Madagascar est parmi les pays les moins avancés du monde et même de l’Afrique Subsaharienne. Elle a des faiblesses structurelles notamment en matière de gestion de ressources naturelles et financières, qui freinent sa croissance et son développement socio-économique. Le pays est aussi exposé aux chocs externes et aux aléas climatiques. Malgré ces difficultés, les autorités sont déterminées à renforcer la viabilité de l’économie malgache grâce aux différentes politiques de l’Etat, notamment la politique budgétaire, monétaire et fiscale… De ces différents politiques, des instruments sont manipulés par les autorités pour une efficience et efficacité de ces derniers. L’un des plus importantes de ces instruments est le taux d’intérêt, considéré comme l’un des phénomènes la plus importante dans l’économie contemporain, qui était d’ailleurs le plus contestable dans le passé. L’on constate du début du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui de différents courant de pensée et beaucoup d’économistes qui se penchaient sur l’étude du taux d’intérêt pour faire marcher l’économie. Et depuis, quelques théories favorisant le développement du concept du taux d’intérêt ont été mise en œuvre notamment celle des économistes classique, les keynésiens, les néoclassique, les postkeynésiens ainsi que les économistes contemporaine tels Kirzner ou Ludwig Von Mises. Le taux d’intérêt est un agrégats macroéconomique tellement complexe que sa manipulation a été monopolisée par la banque centrale et devient le premier instrument de celle-ci, accompagné du deuxième instrument qui est l’Open-Market. Les banques primaires suivent juste la variation du taux que la banque centrale impose. L’intérêt, considéré comme le coût du capital investit mais à la fois la rémunération d’un prêt octroyé à autrui, est un facteur déterminant des crédits et de l’épargne mobilisable.
Concepts du taux d’intérêt
Définition
L’intérêt est la somme perçue en rémunération d’un prêt, que l’on exprime le plus souvent sous la forme d’un taux, exprimant le rapport entre le montant de la somme due pour une année et le montant du capital prêté, plus exactement, « somme versée par l’emprunteur à son préteur en rémunération du prêt qui lui est consenti » L’intérêt est définit aussi comme le coût du capital investit. L’intérêt s’analyse comme la rémunération du service qu’un préteur rend à un emprunteur en mettant à sa disposition un capital, ou bien comme le revenu de l’épargne, c’est-à-dire une somme offerte aux individus pour les encourager à économiser une partie de leur revenu et à mettre l’épargne ainsi obtenue à la disposition des agents ayant un besoin de financement. Pour les néoclassiques, le taux d’intérêt est la rémunération de l’abstinence : celui qui prête renonce à une consommation immédiate pour épargner. Le taux d’intérêt devient le prix du temps, la récompense de l’attente. Pour Keynes, le taux d’intérêt est la récompense de la renonciation à la liquidité. «Il mesure la répugnance des détenteurs de monnaie à aliéner leur droit d’en disposer à tout moment » Au moyen-âge, où l’usure était considérée comme un péché, l’église catholique admettait les intérêts sur les prêts commerciaux, dans la mesure où l’argent était utilisé pour produire de nouvelles richesses, mais condamnait le fait de verser ou de percevoir un intérêt sur des prêts à la consommation. Pour sa part, le capitalisme moderne a toujours présenté comme éminemment rationnel le paiement d’intérêts pour tout type de prêts, car ils permettent une allocation optimale des crédits disponibles, par nature limités, à des projets réclamant des capitaux.
Les différents types de taux d’intérêt
Dans la vie économique, il y a plusieurs types de taux d’intérêt selon les agents concernés, notamment le taux d’intérêt réel, le taux d’intérêt nominal, le taux d’intérêt créditeur et débiteur, le taux de réescompte ou le taux directeur, le taux d’intérêt naturel, le taux d’intérêt courant.
Le taux d’intérêt nominale et taux d’intérêt réel
Le taux d’intérêt nominal est celui qui est fixé lors de l’opération d’emprunt ou de prêt, celui qui est inscrit dans le contrat qui lie emprunteur et préteur, et celui qui est payé par l’emprunteur au payeur . C’est le taux d’intérêt expressément stipulé lors d’un emprunt et qui ne tient pas compte de son coût effectif pour l’emprunteur (ou de son rendement effectif pour le préteur). Ce taux est définitif mais la valeur de la somme prêté diminue au fur et à mesure que le taux l’inflation augmente, ce qui se traduit par une perte pour le préteur, à court terme qu’à long terme. Par conséquent, on a introduit le taux d’intérêt réel, qui est le taux « réel » d’intérêt. Concrètement, le taux d’intérêt nominal est corrigé par l’effet de l’inflation pour obtenir le taux d’intérêt réel:
Le taux directeur ou taux de réescompte de la banque centrale
Les taux directeurs de la banque centrale sont des taux d’intérêt qui servent de référence pour les taux d’intérêt du marché monétaire . C’est le taux pratiqué par la banque centrale lorsque les banques primaires demande des crédits à la banque centrale, c’est-à-dire, comme les clients vis-à-vis d’une banque, ces banques subi un taux d’intérêt que la banque centrale prélève. Ce taux directeur détermine les taux créditeur et débiteur des autres banques. Par exemple si le taux directeur est de 14.5%, pour la raison lucrative des banques, ils vont proposer un taux d’intérêt de 21% sur le prêt. Le taux directeur permet aux banques de fixer leur taux de référence et additionnant de la prime de risque.
