La gestion d’opinions
La gestion d’opinions, ou le fait de « provoquer des attitudes » , a pour but non pas d’informer mais de rallier le public à sa cause (ou à celle de son commanditaire) au moyen de tous les outils possibles de la communication, même les moins éthiques. Si la gestion est mal faite, i.e. elle est visible, alors le public devient conscient de la manipulation, exerce son esprit critique et cherche alors à s’informer, à augmenter ses connaissances scientifiques et techniques sur le sujet. Il faut cependant garder en tête que « Toute action de communication cherche plus ou moins à convaincre, on est toujours enclin à défendre ce qu’on expose. La différence entre exposition et gestion réside en ce que la première accepte de se voir contredite, au point de reconnaître la nature partisane de ses positions, alors que la seconde poursuit exclusivement une logique de conquête. » (p.122)
Dans une moindre mesure, c’est peut-être dans cette catégorie que pourrait se positionner le deuxième moteur de la CSP qui est « Communiquer pour exister » , du point de vue des grandes institution de recherche. La communication publique est nécessaire pour les grandes institutions afin de justifier leurs missions, leurs dépenses et d’obtenir le soutien du public et de l’État dans l’avenir, surtout en cas de possibles réductions budgétaires.
L’actualisation des connaissances
Cette fonction de la CSP se comprend assez facilement : elle a pour but d’actualiser les connaissances des non-spécialistes et d’informer le public sur les sujets d’actualité. La CSP aide grandement les écoles et professeurs à découvrir les nouvelles technologies, les nouveaux savoirs et à rattraper ainsi le retard de l’éducation nationale sur l’avancée des sciences, comme le soutient M. François le Lionnais, président de l’Association des Écrivains Scientifiques de France, dans la réunion-débat du 26 février 1958 au Palais de la Découverte (Schiele, 2005). Ces trois premières fonctions rejoignent les deux premiers enjeux de la CSP définis par Bernard Schiele. Le premier est « la transmission des valeurs et des habiletés sur lesquelles s’est édifiée notre société » (Schiele, 2005, p.17). Pour maintenir le développement de la recherche scientifique et technique il faut promouvoir et transmettre les valeurs et compétences nécessaires à ces métiers, comme « l’assimilation des modes de raisonnement inhérents à la pensée scientifique » , une responsabilité qui, selon lui, « incombe d’abord et avant tout à l’école, soutenue par la communication S&T » (p.17). Le second est « le maintien, voire l’augmentation, de la marge de compétitivité économique » (p.17). En effet, pour que la nation reste compétitive du point de vue économique il faut non seulement avoir connaissance des dernières avancées technologiques et scientifiques, mais aussi pouvoir les comprendre afin de développer de nouvelles compétences.
L’intégration
Par ce concept, les médias de masse permettent aux gens de s’approprier de nouvelles façons de penser et de voir le monde à partir de la science : « Cette quatrième fonction rejoint partiellement le concept de “mise en culture de la science”, introduit par le physicien Jean-Marc Levy-Lebond, moyennant une nuance sensible. Ici le slogan s’énoncerait comme : “mettre les sciences en culture mosaïque” ! » (Fayard, 1988, p.126).
Le moteur de la CSP associé à cette fonction est celui du lien entre la science et la société.
La CSP diffuse un nouveau discours de référence concernant la description de l’univers et la place de l’être humain dans son histoire. Cela rejoint le troisième moteur de la CSP de Schiele (2005, p.18) : « la participation à la culture contemporaine » . Elle se place en lien entre les sciences humaines, sociales, littéraire et les sciences « dures ». Elle aspire également « à devenir l’un des pivots de débats science et société, ouverts au grand public. » (Fayard, 1988, p.86)
L’information
Cette dernière fonction a pour but d’organiser le dialogue avec le public, de lui donner non seulement les informations mais aussi les clés d’analyse pour pousser son questionnement vis-à-vis des sciences.
