Le syndrome d’épuisement professionnel chez les sages-femmes des Côtes d’Armor

La profession de sage-femme a connu de nombreuses mutations depuis le XXème siècle. Nous pouvons par exemple noter la modification du nombre d’années d’études, passant de 4 à 5 en 2001, permettant ainsi l’obtention du grade master, l’ajout de nouvelles compétences telles que le suivi gynécologique de prévention ou encore l’acquisition du droit de réalisation des IVG médicamenteuses en 2016 (1). Parallèlement, nous pouvons constater un profond remaniement du paysage périnatal : diminution de 20.1% du nombre de maternité en France entre 2002 et 2012, maternités majoritairement déficitaires (2), augmentation des délais de rendez vous chez les gynécologues-obstétriciens, médicalisation croissante de la naissance (péridurales, césariennes, extractions instrumentales …). Autant de modifications qui impactent le quotidien des sages-femmes françaises. En 2013, la profession a connu un important mouvement de grève, concernant plus de 90% des maternités françaises et mobilisant des milliers de sages-femmes et étudiants sages-femmes. Les principales revendications étaient une meilleure reconnaissance de leurs compétences, une meilleure visibilité auprès des femmes, et enfin, un statut adapté au sein des hôpitaux.

Ce mouvement de grève, bien que très suivi, ne fut pas suffisant pour obtenir gain de cause sur toutes les demandes. Il semble persister, encore aujourd’hui, un sentiment de frustration dans cette profession qui peine à se faire reconnaître à la hauteur de ses compétences. Un tel mouvement serait-il le signe d’un mal être général des sages-femmes au travail ? Les sages-femmes françaises ne sont pas seules à rencontrer des difficultés dans l’exercice de leur métier. L’Organisation Mondiale de la Santé, dans une récente étude sur les soins de maternité dans le monde (3), a mis en avant la volonté générale des sages-femmes « d’offrir des soins de la meilleure qualité possible aux femmes, aux nouveau-nés et à leurs familles ». Malheureusement, cette étude met également en exergue l’impossibilité pour ces soignants de mener cette mission à bien (manque de moyen, de personnel…), générant chez eux une frustration profonde. C’est donc dans ce contexte que nous nous sommes posé la question de l’épanouissement au travail des sages-femmes : souffrent-elles d’un épuisement professionnel ? Le syndrome d’épuisement professionnel, ou burnout, bien qu’évoqué dès les années 60 en France, est conceptualisé pour la première fois en 1970 par le Dr H. FREUNDENBERGER (4), médecin psychanalyste américain. Il décrit alors ce syndrome comme « un état de fatigue, de dépression et de frustration apporté par la dévotion à une cause, un mode de vie ou à une relation à l’autre qui échoue à produire les récompenses attendues et conduit en fin de compte à diminuer l’implication et l’accomplissement au travail».

La moyenne d’âge de notre population est de 36 ans. 94,1% sont des femmes.
➤ Vécu de leurs études, attentes professionnelles
Le vécu des études est bon ou très bon pour 43%, mitigé pour 37.4%, mauvais pour 14,5% et très mauvais pour 4.7%. Le métier correspond, dans l’ensemble ou totalement, aux attentes présentes à l’entrée à l’école pour 84% des sondées. Il ne correspond pas aux attentes, dans l’ensemble ou totalement pour 12,8%. Lorsqu’il ne correspond pas aux attentes, les points divergents concernent les responsabilités, la rémunération, la place de l’administratif, la crainte du médico-légal ou l’accompagnement des patientes souhaité face à celui effectivement réalisé. Certaines sages-femmes ne pensaient pas un jour exercer ailleurs qu’en établissement de santé (pas ou peu de stage en PMI, par exemple). D’autres n’avaient pas d’attentes particulières. Enfin, certaines sont agréablement surprises de la réalité du métier par rapport à leurs attentes.

Etablissements de santé 

➤ Charge de travail
La charge de travail en elle-même est très souvent citée comme impactant négativement la satisfaction au travail (« Surmenage avec une charge de travail très forte », « surcharge de travail qui me donne l’impression de bâcler mon travail »). Les charges administratives, la traçabilité, le poids de l’informatique sont des thèmes fréquemment évoqués. A cela, est mis en balance le temps passé auprès des patientes. Pour de nombreuses sages-femmes, ce temps consacré à l’administratif est autant de temps non passé à accompagner les couples, entraînant un sentiment de frustration (« L’impression d’être accaparées par des tâches non essentielles », «Une même donnée peut être à saisir 10 fois », « Obligation, sous couvert de traçabilité, de passer de plus en plus de temps sur nos ordis au détriment du temps accordé aux couples »).

