Le syndrome autistique

Le syndrome autistique

Généralités

Une triade de symptômes

Le terme d‟autisme provient du grec autos signifiant « soi-même ». Bleuler a été le premier à l’utiliser pour décrire une perte volontaire de relation sociale avec l‟environnement extérieur chez des patients schizophrènes (Bleuler, 1911). Ce terme a été repris par le psychiatre américain Kanner qui a été le premier à décrire l‟autisme infantile chez 11 enfants en échec précoce (Kanner, 1943). A la différence des patients schizophrènes, ces enfants exprimaient un trouble du développement relationnel et non un retrait volontaire. De plus, ils présentaient des anomalies langagières et des altérations des interactions sociales. Ces observations restent une référence pour définir l‟autisme. Dans le même temps, Asperger a décrit « des personnalités à tendance autistique » chez 4 enfants (Asperger, 1944). Bien qu’ayant des traits communs avec la cohorte de Kanner, ils différent par l’absence de retard du développement cognitif (e.g. présence d’un langage, niveau d’efficience intellectuelle).

Depuis ces deux descriptions (Asperger, 1944; Kanner, 1943), d’autres études ont permis une description plus fine de ce qu’est le syndrome autistique. Aujourd’hui, il est défini comme un trouble du développement apparaissant chez l‟enfant avant l‟âge de trois ans et caractérisé par des altérations qualitatives (1) des relations sociales et (2) de la communication verbale et non-verbale mais aussi (3) par des comportements stéréotypés et répétitifs doublés d’intérêts restreints (APA, 1994). Les déficits de la sphère sociale et de la communication, présents dans le syndrome autistique, semblent n’être que la partie observable de nombreux dysfonctionnements plus complexes et enchevêtrés. Cette triade de dysfonctionnement (Wing & Gould, 1979) est considérée comme un trouble envahissant du développement au même titre que le syndrome de Rett, le syndrome désintégratif de l’enfance, le syndrome d’Asperger et les troubles envahissants du développement non spécifié (APA, 1994; WHO, 1994).

Le syndrome autistique montre une grande variabilité clinique au cours du temps. Il est caractérisé par un développement atypique, c’est à dire présentant (1) des particularités non observées au cours du développement typique ou (2) un développement retardé. Le développement de chaque individu est unique, révélant une hétérogénéité, aussi bien clinique que biologique du syndrome. Il est par conséquent difficile de regrouper dans un seul et même terme des manifestations comportementales et neurologiques diverses. C‟est pour cette raison que le terme de spectre du trouble autistique (Autism Spectrum Disorder) est aujourd‟hui utilisé (Fisch, 2005). Ce spectre se caractérise par un continuum allant à d’une atteinte sévère avec l’expression de nombreux traits autistiques, à une atteinte plus légère avec des manifestations plus discrètes et/ou moins nombreuses, les signes cliniques étant variables en nombre et en intensité (Wing, 1988). Ceci suggère l’existence de sous-types ou sous-groupes (ou endophénotypes) au sein même du syndrome autistique.

Lors de cette recherche, nous avons travaillé avec des enfants souffrant d’autisme ou du syndrome d’Asperger afin de recouvrir l’ensemble du spectre autistique, des formes les plus sévères ou moins sévères. Nous parlerons donc de façon privilégiée de syndrome autistique, incluant les deux formes de diagnostic.

Le syndrome autistique en chiffres

Aujourd‟hui, la prévalence du syndrome autistique est de 1 cas pour 1000 naissances et jusqu’à 1 cas pour 160 naissances si on élargit à l’ensemble du spectre du trouble autistique (Fombonne, 2005; Newschaffer et al., 2007). Depuis les dernières années, le nombre de personnes souffrant du syndrome autistique a augmenté (Newschaffer et al., 2007). Il ne s‟agirait pas d‟une recrudescence de cas, mais plutôt une conséquence de l’amélioration des méthodes de diagnostic. De plus, les critères diagnostiques du DSM IV (APA, 1994) étant moins restrictifs que ceux du DSM III (APA, 1980), la prévalence d’enfants remplissant les critères du syndrome autistique est donc plus élevée. Le sex ratio du syndrome est déséquilibré puisque trois à quatre garçons sont atteints pour une fille ; qui, lorsqu‟elles sont touchées, le sont plus sévèrement (Newschaffer et al., 2007).