Le moteur à l’origine de cette fonction est la volonté de mettre en place une « démocratie technologique », ou ce que Schiele (2005) appelle une « responsabilisation démocratique » (p.18). Cela implique que chaque citoyen puisse prendre part aux débats environnementaux, sociétaux, philosophiques etc., ou au minimum puisse comprendre les enjeux et arguments employés. Pour cette raison il faut permettre l’accès du plus grand nombre à la communication scientifique et technique.
Les acteurs de la CSP
Le terme d’« acteur » de la CSP fait référence à tout individu et groupe institutionnel ou informel impliqué activement dans la communication scientifique aux non-spécialistes.
Les enseignants-chercheurs, chargés de communication, médiateurs scientifiques, CCSTI en constituent une liste non-exhaustive. Les entreprises et institutions scientifiques vont soit investir dans une cellule communication qui leur est dédiée, soit travailler avec des structures de la CSP externes. Un lien de confiance se crée entre les centres de recherche et les structures de la CSP, car ces dernières savent comment communiquer correctement sur les sciences. Ce sont « des partenaires sensibles et avertis, soucieux de réduire les déformations, liées au transfert d’informations » (Fayard, 1988, p.97) contrairement aux médias qui traitent le plus souvent la science avec un registre (de langue) renvoyant au spectaculaire et au sensationnel.
Ces dernières années les CCSTI et musées cherchent de plus en plus à se renouveler, voire à se réinventer. Un exemple récent est le Palais de la Découverte (Paris), qui a fermé ses portes en novembre 2020 pour une rénovation architecturale et scientifique de grande ampleur. Dans la même idée, le musée des Confluences (Lyon), qui a ouvert ses portes en décembre 2014, se distingue d’autres musées plus vieux par le fait qu’il a créé ses expositions permanentes sans partir de collections initiales mais plutôt en commandant spécialement les objets dont il avait besoin. Mais la recherche scientifique (et aussi technique et industrielle) se développe beaucoup trop vite pour que les CCSTI et musées puissent suivre l’allure et proposer au public des expositions et activités qui représentent en tout temps l’état de la recherche scientifique. Il serait alors raisonnable que ce rôle revienne aux institutions scientifiques qui sont en contact direct avec les différents laboratoires et équipes de recherche.
C’est effectivement une tendance qui s’observe depuis quelques années, avec par exemple le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS). Déjà accoutumé la communication scientifique, son influence s’étend à un public plus jeune et diversifié avec la création en 2017 de sa chaîne Youtube de vulgarisation scientifique « Zeste de Science ». Le CNRS étant la plus grande institution scientifique de France, cette observation n’est pas une surprise, mais la même tendance est visible à l’échelle locale, avec l’exemple du sujet de cette étude .
Le service communication de l’OSUG
Le service communication de l’OSUG est composé actuellement d’une chargée de communication et culture scientifique, Marion Papanian, et d’une chargée de projets audiovisuels et communication, Ostiane Chaboisson. Les missions de ce service sont différenciées en deux catégories : la communication interne et la communication externe, aussi appelée communication institutionnelle.
La communication interne consiste en l’animation et l’organisation de la communication au sein de la fédération (organisation de journées internes, newsletter, etc.). La communication externe, comme son nom l’indique, est tournée hors de l’institution. Elle consiste en la valorisation des recherches scientifiques auprès des différents publics (manifestations scientifiques, liens avec les médias, etc.) ainsi qu’en la promotion de l’OSUG et de son rôle auprès de divers publics (observation, formation, recherche, diffusion)
Pour mener à bien ces missions, le service communication de l’OSUG anime les réunions mensuelles de la commission communication. Composée de 22 membres répartis entre presque toutes les unités de l’OSUG (voir le tableau 1.1), elle permet une collaboration efficace entre les différents chargés de communication de chaque unité.
La newsletter externe de l’ISTerre
Présentation de la newsletter et de sa genèse
La newsletter est née d’une initiative de la chargée de communication de l’ISTerre, Angélique Carrara, dans l’optique d’optimiser la communication interne du laboratoire. Cette idée a évolué suite aux discussions entre Angélique et la direction du laboratoire pour aboutir à un compromis entre communication institutionnelle, à destination des chercheurs et des tutelles, et culture scientifique, à destination d’un public curieux de sciences.
Les objectifs de cette newsletter sont donc multiples. Du point de vue institutionnel il y a la valorisation des activités du laboratoire en interne et l’utilité de faire « un arrêt sur image » pour valoriser les recherches auprès des tutelles et des collègues d’autres laboratoires. Du point de vue culture scientifique, il y a cette volonté de « met [tre] en avant les publications phares des équipes » , d’« essayer de montrer les différents métiers de la recherche qui ne se limitent pas au statut de chercheur » , de « communiquer à l’extérieur, montrer ce qui est fait dans un laboratoire » et « également de donner la parole aux membres du labo […] l’occasion de s’exprimer à l’externe » .
Ces différents objectifs visent donc des publics très différents : du côté institutionnel cette lettre est principalement à destination des tutelles et des collègues chercheurs, qu’ils soient membres de l’ISTerre ou d’un autre laboratoire, tandis que du point de vue de la culture scientifique cette newsletter s’adresse au public réel de l’ISTerre et non au « grand public » de manière large, comme l’explique Angélique : il faut aussi apprendre à vraiment connaître les personnes qui t’entourent, ta sphère qui te suit sur les réseaux, qui regarde ton site web. Vraiment les personnes que tu es susceptible de toucher, qui sont-elles ? Quand tu regardes un labo comme le mien, cela va être beaucoup d’étudiants, de scientifiques, plus ou moins reliés à mon domaine, des fois on va avoir des domaines assez éloignés, des personnes qui font de la physique, des maths, on va même avoir des personnes qui sont en sciences sociales et qui s’intéressent un petit peu à d’autres sciences. Mais ce sont toujours en général des personnes qui ont un pied dans les sciences. Mais cela ne veut pas dire que ce sont des personnes qui sont spécialisées en sciences de la Terre.
La newsletter trimestrielle de l’ISTerre est composée de cinq rubriques : « Publications phares », « Actualités scientifiques », « Événements marquants », « Focus sur » et « Rencontre avec ». Dans la première rubrique les publications phares qui ont été publiées pendant le trimestre passé sont présentées par un petit résumé vulgarisé. La deuxième section essaie « de mettre en avant l’activité scientifique des membres du laboratoire » (distinctions, équipements scientifiques, interview vidéo etc.). Il y a ensuite un court agenda pour les dates à ne pas manquer puis la section « Focus sur », qui est comme son nom l’indique, un « zoom sur une thématique, sur un événement qui est très important pour l’ISTerre » . Enfin la rubrique « Rencontre avec » consiste en une ou deux interviews de personnels du laboratoire d’horizons variés.
Les acteurs et leur rôle
Pour cette action de communication, Angélique a pris une part très importante à l’initiation du projet comme à sa réalisation formelle. En effet, si les informations scientifiques et le contenu des différentes rubriques sont entièrement fournies par les responsables d’équipes (pour les publications) ou la direction du laboratoire (en particulier pour les actualités scientifiques et le focus), Angélique a une influence prépondérante sur la forme que prend cette newsletter et définit son rôle en conséquence : Je suis un peu la passerelle. C’est un petit peu mon rôle global au sein du laboratoire, je suis vraiment la passerelle entre le chercheur, le directeur, ils veulent ça, moi je vais le reformuler, le mettre en page, le vulgariser, l’arranger, y mettre ma pâte, pour ensuite le sortir.
Les vidéos de l’OSUG
Les vidéos Flash
Depuis le 23 octobre 2020, environ une semaine sur deux, est publiée sur Youtube une nouvelle vidéo de la série Flash. Dans ces vidéos très courtes (deux minutes maximum) un chercheur de l’OSUG répond à une question scientifique en des termes simples et clairs.
Ostiane Chaboisson a été embauchée en tant que chargée de projet audiovisuel et communication pour assurer la réalisation de cette série de vidéos. Elle est donc en charge de la rédaction des scripts en collaboration avec les chercheurs impliqués, du tournage des vidéos mais aussi du montage, de la post-production et de la publication.
Cette série a été initiée par le service communication de l’OSUG avant l’arrivée d’Ostiane pour, à la fois investir le format vidéo et proposer un message unifié de l’OSUG.
Ostiane : [avant la mise en place des vidéo Flash] Il n’y avait pas vraiment d’unification ou de message derrière, donc l’objectif c’était d’avoir un positionnement avec une production OSUG qui mette en avant des thématiques ou des travaux de recherche qui sont faits dans des laboratoires de l’OSUG. Mais ces objectifs institutionnels sont fortement liés à l’objectif premier de ces vidéos qui est la diffusion et vulgarisation de la science. Ce lien est très visible dans le discours de Marion:
Notre objectif c’était de produire du contenu vidéo pour élargir notre cible et sortir du territoire au sens géographique. […] L’objectif pour nous c’est de diffuser et rendre accessible certains sujets scientifiques […] le but de la diffusion c’est aussi de booster notre chaîne Youtube et d’arriver à être plus présent sur ce réseau social là et de toucher plus de monde. Le but premier quand on fait ce genre de choses-là c’est de rendre la science accessible. L’objectif c’est que ça diffuse au niveau du public et que cela plaise, que les gens aient envie de regarder d’autres vidéos et d’en apprendre plus, d’aller se renseigner et de faire des liens entre les différents réseaux et le site web. Qu’ils puissent ensuite trouver des ressources aux questions qu’ils se posent. On cherche aussi à gagner en visibilité.
Comparaison de cette étude avec la littérature
Les différentes actions de communication étudiées dans ce chapitre impliquent diverses logiques communicationnelles et sont sous-tendues par des règles et normes similaires à ce qui a déjà pu être observé dans la gestion des banques d’images d’institutions scientifiques (Babou & Le Marec, 2008).
Pourquoi l’OSUG et ses laboratoires communiquent sur les sciences ?
Communiquer pour exister et se valoriser
Les actions de communication institutionnelle visent en particulier à informer les financeurs de ce qui est fait au sein de la fédération et de ses laboratoires. Cela rejoint le deuxième moteur de la CSP, « communiquer pour exister » (Fayard, 1988). Dans leur étude des banques d’images d’institutions scientifiques publiques et privées, Babou et Le Marec (2008) soulignent une logique de « production d’identités institutionnelles » :
Les responsables de services d’information et de communication se donnent une double mission : produire l’identité communicationnelle de l’institution (son « image » médiatique), et faire reconnaître les professions de la communication au sein de l’organisme en leur donnant une visibilité.
C’est aussi ce qui est observé au service communication de l’OSUG en particulier avec leur nouvelle série de vidéos (Flash). C’est, en effet, une des seules actions de communication initiée et entièrement créée par ce service communication de l’OSUG (en collaboration avec les chercheurs).
Un des buts de la communication institutionnelle est aussi d’« être attractif (désaffection des filières scientifiques) » et de « positionner l’organisme dans le paysage de la recherche (et notamment le niveau d’excellence) » (Marion). Cela passe par une logique de valorisation, à la fois des travaux des chercheurs mais aussi par exemple des travaux réalisés par l’université pour l’ISTerre. Cette valorisation pour attirer (étudiants, chercheurs, partenaires etc.) peut se rapprocher de l’idée de célébration développée par Pierre Fayard.
Sources
Les organismes publieurs des communiqués et actualités web
Les communiqués de presse et actualités web sont diffusés et relayés par de nombreuses sources. En effet, un chercheur travaille rarement seul et il est courant qu’un article soit signé par une équipe de chercheurs de différentes affiliations. Ainsi, un communiqué de presse sera diffusé par la tutelle d’un des membres de l’équipe (les logos des différentes tutelles sont toutefois présents sur le communiqué) et relayé immédiatement par celles des autres membres.
