Le territoire et l’institution régionale
Le Limousin
Position
Petite région française, le Limousin est une constituante du Massif Central, tournée néanmoins beaucoup plus vers ses voisines orientales, notamment Poitou-Charente, et dans une moindre mesure Aquitaine et Midi Pyrénées. La Haute-Vienne, la Creuse et la Corrèze sont les trois départements qui la constituent, et Limoges en est la capitale.
Démographie
Le Limousin, avec près de 724 000 habitants au 1er janvier 2005, est la 21ème région française en termes démographiques, soit l’une des moins peuplées. Elle connaît cependant depuis 1999 un regain démographique, avec un solde migratoire qui la place au 6ème rang pour l’attractivité, juste derrière la façade sud.
Celui-ci ne vient pas atténuer les contrastes territoriaux, les redistributions de population s’opèrent toujours principalement de l’Est de la région, à forte dominante rurale (avec le plateau des Millevaches), vers l’Ouest, plus urbain et plus attractif (avec Limoges et le duo Brive/Tulle).
Il ne freine pas non plus le vieillissement de la région, l’exode des 20-29 ans reste plus que jamais une réalité. La Creuse, plus vieux département d’Europe, est un laboratoire en la matière (un pôle domotique s’y est notamment développé), et le vieillissement interroge toute la région sur le développement de nouveaux besoins en services, l’évolution des relations entre générations, et sa valorisation possible (économie du vieillissement). Avec le développement du fait périurbain, très visible pour le Limousin, on observe des mutations profondes dans les modes de vie, les mobilités et les paysages. Le SRADDT a, entre autres, vocation à y répondre.
Economie
Ce nouvel affl ux de population, constitué d’une bonne part de retraités, fait miroiter le développement d’une économie résidentielle. Avec un revenu disponible par habitant plutôt important (4ème rang des régions de province), malgré un très faible PIB (0,98 % du PIB national en 2002), la région est déjà engagée dans cette voie, mais compte sur un fort développement pour pallier d’autres faiblesses de son économie. Celle-ci est en eff et caractérisée par des activités productives mal préparées aux mutations. L’agriculture en premier lieu, qui occupe 52% du territoire et près de 7% des actifs en 2004, a une très faible valeur ajoutée (prégnance de l’élevage de broutards, envoyés en Italie pour être valorisés). L’artisanat ensuite est confronté au renouvellement des dirigeants, et l’industrie s’est recentrée sur son cœur de métier, à savoir : le BTP, la mécanique et métallurgie, les équipements électroniques et électriques, le papier et carton, la chaîne graphique, le textile, la chimie, la porcelaine et céramique. Tous ces secteurs qui paraissent aujourd’hui fragilisés, présentent aussi quelques perspectives, comme la création d’un pôle de compétitivité céramique. Ce dernier, avec le pôle Elopsys (pôle européen des hautes technologies micro ondes, de la photonique et des réseaux sécurisés) sont par ailleurs les principaux signes de la présence d’une économie de la connaissance; la recherche, les liens entre entreprises, innovation et université restant encore à structurer. On notera par contre les perspectives qu’off re l’économie sociale et solidaire (11,5% de l’emploi en 2000 et une bonne répartition sur le territoire) et le potentiel de secteurs comme le tourisme ou la fi lière bois, ou encore le dynamisme d’un tissu composé principalement de PME-TPE. Face à cette situation, les questions prospectives soulevées par le SRADDT concernent les conséquences spatiales des mutations des activités et de l’emploi, avec une réfl exion sur les secteurs potentiellement porteurs, la polarisation économique et la place possible du rural dans le développement économique régional.
Territoire
Malgré le sentiment persistant d’enclavement des Limousins, la région est désormais en prise directe avec l’ensemble du territoire national, et ce notamment grâce à la réalisation des trois axes majeurs que sont l’A20, l’A89 et la RN145.
L’axe ferroviaire Est-Ouest reste toujours très problématique, mais les liaisons ferroviaires avec Paris et Toulouse sont régulières, un projet de Ligne à Grande Vitesse entre Limoges et Poitiers est débattue, le service TER s’améliore, le trafi c aérien progresse très fortement et la couverture en haut débit est presque totale (98% de la population). Celle-ci a notamment pour vocation de répondre à des enjeux propres aux services. En eff et, le maillage actuel des services reste très fragile, malgré un taux d’équipement pour chaque service plus important qu’au niveau métropolitain dans le rural isolé . La fermeture de services sur des territoires ruraux, très médiatique en Creuse, est un véritable danger pour la vie locale. Cela est d’autant plus vrai que l’existence de services est un critère à la localisation des nouveaux habitants et des Limousins en général.
L’armature urbaine est spécifi que, avec une capitale régionale fortement polarisante et un maillage de villes moyennes et petites villes. Le déséquilibre entre l’Est et l’Ouest soulève par ailleurs les questions du maillage de bourgs, du niveau de services nécessaires et, au-delà, de l’organisation, de l’animation et du développement des territoires.
Cette augmentation de population, ajoutée à un besoin en logement de plus en plus fort, fait apparaître, principalement en périphérie mais pas seulement, le risque de confl its pour le sol. L’utilisation d’instruments de gestion du foncier est alors interrogée : les 4 agglomérations se sont dotées de SCOT, mais le nombre important de petites communes explique la très faible présence de PLU. La question de l’évolution des fonctions de l’espace et du maillage territorial, centrale dans l’élaboration du SRADDT, trouve donc toute sa justifi cation.
Environnement
Il y a là notamment un enjeu environnemental, de préservation d’un patrimoine de qualité. Le Limousin est en eff et doté d’une vraie richesse écologique, sur le plan de la biodiversité comme des paysages, dont l’eau et la forêt sont les éléments phares. La valorisation de ces ressources, jugée insuffi sante par les faibles chiff res du tourisme, est un enjeu qui prend d’autant plus d’envergure qu’il est resitué dans un contexte climatique et énergétique : les mutations climatiques et énergétiques auront en eff et non seulement des conséquences sur le fonctionnement de la société limousine (activités économiques, manières de se déplacer, de se loger…), la gestion de ses ressources naturelles, mais aussi sur l’attractivité résidentielle : c’est son avantage comparatif en termes touristiques ou le développement de nouveaux métiers liés à l’environnement qui sont questionnés.
Gouvernance
Face à tous ces enjeux, la question de la gouvernance, qui peut être moteur aussi bien que frein, est essentielle. L’envergure des mutations en cours et à venir, qu’elles soient démographiques, territoriales, économiques ou climatiques, va entraîner de profonds bouleversements. La capacité des acteurs de la société limousine à comprendre et à anticiper des évolutions, et à s’organiser pour y faire face constituera un défi essentiel pour les années à venir. Et de ce point de vue le constat est mitigé : d’un côté le Limousin est une des régions les mieux couvertes en pays, avec une intercommunalité à fi scalité propre (et deux PNR) qui concerne aujourd’hui quasiment toute la population, et de l’autre les coopérations entre collectivités, dans un contexte compliqué de transfert et de répartition des compétences, ainsi que la culture de réseau, de partenariat à tous niveaux, sont loin d’être acquis.
|
Table des matières
Introduction
I. Le territoire et l’institution régionale
1. Le Limousin
2. Le Conseil Régional
II. Le contexte du SRADDT
1. Qu’est-ce qu’un SRADDT
2. L’inscription du SRADDT dans la politique régionale : le lien avec
les outils de stratégie
3. Un départ diffi cile pour le troisième exercice prospectif en Limousin
4. L’équipe SRADDT
III. L’élaboration du SRADDT
1. Les grandes étapes
2. Une élaboration en concertation
3. L’organisation de la phase prospective : les réunions des groupes de travail
IV. Ma mission
1. Les grandes étapes du stage
2. Mon rôle
V. Bilan
1. Des déceptions en termes d’apprentissage de savoir-faire
2. Ce que j’ai appris
3. Des questions subsistantes
Conclusion
Télécharger le rapport complet