Le système attentionnel superviseur (SAS)

Le système attentionnel superviseur (SAS)

Introduction

  La psychologie a beaucoup évolué durant le dernier siècle et elle a pris plusieurs directions (Chaloult, Ngo , Goulet, & Cousineau, 2008). Elle a été explorée à l’aide d’approches aussi différentes que complémentaires; en passant par les approches psychodynamique (Gabbard, 2010), existentielle humaniste (Ginger & Ginger, 20 Il) , systémique (Albernhe, Albernhe, & Servant, 2008), comportementale et cognitive (1 re et 2e vague des sciences du comportement, Chaloult et al. , 2008) jusqu’à l’éclosion de la neuropsychologie (Eustache, Faure, & Desgranges, 2013). L’évolution de la psychologie a mené les scientifiques jusqu’aux expérimentations liées à des traditions bouddhistes extrêmement anciennes (Dionne & Blais, 2011). Des exercices thérapeutiques fondés sur la méditation ont commencé à être évalués au début des années 1980 (Dionne & Blais, 2011). Dès lors se traçait le chemin qui allait mener à l’apparition d’une troisième vague des sciences du comportement. La méditation dite de pleine conscience est au cœur de cette nouvelle approche psychothérapeutique des thérapies cognitives et comportementales (TCC) (Dionne & Blais, 2011). La pleine conscience (PC) a fait l’objet du plus grand nombre d’études dans le domaine de la psychologie durant les vingt-cinq dernières années (Berghmans & Herbert, 2010). Les chercheurs se sont intéressés autant à des populations cliniques que non-cliniques, c ‘ est-à-dire à des individus souffrant d’ une ou plusieurs pathologies physiques ou psychologiques ainsi qu’à des gens sans pathologie. Certains auteurs soutiennent que la PC pourrait être un des facteurs communs des progrès rencontrés dans différents types de thérapies (Fletcher, Schoendorff, & Hayes, 2010 ; Martin, 1997). De fait, les premières études se sont davantage intéressées aux effets thérapeutiques de la pratique de la PC (Baer, 2003). Bien que certaines lacunes méthodologiques soient retrouvées dans plusieurs études, il est dorénavant démontré que les interventions basées sur la PC ont des effets bénéfiques (Baer, 2013 ; Davis & Hayes, 20Il ; Heeren & Philippot, 2010). Depuis quelques années, les chercheurs s’interrogent plus spécifiquement sur les processus qui expliquent les effets thérapeutiques observés suite aux programmes de PC (Barlow, 2004 ; Berghmans & Herbert, 2010; Heeren & Philippot, 2010). Ainsi, les différents chercheurs se sont demandés comment la PC fonctionne et provoque des changements (Baer, 2003 ; Berghmans, Strub, & Tarquinio, 2008 ; Heeren, Broeck, & Philippot, 2009; Heeren & Philippot; 2010; Shapiro, Carlson, Astin, & Freedman, 2006) et ont émis différentes hypothèses à ce sujet (p. ex., Baer, 2003; Jha, Krompinger, & Baime, 2007; Langer, 1989; Lau, Segal, & Williams, 2004; Myers & Wells, 2005 ; Posner & Petersen, 1990; Shapiro et al., 2006; Sheppard & Teasdale, 1996 ; Teasdale et al. , 2002 ; Wells, 1999). Ces auteurs se sont intéressés à des processus liés plus ou moins directement aux fonctions exécutives et plus spécifiquement à l’ autorégulation de l’attention, c’est-à-dire la capacité d’ alterner entre des processus attentionnels automatiques (nécessitant un minimum de conscience) et volontaires (conscients) permettant d’ organiser ses actions pour l’ atteinte d’ un objectif (Nader-Grosbois, 2007 ; Norman & Shallice, 1986).

