Madagascar est un pays à vocation rizicole. Non seulement le riz est l’alimentation de base de la population malgache, avec 73% des ménages riziculteurs et 1300000 hectares de terre consacrés à la riziculture, mais aussi l’agriculture occupe les 43% du PIB agricole (RAKOTOARISOA, 2011). Cependant, la riziculture malgache connaît toujours des problèmes d’insuffisance de production, elle n’a augmenté que de 1,7 tonnes/ha à 2,4 tonnes/ha entre 1960 et 2004. Par conséquent, la principale préoccupation de l’Etat malgache est l’amélioration de la productivité de riz pour assurer la sécurité alimentaire de l’île.
A cet effet, une augmentation de l’utilisation des engrais chimiques, tout en respectant l’équilibre de l’environnement, demeure une des solutions pour améliorer la faible productivité agricole à Madagascar. L’amélioration de l’accès et de l’utilisation des engrais chimiques constitue ainsi un point important dans la politique de production agricole (RANDRIANARISOA, 2011). Le secteur de l’approvisionnement d’intrants à Madagascar se fait à l’étranger. L’engrais provient principalement d’Afrique du Sud, de Belgique et de Maurice (PARECAM, 2010). La réalité contradictoire qui se présente est qu’avec la libéralisation des marchés des intrants actuelle, l’utilisation des engrais demeure encore faible à cause du prix et de la non disponibilité au niveau des régions (FOFIFA/INSTAT, 2001). L’urée fait partie des principaux types d’engrais importés (DAP, NPK,…) à Madagascar, il figure parmi les principaux engrais utilisés dans la riziculture, et présente presque la moitié de la quantité des engrais importés avec 7 041 tonnes contre 20 322tonnes en 2010 (PARECAM, 2010). Le prix de ces intrants a augmenté au fil des temps et son accessibilité auprès des riziculteurs ne cesse donc de diminuer. Ce problème demeure une grande partie les causes de la faiblesse de la productivité du riz.
Le Projet AMBATOVY investit à Madagascar dans le développement durable d’une mine d’extraction de nickel et de cobalt associée à une usine de traitement de minerai (Annexe 1). Il produit 20 000tonnes d’engrais sulfate d’ammonium (SA) par an et cherche à les valoriser. Le SA est un engrais utilisé depuis les années 60 et 70. Il est utilisé en tant qu’engrais azoté comme l’urée dans la fertilisation de la riziculture dans certains pays de l’Europe. Afin de palier le problème de disponibilité d’engrais sus cités et puisque le SA est produit sur place entre autre meilleure accessibilité, le gouvernement malgache via le Ministère de l’Agriculture/FOFIFA établit une collaboration de recherche de l’utilisation de l’engrais SA dans la riziculture pluvial et de bas fond de Madagascar. Plusieurs essais expérimentaux ont été effectués dans diverses zones agro-écologiques de Madagascar, à savoir ; Vakinankaratra, Bongolava, Alaotra Mangoro.
MATERIELS ET METHODES
Matériels
La riziculture tient une place importante dans l’économie de Madagascar. Plusieurs recherches ont été effectuées pour développer cette filière et maintenir la sécurité alimentaire de la population à cause de la faiblesse de la production constatée. La fertilisation est une solution promettant pour accroître la productivité rizicole, la recherche le démontre. L’augmentation considérable des rendements depuis le début du siècle fut attribuée, entre autres, à l’utilisation des engrais (ZIADI, 2007).
L’azote (N) joue un rôle déterminant à la fois sur le rendement et sur la qualité des productions. C’est un constituant essentiel de la matière vivante (protéines, chlorophylle, enzymes…). Grâce à une bonne alimentation en azote, la photosynthèse est stimulée et la plante transforme davantage d’énergie solaire en production de biomasse et en rendement. Ainsi, l’apport d’engrais azoté est primordial en riziculture. Les engrais coûtent cher actuellement, son importation à Madagascar ne cesse de diminuer au fil des années. Le sulfate d’ammonium pourrait être une solution pour remédier ce problème, il peut être utilisé comme engrais à source d’azote de même catégorie que l’urée. Ce type d’engrais à l’avantage d’être fourni sur place car le projet AMBATOVY le produit en grande quantité chaque année. Le problème d’accessibilité de ce type d’intrant aux riziculteurs pourra être ainsi résolu.