Comme le niveau de ce taux a de l’importance pour la croissance économique, les pouvoirs publics s’en soient servis pour essayer d’influencer les décisions de ceux qui avaient des capitaux à prêter ou qui souhaitaient en emprunter pour investir. Dans le cadre de sa politique monétaire, l’Etat utilise donc le taux d’intérêt comme un instrument de politique économique. Le niveau de ce taux est décidé par la banque centrale, suivant la politique en vue (injection ou ponction monétaire, politique budgétaire). En outre le taux directeur est un instrument indirect de la banque centrale avec des réserves obligatoires, lors de son intervention sur le marché interbancaire de devise (MID) ou pendant l’application d’une politique.
Les déterminants du taux d’intérêt
La formation du taux d’intérêt est l’un des thèmes de controverses de la macroéconomie, qui oppose les écoles keynésienne et classique. Pour la première, le taux d’intérêt est déterminé sur le marché de la monnaie alors que pour la seconde il se forme sur le marché des titres. La théorie keynésienne formule l’hypothèse qu’une augmentation de l’offre de monnaie dans l’économie provoque une baisse du taux d’intérêt car les agents économiques chercheront à détenir plus de titres (actions et obligations) qui seront, du fait de l’augmentation de la demande, moins rémunérés. Pour la théorie classique, au contraire, le mécanisme est le suivant : une injection de monnaie dans l’économie provoque une augmentation de la demande de biens de consommation ; la production étant fixe à court terme (si l’on accepte une hypothèse de plein emploi des facteurs de production), le prix des biens augmentera, mais le taux d’intérêt restera inchangé. De ces analyses divergentes résultent le fait que, pour les classiques, la politique monétaire est inefficace pour manipuler les taux d’intérêt car elle laisse inchangées les valeurs réelles de l’économie, alors que pour les keynésiens elle est l’instrument privilégié de l’intervention publique. Dans tous les cas, cependant, aucune école ne conteste qu’une baisse des taux d’intérêt conduise à une stimulation de l’activité par une augmentation des dépenses et de l’endettement .
Les rôles du taux d’intérêt dans l’économie
Instrument de politique économique, le taux d’intérêt est d’une importance particulière en finance puisqu’il guide l’allocation des ressources de la part des investisseurs. Le taux d’intérêt est exprimé en pourcentage du capital perçu pour son utilisation sur une période déterminée généralement une année. Il est aussi un facteur incitatif de l’épargne des ménages, des investissements des entreprises par le bais des crédits, de l’inflation, et par extension, de l’emploi.
Les rôles des taux d’intérêt dans la décision d’investir
Les taux d’intérêt faible favorise l’investissement ce qui entraine une hausse de la demande effective, c’est-à-dire la demande anticipé par les entrepreneurs et qui correspondront à la production qu’ils vont effectuer, qui engendre un investissement plus que proportionnel. C’est donc un facteur de hausse de la demande de biens de consommation et de production. C’est le mécanisme de l’accélérateur mis en évidence par les Keynésiens. L’accroissement de l’investissement engendre à son tour une succession de dépenses et de revenus qui se traduisent au niveau macroéconomique par la hausse du revenu national (RN) : un investissement supplémentaire entraine une augmentation du RN qui lui est « k » fois supérieures . K est le multiplicateur keynésien .
Inversement, des taux d’intérêt élevés apparaissent toujours indésirables. Elle contrarie l’investissement et d’une manière indirect la consommation ; elle ralentit par conséquent l’activité économique et risque en certains cas d’aggraver le déficit de la balance de paiements au lieu de l’atténuer Le niveau des taux d’intérêt est un déterminant important du comportement des entreprises. Lorsqu’elles ont à effectuer un investissement, les entreprises doivent établir une comparaison entre la rentabilité future (anticipé) de leurs projets et le coût des capitaux nécessaires à leur réalisation : augmentation de leur capital, emprunts obligatoires, prêts bancaires à court ou à long terme, frais liés à l’autofinancement…C’est de cette comparaison que dépend la décision l’investissement.
