Le sport, la course à pied et le dopage

Aujourd’hui l’activité physique n’est plus liée à l’activité professionnelle ou au déplacement de la vie quotidienne mais dépend plutôt de la motivation et du bon vouloir de celui qui la pratique. Parce qu’elle est sans doute la plus accessible des activités physiques et sportives, la course à pied prend de plus en plus d’importance dans notre société ; pas besoin d’équipement juste de ses jambes. Et qui ne l’a jamais pratiquée que ce soit à l’école, en loisirs, en compétition ou encore pour améliorer ses capacités physiques, être en bonne santé ou perdre du poids ?

À l’aube de la prescription médicale d’activité physique, il est important que le pharmacien soit capable de répondre aux attentes des patients sur ce domaine. Les conseils sur la pratique de la course à pied sont essentiels. Savoir moduler les efforts vis-à-vis des capacités de chacun, des maladies ou encore de l’âge. Savoir accompagner le sportif durant toutes les phases, de la préparation à la récupération, par des produits adaptés, des compléments alimentaires, des conseils diététiques… Mais surtout connaître les limites du conseil pour ne pas tomber dans le dopage.

Définitions et généralités

Le sport, la course à pied et le dopage

Le sport
« Le sport : activité physique exercée dans le sens du jeu, de la lutte et de l’effort et dont la pratique suppose un entraînement méthodique, le respect de certaines règles et disciplines ». (Le Grand Robert) La chartre européenne du sport définit le sport comme « toutes formes d’activités physiques qui, à travers une participation organisée ou non, ont pour objectif l’expression ou l’amélioration de la condition physique et psychique, le développement des relations sociales ou l’obtention de résultats en compétition de tous niveaux. ». (Conseil de l’Europe 2001) .

La course à pied
La course est définie comme telle : « Action de courir ; mode de locomotion dans lequel les phases d’appui unilatéral sont séparées par un intervalle ». (Le Grand Robert) Lors de la course à pied, on observe une phase de suspension durant laquelle aucun des deux pieds ne touche le sol contrairement à la marche où il y a toujours l’un des deux pieds en contact avec le sol, permettant ainsi un appui permanent. On distingue plusieurs types de course à pied :

• Le footing : « Exercice de course assez lente, faisant partie de l’entraînement habituel d’un sportif ». (Le Grand Robert) Sa définition laisse supposer un aspect d’entretien physique mais ne fait pas intervenir la notion de compétition.
• Le jogging : « Exercice physique qui consiste à courir à petite allure en terrain varié ou en ville, seul ou en groupe, sans esprit de compétition ». (Le Grand Robert).

Effectivement, en anglais « jog » signifie « trot », on peut alors penser à une allure inférieure à 10 km/h.
• La course sur route : se pratique sur revêtement bétonné ou goudronné, on peut y assimiler les courses de 10km, le semi-marathon, le marathon.
• Le sprint : discipline de vitesse se pratiquant sur piste fermée souvent revêtue de tartan.
• Le cross-country : course sur un circuit en terre.
• Le trail : course dite nature, se pratiquant en milieu naturel comme les chemins de terre, forêts, montagnes… avec un minimum de route goudronnée. En compétition certains trails dépassent les 100 km.

La course à pied en France

Selon une étude menée par la fédération française d’athlétisme (Gaudin-Winer 2014), le nombre de pratiquants, plus ou moins quotidien, serait aux alentours de 8,5 millions (soit 19% de la population). Dans cette même étude, il ressort que « 64% des coureurs interrogés avouent être en attente de services d’accompagnement à leur pratique ».

