LE SYNDROME METABOLIQUE CHEZ DES SUJETS DREPANOCYTAIRES HOMOZYGOTES

L’hémolyse

         L’hémolyse des cellules drépanocytaires est à la fois extra et intravasculaire. L’hémolyse extravasculaire est due aux conséquences de l’instabilité de l’Hb S et des falciformations récurrentes qui entraînent des lésions oxydatives des membranes globulaires. L’Hb S dénaturé par l’oxydation se lie à la portion cytoplasmique de la protéine 3 favorisant la fixation de Ig G et du complément sur cette dernière; le complexe ainsi formé est reconnu par le macrophage et détruit. Aussi les drépanocytes irréversibles très rigides sont piégés dans le secteur extravasculaire ce qui explique leur courte durée de vie. L’hémolyse intravasculaire quant à elle s’explique par l’exocytose, induite par la falciformation, de vésicules riches en protéines membranaires rendant les globules rouges sensibles à la lyse, et par la fragilité mécanique qui accélère l’hémolyse durant l’exercice [18].

Prélèvement

        Le prélèvement de choix pour l’étude de l’Hb est un échantillon de sang frais prélevé sur tube contenant de l’EDTA. Le délai de conservation ne doit pas excéder une semaine en raison de l’apparition de fractions dénaturées dans le prélèvement ainsi que la dégradation de certaines fractions comme l’hémoglobine fœtale. Une transfusion sanguine récente peut fausser l’interprétation des résultats et doit absolument être connue par le biologiste de même que l’origine géographique du patient. L’âge du patient est aussi un élément important à prendre en compte pour le diagnostic d’une hémoglobinopathie.

Rôle du tissu adipeux viscéral

        La probabilité de développer une insulinorésistance et un diabète de type 2 est fortement corrélée à la quantité mais surtout à la répartition de la masse grasse. Une répartition androïde (Figure 15) de l’obésité est un marqueur fort d’insulinorésistance, de risque de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires [45]. L’existence d’une obésité androïde est évaluée cliniquement par la mesure de la circonférence abdominale. La masse grasse qui représente normalement 15 à 25 % du poids corporel, est le tissu préférentiel pour le stockage de l’énergie à long terme sous forme de triglycérides. On peut définir deux principaux sites de dépôt de tissu adipeux, le site sous-cutané et le site viscéral ou intra-abdominal dont le drainage veineux s’effectue essentiellement par la veine porte (Figure 14). Dans le syndrome métabolique ou syndrome d’insulinorésistance, il existe une augmentation de la lipolyse responsable d’une concentration élevée d’acides gras. Ces derniers sont alors transportés en excès dans le cytoplasme des cellules hépatiques où ils s’accumulent sous forme de triglycérides constituant ainsi les premiers stades de la stéatose hépatique. Le tissu adipeux n’est pas un simple site de stockage de la masse grasse mais aussi un organe qui sécrète de nombreuses protéines possédant un rôle endocrine, regroupées sous le terme d’adipokines. Ces messagers interviennent dans le contrôle de la prise alimentaire, de la thermogenèse, et de l’homéostasie glucidolipidique : leptine, TNF-alpha, résistine, IL-6, et adiponectine. Cette dernière adipokine est une protéine produite exclusivement par les adipocytes. Elle pourrait fournir un lien entre l’obésité androïde, le diabète de type 2 et les complications cardiovasculaires [46]. L’adiponectine voit sa concentration plasmatique diminuer parallèlement à l’accumulation de tissu adipeux viscéral avec comme conséquences une baisse de l’oxydation des lipides dans le muscle et le foie. De même elle aurait des effets bénéfiques sur le maintien de l’intégrité de la paroi vasculaire, effets menacés en cas d’obésité androïde.

Traitement pharmacologique de l’insulinorésistance

         Si la mise en place et le maintien des conseils d’hygiène de vie sont primordiaux, les traitements pharmacologiques sont souvent associés. Il existe actuellement deux familles médicamenteuses qui sont reconnues comme permettant de lutter contre l’insulinorésistance : les biguanides, dont le chef de file est la metformine, et les glitazones représentées par la rosiglitazone et la pioglitazone.

