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Ahasvérus ou la volonté imaginaire
A la différence de Don Juan qui cherche à satisfaire ses besoins sensuels et de Faust qui veut tout connaître, Ahasvérus cherche à conquérir le temps. En effet, Ahasvérus exprime la figure qui illustre très bienla volonté imaginaire dans le domaine esthétique. Il est donc, comme on le sait, le prototype du Juif errant. Etant un personnage légendaire de Kierkegaard qui représentel’esthéticien de la volonté, Ahasvérus veut réaliser tout par et à travers sa volonté. Il veut cependant, conquérir le temps. Car le problème de l’existence réside dans ’ordrel spatio-temporel. Ainsi, Vergote dit-il : « Ahasvérus est, on le sait, le juif éternel ; ets’il est le juif errant, c’est moins dans l’espace qu’il erre indéfiniment que dans un temps continu et infini dont la figure spatiale montre assez qu’il est, comme pure abstraction, une caricature d’éternité » .
Ahasvérus donne une grande importance au temps qu’à l’espace. Ce mépris de l’espace vient du moment que le « moi » ne se manifeste dans la réalité qu’à travers la vie imaginaire. En allant çà et là, l’esthéticien e st comme un voyageur éternel sur la terre. Ayant le mal d’un pays sans pourtant avoir un pays, chaque lieu qu’il foule n’est qu’une étape pour aller vers un autre. Se souvenant de quelque chose passée, Ahasvérus ne vit ni le présent ni l’avenir, en ce sens que ce dont il souvient est déjà passé au lieu de se souvenir d’une chose qui n’a pas encore lieu. Etant donné qu’il se réfère du passé et de l’avenir, il est donc absent en son être et au monde. Car, on vit le présent à partir de l’expérience passée et on prépare l’avenir à partir du présent. Par là, le malheur de l’homme repose sur son rapport à la temporalité.
Par ailleurs, Ahasvérus est plus symbolique dans lapensée de Kierkegaard. Il est symbolique en ce sens qu’il reflète le rapport de l’esthéticien au temps. C’est la réalité même de l’existence humaine dans le monde. Car l’existence est irréfléchie, il choisit d’errer dans l’espace afin de ne se soucier de rien qui ne lui donne espoir de son existence.
Le temps présent est le temps authentique de chaquesujet-existant. Car il permet à l’individu de préparer son existence future. Or Ahasvérus ne se soucie pas du présent, du spontané, du moment de l’immédiat. Ainsi, Georges Gusdorf a cité Paul Möller, un poète ami de Kierkegaard, pour qui : « Ahasvérus a une si entière conscience de tous ses mouvements et de l’originalité de ses propos qu’il n’y a chez lui plus rien de spontané ; il en résulte qu’il joue continuellement un rôle ; car il lui faut exécuter suivant un plan ce qui devait être spontané ».
Il veut garder le passé ou l’avenir dans le présentcomme régulateur de son existence. D’où le malheur de l’individu. Il est ma lheureux car il n’arrive pas toujours, par lui-même au Moi. Finalement, il erre çà et là. N’y ayant aucun repère dans cette caricature d’éternité, la maladie d’Ahasvérus peutêtre nommée le désespoir ; maladie de la temporalité dont le motif est l’indétermination temporelle vis-à-vis du temps historique dans lequel il vit.
Mais, l’image d’Ahasvérus est notre image en tant qu’être humain. Car notre vie n’est qu’une marche désespérée dont le but s’enfuitet n’étant nulle et nulle part dans le temps, il est donc sans visage. Il se déplace d’une manière éternelle. C’est pourquoi Vergote dit : « Ainsi Ahasvérus est-il la personnification légendaire de ce qui est d’abord le concept d’une détermination « éternelle » du sujet humain. Son être idéal a son être en soi avant même de s’être exprimé danslalégende ; avant même de s’être exprimé dans l’être actuel, où ilutpedonc toujours revenir »31.