Au-delà de la triade d’altérations, d‟autres symptômes ainsi que des pathologies d‟origine génétique sont souvent associés. Cette co-morbidité accentue l’hétérogénéité et complexifie les recherches étiologiques. Par exemple, le retard mental est souvent associé au syndrome autistique: 70% des personnes avec autisme ont aussi un retard mental (Fombonne, 2003). Par ailleurs, l‟épilepsie est aussi liée: 5 à 39 % des personnes atteintes du syndrome autistique sont aussi épileptiques (Tuchman et al., 2009).

Une étiologie en discussion

Initialement, les facteurs environnementaux ont été avancés comme cause de l’apparition du syndrome autistique (e.g. naissance pendant une pandémie de rubéole; Chess, 1977). La théorie la plus connue est celle de la « mère réfrigérateur » où le manque d’affection maternelle entrainerait l’apparition du syndrome autistique chez l’enfant (Bettelheim, 1967). Ce n’est qu’à la fin des années 1970 que ces théories ont été remises en question. Aujourd’hui, les recherches sur les causes du syndrome autistique sont nombreuses mais aucun consensus n’a encore été atteint.

Certaines théories se fondent sur des approches psychologiques. Par exemple, la théorie d’une forme extrême du cerveau masculin (i.e. extreme male brain theory; Baron-Cohen & Hammer, 1997) s’appuie sur le fait que, de façon anecdotique, les personnes avec autisme semblent montrer une exagération des comportements masculins (Asperger, 1944). D’une part, les hommes réussissent mieux les tâches de spatialité que les femmes, tout comme les personnes atteintes du syndrome autistique (Jolliffe & Baron-Cohen, 1997). D’autre part, les femmes semblent exprimer plus d’empathie, de meilleures compétences sociales et un développement du langage plus rapide que les hommes, ce qui n’est pas le cas des personnes atteintes du syndrome autistique (Ruble & Martin, 1998; Rutter, 1978). Ces données, associées au sex ratio déséquilibré vers le genre masculin, font que le syndrome autistique pourrait être perçu comme une forme extrême de cerveau masculin incluant la notion de continuum où le syndrome autistique se fond dans le développement typique (Wing, 1988).

D’autres auteurs proposent des causes biologiques pour expliquer l’étiologie du syndrome autistique, notamment par le biais d’influences génétiques. En effet, un lien probable entre la génétique et le syndrome autistique a été mis en évidence grâce aux recherches sur les jumeaux monozygotes (Rimland, 1964) et sur le sex ratio déséquilibré (i.e. possible anomalie d‟origine génétique touchant préférentiellement les garçons (Hughes, 2008). Avec l’amélioration des techniques, une trentaine de gènes ont été évoqués comme gènes candidats potentiels (Muhle et al., 2004 pour une revue). Il existe également de nombreuses autres pistes biologiques, telles qu’un déficit des neurones miroirs (Greimel et al., 2009; Martineau et al., 2010), un dysfonctionnement mitochondrial (Graf et al., 2000; Weissman et al., 2008), des troubles immunologiques (Ashwood et al., 2008) ou encore des dysfonctionnement en lien avec la sérotonine (Tordjman et al., 2005; Tordjman et al., 2001).

Enfin, les recherches sur les influences environnementales continuent à être explorées par certains auteurs, bien que l’importance de l’environnement ait été minimisée depuis la théorie de la « mère réfrigérateur » (Bettelheim, 1967). Une dizaine d’études portant sur l’influence de la classe sociale des parents (i.e. emploi et/ou niveau d’éducation) s’accorde sur le fait qu’elle ne semble pas affecter la prévalence du syndrome autistique, pas plus que l’ethnie ou le statut d’immigrant. De plus, il n‟existe ni variation géographique ni socio-économique pouvant rendre compte de l‟apparition du syndrome autistique (Fombonne et al., 2003; Newschaffer et al., 2007; pour une revue). Par contre, d’autres aspects environnementaux pourraient être en jeu. L’influence des vaccins reste controversée comme a pu le montrer le retrait récent de la revue The Lancet – suite à des conflits d’intérêt avec des groupes pharmaceutiques – d’une étude qui établissait un lien entre le vaccin ROR (i.e. Rougeole – Oreillons – Rubéole) et le syndrome autistique (Wakefield et al., 1998). De plus, la période de naissance et donc les facteurs saisonniers qui pourraient influencer la prévalence du syndrome autistique (e.g. infections, météo, alimentation) ont souvent été étudiés mais les résultats restent trop mitigés pour tirer des conclusions fiables (Kolevzon et al., 2006; Landau et al., 1999; Lee et al., 2008). D’autres facteurs environnementaux ont été explorés (e.g. exposition à des métaux, privation sociale (Tanguay, 2000 pour une revue) mais là aussi, la généralisation des résultats reste impossible. Les interactions entre les facteurs génétiques et environnementaux sont reconnus comme influençant le développement, aussi bien chez l’animal que chez l’homme (e.g. Hausberger et al., 2004; Plomin, 2001). Cependant, ces considérations ne sont apparues que récemment dans l’étude du syndrome autistique. En effet, certains auteurs s’accordent sur la nécessité de considérer l’étiologie de ce syndrome comme multifactorielle, incluant des facteurs hérités comme non hérités (Charles et al., 2008; Stefanatos, 2008). Aujourd’hui, des chercheurs proposent que des facteurs environnementaux soient des déclencheurs dans le cas d’enfants génétiquement vulnérables (e.g. Waldman et al., 2008). Ainsi, cette liste non exhaustive révèle à quel point l’étude des causes et des facteurs en lien avec le syndrome autistique est difficile. Plus généralement, l’hétérogénéité du syndrome complexifie l’ensemble des recherches s’y intéressant.

