Le stress et le stress lié aux conditions de travail
Le stress sert à assurer la sécurité d’un individu face aux attaques ou dangers naturels et à affirmer son identité propre et ses spécificités face à ses congénères et à son environnement (Sauvegrain & Massin, 2014). Le stress n’est donc pas une pathologie mais une réaction de l’organisme de l’individu qui lui permet de s’adapter aux menaces et aux contraintes de son environnement (Légeron, 2003). Selon le chercheur Hans Selye (1936), le stress est une réaction d’adaptation de l’organisme face à un changement survenu dans l’environnement de l’individu. Selon Selye, le stress est une réaction non spécifique c’est-à-dire une réaction de l’organisme qui ne dépend pas de la nature des stimuli. La réaction de l’organisme face au changement ne dépend pas seulement du stimulus externe mais aussi de la réactivité personnelle de l’individu, c’est-à-dire de sa capacité à percevoir le stimulus, à l’interpréter correctement et à trouver une réponse adéquate pour retrouver l’équilibre (Sauvegrain & Massin, 2014).
La perception de la menace est subjective selon chaque individu, ce qui engendre ou non une réaction de stress. Cette réaction découle du déséquilibre entre la menace et les ressources de l’individu (Légeron, 2003). Il existe deux types de stress, positif et négatif. Le stress positif est délimité dans le temps, c’est-à-dire que l’individu cerne rapidement le stimulus engendrant le stress, ce qui permet un retour à l’état habituel. L’individu prend conscience de la situation et des symptômes qui en découlent, ce qui lui permet de prendre des décisions et d’agir consciemment et intelligemment pour s’adapter. En revanche, le stress négatif est composé de stress aigu et chronique. Le stress aigu provient habituellement d’un traumatisme qui affecte totalement la réactivité de la personne. D’autre part, le stress chronique est plus présent dans la vie professionnelle.
C’est un phénomène mal limité dans le temps, où l’individu est incapable de reconnaître les déclencheurs. Une tension, une nervosité et un sentiment d’inefficacité s’installent. L’adaptation devient problématique et une insécurité intérieure s’installe quant à ses capacités ; la personne est insatisfaite de tout. C’est une forme de stress qui diminue donc la qualité des performances. Une haute énergie est investie mais contrairement au stress positif, elle sera inefficace et ne participera pas à l’adaptation. Cette inadaptation engendre des tensions corporelles et émotionnelles qui peuvent conduire à l’apparition d’un désordre voire d’une pathologie (Sauvegrain & Massin, 2014). Dans des situations de stress, l’individu développe des stratégies d’adaptation telles que le coping qui permet à l’individu de remédier aux éléments négatifs d’une situation stressante (Légeron, 2003). Néanmoins, plusieurs études menées auprès d’enseignants et d’infirmiers ont démontré que dans le domaine du stress professionnel, le coping centré sur l’émotion peut avoir des effets nocifs à long terme et peut induire un niveau élevé de dépression et d’insatisfaction professionnelle. Alors que, le coping centré sur le problème limite les effets négatifs des évènements stressants sur la santé physique et mentale (Légeron, 2003).
Une des premières sources du stress au travail est la surcharge de travail liée à sa grande quantité, une multitude de tâches et une réduction des effectifs. D’autant plus qu’il est exigé de prendre des décisions parfois solitaires et rapides avec anticipation (Légeron, 2003; Sauvegrain & Massin, 2014). Actuellement, nous sommes dans une société qui vise la performance et le dépassement de soi, ce qui pousse l’individu à aller au-delà de ses limites et à fournir un travail de qualité tout en s’investissant affectivement dans son travail. Néanmoins, il en résulte de cela, un travail jamais perçu comme satisfaisant. Cette idéologie où on favorise de monter toujours la barre plus haut est à la fois une source de pression et de frustration considérable car les travailleurs se surinvestissent physiquement, cognitivement et émotionnellement : cela induit alors « l’anxiété de performance » et le stress. C’est un système qui ne laisse plus le droit à l’erreur et qui, par conséquent, implique une présence constante de menace qui induit le stress et augmente le risque de burnout (Légeron, 2003).
Par ailleurs, des changements incessants institutionnels, organisationnels, technologiques et protocolaires demandent une adaptation constante, ce qui induit une anxiété et une sensation de stress liées à la peur de ne plus être aussi performant qu’auparavant (Légeron, 2003). En outre, le comportement humain est régi par deux systèmes dont la récompense et la punition. Ceux-ci ont une influence sur le comportement, les émotions et détermine la motivation. Par exemple, le salaire est une forme de renforcement matériel donc de récompense qui peut justement être source de motivation et donc de satisfaction. L’être humain se nourrit essentiellement de reconnaissance sociale, il a besoin donc de se sentir apprécié, valorisé, reconnu par les autres. Mais dans le monde du travail, les employés sont peu valorisés par leurs supérieurs ; au contraire on leur en demande toujours plus (Légeron, 2003). Un autre générateur de stress est le statut du client dans notre société de consommation : en effet, tout y est organisé afin de le satisfaire. Les clients sont de plus en plus exigeants, n’hésitent pas à se plaindre et expriment rarement leur satisfaction (Légeron, 2003). Les conflits interpersonnels entre les collègues sont également des facteurs de stress au travail. On peut être amené à travailler avec des collègues qui ont une personnalité difficile, ce qui induit des conflits. Dans le contexte des soins, il peut y avoir différents types de conflits tels que les conflits de rôles et/ou de valeurs (Légeron, 2003).
La qualité des soins
La profession infirmière est concernée par ce concept de qualité depuis toujours. En effet, Nightingale (1872) s’exprimait déjà par rapport à ce sujet : « pour nous qui soignons, nos soins sont ainsi faits que, à moins que nous ne fassions des progrès chaque année, chaque mois, chaque semaine, croyez-moi, nous reculerons » (Baly, 1991; dans Jacquerye, 1999). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la qualité des soins se définit par une démarche de qualité permettant de garantir à chaque bénéficiaire de soins l’assortiment d’actes diagnostiques et thérapeutiques qui lui assure le meilleur en termes de santé conformément à l’état de la science médicale, au meilleur coût, pour un même résultat, au moindre risque iatrogénique et pour sa plus grande satisfaction en termes de procédures, de résultats et de contacts humains à l’intérieur du système de soins (OMS, 2011; dans Le Gall & Thibault, 2011). Hesbeen (1998) propose un essai de définition du concept en stipulant qu’une pratique soignante de qualité est celle qui prend du sens dans la situation de vie de la personne soignée et qui a pour perspective le déploiement de la santé pour elle et son entourage. Elle relève d’une attention particulière aux personnes et est animée par le souci du respect de celles-ci. Elle procède à la mobilisation cohérente et complémentaire des ressources diverses dont dispose une équipe de professionnels. Elle s’inscrit dans un contexte politico-économique dont les moyens et les limites sont pertinents et clairement identifiés.
D’autre part, lors d’un congrès en 2005, l’Association
Suisse des Infirmières et Infirmiers (ASI) énonce que la qualité des soins répond à trois impératifs moraux et professionnels. Premièrement, il s’agit de donner des soins professionnels (autonomie et bienfaisance), c’est-à-dire d’assister la personne, qu’elle soit en bonne santé ou affaiblie par une maladie, dans l’aboutissement de ses propres objectifs de santé. Pour ce faire, les actions doivent respecter quelques critères. Tout d’abord, elles sont définies par une analyse des données du patient (symptômes, traitements et sa perception de la santé et la maladie). Les connaissances scientifiques, l’expérience du soignant, les préférences du bénéficiaire de soins et son accord permettent aux soignants de prendre des décisions cliniques soutenues. Les buts envisagés pour chaque action doivent être acceptables pour la personne soignée. De plus, elle doit être évaluable voire mesurable. Deuxièmement, le soignant doit prodiguer des soins sécuritaires (bienfaisance et non-malfaisance) et aidant le patient à obtenir ce qui est bénéfique pour lui et le protégeant contre ce qui pourrait le mettre en danger. Pour cela, il faut faire attention aux différents risques qui peuvent survenir en lien avec le traitement, l’environnement et les erreurs humaines. Le soignant doit être attentif aux mesures de prévention au cas où d’éventuelles complications venaient à apparaître et éviter les erreurs en respectant les mesures et les protocoles en vigueur au sein de l’institution. Troisièmement, il est important de donner des soins équitables (justice) en respectant les droits fondamentaux, en mobilisant toutes les ressources à disposition et traitant chaque individu dans le respect de ses propres besoins. La personne a le droit d’être informée de ses droits, de ses devoirs et des ressources à disposition (ASI, 2007).
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Table des matières
RÉSUMÉ DU TRAVAIL DE BACHELOR
PROBLÉMATIQUE
CONCEPTS ABORDÉS
MÉTHODE
RÉSULTATS
CONCLUSION
MOTS-CLÉS
REMERCIEMENTS
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION
CHAPITRE 2 : PROBLÉMATIQUE
CHAPITRE 3 : CONCEPTS ET CHAMPS DISCIPLINAIRE INFIRMIER
3.1 LE STRESS ET LE STRESS LIÉ AUX CONDITIONS DE TRAVAIL
3.2 LA SATISFACTION
LA SATISFACTION AU TRAVAIL
LA SATISFACTION AU TRAVAIL DES SOIGNANTS
3.3 LA QUALITÉ DES SOINS
3.4 MÉTAPARADIGMES ET SAVOIRS DE CARPER
L’ÊTRE HUMAIN
LA SANTE
L’ENVIRONNEMENT
LES SOINS INFIRMIERS
3.5 LES SAVOIRS INFIRMIERS
LE SAVOIR EMPIRIQUE
LE SAVOIR ESTHETIQUE
LE SAVOIR PERSONNEL
LE SAVOIR ETHIQUE
3.6 CADRE THÉORIQUE : LE MODÈLE D’INTERMÉDIAIRE CULTUREL
PREMIERE MODELISATION
DEUXIEME MODELISATION
TROISIEME MODELISATION
QUATRIEME MODELISATION
CHAPITRE 4 : MÉTHODE
4.1 PUBMED
4.2 CINAHL
4.3 PSYCINFO
CHAPITRE 5 : SYNTHÈSE DES RÉSULTATS
5.1 ARTICLE 1 : NURSE PRACTICE ENVIRONMENT, WORKLOAD, BURNOUT, JOB OUTCOMES AND QUALITY OF CARE IN PSYCHIATRIC HOSPITALS : A STRUCTURAL EQUATION MODEL APPROACH
5.2 ARTICLE 2 : OCCUPATIONAL STRESSORS, STRESS PERCEPTION LEVELS, AND COPING STYLES OF MEDICAL SURGICAL RNS
5.3 ARTICLE 3 : NURSE BURNOUT AND PATIENT SATISFACTION
5.4 ARTICLE 4 : RELATIONSHIPS AMONG LEADERSHIP PRACTICES, WORK ENVIRONMENTS, STAFF COMMUNICATION AND OUTCOMES IN LONG-TERM CARE
5.5 ARTICLE 5 : A HUMAN FACTORS FRAMEWORK AND STUDY OF THE EFFECT OF NURSING WORKLOAD ON PATIENT SAFETY AND EMPLOYEE QUALITY OF WORKING LIFE
5.6 ARTICLE 6 : A TALE OF TWO SYSTEMS – NURSES PRACTICE ENVIRONMENT, WELL-BEING, PERCEIVED QUALITY OF CARE AND PATIENT SAFETY IN PRIVATE AND PUBLIC HOSPITALS IN SOUTH AFRICA : A QUESTIONNAIRE SURVEY
5.7 ARTICLE 7 : THE ASSOCIATION OF CHINESE HOSPITAL WORK ENVIRONMENT WITH NURSE BURNOUT, JOB SATISFACTION, AND INTENTION TO LEAVE
5.8 ARTICLE 8 : WORK-RELATED FACTORS AND EARLY RETIREMENT INTENTION : A STUDY OF THE DANISH ELDERCARE SECTOR
5.9 ARTICLE 9 : NURSE OUTCOMES IN MAGNET® AND NON-MAGNET HOSPITALS 73
5.10 ARTICLE 10 : NURSING PRACTICE ENVIRONMENT AND OUTCOMES FOR ONCOLOGY NURSING
5.11 ARTICLE 11 : PROFESSIONAL NURSING PRACTICE : ENVIRONMENT AND EMOTIONAL EXHAUSTION AMONG INTENSIVE CARE NURSES
5.12 ARTICLE 12 : NURSING WORKLOAD AS A RISK FACTOR FOR HEALTHCARE ASSOCIATED INFECTIONS IN ICU : A PROSPECTIVE STUDY
5.13 ARTICLE 13 : BACTERIAL COLONIZATION DUE TO INCREASED NURSE IN AN INTENSIVE CARE UNIT
5.14 ARTICLE 14 : PATIENT MORTALITY IS ASSOCIATED WITH STAFF RESOURCES AND WORKLOAD IN THE ICU : A MULTICENTER OBSERVATIONAL STUDY
5.15 ARTICLE 15 : WORK HOURS, WORK STRESS, AND COLLABORATION AMONG WARD STAFF IN RELATION TO RISK OF HOSPITAL-ASSOCIATED INFECTION AMONG PATIENTS
CHAPITRE 6 : DISCUSSION
6.1 DÉVELOPPEMENT DES RÉSULTATS EN LIEN AVEC LA QUESTION PICOT
6.2 PERSPECTIVES ET PROPOSITIONS POUR LA PRATIQUE
CHAPITRE 7 : CONCLUSION
7.1 APPORT DU TRAVAIL DE BACHELOR
7.2 LIMITES
7.3 PERSPECTIVES POUR LA RECHERCHE
CHAPITRE 8 : RÉFÉRENCES
ANNEXES
ANNEXE 1 : PYRAMIDE DES BESOINS DE MASLOW
ANNEXE 2 : GRILLE MÉDIOLOGIQUE BITRIPTYQUE DE NADOT
ANNEXE 3 : ANALYSES D’ARTICLES SELON LA GRILLE ADAPTÉE DU FORTIN (2010)
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