CONCLUSION

        La drépanocytose est la pathologie génétique la plus fréquente au monde. La prévalence mondiale est de l’ordre de 300 000 naissances par an dont 230000 en Afrique Sub-saharienne. Au Sénégal, on estime qu’elle est de 8 à 10 % dans la population générale pour le trait drépanocytaire. La drépanocytose constitue aujourd’hui un problème majeur de santé public et elle se présente en amont comme un facteur de ralentissement économique dans les pays sous-développés. La forme homozygote est une maladie hémolytique chronique avec de nombreuses complications et le risque cardiovasculaire est non négligeable. Le syndrome métabolique, définit comme l’association d’anomalies cliniques et biologiques contemporaines d’un état d’insulinorésistance, accroit le risque de survenue de maladies cardiovasculaires. Ainsi, l’objectif de notre étude était d’évaluer la prévalence du syndrome métabolique chez des sujets drépanocytaires homozygotes. Notre population d’étude était constituée de 100 drépanocytaires (profil SS) avec un sexe ratio de 0,58. Pour chaque sujet, un témoin de même sexe et de même âge ± 2 ans a été apparié. L’âge moyen des sujets était de 26 ans avec des extrêmes de 13 et 51 ans. L’étude comparative des valeurs moyennes des paramètres lipidiques et de la glycémie à jeun, entre les sujets drépanocytaires et les témoins, a fait ressortir des différences significatives, sauf avec la glycémie (p=0.37). En effet, (comparés aux témoins), nous avions noté chez les drépanocytaires une baisse du cholestérol total et de ses fractions (HDL-C, LDL-C) ainsi qu’une augmentation des triglycérides. Les résultats de la répartition des composantes du SM chez les patients ont montré que 12% des drépanocytaires présentaient un tour de taille élevé, 1% avaient une HTA et 2% une hypertriglycéridémie (>1,5 g/l). Les taux de HDL-C étaient abaissées chez 73% des patients (<0.4 homme/<0.5 Femme). L’étude de l’association des critères de définition du SM selon l’IDF 2005 chez un même individu a montré une prévalence de 2% dans notre population de drépanocytaires SS. Cette étude confirme ainsi l’existence de perturbations clinico-biologiques chez les drépanocytaires SS pouvant aboutir à une majoration du risque cardiovasculaire. Et souligne par la même occasion la nécessité de mettre en place des mesures hygiéno-diététiques, mais surtout d’assurer aux sujets drépanocytaires SS un suivi biologique particulier afin de réduire ce risque cardiovasculaire. Cependant le manque d’uniformité dans la définition du SM et l’absence de critères typiquement liés à la population africaine constitue une limite à notre étude et pour l’établissement d’une prévalence. Cette étude devrait également être complétée par la réalisation d’une étude à plus grande échelle.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE
I. GENERALITES SUR LA DREPANOCYTOSE
I.1. Définition
I.2. Historique
I.3. Aspects génétiques
I.4. Epidémiologie
I.5. Physiopathologie
I.5.1. La polymérisation
I.5.2. La déshydratation
I.5.3. L’adhésion endothéliale
I.5.4. L’hémolyse
I.6. Symptomatologie
I.6.1. Les crises vaso-occlusives
I.6.2. Les infections
I.7. Diagnostic biologique
I.7.1. Circonstances de diagnostic
I.7.2. Diagnostic anténatal
I.7.3. Diagnostic post-natal
I.7.3.1. Prélèvement
I.7.3.2. Numération formule sanguine
I.7.3.3. Frottis sanguin
I.7.3.4. Test d’EMMEL ou Test de falciformation
I.7.3.5. Test d’ITANO ou Test de solubilité l’hémoglobine S
I.7.3.6. Electrophorèse de l’hémoglobine
I.7.3.7. Chromatographie Liquide Haute Performance (CLHP)
I.7.3.8. Biologie moléculaire
II. GENERALITES SUR LE SYNDROME METABOLIQUE
II.1. Définitions
II.2. Historique
II.3. Épidémiologie
II.4. Physiopathologie
II.4.1. Rôle du tissu adipeux viscéral
II.4.2. Rôle clé du foie dans les anomalies métaboliques
II.5. Conséquences cliniques du syndrome métabolique
II.5.1. Le risque cardiovasculaire
II.5.2. Autres complications
II.6. Prise en charge du syndrome métabolique
II.6.1. Modification du style de vie
II.6.2. Prise en charge médicamenteuse
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL EXPERIMENTAL
I. MATERIEL ET METHODES
I.1. Type et Cadre d’étude
I.2. Population d’étude
I.3. Prélèvements
I.4. Paramètres étudiés
I.5. Méthodes
I.5.1. Le bilan lipidique
I.5.2. Dosage de la glycémie
I.5.3. Evaluation du syndrome métabolique
I.5.4. Statistiques
II. RESULTATS
II.1. Caractéristiques générales de notre population
II.2. Répartition de la population suivant le sexe
II.3. Moyennes des paramètres biologiques dans la population d’étude
II.4. Evaluation du syndrome métabolique dans notre population d’étude
III. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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