Le dopage

Selon l’AMA, le dopage est défini comme une violation de plusieurs règles antidopage énoncées dans le code mondial antidopage. (Agence mondiale antidopage 2015) Au niveau amateur, on ne retiendra que deux violations définies par : L’article 2.1 : « Présence d’une substance interdite, de ses métabolites ou de ses marqueurs dans un échantillon fourni par un sportif. » Et l’article 2.2 : « Usage ou tentative d’usage par un sportif d’une substance interdite ou d’une méthode interdite. » La liste des produits interdits est mise à jour et publiée chaque année par l’AMA. Le dopage est présent principalement dans le sport professionnel mais de plus en plus chez les amateurs notamment à cause de l’émergence des produits destinés au sportif sous forme de complément alimentaire. C’est pourquoi, en février 2016 le Cespharm a mené une campagne d’information sur le risque de dopage accidentel.  De plus, suite à la demande du Ministère des Sports, l’AFNOR a établi la norme NF V94-001 en juillet 2012, permettant aux industriels de stipuler que leurs produits sont éthiques avec la mention « le produit est conforme à la date de libération du lot, à la norme AFNOR NF V 94- 001 » . Cette norme n’est applicable qu’au produit mentionné et non à la marque tout entière.

Médicament, complément alimentaire, aliment et alicament

Le médicament

La définition du médicament est établie juridiquement par l’article L5111-1 du Code de la santé publique : « On entend par médicament toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que toute substance ou composition pouvant être utilisée chez l’homme ou chez l’animal ou pouvant leur être administrée, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou métabolique. » .

Le complément alimentaire

Devant l’essor des produits aux différentes allégations nutritives, la France a statué sur les produits pouvant porter le nom de complément alimentaire avec le décret n°2006 352 du 20 mars 2006 : Article 2 :  » Compléments alimentaires « , les denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés, commercialisés sous forme de doses, à savoir les formes de présentation telles que les gélules, les pastilles, les comprimés, les pilules et autres formes similaires, ainsi que les sachets de poudre, les ampoules de liquide, les flacons munis d’un compte gouttes et les autres formes analogues de préparations liquides ou en poudre destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité.

Selon le Syndicat National des Compléments Alimentaires (www.synadiet.org), le marché des compléments alimentaires représente 1,54 milliard d’euros de chiffre d’affaires. On remarque que les pharmacies sont les points de vente privilégiés pour l’achat des compléments alimentaires (59% des ventes si l’on considère l’ensemble pharmacie/parapharmacie) . Certainement parce qu’il y a un ressenti de qualité et de conseil autour de la délivrance de ces compléments alimentaires.

De plus en plus d’allégations sont stipulées sur les compléments alimentaires. Mais elles sont soumises à la règlementation d’une part avec le Règlement (CE) n° 1924/2006 du Parlement européen et du Conseil du 20 décembre 2006 concernant les allégations nutritionnelles et de santé portant sur les denrées alimentaires, établissant l’interdiction des allégations « thérapeutiques » et le contrôle des allégations nutritionnelles, fonctionnelles et de santé en obligeant les fabricants à prouver ces allégations. Et d’autre part avec le Règlement (UE) n°432/2012 de la Commission européenne du 16 mai 2012 établissant une liste des allégations de santé autorisées portant sur les denrées alimentaires, autres que celles faisant référence à la réduction du risque de maladie ainsi qu’au développement et à la santé infantile. Cette liste contient plus de 200 allégations.

L’aliment
Sans aucune allégation, il s’agit simplement de « Substance qui nourrit, sert ou peut servir à la nutrition d’un être vivant ». (Le Grand Robert) .

L’alicament
« Aliment dont la composition explicitement formulée implique un effet actif sur la santé du consommateur ». (Le Grand Robert) En effet, il s’agit d’une contraction entre les mots « aliment » et « médicament ». Ils peuvent également recevoir des allégations dans le respect des règlementations vues précédemment.