Cela veut dire que Ahasvérus, étant l’image de l’être humain, n’a pas le dernier mot dans l’existence. En ce sens, il n’a aucun telo s qui viendrait solliciter son attention et donner sens à une activité quelconque. Il désespère donc de son existence. Le désespoir est ainsi une maladie de la volonté, maladie de l’esprit, maladie du moi.
Atteint par la maladie de la volonté, l’esthéticienveut se débarrasser de la réalité en espérant trouver le sens de son exister ailleurs. La vie esthétique se base donc sur l’oubli de la réalité existentielle. Elle met à l’écart le« moi » qui fait l’être de l’homme. Pour ce faire, la liberté est mise en cause. C’est pourquoi nous allons étudier le statut de la liberté de l’individu dans la sphère esthétique.
LA RESPONSABILITE COMME REALISATION DE SOI
Selon le philosophe danois, la responsabilité n’est rien d’autre que l’obligation pour le sujet-existant de remplir un engagement et accepter les conséquences qui y dérivent. En ce sens, elle est donc la reconnaissance du moi dans ses actes. Notre responsabilité dépend toujours de la concordance plus ou moins grande de l’action accomplie avec nos dispositions. La disposition est essentielle au sens où il faut toujours mener nos actions à bonne fin.
L’homme responsable est celui qui se donne sa raison d’être et qui donne raison à ses actes. Par conséquent, être responsable c’est ccomplira volontairement et consciem-ment une charge dans l’existence qui commence par le choix et la décision. En revanche, cette décision doit être personnelle etonsciencieuse. Car selon Kierkegaard « la décision est le traducteur consciencieux qui raduit l’exaltation en réalité ».
Cela signifie que la décision est la manifestation consciente et enthousiasmée de l’homme pour passer le possible au réel, l’abstrait au concret. Par conséquent, un sujet qui est radicalement incapable de réfléchir ne peutpas être responsable de rien ; par contre, un sujet-existant qui, consciemment et par l’action répétée de sa volonté réfléchie, s’est fait une nature intellectuelle etun caractère, agissant spontanément sous l’influence de ce caractère et en conformité avec ui,l est aussi responsable de ce qu’il fait, plus responsable de telle sorte que ses actes sont les plus longuement délibérés.
D’une manière générale, la responsabilité est à comprendre comme l’obligation de s’assumer sans se référer à autrui qui est source de mensonge et de tromperie. Etant obligation, elle a un caractère nécessaire et inévitable. La nécessité de la responsabilité n’est rien d’autre que la condition spatio-temporel le de l’homme qui dérobe sa liberté, la possibilité. Pourtant, selon Kierkegaard le possible fait comme un enfant qui reçoit une invitation agréable et qui dit tout d’un coup oui ; mais cela reste à voir si ses parents l’ordonnent ou refusent. Les parents ici ont la fonction de la nécessité qui dit parfois non au possible. C’est pour cela que dans toute possibilité, dans toute liberté, il y a toujours des faces d’ombres. Voulant appréhender ces faces d’ombres, l’homme tombe dans la vanité totale ; car les éléments qui constituent l’homme à savoir la nécessité et la liberté sont opposés et il n’est pas du tout facilede réaliser leur synthèse. D’où l’apparition de l’angoisse comme « le vertige de la liberté ». C’est ainsi qu’André Robinet affirme que : « Le ressort unique de la vie qui va entraîner des adhésions qui ne sont pas claires, où toujours l’obligation et la liberté chevauchent »37.
Dans cette même idée, selon Kierkegaard, c’est d’ailleurs la non-clarté de nos adhésions à l’existence qui nous pousse à approfond ir notre existence bien qu’elle soit farouche. Ainsi, Kierkegaard a écrit : « Quand d’un point fixe, une araignée se précipite et s’abandonne aux conséquences, elle voit toujours devant elle un espace vide où, malgré ses bonds, elle ne peut se poser. Ainsi de moi ; devant moi, toujours un espace vide ; ce qui me pousse en avant, c’est une conséquence située derrière moi. Cette vie est le monde renversé ; elle est cruelleet insupportable »38.