Historique de la pleine conscience

  Le concept de pleine conscience (PC) est une des composantes centrales de la troisième vague liée au domaine des thérapies cognitivo comportementales (TCC) (Chaloult et al. , 2008 ; Dionne & Blais, 20 Il). Les TCC découlent de la combinaison des thérapies cognitives et des thérapies comportementales, tout en intégrant des éléments d’ autres approches psychothérapeutiques (psychodynamiques et humanistes) (Chaloult et al. , 2008 ). L’ approche cognitive et comportementale ne cesse de s’ améliorer et de se solidifier grâce à une méthodologie rigoureuse (Chaloult et al. , 2008 ; Dionne & Blais, 20 Il) . Cette dernière vise à développer le savoir à propos des comportements humains de sorte à traiter de mieux en mieux les psychopathologies (Dionne & Blais , 2011). Son efficacité a été démontrée scientifiquement pour une variété de troubles psychologiques (Chaloult et al. , 2008 ; Dionne & Blais, 20Il). On retrouve trois grandes vagues de thérapies dans l’ histoire de la TCC : comportementale, cognitive ainsi que d’ acceptation et de pleine conscience. Par ailleurs, selon Heeren (20 Il) , une quatrième vague serait en train de se tracer. Elle serait en lien avec les nouvelles découvertes dans le domaine des neurosciences cognitives et comportementales ainsi qu’ avec l’apparition de « techniques de modification de processus psychologiques spécifiques » (Heeren, 20Il , p. 81). C’est vers les années 1950 que les thérapies comportementales émergent, ce qui a donné place à une première vague des sciences du comportement (Dionne & Blais, 20 Il). Les difficultés psychologiques y étaient envisagées sous l’angle de troubles du comportement (Chaloult et al., 2008). Les comportements pouvaient être appris, donc désappris (Dionne & Blais, 2011) . Le but principal était de modifier les apprentissages dysfonctionnels (Kotsou & Heeren, 20 Il). Les interventions découlaient de deux théories principales de l’apprentissage, celle du conditionnement classique ou répondant d’ Ivan Pavlov et celle du conditionnement opérant de Burrhus F. Skinner (Chaloult et al., 2008 ; Dionne & Blais, 2011). Les thérapies découlant de ces théories, n’ayant pas intégré les comportements verbaux internes, laissèrent une place vacante pour l’apparition d’une deuxième vague qui investit la composante cognitive du comportement humain (Dionne & Blais, 2011).

Définition de la pleine conscience

  Tous s’entendent sur ce qu’est la PC, mais étant donné que ce phénomène est récent dans la littérature, sa définition n’est pas arrêtée l (Baer, 2003; Berghmans et al., 2009). Tout d’abord, citons la définition proposée par le pionnier Jon Kabat-Zinn (1994) qui a été traduite par Segal et al. (2006, p. 63) : « pleine conscience signifie être attentifd’ une manière particulière: délibérément, dans le moment présent et sans jugement ». Cette version de la définition de la PC a le mérite d’être claire et concise. Beaucoup de points communs sont présents entre les perspectives des différents auteurs pour qui la PC est un type de méditation qui implique de diriger intentionnellement son attention sur les variations constantes de son expérience interne et externe dans le moment présent (Baer, 2003). L’expérience observée n’est jugée ni bonne, ni mauvaise, elle est observée tout simplement. Le but de la PC est de transformer J’attitude adoptée face aux émotions, sensations et cognitions ainsi que d’entrer en relation avec ces dernières volontairement et sans jugement (Heeren & Philippot, 2010).La PC est un mouvement attentionnel volontaire par opposition à la tendance habituelle d’être sur le pilote automatique (Segal et al., 2006; Shapiro et al., 2006). Selon les différents auteurs (Baer, 2003; Berghmans et al., 2008; Grabovac et al., 2011; KabatCeci est possiblement dû au fait que, dans la littérature, la PC est présentée à partir d’ objectifs de recherche bien différents (p. ex.: description de la pratique méditative, en regard des résultats de cette pratique, ou sous l’angle des processus psychologiques sous-jacents) . Zinn, 1994; Segal et al. , 2006 ; Shapiro et al. , 2006), pour être en PC, on doit choisir délibérément d autoréguler son attention en effectuant des actions spécifiques : préalablement, en reconnaissant notre tendance habituelle à s’attacher à ce qui est agréable et à prendre en aversion ce qui est désagréable et en choisissant d’ abandonner la réaction habituelle de fuir ou combattre face à ce qui est désagréable et de plutôt l’accueillir avec bienveillance. Ensuite, pendant la pratique, en prenant conscience de ce qui est dans l’ instant présent, en soutenant son attention sur les expériences présentes, en acceptant ce qui est sans jugement, tout en maintenant une attention vigilante par rapport aux pensées et réactions automatiques, en prenant conscience de ces dernières, en les acceptant sans jugement, en inhibant les routines d’actions automatiques (pensées et réactions) ainsi qu’en adoptant un comportement planifié et dirigé vers un objectif définiintentionnellement (p. ex., réorienter et maintenir l’attention sur l’expérience présente), toujours en acceptant ce qui est, sans jugement.

Le traitement contrôlé de l’information.