Pour des raisons de rapidité, cette étude s’intéresse aux sources premières et non aux relais qui s’ensuivent.
La figure 4.4 présente la proportion d’actualités presse de l’OSUG publiée par chaque organisme et tutelle. L’étiquette « Autre source » regroupe 17 organismes mineurs (entre 1 et 5 articles publiés). La liste complète des sources est référencée en annexe B.1.1. Le CNRS regroupe à lui seul presque la moitié de la communication publique de l’OSUG en termes de communiqués de presse et actualités web. Il est suivit, avec seulement 16%, par l’UGA, puis l’IRD à 6% et enfin l’INRAE et Météo-France à moins de 4% chacun. L’ordre de ces cinq tutelles est le même que pour le classement des tutelles de l’UAR OSUG.
Le CNRS publie presque trois fois plus de communiqués et actualités web que l’UGA.
Cette différence ne semble pas pouvoir être attribuée à une proportion plus élevée de chercheurs CNRS que d’enseignants chercheurs de l’UGA. En effet, même si les effectifs par statut pour l’OSUG sont inconnus, il est possible de faire une estimation à partir des données présentes dans le rapport « Le CNRS en chiffres » de 2016 . En 2015, dans les laboratoires liés aux CNRS il y avait 10 660 chercheurs CNRS pour 29 246 enseignants chercheurs. Il y avait donc environ trois fois plus d’enseignants chercheurs que de chercheurs CNRS.
La proportion des différents formats pour chaque source, présentée en figure 4.5 montre que les instituts du CNRS publient uniquement des actualités web. Les communiqués de presse CNRS sont entièrement publiés par les délégations nationales ou régionales du CNRS.
Au contraire, l’UGA publie proportionnellement beaucoup moins de communiqués de presse que d’actualités web. Les nombres inscrits dans chaque barre du diagramme indiquent le nombre de communications de la catégorie correspondante. Ils sont assez faibles pour les autres sources (INRAE, ESO, Météo France …) ce qui rend l’interprétation de ces proportions non pertinente.
Les unités de l’OSUG
L’implication des différents laboratoires et équipes de recherche n’est pas uniforme ni même proportionnelle à leur effectif. C’est ce que montrent les figures 4.6 et 4.7 pour respectivement les communications presse et les ressources grand public de l’OSUG. La distorsion de représentation est calculée comme étant le rapport entre la visibilité de l’unité pour la communication étudiée (par exemple le nombre de ressources grand public de l’unité sur le nombre total de ressources) avec la proportion en effectif de l’unité dans l’OSUG. Les données correspondantes sont regroupées dans le tableau B.1 de l’annexe B.3. Les unités avec une distorsion de représentation supérieure à 1 sont surreprésentées par rapport à leur effectif, tandis que les autres sont sous-représentées.
Dans les deux types de communication, l’IGE et l’IPAG sont surreprésentés. Ces deux laboratoires contribuent à plus de la moitié des textes de communication publique de l’OSUG alors qu’ils ne représentent qu’un peu moins d’un tiers des effectifs de l’OSUG. Le LECA est correctement représenté par les communiqués de presse et actualité web tandis qu’il est lui aussi surreprésenté dans les ressources grand public. Le Centre d’Etude de la Neige (CEN) et le Jardin du Lautaret sont surreprésentés par les communiqués de presse et actualité web mais totalement absent des ressources grand public.
La suite montrera que cette surreprésentation de certains laboratoires est liée aux thématiques de recherches qui sont très médiatisées.
Médiatisation par thématique et type de sujet
Relai médiatique en fonction du format
La médiatisation des communiqués de presse et actualités web est calculée selon la méthode décrite dans la section 2.1.4. Le calcul sans la prise en compte des thématiques ou types de sujet donne une idée du taux de transmission de l’information scientifique vers le public non scientifique. La figure 4.8 montre la proportion d’articles qui sont relayés par les médias en fonction du nombre de relais selon le format de la communication (communiqué de presse, actualité web ou indifférent).
La sous-figure (a) souligne clairement que, quelque soit le sujet ou la thématique, moins d’une communication scientifique publique sur deux est relayée par les médias. Cependant le format influe beaucoup sur cette valeur comme le montre les sous-figures (b) et (c). Environ 3/4 des informations publiées uniquement sous forme d’actualités web ne sont pas relayées par les médias. Au contraire, plus de 2/3 des communiqués de presse sont relayés, dont près de 1/3 est relayé plus de 7 fois. Cela confirme bien l’hypothèse selon laquelle les journalistes vont très peu chercher l’information sur les sites web des institutions et utilisent préférentiellement les communiqués de presse comme source.
Relai médiatique en fonction des thématiques
Chaque sujet (communiqué de presse, actualité web ou ressource grand public) se voit attribué une ou plusieurs thématiques de la liste présentée dans le tableau 2.1. La figure 4.9 montre la proportion de chaque thématique dans la communication presse de l’OSUG (a) et dans les sujets de cette communication relayés par les médias (b). Le « paysage médiatique » présenté en (c) correspond à la proportion des sujets relayés par les médias pondérée par le nombre de relais.
Relai médiatique en fonction du type de sujets
La même analyse que précédemment est cette fois réalisée en considérant les quatre types de sujets définis dans le tableau 2.1. Contrairement aux thématiques, l’attribution d’un sujet à une ou plusieurs de ces catégories peut-être subjective. Néanmoins, en dépit de ses limites c’est cette méthode qui a été utilisée ici pour une première approche. Le tableau 4.1 présente la composition en thématiques obtenue pour chaque catégorie de type de sujet (spectaculaire, sociétal, projet et autre). Une majeure partie des sujets spectaculaires est liée à l’astronomie et aux prouesses instrumentales associées aux découvertes, tandis que les sujets sociétaux concernent plutôt le climat et la fonte des glaces. La thématique « Sociétés » regroupe principalement des sujets concernant de près les sociétés contemporaines, telles que les ressources, les énergies et la pollution. Les catégories « Projet » et « Autre » montrent plus d’uniformité en termes de thématiques que les catégories « Spectaculaire » et « Sociétal » qui sont plus ciblées sur des sujets d’intérêt particulier pour le public.
Comme dans la section précédente, la figure 4.11 montre la proportion de chaque type de sujet dans la communication presse de l’OSUG (a), dans les sujets de cette communication relayés par les médias (b), et le « paysage médiatique » associé (c). L’OSUG met principalement en avant des sujets sociétaux et ne publie pas énormément de sujets spectaculaires comparé aux deux dernières catégories. Cependant ce sont bien eux qui sont sur-relayés par les médias et surreprésentés dans le paysage médiatique. Les deux catégories qui concernent plus la recherche fondamentale (« Projet » et « Autre ») sont quant à elles très peu présentes dans le paysage médiatique. Ceci rejoint ce qui a déjà été observé dans l’étude comparative de de Cheveigné (2005) menée sur 15 journaux télévisé de 8 pays européens : « La part de la recherche fondamentale est partout très faible, inférieure ou de l’ordre de 10%. » . Ces résultats sont également cohérents avec les retours des enquêtés, tous estimant que les sujets demandés par le public sont en général liés aux enjeux sociétaux ou au contraire fascinants.
Les acteurs interrogés et leur rôle
Marion Papanian, chargée de communication et de culture scientifique de l’OSUG qualifie son rôle auprès des chercheurs de « conseil, support, opérationnel et facilitateur » , tandis qu’auprès des membres de la commission communication il y a en plus celui de coordination, conseil en stratégie, et également un rôle moteur de la commission. Pour les missions de diffusion de la culture scientifique, elle est chargée de la diffusion et coordonne des stagiaires qui vont se charger de la création de nouveaux dispositifs. Pour la communication institutionnelle au contraire, elle est amenée quelques fois à rédiger des textes en lien avec l’actualité scientifique des laboratoires, mais le plus souvent elle doit « trouver les voies de valorisation » des contenus créés par les chercheurs.
Ostiane Chaboisson, chargée de projet audiovisuel et communication à l’OSUG est en charge des projets vidéos de l’OSUG (Flash et second projet) « de A à Z. D’où le “cheffe de projet” [audiovisuel] » . Elle est également un relai des actualités institutionnelles sur le site web et les réseaux sociaux, et a un rôle de support technique de production assistée par ordinateur (PAO) pour le Centre Spatial Universitaire de Grenoble (CSUG).
Angélique Cararra, chargée de communication de l’ISTerre a un double rôle, celui de relai entre l’OSUG et le laboratoire mais aussi celui de chargée de la communication interne et publique du laboratoire. C’est un rôle à la fois de soutien et de traduction de ce que veulent communiquer les chercheurs. Pour ces raisons elle défini son rôle comme étant « la passerelle entre le chercheur, le directeur » et le public visé par les actions de communication, mais aussi entre le laboratoire et l’OSUG. Henri-Claude Nataf, chargé de mission sur la communication au sein de l’ISTerre a un rôle, en ce qui concerne la CSP, que l’on pourrait qualifier de conseiller scientifique auprès des chargés de communication car il a une certaine connaissance du laboratoire et des activités scientifiques des chercheurs. « Un des travaux c’est d’essayer de trier les initiatives et voir celles dans lesquelles on peut être le plus pertinent et à-même de réagir. » Julien Milli, coordinateur de la communication scientifique pour l’IPAG au sein de l’OSUG a « vraiment un rôle de coordinateur, faire le lien entre ce qui se fait en termes de communication scientifique au sein de l’IPAG et l’aide que peut apporter le pôle communication de l’OSUG » .
Enfin Élise Beck, enseignante-chercheuse et responsable de l’équipe Environnements du laboratoire PACTE, est largement impliquée dans diverses actions de CSP en rapport avec les risques et la géomatique, ses thématiques de recherche et d’enseignement. Bien qu’il n’y ait pas de mission d’observation et de diffusion dans son poste, contrairement aux Conseil National des Astronomes et Physiciens (CNAP) par exemple, elle considère que « ça fait partie intégrante de notre métier » . Elle se retrouve donc impliquée aussi bien dans l’initiation, la création ou la diffusion d’actions de CSP.
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Table des matières
1 Introduction
1.1 Un concept à la base de tout ce qui suit : la CSP
1.2 Un objet d’étude précis : l’OSUG
1.3 Le sujet de cette étude : la CSP réalisée au sein de l’OSUG
2 Méthode
2.1 Analyse des corpus de documents
2.2 Entretiens semi-directifs
3 Analyse des entretiens
3.1 La communication institutionnelle
3.2 La diffusion de la culture scientifique
3.3 Deux exemples alliant communication institutionnelle et culture scientifique
3.4 Comparaison de cette étude avec la littérature
4 Analyse des corpus de documents
4.1 Formats
4.2 Sources
4.3 Médiatisation par thématique et type de sujet
5 Conclusion
5.1 Bilan des entretiens
5.2 Bilan de l’analyse des corpus
5.3 Perspectives pour une étude plus complète
Références
Glossaire
Liste des Figures
Liste des Tableaux
A Analyse des entretiens
A.1 Marion Papanian – Chargée de communication et culture scientifique OSUG
A.2 Ostiane Chaboisson – Chargée de projet audiovisuel et communication OSUG
A.3 Angélique Carrara – Chargée de communication de l’ISTerre
A.4 Henri-Claude Nataf – Chargé de mission sur la communication au sein de l’ISTerre
A.5 Julien Milli – Coordinateur de la communication scientifique pour l’IPAG au sein de l’OSUG
A.6 Elise Beck – Enseignante-Chercheuse de l’équipe Environnement du laboratoire Pacte
A.7 Grille d’analyse résumée
B Les corpus de documents
B.1 La revue de presse OSUG 2017-2020
B.2 Les ressources grand public de l’OSUG 2013-2015
B.3 Tableau d’analyse des résultats
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