Le stress professionnel

Le stress professionnel

Hans Seyle, précurseur de la notion du stress

La notion que l’on connait aujourd’hui sous le nom de stress s’est popularisée avec le chercheur Seyle (1936), lors de la publication de son premier article portant sur la théorie du syndrome général d’adaptation (SGA). C’est à partir de ce moment que le terme stress a commencé à être utilisé pour définir l’ensemble des réponses du corps à une sollicitation extérieure. Toutefois, ce premier article écrit par Seyle se voulait davantage une introduction sur le sujet qu’une élaboration aboutie. Cette construction plus complète de la définition du stress voit le jour 20 ans plus tard, alors que Seyle (1956) publie un livre sur ses découvertes sur le stress, ainsi que sur les avancées en lien avec sa théorie du SGA. Les recherches de Seyle portent davantage sur l’aspect biologique du stress chez l’individu.

En effet, les objectifs de ce chercheur étaient de découvrir les hormones et les neurotransmetteurs en action lors de l’activation du stress, ses recherches ont donc une portée orientée sur les facteurs biologiques et physiques du stress. Bien que cette concentration de la part du chercheur puisse sembler réductrice aujourd’hui, notamment avec les nouvelles recherches concernant les impacts de nature psychologique, émotionnelle et sociale du stress, il reste que la popularité du terme même qu’est le stress a émergé à travers les recherches de Seyle (1936, 1956, 1976).

Les développements des écrits sur le stress

Pendant plusieurs décennies, les chercheurs dans le domaine du stress ont tenté de démystifier ce qui définit le mieux ce concept, plus précisément l’impact du stress présent à l’intérieur de la sphère du travail, alors nommé stress professionnel. Existe-t-il des variables fixes structurant la sensation de stress professionnel chez l’individu ? Quels acteurs sont impliqués dans sa création et son maintien ? Existet- il des solutions universelles au stress dans sa forme générale, ou au contraire chaque individu le gère-t-il de manière entièrement différente ? Bref, ces questions ne forment qu’un aperçu de l’ensemble des interrogations que les chercheurs se sont posés lors des études antérieures sur le stress et le stress professionnel. Ainsi, dans sa recension des écrits, Alderson (2004a : 262) résume cinq éléments récurrents constatés dans le cadre des recherches sur le stress : Les chercheurs dans le domaine du stress du travail ont ainsi développé un certain nombre de modèles du stress professionnel faisant tous apparaître, à quelques nuances près, les éléments suivants : 1) des agents facteurs de stress de natures diverses […]; 2) des caractéristiques personnelles […] 3) des indicateurs de stress […] ; 4) des variables modératrices […] et enfin 5) des conséquences sur la santé de l’individu […].

Ces cinq éléments formant l’un des rares consensus sur les différentes théories et approches sur le stress, les prochaines pages de cette section les aborderont plus en détail. Comme la problématique étudiée à l’intérieur de cette thèse se centre sur le stress professionnel, les exemples et les liens rapportés dans les prochaines sections se rapporteront sur le travailleur et son milieu de travail. De plus, ces cinq éléments étant récurrents dans les études passées sur le stress, il appert essentiel d’en tenir compte lors de l’analyse des résultats de cette présente recherche. Une description de ces cinq variables semble donc pertinente afin de constater s’il y a similitude entre ce qui s’est écrit et ce qui s’est observé dans le cadre de cette recherche sur les éléments composant le stress professionnel. Il est à noter, avant de passer à la section suivante, que le stress n’est pas uniquement négatif.

Le stress, à son état le plus simple, déclenche la réaction de lutter ou de fuir une situation jugée dangereuse (Seyle, 1976). Dans une telle situation, c’est le stress qui donne l’énergie supplémentaire suffisante à un individu pour être capable de se sortir d’une telle situation. Il y a aussi les stress positifs, tels qu’une personne qui reçoit un cadeau pour son anniversaire, ou encore un couple lors de la journée de son mariage. Le stress devient néfaste s’il ne survient pas à un moment opportun, ou s’il survient malgré l’absence de danger. L’intensité et la régulation du stress forment deux autres éléments importants à prendre en considération dans l’impact potentiel du stress chez un individu. Par exemple, recevoir une promotion peut amener un stress positif, soit être heureux d’être reconnu et apprécié, mais les nouvelles fonctions peuvent amener un stress négatif, amenant des conséquences telles que le travailleur ayant reçu une promotion fait des attaques de panique à cause des exigences reliées à son nouveau poste. Bref, le stress est un concept complexe et les prochaines sections, portant sur les cinq éléments d’Alderson (2004a), donnent un premier aperçu de toute cette complexité.