Cela veut dire que, pour Kierkegaard, l’existence est irrationnelle. Etant ainsi, elle échappe à la raison humaine dans la mesure où l’homme peut organiser ses tâches bien rationnellement avec un emploi du temps, mais tout d’un coup, l’existence peut dire désormais, je n’accepte pas tout ce que tu as programmé. C’est pour cela justement que la vie est « cruelle et insupportable ».
C’est là même, effectivement, que l’homme doit se mesurer car c’est devant l’obstacle que l’homme se mesure et s’affirme comme responsable, en ce sens que l’individu se trouve dans une situation paradoxale. Ici, toute décision peut ne pas arriver à son but prévu. Pour cela, l’auteur avance l’idée selon laquelle toute décision connaît sa propre défaite, sa propre folie : « L’instant de la décision est folie ». Pour ce faire, le fait d’être responsable dépend exclusivement de ce que l’individu fait de ses possibilités, même si ces dernières finissent par’échecl. En effet, les possibilités de l’individu ne sont rien d’autre que se choisir soi- même afin de déterminer sa destinée. Car la liberté laisse à chacun de choisir à chaque instant son essence et de se réaliser comme projet. Autrement dit, chaque homme porte la responsabilité de sa destinée propre ; il lui appartient de se choisir lui-même,et au besoin de se transformer selon ses possibilités et les circonstances. C’est là d’ailleurs qu’on assiste aussi à de véritables transformations du sujet virtuel en sujet réel, sujet subjectif. Dans le sentiment de la responsabilité, les pires efforts sans l’intervention de Dieu ne valent rien. Ainsi, l’homme se soumet-il à la tâ che et pour l’accomplir, se donne la volonté sans compter sa peine, ses forces, sa vie. Il se dépense et se dépasse lui-même dans toutes les circonstances. Car selon Karl Jaspers, « Il est responsable de lui-même et c’est une responsabilité à laquelle il n’a pas le droit d’échapper en prétendant renoncer librement sa liberté. La décision qu’il prend, le chemin qu’il trouve, il faut qu’il le doive à lui- même » .
Liberté de choisir, engagement et décision sont lesdéterminations fondamentales de la responsabilité. L’homme est condamné à êtreibrel et c’est à lui de trouver la manière dont il va se libérer. Etant ainsi, l’hommen’est rien d’autre que ce qu’il se fait. Ce sont donc ces déterminations de la responsabilité qui donnent sens aux situations. En fait, le monde n’est jamais que le miroir de la liberté de l’homme. C’est dans, par et à travers le monde que l’individu dépasse toute situation présente par un projet. En effet, le projet n’est rien d’autre que le dépassement du présent pour tracer l’avenir. C’est le projet qui révèle l’être de l’homme que Sartre dirapar la suite que « l’existence précède l’essence » 40. Car l’homme prépare l’avenir dans le présent. Cela veut dire que l’homme, puisqu’il est au départ rien, se fait lui-même et il n’est rien que ce qu’il se fait. Ainsi, a-t-il la pleine responsabilité de seréaliser comme il veut.
Par contre, pour Kierkegaard, pour se réaliser, l’homme doit se rapporter à Dieu dans la mesure où c’est Dieu qui est source et cause de la liberté. Ainsi, l’homme ne se libère pas ; mais il est liberté. Sans Dieu, la liberté de l’homme n’est qu’une abstraction.
En revanche, puisque l’homme doit se réaliser, cela signifie qu’il n’est pas encore réalisé. Or il est source et fondement de tous lesactes humains à travers lesquels la responsabilité peut s’apprécier de lui. Pour ce faire, étant donné que le« moi », n’a pas encore réalisé une existence réelle, il ne peut pasdu tout réaliser pleinement son existence. Or la réalisation de soi est la seule pouvant donner sens à l’existence réelle du moi, fondement de la responsabilité. En ce sens laréalisation de soi est donc une tâche appartenant à tout un chacun afin d’obtenir un « moi » authentique, digne de ce nom.