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Table des matières

1. Introduction
1.1. Le syndrome autistique
1.1.1. Généralités
Une triade de symptômes
Le syndrome autistique en chiffres
Une étiologie en discussion
1.1.2. Les relations interpersonnelles
La mise en place des relations interpersonnelles
La théorie de l’esprit dans le syndrome autistique
Attention sociale
1.1.3. La communication
La communication verbale
Les compétences de catégorisation
Les altérations sensorielles
1.1.4. Les comportements répétés, restreints et stéréotypés
1.2. La relation homme – animal de compagnie
1.2.1. Le concept d’animal chez le jeune enfant
1.2.2. Les rôles de l’animal dans le développement de l’enfant
Le développement socio-émotionnel
L’animal dans la famille
Des nuances à apporter
1.2.3. Les interactions entre les enfants et les animaux familiers
La nature des interactions
Les facteurs influençant la relation à l’animal
1.2.4. La relation à l’animal pour les enfants avec autisme
Attention portée à l’animal
Interventions assistées par l’animal dans le cadre du syndrome autistique
1.3. La notion de relation : un paramètre essentiel
1.3.1. Des interactions à la relation
1.3.2. Le lien intraspécifique et ses conséquences
1.3.3. Le lien interspécifique et ses conséquences
1.4. Projet de recherche
1.4.1. Problématique
1.4.2. Démarche
2. Méthodologie générale
2.1. Les participants de la recherche
2.1.1. Les participants humains
Les participants avec autisme
Les participants au développement typique
2.1.2. Les sujets animaux
2.2. Les méthodes de travail utilisées
2.2.1. Evaluation clinique des sujets avec autisme grâce à l’outil ADI-R
2.2.2. Les interactions entre enfants et animaux familiers
D’après la littérature
Les questionnaires parentaux
Les observations in situ
2.2.3. Les interactions entre enfants et animaux non familiers
D’après la littérature
Choix méthodologiques
L’espèce cochon d’Inde
Déroulement du protocole
Mesures
2.2.4. Les analyses statistiques
3. La sensibilité des enfants avec autisme à l’environnement social
4. L’animal familier, partenaire pseudo social?
4.1. Vers une diversité des interactions enfants-animaux familiers
4.2. Le rôle des caractéristiques intrinsèques de l’animal familier
4.3. Les systèmes d’interaction entre les enfants avec autisme et leur chien
4.3.1. Dans la littérature
4.3.2. Choix méthodologiques et protocole
4.4. Conclusions
5. Apports de la relation aux animaux
5.1. La rencontre avec un animal non familier
5.1.1. Mise en place d’une nouvelle méthodologie
5.1.2. Application aux enfants avec autisme
5.2. Dans les compétences des enfants avec autisme
5.3. Conclusion
6. Discussion générale
6.1. Le syndrome autistique, de nouvelles perspectives
6.1.1. Une question de contexte
6.1.2. Une possible flexibilité
6.2. Les relations entre l’homme et l’animal de compagnie
6.2.1. L’enfant et l’animal
6.2.2. La compréhension des indices émis par l’animal
6.2.3. La compréhension des indices émis par l’homme
6.2.4. Le rôle du parent
6.3. Applications possibles dans les interventions assistées par l’animal
6.3.1. De la conception à la réalisation
Au préalable
Au cours des interventions assistées par l’animal
Provisoirement ou définitivement, finir une intervention assistée par l’animal
6.3.2. La recherche et les interventions assistées par l’animal
Améliorer la méthodologie pour l’étude des IAA
Développement d’outils
Les risques inhérents aux IAA
6.4. Conclusions et perspectives
Bibliographie
Annexes

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