Des agents facteurs de stress de natures diverses

Les agents stresseurs concernent les différentes sources dans lequel baigne l’individu au quotidien de ses journées. Sous sa plus simple expression, il existe deux types d’agents stresseurs selon le Centre d’étude sur le stress humain (CESH : 2015) : les stresseurs physiques et les stresseurs psychologiques. Les stresseurs physiques englobent les situations amenant une contrainte sur le corps, par exemple travailler dans un milieu où la température ambiante est très froide ou très chaude, ou encore lorsqu’un travailleur subit une blessure sur son poste de travail. Pour leur part, les stresseurs psychologiques peuvent provenir de situations, d’évènements ou de personnes que le travailleur interprète comme négatifs ou sources de tension. Un patron tyrannique ou un collègue qui médit sur un travailleur sont deux exemples d’agents stresseurs psychologiques.

Avec le temps, les chercheurs du CESH ont peaufiné ces deux catégories du stress, en ajoutant les agents stresseurs dits « absolus » et ceux étant plutôt « relatifs ». Les agents stresseurs de nature absolue sont perçus comme stressants pour tout le monde ayant à les vivre. Par exemple, un incendie majeur ou une catastrophe naturelle, comme un tremblement de terre. Les agents stresseurs de nature relative sont davantage subjectifs, liés à la perception qu’a l’individu de la situation. Par exemple, la charge de travail peut être un agent stresseur relatif, car pour une même charge de travail, un travailleur peut ne pas ressentir de stress, tandis qu’un autre peut, au contraire, ressentir énormément de tensions de cette même charge de travail.

Cela dit, tout agent stresseur possède un des quatre ingrédients universels, qu’il soit absolu ou perçu. Un seul ingrédient est nécessaire pour que la situation soit source de stress. Plus les ingrédients sont présents de manière simultanée, plus l’intensité du stress est grande. Ces quatre ingrédients sont : 1) le contrôle faible, 2) l’imprévisibilité, 3) la nouveauté et 4) l’égo menacé. Le contrôle faible réfère à l’incapacité que peut ressentir le travailleur à trouver des solutions ou des moyens pour composer avec la source de stress. L’imprévisibilité, pour sa part, survient lorsque le travailleur reçoit une nouvelle fonction, ou une nouvelle tâche, sans en avoir été averti. Un imprévu, comme un nouveau client ou un bris mécanique, se classe dans le domaine de l’imprévisibilité.

La nouveauté concerne une situation pour laquelle le travailleur doit composer avec une tâche qu’il n’a jamais faite. Enfin, l’égo menacé survient lorsque les compétences du travailleur sont remises en question, ou encore que la tâche demandée dépasse volontairement les compétences du travailleur. Par exemple, un gestionnaire remettant un contrat trop ambitieux à son employé dans l’objectif de le ridiculiser lors de son évaluation trimestrielle est une forme d’égo menacé. Pour leur part, Dolan et Arsenault (2009) divisent les agents stresseurs ayant un impact sur le travail et son organisation en trois catégories : les agents stressants individuels, les agents stressants extraorganisationnels et les agents stressants intraorganisationnels.

Les agents stressants individuels concernent l’ensemble des facteurs propres à l’individu qui façonnent en partie sa vulnérabilité ou sa résistance au stress. Ces facteurs peuvent être les valeurs, les compétences, les besoins personnels, les traits de personnalité et les objectifs personnels de carrière. Ce point est abordé dans la section suivante de ce travail, nommée « Des caractéristiques personnelles ». Les agents stressants extraorganisationnels sont les agents étant à l’extérieur du milieu de travail. Ces agents peuvent être de nature politique, socioéconomique ou familiale.

Une situation financière difficile, ou des conflits conjugaux, peuvent avoir des répercussions sur le travail d’un individu, que ce soit par une baisse de motivation, une réduction de la productivité, un état de fatigue accru ou encore une hausse des conflits interrelationnels. Cette relation entre vie personnelle et travail est aussi inversement influencée, soit que les stress vécus au travail peuvent avoir des répercussions sur la vie familiale et financière d’un individu. Ces différents stress font partie de la dernière catégorie d’agents stresseurs, soit les agents stresseurs intraorganisationnels. Une plus grande attention est portée à cette dernière catégorie, celle-ci retenant l’attention de plusieurs auteurs sur le stress en soins infirmiers (Mark et Smith, 2012 ;Rochlen, Good et Carver, 2009; ), soit l’identification des agents stresseurs présents chez les infirmiers travaillant en centre hospitalier.