D’autres avantages ont été observés sur l’utilisation de l’engrais SA en riziculture. D’après Yamaguchi (2013) : « Il y a des similitudes et des différences entre SA et autres engrais azotés. En premier lieu, avant la production en masse de l’urée, le SA était le principal engrais azoté utilisé dans le monde. Son efficacité en tant que source de N pour la production agricole est bien connue. Deuxièmement, le SA contient à la fois du N et du Souffre (S) un élément essentiel pour la croissance des plantes autant que le N. En général, les sols carencés en N sont largement distribués, tandis que les sols pauvres en S existent aux endroits spécifiques. Cependant, près de la moitié des rizières à Madagascar sont carencées en S (Velly, et al. 1966). Troisièmement, le SA est aussi chimiquement neutre, mais il est physiologiquement acide de sorte que son application pourra entraîner un problème d’acidité dans certaines conditions. Sous condition submergée, le problème est minime parce que les sols sont souvent neutralisés. Quatrièmement, le SA est moins hygroscopique contrairement à l’urée, c’est-à-dire le stockage et l’application sont plus faciles avec le SA. » .
Choix de la zone d’étude
La région du Lac Alaotra de Madagascar a été choisi pour sa forte potentialité de production de riz avec une production annuelle de 300 000t de paddy et diversité écologique favorable à la riziculture avec 85 000 à 100 000 hectares de rizières ( DEVEZE, 2007; RASOAMANANA et al, 2011).
Une station de recherche rizicole, Centre de Recherche de Moyen Est_FOFIFA , est basée dans le rive Est du Lac Alaotra, auquelle a été menée les expérimentations durant les 3 dernières années, en collaboration avec les Projets PaPriz_JICA et AMBATOVY. La région du lac Alaotra se situe à 250 km au Nord Est d’Antananarivo, à une latitude de 17°30’ Sud et une longitude de 48°30’ Est (Monographie d’Ambatondrazaka, UPDR).
Revue de la littérature
La riziculture occupe une place importante dans l’économie malgache, l’agriculture a donc un rôle important dans la réduction de la pauvreté. Des résultats de recherche ont démontré qu’une productivité agricole améliorée peut faire une différence importante en termes de pauvreté et de sécurité alimentaire et que l’agriculture a ainsi un rôle prédominant à jouer dans chaque stratégie de réduction de la pauvreté (BART, 2006). En riziculture, la fertilisation est primordiale pour que le rendement soit maximal. L’azote est l’élément essentiel pour la croissance et le développement du riz. Plusieurs recherches ont été réalisées démontrant qu’il est l’élément le plus limitatif pour la croissance des plants (ZIADI, 2007) et les plantes carencées en azote ont une croissance réduite, des feuilles virant au jaune et donnent de faibles rendements (LACHARME, 2001).
Cependant, actuellement le coût des engrais ne cesse d’augmenter, et par conséquent l’accès est limité. Plusieurs organismes de développement ont poussé leur recherche sur la situation actuelle de l’accès et de l’utilisation des engrais chimiques à Madagascar. Seuls 15% des communes ont déclaré disposer régulièrement d’engrais minéraux, c’est-à-dire qu’il y a un revendeur d’intrants agricoles en permanence. La disponibilité est occasionnelle pour 12% ; et. pour la majeure partie des communes (73%), il faut se déplacer dans une autre commune pour avoir accès aux engrais minéraux ce qui rend le coût total ainsi que le coût unitaire d’acquisition de l’engrais plus élevés avec l’augmentation des frais de transport et des frais de transaction (RANDRIANARISOA, 2001).
Une utilisation d’engrais à bon escient, permet de réduire le coût de production et d’améliorer la productivité. Une étude a été effectuée dont le document est constitué de différents dossiers dans lesquels sont donnés des conseils très pratiques aux producteurs pour leur permettre de porter leurs rendements à des niveaux élevés et à des coûts acceptables (LACHARME, 2001).
|
Table des matières
INTRODUCTION
I. MATERIELS ET METHODES
I.1. Matériels
I.1.1. Justification du thème
I.1.2. Choix de la zone d’étude
I.1.3. Revue de la littérature
I.1.4. Les fertilisants utilisés : SA, urée, NPK, fumure organique
I.1.5. Le matériel végétal utilisé : la variété Madikatra (X1648)
I.1.6. Outils de traitement de données
I.2. Méthodes
I.2.1. Démarches communes des hypothèses
I.2.2. Démarches spécifiques à chaque hypothèse
I.2.3. Limites de la méthodologie
I.2.4. Chronogramme des activités
II. RESULTATS
II.1. Impacts du développement des plants de riz traités à différentes fertilisations combinées de SA et Urée
II.1.1. Hauteur des plants
II.1.2. Tallage des plants
II.2. Rendements rizicoles obtenus de chaque traitement
II.2.1. Rendement des grains et composantes de rendement
II.2.2. Rendement de la biomasse sèche de la paille
II.2.3. Indice de récolte (IR) et rapport grain/paille (G/P)
II.3. Analyse de rentabilité économique
II.3.1. Surplus de productivité
II.3.2. Compte de résultats
III. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
III.1. Discussions
III.1.1. Développement des plants de riz
III.1.2. Rendement rizicole
III.1.3. Rentabilité économique
III.2. Recommandations
III.2.1. Sur le plan technique et expérimental
III.2.2. Sur le plan socioéconomique
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES