รpidรฉmiologie
Prรฉvalence de l’asthme
Selon l’OMC, environ 235 millions de personnes dans le monde seraient asthmatiques, ce qui correspond ร la maladie chronique la plus frรฉquente chez l’enfant [1]. Il est estimรฉ que la prรฉvalence mondiale dรฉpasse les 10%, mais ce chiffre varie en fonction des pays et suit l’urbanisation et l’occidentalisation des modes de vie. Par consรฉquent, on peut prรฉvoir une augmentation significative sur les prochaines dรฉcennies. En France, les donnรฉes sur la prรฉvalence ont รฉtรฉ fournies par des enquรชtes dรฉclaratives rรฉalisรฉes entre 1995 et 2005. Chez lโadulte, 4,4 % des personnes รขgรฉes dโau moins 15 ans interrogรฉes dans le cadre de lโenquรชte dรฉcennale santรฉ 2003 ont dรฉclarรฉ avoir eu une crise dโasthme au cours des 12 derniers mois, 4,6 % ont dรฉclarรฉ prendre actuellement un traitement pour lโasthme, soit une prรฉvalence de lโasthme actuel estimรฉe ร 6,0 % (Tableau 1) [2]. Lโenquรชte santรฉ et protection sociale estimait en 1998 la prรฉvalence de lโasthme actuel, tous รขges confondus, ร 5,8 %, soit environ 3,5 millions de personnes dont la moitie souffraient dโasthme persistant [3]. En 2006, la prรฉvalence de lโasthme actuel รฉtait estimรฉe ร 6,7 % .
Il y a 20 ans celle ci รฉtait de 2 ร 3 % [5]. Le retentissement sur le vie quotidienne de la population, sur les systรจmes de santรฉ et donc les coรปts sont en constante augmentation. Une รฉtude plus rรฉcente rรฉalisรฉe chez des enfants de maternelle montre une augmentation significative de la prรฉvalence des symptรดmes รฉvoquant un asthme .
Hospitalisation
On estime ร un peu plus de 64000 sรฉjours hospitaliers pour asthme en France. Deux tiers de ces hospitalisations concernent des enfants de moins de 15 ans. On observe une diminution des hospitalisations dans les annรฉes 2000 mais au cours des derniรจres annรฉes, on peut noter une rรฉascension de ce chiffre . En analysant par tranche d’รขge, le chiffre reste inchangรฉ pour les plus de 15 ans mais reste en augmentation pour les moins de 15 ans .
Mortalitรฉ
En France, 883 dรฉcรจs par asthme ont รฉtรฉ enregistrรฉs durant l’annรฉe 2013. Le taux brut de mortalitรฉ par asthme est de 1,34/100000 personnes tous รขges confondus de plus de 45 ans et de 0,17/100000 personnes รขgรฉes de moins de 45 ans [7] alors qu’entre 2000 et 2008 on estimait ร 1200 en moyenne le nombre de dรฉcรจs par asthme [8] : les taux de mortalitรฉ par asthme, contrairement ร la prรฉvalence, ont diminuรฉ depuis l’an 2000, chez les hommes comme chez les femmes . Par rapport aux autres pays europรฉens, la France occupait en 2010 une position moyenne en se basant sur le taux standardisรฉ de mortalitรฉ par asthme tous รขges confondus d’Eurostat.
Coรปt
Le coรปt financier de l’asthme repose sur les actions directes (consultation mรฉdecins gรฉnรฉraliste et spรฉcialiste, mรฉdicaments et hospitalisations) ainsi que sur les consรฉquences indirectes (diminution du temps de travail, dรฉcรจs prรฉmaturรฉ,…) En France, le montant total รฉtait estimรฉ ร 7 milliards de francs soit 1,1 milliard d’euros en 1994 et cette estimation a รฉtรฉ revue ร la hausse en 2002 pour 1,5 milliards d’euros [9] Le coรปt moyen annuel est de 631 ยฑ 299 euros par patient, soit 298 euros pour les patients stables, 1052 pour ceux ayant fait au moins une crise et 3811 pour ceux hospitalisรฉs dans l’annรฉe. Un meilleur contrรดle de la maladie en ambulatoire permet une nette diminution des coรปts (bien supรฉrieur ร une amรฉlioration des soins d’urgence et hospitalier) .
La maladie asthmatique
Dรฉfinition
En 2010, l’organisation mondiale pour la santรฉ propose cette dรฉfinition pour caractรฉriser l’asthme : ยซ Affection caractรฉrisรฉe par des crises de dyspnรฉe dรฉclenchรฉes par diffรฉrents agents ou par lโexercice accompagnรฉes par des signes cliniques dโobstruction totalement ou partiellement rรฉversibles entre les crises. Cette obstruction correspond a un accroissement subit des rรฉsistances des voies aรฉriennes liรฉ ร des mรฉcanismes immunologiques ou non. ยป .
Physiopathologie
Lโinflammation bronchique est due aux nombreuses cellules inflammatoires qui infiltrent le chorion bronchique (macrophages, lymphocytes, รฉosinophiles, neutrophiles). Les รฉosinophiles sont les principaux acteurs de cette inflammation en libรฉrant des protรฉines cytotoxiques pour lโรฉpithรฉlium (Major Basic Protein et Eosinophilic Cationic Protein). Les lymphocytes de la muqueuse bronchique ont une polarisation Th-2 caractรฉrisรฉe par la production des cytokines IL-4 (impliquรฉe dans la production dโIgE par les lymphocytes B), IL-5 (pouvoir chimiotactique pour les รฉosinophiles) et IL-13. Cette polarisation Th-2 sโoppose ร la polarisation Th-1 caractรฉrisรฉe par la production dโIL-2 et INF Gamma rencontrรฉe lors de ร la rรฉponse immunitaire anti-infectieuse. Ces 2 types de rรฉponses sont exclusives (la rรฉponse Th-2 inhibe la rรฉponse Th-1 et inversement).
Cette rรฉaction entraรฎne une hyperpermรฉabilisation des vaisseaux de la sous muqueuse responsable d’un ลdรจme de la muqueuse et d’hypersรฉcrรฉtion dans la lumiรจre bronchique ainsi qu’une contractibilitรฉ excessive du muscle lisse bronchique en rรฉponse des agressions bronchiques participant ร l’hyperactivitรฉ bronchique. Lors de l’exposition ร un allergรจne ou toxique, l’hyperactivitรฉ bronchique s’aggrave entretenant l’inflammation et majorant l’obstruction bronchique ce qui se traduit par l’apparition des signes cliniques.
Au long terme, la persistance de lโinflammation conduit ร un remodelage bronchique caractรฉrisรฉ par une fibrose des petites voies aรฉriennes et une altรฉration de leur gรฉomรฉtrie (distorsions bronchiques) responsables dโun trouble ventilatoire obstructif fixรฉ.
Diagnostic
โDiagnostic clinique
La dyspnรฉe, la toux, les sifflements et l’obstruction thoracique sont les maรฎtres symptรดmes, qui peuvent parfois apparaรฎtre exclusivement la nuit ou ร l’effort. De maniรจre isolรฉe, la respiration sifflante est dรฉcrite comme le symptรดme le plus sensible (75%) mais pour une spรฉcificitรฉ de seulement 87%. L’obstruction thoracique nocturne, la dyspnรฉe ร l’effort et la toux nocturne ont quant ร eux une spรฉcificitรฉ > 90%. La dyspnรฉe avec une respiration sifflante ainsi que la dyspnรฉe nocturne ont la meilleure valeur prรฉdictive positive, c’est ร dire respectivement 23,9% et 21,5%. Par contre en associant les symptรดmes, la respiration sifflante combinรฉe ร 2 des 3 symptรดmes nocturnes ( l’obstruction thoracique, nocturne, la dyspnรฉe nocturne et la toux nocturne) ont une sensibilitรฉ de 80% tandis que la respiration sifflante accompagnรฉe d’une dyspnรฉe de repos a une valeur prรฉdictive positive de 42%. La respiration sifflante accompagnรฉe de 2 symptรดmes nocturnes a le meilleur Youden Index ร 0,66 [11].
โDiagnostic fonctionnel
Pour obtenir un diagnostic de certitude, la confirmation d’un trouble ventilatoire obstructif (TVO) avec une exploration fonctionnelle respiratoire est incontournable. Cette exploration peut รชtre rรฉalisรฉe par divers moyens notamment les รฉpreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) qui permettent de mesurer le volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) et d’autre part la mesure du dรฉbit expiratoire de pointe (DEP). Les EFR sont clairement l’examen le plus informatif pour caractรฉriser un TVO rรฉversible. Notamment avec l’une des techniques les plus utilisรฉes, la courbe dรฉbit-volume qui permet de visualiser les dรฉbits expiratoires instantanรฉs en fonction des volumes pulmonaires.
La mesure de la DEP ร l’aide d’un dรฉbitmรจtre de pointe ou peak flow en anglais permet d’estimer, elle aussi, la prรฉsence d’une obstruction bronchique en comparant ร la valeur thรฉorique calculรฉe en fonction de l’รขge et du sexe du patient. En cas de TVO, . Au vu du caractรจre rรฉversible de l’obstruction, prรฉcisรฉ dans la dรฉfinition de l’OMS de l’asthme, l’observation d’une amรฉlioration de la DEP aprรจs la prise d’un bronchodilatateur est un argument supplรฉmentaire en faveur de l’asthme. Par contre, cette mesure seule ne peut se substituer ร une surveillance rรฉguliรจre ร l’aide d’EFR.
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Table des matiรจres
I. INTRODUCTION
I. 1. รpidรฉmiologie
I. 1. 1. Prรฉvalence de l’asthme
I. 1. 2. Hospitalisation
I. 1. 3. Mortalitรฉ
I. 1. 4. Coรปt
I. 2. La maladie asthmatique
I. 2. 1. Dรฉfinition
I. 2. 2. Physiopathologie
I. 2. 3. Diagnostic
Diagnostic clinique
Diagnostic fonctionnel
Classification de l’asthme
รtiologie
I. 3. Crise d’asthme, exacerbation et asthme aigu grave
I. 3. 1. Dรฉfinition
I. 3. 2. Facteurs de risque d’asthme aigu grave et de dรฉcรจs
I. 3. 3. Gravitรฉ
I. 4. Mรฉdicaments de l’asthme
I. 4. 1. Mรฉdicaments de contrรดle
a. Corticostรฉroรฏde inhalรฉ (ICS)
b. Bรชta-2 mimรฉtiques de longue durรฉe d’action (BALA) inhalรฉs
c. Association ICS + Bรชta-2 mimรฉtiques
d. Antileucotriรจne
e. Thรฉophylline et dรฉrivรฉ
f. Anticorps monoclonaux : anti IgE
g. Corticoรฏdes oraux
I. 4. 2. Mรฉdicaments d’urgence
a. Bรชta-2 mimรฉtiques d’action rapide inhalรฉs
b. Anticholinergique inhalรฉ
c. Corticoรฏdes oraux
d. Bรชta-2 mimรฉtiques de courte durรฉe d’action par voie IV
e. Thรฉophylline et dรฉrivรฉs
I. 4. 3. Autres
I. 5. Traitement de fond
I. 5. 1. Objectifs recherchรฉs
I. 5. 2. Prise en charge mรฉdicamenteuse
a. Palier 1
b. Palier 2
c. Palier 3
d. Palier 4
e. Palier 5
I. 5. 3. Diminution du traitement
I. 6. Traitement de la crise
I. 6. 1. Prise en charge hospitaliรจre
a. Traitement initial
b. รvaluation de la rรฉponse thรฉrapeutique
c. Orientation du patient
d. Retour ร domicile
I. 6. 1. Prise en charge ambulatoire
I. 7. Suivi
I. 7. 1. Examens complรฉmentaires
a. Dรฉbit expiratoire de pointe (DEP)
b. รpreuves fonctionnelles respiratoires (EFR)
I. 7. 2. Suivi du traitement
I. 7. 3. Plan d’action
I. 7. 4. Rythme des consultations
I. 8. รducation thรฉrapeutique
I. 9. Problรฉmatique
