3000 ans av. JC est la Préhistoire, l’Antiquité débute en l’an 476, 1492 marque la fin de l’empire romain d’Occident, les USA fêtent leur indépendance le 4 juillet 1789, Hitler devient chancelier le 30 janvier 1917, ce sont des exemples erronés des élèves de la classe de première lors des tests concernant l’utilité des dates en histoire. Ces quelques exemples anecdotiques révèlent que les dates en histoire posent un grand problème pour les élèves, ce qui est actuellement à remettre en cause. Car de son essence, l’histoire est une suite d’événements ou encore un récit des événements .Elle est la connaissance d’événements c’est-à-dire des faits. Et les événements sont inséparables avec les dates et les lieux où s’était passée l’histoire. De ce fait, celui qui est censé apprendre l’histoire doit maîtriser les dates pour caractériser un tel événement à un autre puisqu’il est le plasma même où baignent les phénomènes et comme le lieu de leur intelligibilité . C’est dire qu’on ne peut songer enseigner l’histoire aux élèves sans interroger sur ce que représente le temps pour eux. Seulement, leurs conceptions dépassent le réel. Ils n’aiment pas l’histoire puisque le cours est déjà trop chargé et l’existence des dates rend difficile la mémorisation des leçons. Mais leur principal problème c’est qu’ils ne sont pas au courant de l’utilité des dates en histoire et on ne leur donne pas les méthodes appropriées pour les assimiler et les appréhender. Ainsi, beaucoup d’élèves butent sur des problèmes (hors sujet) lorsqu’ils traitent un devoir de dissertation ou de commentaire des documents faute de connaissance de techniques pour se situer dans le temps. Et ce qui explique souvent les mauvaises notes en histoire.
L’histoire, une science des hommes dans le temps
L’HISTOIRE, UNE DISCIPLINE LIEE AU TEMPS
La notion du temps est présentée dans grand nombre de domaines. Le temps a été un sujet majeur de la religion, de la philosophie et de la science. Sans entrée dans l’explication des différentes acceptions du mot temps, selon les diverses disciplines, nous ne retenons que celle qui est essentielle pour notre propos qui est le temps historique.
Notion et concepts du temps en histoire
Définitions succinctes du temps en histoire
Le temps est un concept développé par l’être humain pour appréhender le changement dans le monde. C’est un milieu infini dans lesquels se succèdent les événements. C’est aussi un mouvement interrompu par lequel le présent devient le passé, considéré souvent comme une force agissant le monde . Hegel avait souligné que le terme histoire signifie d’une part les événements eux-mêmes et d’autre part le récit des ces événements . Peu importe les origines et les lieux où s’étaientpassés les événements, ils sont inséparables du fameux repère qu’est le temps. De ce fait, l’histoire est intimement liée au temps, elle raconte le temps. L’historien évolue dans une temporalité qui est propre à son étude. Il perçoit le temps un peu différemment des autres, il y voyage, il s’y projette, il en parle, il le fait parler. Paradoxalement, il a également tendance à s’en éloigner, parfois au risque de se retrouver si loin de ses bases, qu’il en perd sa légitimité . Dans ce milieu indéfini et homogène dans lesquels se déroulent les événements successifs, pour faciliter leurs études les historiens sont convaincus que le temps historique doit être divisé en périodes. Ces périodes sont : le passé, le présent et le futur. Le passé désigne la partie du temps qui est révolue avant le moment présent et dans laquelle se sont déroulés les événements passés . Le présent indique l’époque actuelle, les circonstances concrètes du moment . Et le futur est le temps à venir, qui va arriver, qui se fera, qui sera tel dans un avenir plus ou moins proche .
En histoire, le concept du temps est un corollaire de la notion de mouvement. Ces mouvements se sont déroulés dans la durée et si le temps venait à s’arrêter plus rienne bougeait. Ainsi, d’après Aristote : « le temps est le nombre du mouvement selon l’antérieur et le postérieur ». A contrario, le temps semble ne plus faire sens quand l’idée de mouvement disparaît, car le temps suppose des variations. Ces mouvements de variation recèlent des événements où sont alternées ruptures et continuités. On ne peut pas déceler ces derniers sans avoir connu la simultanéité et la succession. La simultanéité ou la synchronie exprime l’idée qu’à un moment, des événements en nombre peuvent être infini se déroulant conjointement à priori sans aucun rapport les uns avec les autres. En corrélation se trouve la notion de succession ou la diachronie (et par là l’antériorité et la postériorité) ; si deux événements ne sont pas simultanés, c’est que l’un après l’autre, de sorte que d’innombrables événements simultanés semblent se suivre à la chaîne sur le chemin du temps. Deux moments ressentis, comme différents sont ainsi nécessairement successifs. De ces deux considérations, il est difficile d’imaginer le temps en histoire, il ne peut être examiné que sous l’angle de notre propre expérience universelle : l’avant, l’après, et l’en même temps. Néanmoins de la simple succession ou de la simultanéité, on ne peut déduire la durée. En effet, quand un film est projeté à une vitesse plus ou moins grande ; l’ordre des événements y est conservé, mais pas la durée. Remarquons aussi la projection à l’envers ne correspond à rien dans l’expérience du temps qui, est lui irréversible . En un mot, le temps historique, est un temps difficile à percevoir. « C’est un temps mort, qui ne reviendra pas mais auquel on redonne les couleurs du présent » affirme Pierre Auriol. Ainsi, le temps historique est une construction des historiens et une dimension essentielle pour établir l’intelligibité du texte de l’histoire, de son élaboration, de sa transmission et de sa réception .