Dolan et Arsenault (2009) divisent les agents stresseurs intraorganisationnels en quatre sous-catégories, soit les agents stresseurs physiques (ASP), les agents stresseurs individuels (ASI), les agents stresseurs collectifs (ASC) et les agents stresseurs organisationnels (ASO).

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Table des matières

Résumé
Abstract
Liste des tableaux
Liste des figures
Remerciements
Introduction
Partie I : Corpus théorique et recension des écrits
1 Le stress, c’est quoi ?
1.1 Hans Seyle, précurseur de la notion du stress
1.2 Les développements des écrits sur le stress
1.3 Des agents facteurs de stress de natures diverses
1.3.1 Des caractéristiques personnelles
1.3.2 Des indicateurs de stress
1.3.3 Des variables modératrice
1.3.4 Des conséquences sur la santé de l’individu
2 Les modèles et les approches concernant le stress professionnel
2.1 Les modèles du stress professionnel
2.1.1 Le stress comme réaction
2.1.2 Stress comme stimulus
2.1.3 Les théories interactionnistes
2.2 Les stratégies d’adaptation, présentation générale
2.2.1 Les stratégies dites efficaces
2.2.2 Les stratégies inefficaces
2.2.3 Les stratégies neutres
2.3 Discussion autour des modèles et des approches
3 Le stress professionnel chez les hommes infirmiers en centre hospitalier
3.1 L’influence du genre sur le stress professionnel
3.2 État global de la situation du personnel infirmier en centre hospitalier
3.2.1 La réalité du personnel infirmier au Québec
3.3 Être un homme et pratiquer le soin
3.3.1 Portrait statistique des infirmiers
3.3.2 Les infirmiers québécois
3.3.3 L’état des infirmiers d’aujourd’hui
3.3.4 L’influence du genre masculin dans la pratique des soins infirmiers
3.4 Les limites des écrits sur les infirmiers
3.5 Les soins infirmiers et le soin
3.5.1 Les critiques et débats actuels sur le soin et le genre
3.5.2 Le rôle des acteurs sur la transformation de la vision genrée des soins infirmiers
4 La pertinence de la thèse
4.1 Pertinence sociale
4.2 Pertinence scientifique
5 Le cadre théorique et conceptuel
5.1 Les objectifs de recherche
5.2 La psychodynamique du travail
5.2.1 Origine de la psychodynamique du travail
5.2.2 Définition et postulats de la PDT
5.2.3 L’inscription épistémologique et paradigmatique de la PDT
5.2.4 Les différents concepts de la PDT
5.2.5 Identité et stratégies défensives appliquées à la population à l’étude
Partie II : Méthodologie et éthique
6 Méthodologie et éthique
6.1 La stratégie de recrutement
6.2 Les participants
6.2.1 Population à l’étude et critères de sélection
6.3 Méthode de recrutement
6.4 Profil des répondants
6.5 Collecte des données
6.5.1 Entrevues individuelles
6.6 Analyse des données
6.6.1 Validité des données
6.7 Éthique
6.7.1 Le consentement libre et éclairé
6.7.2 La mise en place de mesures préventives
6.8 Limites rencontrées lors du projet de recherche
Partie III : Résultats et discussions de la recherche
7 Résultats et discussion
7.1 En lien avec l’objectif 1 : les sources de plaisir et de souffrance au travail
7.1.1 Précisions sur les catégories de sources de plaisir et de souffrance soulevés par les répondants
7.1.2 Discussion en lien avec l’objectif 1
7.2 En lien avec l’objectif 2 : les moyens utilisés pour composer avec la souffrance au travail
7.2.1 Les quatre grandes familles de stratégies défensives
7.2.2 Discussion en lien avec l’objectif 2
7.3 En lien avec l’objectif 3 : L’influence du genre masculin dans la gestion de la souffrance au travail des infirmiers oeuvrant en centre hospitalier
7.3.1 Genre, pratique infirmière et stratégies défensives
7.3.2 Discussion en lien avec l’objectif 3
8 Discussion générale
8.1 Discussion globale en lien avec les objectifs et le cadre théorique
8.2 L’infirmier qui se porte bien, qui est-il?
9 Conclusion générale
10 Références

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