Si la réalisation de soi n’est pas possible pour l’homme, c’est qu’il y a un Autre Etre pouvant la réaliser. Cet Etre Autre n’est rien d’autre que Dieu. Chez Dieu, tout est possible. Ainsi c’est à Lui de donner la plénitude d’être du« moi ». Se sentant incapable de se réaliser, le« moi » tombe dans le désespoir. En effet, le désespoir est la révélation de l’inaccomplissement du « moi » par lui-même d’une manière complète. Par là, le « moi » authentique est celui qui se rapporte d’abord à Di eu afin de se réaliser dans l’immanence. C’est là exactement qu’on peut trouver la responsabilité qui s’érige en liberté. Mais la question reste à savoir : peut-on parler de réalisation de soi dans le stade esthétique ? Autrement dit, les esthéticiens sont-lsi vraiment libres ?
LE MANQUE DE LIBERTE DANS LE MODE DE VIE ESTHETIQUE
La liberté comme la tâche assignée à tout individu pour se réaliser est la synthèse que le « moi » se fait dans le monde fini. Cette synthèse n’est rien d’autre que l’unité des éléments contradictoires à savoir, infini, possible, éternel et fini, nécessaire, temporel. Mais les esthéticiens ont-ils pu discerne cette synthèse qui est la réalisation du « moi » pour qu’ils soient libres ?
En interprétant les attitudes des esthéticiens à savoir Don Juan, Faust et Ahasvérus, on constate un manque de liberté dans leur mode de vie. Car Don Juan n’est pas fidèle dans ses recherches au sens où il examine une foule de femmes qu’il veut proposer à sa vie. Ainsi, il y a absence de choix e t d’engagement. Il se croit libre pourtant sa liberté n’est qu’une liberté d’indifférence. L’immédiateté, la spontanéité, l’instanéité et le moment sont des déterminations ondamentalesf de l’indifférence. Restant indifférent, Don Juan cherche à réaliser se désirs dans l’imaginaire. Or, l’imagination est une sphère du possible et non pas de la réalité concrète. Ainsi il reste dans le possible et n’accorde aucune valeur aux normes sociales, morales et religieuses qui sont les caractéristiques de la finité, de la emporalité et de la nécessité. Ainsi, il ignore donc la synthèse constitutive du « moi ». Dans cette perspective, la responsabilité qui est la réalisation de soi lui manque. Autrementdit, il n’est pas du tout libre. Par ailleurs, Faust, en cherchant la connaissance absolue se complait dans l’univers imaginaire puisque l’homme ne peut pas to ut connaître. Seul Dieu est capable de tout connaître. C’est pourquoi il est dit dans l e Coran que : « … C’est Allah qui sait, alors que vous ne savez p as »41.
Dieu étant le possible des possibles, Faust reste aussi dans le possible sans tenir compte de l’aspect temporel, nécessaire et fini du « moi ». Or pour qu’il soit libre, il doit suivre la loi du progrès du moi : la connaissance va de pair avec la conscience ; plus il connaît, plus il se connaît en tant que synthèse du possible et du nécessaire. Ce caractère n’étant pas chez Faust, il n’est pas alors libre.
La volonté d’Ahasvérus est une volonté sans but puisque ce dernier s’enferme dans l’imaginaire, l’imaginaire qui n’a rien à voir avec la réalité. Car il ne tient pas compte du moi en tant que synthèse de deux élémentscontradictoires. Par sa volonté imaginaire, il se place au-delà de la réalité. Ainsi, il ne peut pas réaliser son « moi ». Bref, il n’est pas du tout libre.