  Le traitement contrôlé de l’ information est nécessaire lors de situations nouvelles, non familières ou complexes (p. ex. , situation à double tâche) (Shiffrin & Schneider, 1977). Dans un tel cas, un contrôle conscient et volontaire doit être maintenu pour mener à bien l’ action (Norman & Shallice, 1986). La personne maitrise directement les actions découlant du traitement contrôlé contrairement à celles du traitement automatique, qui peuvent se faire inconsciemment étant alors inévitables . La personne peut alors moduler ses actions selon les fluctuations des situations (Shiffrin & Schneider, 1977). On parlera alors de performance contrôlée, lente et fle xible (Norman & Shallice, 1986). Plus une tâche est ardue, plus le traitement contrôlé est long. La performance peut être lourdement affectée lorsqu’ elle doit être exécutée en même temps qu’une autre activité nécessitant le traitement contrôlé (Shiffrin & Schneider, 1977). Les traitements contrôlés sont très sensibles aux interférences (Shiffrin & Schneider, 1977). Ce type de traitement permet de s’adapter aux exigences toujours changeantes de l’ environnement en définissant et en adoptant de nouveaux types d’action. Cependant, il comporte un coût attentionnel. Le traitement contrôlé requiert de la volonté, des efforts, plus d’énergie que le traitement automatique ainsi que l’ utilisation de ressources attentionnelles qui sont limitées (Norman & Shallice, 1986; Shiffrin & Schneider, 1977). Avec la pratique répétée, une performance contrôlée peut se transformer en performance automatique (Shiffrin & Schneider, 1977). Le modèle du traitement de l’ information à deux processus inclut deux types de déficits attentionnels : les déficits d’ attention focalisée (DAF) et les déficits d’ attention divisée (DAD) (voir Figure 1). Un déficit d’attention focalisée peut se produire lorsqu’ un traitement contrôlé et un traitement automatique interfèrent l’ un avec l’ autre ; c’est-à-dire s’ ils se produisent en même temps et qu’ils se nuisent mutuellement (Shiffrin & Schneider, 1977). Notamment, ce type de déficit peut se produire lorsqu’une personne tente de vivre en conformité avec ses nouvelles valeurs (p. ex. : maintenir des interactions harmonieuses lors de désaccord avec son conjoint) et que des réactions automatiques non conformes à ses intentions surviennent (p . ex. : elle commence malgré elle à critiquer son conjoint). Cela peut conduire à une réponse inappropriée qui se produira de moins en moins souvent au fil de la pratique répétée et une nouvelle réponse pourra éventuellement être utilisée par le traitement automatique de l’ information (Shiffrin & Schneider, 1977). Quant à eux, les déficits d’attention divisée surviennent lorsque le traitement contrôlé est sollicité trop rapidement par trop de tâches importantes en même temps. Notamment, ces derniers peuvent se produire lorsqu’ une personne tente de préparer en parallèle deux plats qu’elle cuisine pour la première fois. Certaines informations, qui peuvent être essentielles, peuvent se perdre suite à ce type de déficit. Ce dernier est dû à la capacité limitée du traitement contrôlé qui éprouve des difficultés à effectuer deux tâches non routinières en même temps (Shiffrin & Schneider, 1977)

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Table des matières

Sommaire
Liste des tableaux
Liste des figures
Remerciements
Introduction
Chapitre 1. La pleine conscience
La méditation de pleine conscience
Historique de la pleine conscience
Définition de la pleine conscience
Composantes de la pleine conscience selon Shapiro et al. (2006)
Cycle des états mentaux en pleine conscience
Définitions des concepts clés
Ce qui se passe durant la pratique de pleine conscience
Programmes de pleine conscience
Effets thérapeutiques de la pleine conscience
Effets physiques
Effets psychologiques
Effets cognitifs
Les capacités attentionnelles
La mémoire
L’inhibition des réponses automatiques et flexibilité cognitive
Effets neurobiologiques
Stades: débutant et expérimenté
Débutant: top-down
Expérimenté: bottom-up
Processus sous-tendant la PC
L’acceptation
La désensibilisation
La relaxation
Changement de perspective
La métacognition
La PC et les fonctions exécutives
La prise de conscience
L’inhibition cognitive et comportementale
La flexibilité cognitive et comportementale
L’autorégulation de l’attention
Attention sélective et soutenue
Attention divisée
Chapitre II. Neuropsychologie des processus duaux
Modèles neuropsychologiques des processus duaux
Théorie de Luria
Zone basale
Zone postérieure 
Zone antérieure
Modèle de Shiffrin et Schneider
Le traitement automatique de l’information 
Le traitement contrôlé de l’information
Modèle de Norman et Shallice
Les scripts et les schémas d’actions
Les scripts
Les schémas 
Le gestionnaire des conflits (CS) 
Le système attentionnel superviseur (SAS)
Le modèle révisé du SAS
La construction du schéma temporaire
L’implantation du schéma 
L‘évaluation des résultats de l’implantation du schéma 
Discussion
La mise en relation
Neuropsychologie
Fonctions exécutives 
Processus automatiques 
Flux incessant de la pensée 
Jugements
Fusion avec les évènements mentaux 
Persistance des automatismes inadaptés 
Processus volontaires 
Contrôle attentionnel. 
Conscience
Inhibition et flexibilité
Planifier, réguler et vérifier
Opérations du SAS « révisé »
Explications neuropsychologiques de la pratique de la PC
Conclusion
Références

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