ANC

L’ANC ou Apport Nutritionnel Conseillé pour un élément donné est aujourd’hui la valeur de référence scientifique en ce qui concerne ses besoins. Cette valeur est définie pour chaque nutriment (protéines, fer, vitamine C, …) comme étant l’apport permettant de couvrir les besoins physiologiques de la plus grande partie de la population (97,5% des individus), population en bonne santé ou supposée comme telle. Les ANC sont fixés pour un groupe de population ; de sexe et d’âge définis. Ils sont établis sur la base de la couverture du besoin nutritionnel moyen mesuré sur un échantillon de la population concernée et tiennent compte de la variabilité de ces besoins entre les individus. Ils correspondent en général à 130% du besoin nutritionnel moyen. (Anses 2016) Par exemple, pour un homme adulte l’ANC en vitamine C est 110 mg/jour. A ces valeurs on peut ajouter les AJR qui sont les Apports Journaliers Recommandés misent en place par l’UE pour simplifier les valeurs « compliquées » des ANC. En effet, elles sont proches des ANC mais ne tiennent pas compte de plusieurs éléments comme l’âge. Ces valeurs simplifiées permettent de donner un ordre d’idée des apports sur les étiquettes des produits et compléments alimentaires entre autres.

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Table des matières

Introduction
Partie 1. Définitions et généralités
1. Le sport, la course à pied et le dopage
1.1. Le sport
1.2. La course à pied
1.3. La course à pied en France
1.4. Le dopage
2. Médicament, complément alimentaire, aliment et alicament
2.1. Le médicament
2.2. Le complément alimentaire
2.3. L’aliment
2.4. L’alicament
2.5. ANC
Partie 2. Anatomie et besoins énergétiques
1. Anatomie et Biomécanique
1.1. Membres supérieurs
1.1.1. Articulation de l’épaule
1.1.2. Articulation du coude
1.2. Tronc
1.2.1. Rachis et dos
1.2.2. Thorax
1.2.3. Abdomen
1.3. Membres inférieurs
1.3.1. Articulation de la hanche
1.3.2. Articulation du genou
1.3.3. Articulation de la cheville
1.3.4. Le pied
2. Physiologie
2.1. La contraction musculaire
2.2. Métabolisme énergétique
2.2.1. Le système ATP-CP
2.2.2. Le système glycolytique
2.2.3. Le système oxydatif
2.3. Adaptations cardio-respiratoires
3. Stress oxydatif
4. Apports nutritionnels
4.1. Les macronutriments
4.1.1. Les glucides
4.1.2. Les lipides
4.1.3. Les protéines
4.2. Les vitamines
4.2.1. Les vitamines hydrosolubles
4.2.2. Les vitamines liposolubles
4.3. Les minéraux
4.4. Les oligoéléments
4.5. L’eau
5. Course à pied et maladies chroniques
5.1. Course à pied et diabète
5.2. Course à pied et maladie cardiovasculaire
5.3. Course à pied et asthme
5.4. Course à pied et BPCO
5.5. Course à pied, anxiété et dépression
5.6. Course à pied et cancer
6. Course à pied et âge
Partie 3. Le conseil à l’officine
1. Enquête auprès des officines
1.1. Condition de l’enquête
1.2. Résultats
1.3. Discussion
2. Conseils et prise en charge du coureur sain
2.1. Préparation
2.1.1. Diététique
2.1.2. Physique
2.2. Effort
2.2.1. Diététique
2.3. Récupération
2.3.1. Diététique
2.3.2. Physique
2.4. Chaussures de running
3. Pathologies du coureur à pied
3.1. Pathologies ostéo-articulaires
3.1.1. Entorse
3.1.2. Luxation
3.1.3. Fracture
3.2. Pathologies musculaires
3.2.1. Courbature
3.2.2. Crampe
3.2.3. Contracture
3.2.4. Claquage
3.2.5. Contusion musculaire
3.2.6. Syndrome de loge
3.3. Pathologies tendineuses
3.3.1. Tendinites
3.3.2. Tenseur du fascia lata
4. Dermatoses
4.1. Dermatoses infectieuses
4.1.1. Onychomycose
4.1.2. Pied d’athlète
4.1.3. Verrue
4.2. Dermatoses mécaniques
4.2.1. Brûlures de frottements
4.2.2. Phlyctène
4.2.3. Hématome sous-unguéal
5. Podologie
5.1. Tendinite d’Achille
5.2. Aponévrosite plantaire et épine calcanéenne
6. Autres pathologies
6.1. Point de côté
6.2. Malaise
6.3. Coup de chaleur
7. Addiction à la course à pied
Conclusion
Annexes
Bibliographie

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