LA CONCEPTION KIERKEGAARDIENNE DE L’ETHIQUE
Selon Sören Kierkegaard, l’éthique concerne la conduite de l’homme dans la vie pratique. Cette vie pratique est à comprendre au se in d’une vie communautaire. En ce sens, l’éthique inclut un jugement de valeur qui mesure la rectitude des actes et garantit également la validité des conduites où se réalise’existencel de l’individu. Ces conduites amènent l’individu à la réalisation de soi. Dans ce cas, l’individu parait être le seul à pouvoir décider face au devoir du sujet-existant. Le devoir est désormais quelque chose de particulier, d’individuel au sens où il relève du domaine de la subjectivité. C’est pourquoi Kierkegaard insiste sur « la différence entre le discours direct des pseudonymes et le discours existentiel d’un je, affirmateur de soi, marquant ainsi la différence entre une subjectivité fictive (non existante, donc désubjectivisée) et une subjectivité réelle d’un je personnel, il y a pourtant aussi une corrélation ou une circularité entre ces deux subjectivités ». Effectivement, la détermination des positions générales et l’examen particulier par le langage du je personnel n’échappent pas à la seule imprécation de la dimension marquée dans les écrits pseudonymes.
Par ailleurs, l’éthique est constituée par un ensemble des valeurs et des normes retenues et reconnues comme régisseur et organisateur valables de la vie de tout individu de toute société. Autrement dit, la vie sociale consiste à prendre l’éthique comme norme par laquelle tout individu membre de la société doit y respecter. Sinon la société va exclure cet individu. C’est pourquoi nous pouvons dire que l’éthique est et demeure un plus haut devoir qui soit assigné à chaque individu. En ce sens, selon Kierkegaard, elle a, en tant que devoir absolu, une valeur infinie en soi-même ; car l’individu est le seul capable à prendre le devoir, comme étant le sien. Cela implique justement la décision en tant qu’acte volontaire. Néanmoins, l’acte volontaire n’est pas celui de Don Juan, Faust et Ahasverus, car avec leur volonté, ils veulent l’impossible, ce qui, à coup sûr, est irréfléchi ; donc une indécision.
L’acte volontaire, ainsi parlé, est alors acte choisi qui caractérise l’homme d’ordre, la haute conscience morale, peut-être un peu guidée et raide aux décisions, mais digne de toute confiance. A partir de là, on p eut dire que l’éthique est ce qu’accueille l’homme après avoir traîné dans le stade de l’immédiat qui n’est rien d’autre que le stade du plaisir, du désir, de la sensation mais également de l’imagination. C’est pourquoi Kierkegaard définit l’éthique de cette manière : « L’éthique est en l’homme ce par quoi il devient ce qu’il devient » .
Cela veut dire que dans le stade éthique, l’homme n’est rien d’autre que lui-même. Ainsi, pour vivre selon l’éthique, l’homme doit-il prendre conscience de lui-même et de son devoir, d’une manière énergique à tel point qu’aucune situation, aucune circonstance de détail ne lui échappe. Autrement dit, vivant éthiquement, l’homme ne devient pas autre personne qu’il n’était auparavant, il est lui-même.
On constate que chacun des penseurs est différemment affecté par la façon de remplir son devoir. Ce sentiment de tout un chacun des penseurs peut, certes, se trouver dans la concrétisation du devoir ; car ils se possèdent comme individu ayant telles facultés, telles inclinations, telles passions, teles habitudes soumises à telles influences du dehors, c’est-à-dire de la société, qui agissentde telle ou telle manière dans un sens ou dans l’autre. Mais sa profondeur varie d’une per sonne à une autre selon la vision de chacun dans la réalisation de son devoir. Ce qui oppose la conception kierkegaardienne de la morale kantienne selon laquelle c’est l’inten tion qui compte. En effet, l’intention compte plus que l’exécution.
L’éthicien du général : l’assesseur Wilhelm
L’assesseur Wilhelm est considéré par Kierkegaard ommec le porte parole de l’éthicien du général. Cet éthicien pense finaliserses actes dans le cadre général de la vie de l’individu. Pour ce faire, l’éthicien préfère devenir « l’homme général »,du fait que l’homme est un sujet existant dans une société. Ainsi, pense-t-il réussir sa réalisation à partir des normes sociales. Le général est à saisir comme finalité de tous ses actes. C’est pourquoi l’homme a le devoir moral de s’y manifester sans cesse et de se débarrasser de ses particularités. Car selon Wilhelm : « posé comme être immédiat, sensible et psychique,l’individu est l’Individu qui a son τελоs dans le général ; sa tâche morale consiste à s’y exprimer constamment, à dépouiller son caractère individuel pour devenir le général. » « l’Individu est l’Individu qui a son τελоs dans le général »signifie que l’Individu cherche sa finalité dans le général, la société, viela communautaire. C’est-à-dire qu’il essaie de vivre sa propre vie individuelle en accord avec le général. Evidemment, il suit scrupuleusement les normes sociales dont le respect est pour lui un devoir. Il exprime donc l’aspect social pour réaliser davantage son existence humaine.