➤ Rythme de travail
Le rythme de travail en alternance jour/nuit, le travail le week-end et les jours fériés, les plannings parfois reçus « tardivement », semblent impacter négativement la satisfaction au travail (« Alternance jour/nuit difficile à gérer », « irrégularité des plannings », « rythme jour/nuit difficile à tenir sur le long terme »). Au contraire, avoir des jours de repos réguliers, un roulement stable et équitable, gérer son planning soimême, travailler de jour sont, pour elles, des facteurs influençant positivement la satisfaction au travail.

➤ Relation avec les autres professionnels de santé
Les relations parfois compliquées avec les médecins sont citées environ 40 fois par les sages-femmes interrogées, comme étant un facteur négatif : manque de reconnaissance de leur travail, conduites à tenir divergentes… (« relation difficile avec certains médecins parfois », « manque de communication avec les médecins », « humeur des médecins »). Les relations avec la hiérarchie sont également fréquemment retrouvées comme étant source d’insatisfaction : sentiment de ne pas être entendu, manque de soutien… (« manque de soutien des cadres », « pression de la direction qui nous demande toujours plus », « manque de reconnaissance par la hiérarchie du travail fourni »). Parallèlement, la relation d’équipe avec leurs collègues sages-femmes ou auxiliaires de puériculture est une source de motivation au travail. (« bonne entente avec les collègues », « soutien des collègues », «la relation avec les collègues est pour moi une source de satisfaction »).

➤ Relations avec les patientes, les couples
La relation avec les patientes semble être une source de satisfaction majeure pour les sages-femmes interrogées (« la relation avec les patientes influence positivement ma satisfaction au travail »).

Inévitablement, le manque de temps à consacrer aux patientes, comme cité plus haut, est considéré comme une source d’insatisfaction (« Réduction de notre disponibilité auprès des couples », « trop peu de temps avec les patientes »).

➤ Précarité de l’emploi, financière
Le sujet de l’emploi est revenu plusieurs fois parmi les réponses. Ainsi, certaines expriment le stress induit par l’instabilité de leur emploi, l’impossibilité de faire des projets d’avenir ou la crainte de voir le nombre de poste réduit (« nombreuses suppressions de différents postes », « travailler avec moins d’effectifs », « 5 ans de CDD avant d’entrevoir la titularisation », « manque de reconnaissance financière »).

➤ Manque de reconnaissance
Le manque de reconnaissance que ce soit de la part la hiérarchie, des médecins ou du grand public est souvent cité (« Manque énorme de reconnaissance de notre profession », « Manque de reconnaissance de nos compétences », « Manque de reconnaissance par la hiérarchie et les médecins du travail fourni »).

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Table des matières

Introduction
1. Epuisement professionnel chez les sages-femmes : méthodologie d’étude
1.1. Type d’étude
1.2. Objectifs
1.3. Population : critères d’inclusion et d’exclusion
1.4. Lieu de réalisation
1.5. Matériel
1.6. Méthode
1.7. Méthodologie d’analyse des résultats
2. Présentation des résultats
2.1. Population étudiée
2.1.1. Présentation générale de la population
2.1.2. Exercice en établissement de santé
2.1.3. Exercice libéral
2.1.4. Exercice en fonction publique territoriale
2.2. Mesure du syndrome d’épuisement professionnel
2.2.1. Population générale
2.2.2. Exercice en établissement de santé
2.2.3. Exercice libéral
2.2.4. Exercice en fonction publique territoriale
2.2.5. Etude score par score pour l’ensemble de la population étudiée
2.3. Les facteurs influents
2.3.1. Facteurs généraux
2.3.2. Exercice en établissement de santé
2.3.3. Exercice libéral
2.3.4. Exercice en fonction publique territoriale
2.4. Auto-évaluation
2.4.1. Facteurs organisationnels
2.4.2. Facteurs personnels
2.4.3. Autres éléments
3. Discussion
3.1. Forces et limites de notre étude
3.2. Le syndrome d’épuisement professionnel des sages-femmes françaises : les autres travaux réalisés
3.3. Les trois scores du Maslach Burnout Inventory : définition et analyse
3.4. Les signes cliniques et facteurs de risque d’épuisement professionnel dans la littérature et dans notre étude
3.5. Burnout : les difficultés diagnostiques en pratique
3.6. Apports de notre étude pour la pratique quotidienne
4. Conclusion

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