Les entreprises investissent pour accroitre leur capital et pour remplacer les éléments du capital devenus obsolète. La quantité de demande d’investissement est fonction du taux d’intérêt. Pour qu’un projet d’investissement soit rentable, son rendement doit être supérieur à son coût. Comme le taux mesure le coût des capitaux susceptible de financer l’investissement, toute hausse des taux d’intérêt pèse sur la rentabilité attendue des projets d’investissement. Pour faire un investissement, l’entreprise utilise, soit ses propres ressources (capacité autofinancement) soit le crédit qui dépend du taux d’intérêt elle-même. Le recours au crédit.
Les risques du taux d’intérêt
« Le risque de taux d’intérêt global (RTG) d’un établissement financier est «le risque encouru en cas de variation des taux d’intérêt du fait de l’ensemble des opérations de bilan et hors-bilan, à l’exception, le cas échéant, des opérations soumises aux risques de marché » . Le risque de taux fait partie des risques majeurs et naturels auxquels sont confrontées les banques. Dans la pratique, les établissements distinguent clairement la gestion du risque de taux du portefeuille de négociation (regroupant des opérations généralement valorisées au cours de marché ) de celle du portefeuille bancaire, objet de cet article, qui est traditionnellement suivie par la fonction de gestion actifpassif. Il existe trois sources principales de risque de taux d’intérêt dans le portefeuille bancaire, qui rendent nécessaire une gestion particulière de ce risque. La première source est le décalage de volume et d’échéance entre les ressources à taux fixe et les emplois à taux fixe ainsi que le décalage des dates de révision des taux appliqués pour les éléments du bilan à taux variable (repricing). Par exemple, le risque se matérialise quand une banque refinance un prêt à long terme à taux fixe (ou un excédent d’emplois à taux fixe à une échéance donnée) par un emprunt à taux variable, fait face à une hausse brutale des taux d’intérêt. Le risque est d’autant plus élevé que le terme des actifs à taux fixe est éloigné et que la proportion d’actifs à taux fixe est importante dans le bilan de l’établissement. La deuxième source de risque de taux est le décalage qui peut exister dans l’adossement d’emplois et de ressources à taux variable indexés sur des taux de marché différents ou sur le même taux, mais avec une date de Repricing différente. Le risque se matérialise, par exemple, quand un établissement de crédit refinance un prêt à taux variable par des ressources rémunérées à taux variable .En supposant un adossement en liquidité parfait, cet établissement perçoit à chaque période un montant équivalent à la somme des marges au titre de l’ensemble (prêt, dépôt), indépendamment de l’évolution des taux de marché. En revanche, l’établissement est exposé aux évolutions du différentiel de taux. Le différentiel — spread — entre les deux taux peut changer de façon inattendue. Une troisième source de risque de taux d’intérêt est l’existence d’options au sein de certains éléments de l’actif, du passif ou du hors bilan. Une option donne à son détenteur le droit, mais non l’obligation, d’acheter ou de vendre ou, dans tous les cas, de modifier les flux (cash flows) d’un instrument ou d’un contrat financier. Une option peut être un instrument financier à part entière (options sur marchés organisés ou de gré à gré) ou être incorporée dans d’autres instruments. Ce dernier type d’option est qualifié d’option cachée ou implicite. Par exemple, lorsque qu’un client a la faculté de rembourser par anticipation son prêt, il détient une option de remboursement anticipé.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : APPROCHE THEORIQUE DE L’ETUDE
CHAPITRE I : CONCEPTS DU TAUX D’INTERET
I.1. Définition :
I.2. Les différents types de taux d’intérêt :
I.3. Les déterminants du taux d’intérêt :
I.4. Les rôles du taux d’intérêt dans l’économie :
CHAPITRE II : LES THEORIES DU TAUX D’INTERET
II.1. L’intérêt selon les Néoclassiques :
II.2. La théorie de Knut Wicksell (1851-1926) :
II.3. La théorie de Fisher (1867-1947):
II.4. La théorie Keynes:
II.5. La théorie de Von Böhm-Bawerk (1851 – 1914)
II.6. La théorie de Von Mises :
DEUXIEME PARTIE : APPROCHE PRATIQUE DE L’ETUDE
CHAPITRE III : CAS DE MADAGASCAR DEPUIS 1990
III.1. Caractéristique économique de Madagascar :
III.2. Evolution des taux d’intérêt à Madagascar
III.3. La manipulation du taux d’intérêt
CHAPITRE IV : LES EFFETS DE LA MANIPULATION DU TAUX D’INTERET
IV.1. Les effets de baisse: favorise-t-elle toujours la croissance ?
IV.2. Effets de hausse du taux d’intérêt :
IV.3. Pourquoi les taux d’intérêt à Madagascar sont plus élevés ?
IV.4. Pour une politique de taux d’intérêt efficace
CONCLUSION