Le devoir réalisé dans le général est considéré comme norme qui n’est pas du tout à franchir. Car l’homme, pour se manifester dans so n caractère particulier, doit d’abord se régler dans ces normes, en ce sens que son sens de responsabilité repose sur les devoirs familiaux et sociaux qui en découlent. De ce fait, il avance l’idée selon laquelle le mariage est la situation la mieux indiquée pour se réaliser. Dans cette perspective, le mariage est le bon centre de la vie et de l’existence, centre par lequel l’individu est haut placé non seulement sur le plan social, mais aussi et surtout sur le plan familial en tant que père des enfants, responsable de la famille : il se distrait de sa femme ; il joue avec ses enfants. C’est là la vie heureuse pleine de mer veilles et de bonheurs. C’est dans cet ordre d’idée que l’assesseur Wilhelm dit dans l’Alternative que : « Je suis content de ma vocation ; je crois qu’elle est conforme à mes facultés et satisfait toute ma personne ; […]. Je s uis heureux de mon foyer ; j’aime ma femme ; je l’entends chanter près du berceau et je trouve ses chants plus beaux que tous les autres, sans la croire pour cela cantatrice ; j’entends les cris du petit et ils ne sont pas inharmonieux à mes oreilles, je vois son aîné grandir et se développer, j’envisageson avenir avec joie et confiance, son impatience car j’ai le temps d’atten dre et cette attente m’est elle-même une joie » .
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Table des matières
Première partie : La liberté dans la sphère esthétique
Chapitre I : La vie esthétique
I.1.1. Les différentes déterminations du terme esthétique
I.1.2. Caractéristique de l’esthétique kierkegaardienne
I.1.3. Les esthéticiens de l’imaginaire
A. Don Juan ou le sentiment imaginaire
B. Faust ou l’entendement imaginaire
C. Ahasvérus ou la volonté imaginaire
Chapitre II : Le statut de la liberté dans la sphère esthétique
I.2.1. Le « moi » individuel et sa constitution
I.2.2. La responsabilité comme réalisation de soi
I.2.3. Le manque de liberté dans le mode de vie esthétique
Deuxième partie : La liberté dans la sphère éthique
Chapitre I : La vie éthique
II.1.1. Les différentes déterminations du terme éthique
II.1.2. La conception Kierkegaardienne de l’éthique
II.1.3. Les différentes sortes d’éthiciens
A. L’éthicien du général : l’assesseur Wilhelm
B. L’éthicien de l’individualité : Socrate
Chapitre II : Le statut de la liberté dans la sphère éthique
II.2.1. Le choix dans le mode de vie éthique
II.2.2. La responsabilité chez les éthiciens :
A. La responsabilité chez l’éthicien du général
B. La responsabilité chez l’éthicien de l’individualité
II.2.3. Le manque de liberté dans le mode de vie éthique
Troisième partie : La liberté dans la sphère religieuse
Chapitre I : La vie religieuse
III.1.1. La dialectique de la foi
III.1.2. L’attitude du religieux : Abraham et le sacrifice
III.1.3. Le primat de la subjectivité dans l’exister
Chapitre II : L’altérité de l’homme par son élévation vers Dieu
III.2.1. L’engagement du sujet-existant dans l’existence
A. La vérité existentielle dans le devenir
B. La liberté dans la passion
III.2.2. La responsabilité religieuse
III.2.3. La foi comme réalisation de la liberté de l’homme
Conclusion
Bibliographie
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