Les mots du temps en histoire
La durée, les périodes, les époques et les siècles
La durée
L’un des concepts fondamentaux en histoire est celui des durées. L’historien ne pense pas seulement « humain ». L’atmosphère où sa pensée respire naturellement est la catégorie de la durée . Espace de temps que dure un fait ou qui s’écoule par rapport à un phénomène, entre deux limites, la durée détermine la succession des faits historiques des périodes et des époques à la fois . En histoire, on peut observer plusieurs catégories de durée selon Fernand Braudel : la longue durée, la moyenne durée et la courte durée. Le concept longue durée ou encore le temps long est le temps quasi-immobile, celle de l’homme dans ses rapports avec le milieu qui l’entoure, une histoire lente à couler, à se transformer, faite souvent de retours instants de cycles sans cesse recommencés . La longue durée concerne donc, l’histoire du temps volumineux à l’échelle des siècles ou des millénaires. Celle des structures, des civilisations, des institutions et des données largement répétées et maintenues qui s’inscrivent et changent très lentement (exemples : ville, forme de pensée …) .
Le temps moyen ou moyenne durée, mesuré en décennies, est celui des cycles, démographique ou économique. Il correspond à «l’histoire lentement rythmée ». Il est comme « le récitatif de la conjoncture qui met en cause le passé par larges pans ». C’est le temps des mutations, des seuils, des ruptures. En ce qui concerne le temps court ou la courte durée ou encore le temps bref, c’est le temps propre à l’individu, à l’événement . Il rythme la vie quotidienne des individus, c’est le temps par excellence des chroniqueurs et des journalistes . Ainsi, les divers faits sont inclus dans ce temps, toute forme de vie économique, social, littéraire, institutionnel, religieux, géographique aussi bien que politique s’insèrent dans ce milieu où l’on prend conscience immédiatement l’ampleur des événements. En un mot, ce sont les temps qui se mesurent au moyen de l’horloge, de l’action, des « fleurs vite fanées », et le terrain plus classique de l’historien rajoute Moniot .
|
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : L’histoire une science des hommes dans le temps
Chapitre I : L’histoire, une discipline liée au temps
I/ Notion et concepts du temps en histoire
A/ Définitions succinctes du temps en histoire
B/ Les mots du temps en histoire
1/ La durée, les périodes, les époques et les siècles
2/ Les cycles et l’ère
3/ La chronologie et la datation
4/ Evénements et faits historiques
C/ Les perceptions spatio-culturelles du temps
1/ Le couple « Temps-espaces »
2/ Les conceptions du temps selon les diverses civilisations
II/ La connaissance du temps en histoire
A/ L’histoire au risque du hors temps
B/ Les principales techniques
1/ La méthode populaire
2/ Le duo « diachronie-synchronie »
3/ Les méthodes historiques
Chapitre II : La complexité du temps en histoire
I/Les interrogations sur la nature du temps historique
A/ La variabilité des perceptions du temps
B/ De l’unité à la pluralité des temps historiques
C/ Le problème de la cohérence des temps
II/ Les représentations du temps historique et leur sens
A/ La dimension idéologique des représentations temporelles
B/ Les topologies du temps au cours des âges en Europe
C/ Essai d’interprétation des tendances actuelles
III/ Les problèmes de la périodisation
A/ La périodisation, une recherche d’intelligibilité
B/ La diversité des conceptions au cours de l’histoire
C/ La mise en question contemporaine
Conclusion de la première partie
Deuxième partie : La « carte mémoire » serait-elle l’outil adéquat pour apprendre les dates en histoire ?
Chapitre I : Les élèves et leur représentation du temps
I/ Les liens entre le temps historique, le programme et les manuels scolaires
II/ Les étapes de la construction du temps
A/ Le temps vécu
B/ Le temps perçu
C/ Le temps mémorisé
D/ Le temps construit
E/ Le temps conçu
III/ Les élèves et leurs difficultés de conceptualiser le temps historique
A/ La mémorisation
B/ Les problèmes du concept du temps
1/ Présentation du cadre d’étude
a/ Le lycée d’Andohalo
b/ Les publics cibles
2/ Difficultés face aux temps historique
a/ Expérience basée sur les 4 grandes périodes de l’histoire de l’Europe Occidentale
b/ Expérience basée sur les 14 dates muettes
C/ Autres problèmes
Chapitre II : La mise en pratique de la « carte mémoire »
I/ La « carte mémoire »
A/ La courbe de l’oubli d’Ebbinghaus
B/ Le principe de la répétition espacée
C/ La « carte mémoire »
1/ Sebatian Leitner
2/ Le système de Leitner
a/ Fonctionnement de la « carte mémoire »
b/ Utilisation et avantages
II/ Les expériences
A/ Les objectifs visés par les expériences
B/ Les moyens mises en œuvre
1/ L’adaptation de la carte de Leitner
2/ Les participants
C/ Déroulements et analyses des expériences
1/ Séquence n°1
2/ Séquence n°2
III/ Vers un développement des logiciels basés sur les cartes mémoires
A/ Mnémosyne
B/ Anki
Conclusion de la deuxième partie
CONCLUSION GENERALE