I. 9. 1. รtat des lieux
I. 9. 2. Prise en charge thรฉrapeutique
I. 9. 3. Suivi et รฉducation thรฉrapeutique
I. 9. 4. Objectif de l’รฉtude
II. MATERIEL ET METHODES
II. 1. Choix de la mรฉthode
II. 1. 1. Mรฉthode qualitative
II. 1. 2. Entretiens individuels semi-dirigรฉs
II. 2. Caractรฉristiques des chercheurs
II. 3. Choix de la population
II. 3. 1. Critรจres dโinclusion et dโexclusion
II. 3. 2. Recrutement des mรฉdecins
II. 3. 3. Taille de lโรฉchantillon
II. 4. รlaboration du guide dโentretien et rรฉalisation des entretiens
II. 5. Retranscription des entretiens
II. 6. Relecture des entretiens par les mรฉdecins participants
II. 7. Mรฉthode dโanalyse des donnรฉes
III. RESULTATS
III. 1. Caractรฉristiques de la population รฉtudiรฉe
III. 2. Caractรฉristiques des entretiens
III. 3. Rรฉsultats de lโanalyse qualitative des donnรฉes
III. 3. 1. les critรจres de suivi de l’asthme
III. 3. 1. 1. ร l’interrogatoire
III. 3. 1. 2. ร l’examen physique
III. 3. 1. 3. le rythme des consultations
III. 3. 1. 4. le renouvellement d’ordonnance en fin ou hors consultation
III. 3. 1. 5. L’รฉducation thรฉrapeutique
III. 3. 1. 6. Le recours au spรฉcialiste
III. 3. 2. Les objectifs recherchรฉs par le patient selon leur mรฉdecin gรฉnรฉraliste
III. 3. 3. les obstacles au suivi de l’asthme
III. 3. 3. 1. le mรฉdecin
L’organisation des soins
relationnel
clinique de l’asthme
spรฉcifique au DEP
รducation thรฉrapeutique
Mรฉdicaments
formations des mรฉdecins non ร jour.
III. 3. 3. 2. le patient
terrain
Acceptation de la maladie
gestion de la crise
La prise mรฉdicamenteuse
III. 3. 3. 2. les autres intervenants.
pneumologue
hรดpital
pharmacie
III. 3. 4. les propositions d’amรฉlioration du suivi
formation des mรฉdecins gรฉnรฉralistes
documentation rapide informatisรฉe ou non
renforcement de l’รฉducation thรฉrapeutique
EFR au cabinet du mรฉdecin gรฉnรฉraliste
DEP ร domicile
nouveau traitement de fond
pharmacie
IV. DISCUSSION
IV. 1. Force de l’รฉtude
IV. 2. Faiblesse de l’รฉtude
IV. 3. Lโacceptation et รฉducation de la maladie asthmatique
IV. 3. 1. La vision de la maladie asthmatique
IV. 3. 1. 1. La reprรฉsentation des mรฉdecins du suivi d’un asthmatique
IV. 3. 1. 1. Le patient serait l’un des principaux obstacles d’aprรจs les mรฉdecins interviewรฉs
IV. 3. 2. Les attentes des patients parfois floues pour le mรฉdecins
IV. 3. 3. l’รฉducation thรฉrapeutique
IV. 4. Les obstacles liรฉs au systรจme de santรฉ
IV. 4. 1. L’organisation des soins
IV. 4. 2. Les sources d’information concernant le suivi de l’asthme
IV. 5. Les obstacles spรฉcifique ร l’asthme
IV. 5. 1. Obstacles gรชnant la prise en charge par le mรฉdecin gรฉnรฉraliste
IV. 5. 2. Obstacles gรชnant la participation active du patient
IV. 6. Le terrain du patient
IV. 6. 1. L’environnement
IV. 6. 2. Les pathologies associรฉes
IV. 7. Les aides extรฉrieures des mรฉdecins gรฉnรฉralistes pour faciliter le suivi
IV. 7. 1. Les services extรฉrieures d’รฉducation thรฉrapeutique
IV. 7. 2. Les pneumologues
IV. 7. 3. Les pharmacies
IV. 8. Le dรฉveloppement des aides des mรฉdecins gรฉnรฉralistes comme voie d’amรฉlioration du suivi
V. CONCLUSION
VI. BIBLIOGRAPHIE