2.3. Thérapeutique et /ou iatrogène
3.2.4. Autres
3.3. Terrain
3.3.1. Les pathologies
3.3.2. Les traitements médicamenteux
3.3.3. Autres facteurs
VII. Traitement
1. Buts
2. Moyens et Méthodes
2.1. Moyens médicaux
2.1.1. Les antibiotiques
2.1.2. Les antalgiques
2.1.3. La corticothérapie
2.1.4. L’oxygénothérapie hyperbare
2.1.5. Les antiseptiques locaux
2.1.6. L’alimentation
2.1.7. Les décontracturants
2.2. Les moyens chirurgicaux
2.2.1. Le drainage
2.2.2. Excision des tissus nécrotiques
2.3. Le traitement étiologique
3. Indications
3.1. Moyens curatifs
3.2. Moyens préventifs
CONCLUSION