Le sorgho et le maïs dans l’alimentation
Production
Selon le rapport de Traore, Sall et Ouattara, sur lequel nous allons nous appuyer puisqu’il synthétise ce sujet, la production alimentaire a augmenté au cours des dix dernières années. La production totale de céréales est passée de 2 156 410 tonnes en 1989/1990 à 2 951 413 tonnes en 1999/2000. C’est le riz qui a connu le plus fort accroissement passant de 337 748 tonnes de paddy en 1989/1990 à 754 505 tonnes en 1999/2000. Sa part dans la production totale de céréales est passée de 16% à 25% pendant la même période avec des pointes de 27% et 28% en 1996/1997 et 1998 /1999. Pour la période 1994/99, les productions ont données une disponibilité moyenne de 199 kg/habitant/an de céréales totales dont 152 kg de mil/sorgho/maïs. En partant des normes de consommation officielle (202 kg toutes céréales et 34 kg5 pour le riz), les besoins ont été couverts sur toute la période par la production nationale à 98,5% pour toutes les céréales, même si on note la présence de quelques importations, notamment pour le riz et le blé. L’étude des bilans céréaliers ex-post fait apparaître une augmentation de la consommation de riz, qui serait passée de 34 kg/personne/an en 1988/1989 à 44 kg/personne/an en 19889/1999.
A l’heure actuelle, si la sécurité alimentaire semble être atteinte globalement, cet équilibre reste fragile et soumis aux aléas climatiques, en particulier, à la sécheresse. Par ailleurs, il existe une forte disparité régionale en matière de production céréalière avec des zones au sud du Mali le plus souvent excédentaires (Ségou, Sikasso, Koulikoro) et des zones au nord en situation de déficit (Kidal, Mopti, Tombouctou, Gao). Cette situation toucherait 0,5 millions de personnes (sur une population de 11millions d’habitants). Les principales ressources alimentaires proviennent des céréales, des tubercules, des produits de la cueillette, des produits maraîchers et d’élevage. Nous les évoquerons successivement. Près de 70 % des calories totales de la ration alimentaire des populations maliennes proviennent des céréales6. Les populations rurales les produisent pour la consommation familiale et seulement 15 à 20 %2 sont vendues sur le marché. Les céréales représentaient, en 1998, les deux tiers des superficies totales cultivées et de la production agricole2. Les disponibilités par habitant, sur la base des productions locales, ont évoluées comme suit : Tableau 1 : Disponibilité des céréales par kg/habitant/an
Mil et Sorgho, avec 810 000 et 600 000 tonnes2, constituent la base alimentaire des populations. Le sorgho, ou gros mil, préfère une pluviométrie d’au moins 700 mm. Il peut être cultivé dans les zones inondables, en culture de décrue. Il domine la partie méridionale du pays où il cohabite avec le mil. Le petit mil est moins exigent en eau. Dans les régions de Mopti et de Tombouctou, il domine et le sorgho n’est plus cultivé qu’en décrue. Le maïs est surtout cultivé dans la zone sud du pays. On le retrouve également un peu plus au nord, dans les jardins de case comme culture de soudure. Sa production était estimée entre 50 000 et 100 000 tonnes par an à la fin des années 1970 et est passée à près de 400 000 tonnes en 1998-19992. Le fonio est une céréale rustique (qui accepte des conditions écologiques difficiles) à petits grains. Il est utilisé comme culture de soudure. Le blé est cultivé en décrue, au nord, dans la région de Tombouctou. Les surfaces cultivées sont faibles, 2 700 hectares, mais en progression2. Le riz occupe en terme de surface cultivée la troisième place, mais est la deuxième céréale en terme de production, devant le sorgho, du fait de ses rendements supérieurs, surtout à l’Office du Niger, dans les bas-fonds du fleuve, où l’eau est totalement maîtrisée. En ce qui concerne les tubercules, la production est la suivante : Tableau 2 : Production de racines et tubercules en milliers de tonnes
Les revenus et les habitudes alimentaires
Fondamentalement, le bas niveau des revenus de larges couches des populations urbaines et rurales limite leur capacité de consommer les denrées nécessaires pour couvrir leurs besoins de 2450 kcal par jour et les besoins en protéines, oligo-éléments et vitamines. Les habitudes alimentaires constituent un autre frein à la consolidation du régime alimentaire. Ainsi, en dehors des céréales, des légumineuses, les produits maraîchers et même les aliments d’origine animale ne sont pas utilisés suffisamment pour améliorer la ration des populations des régions du Sud, où le niveau de la malnutrition des enfants de 0 à 5 mois reste élevée, même en dépit de la croissance des productions agricoles6. De même, il est difficile de faire consommer des ignames, des patates douces et autres tubercules et racines dans les régions du Nord. Et il existe peu de produits substituables aux céréales dans la ration alimentaire et calorique. « Ceci induit une certaine rigidité de la demande qui constitue une source réelle de difficulté pour le secteur, l’offre étant très fluctuante.
En outre, beaucoup de ménages urbains n’ont pas les moyens de stocker des céréales. Un approvisionnement continu (en « flux tendus ») des consommateurs s’avère donc nécessaire, ce qui complique encore la coordination. Par ailleurs, les céréales occupent aussi une part importante des dépenses des ménages urbains (environ 20% parfois plus). Une augmentation des prix dans les villes conduit donc à des ajustements difficiles des consommateurs (réduction des dépenses d’autres produits alimentaires, d’habillement, de santé etc.). Des prix élevés pour les céréales pèsent donc sur la consommation d’autres produits, y compris des produits de première nécessité (comme les autres produits alimentaires, les médicaments etc.)7. L’approvisionnement des consommateurs doit donc non seulement être régulier (malgré une offre fluctuante) mais en outre se faire à un coût très modéré. »
Enclavement : Au Mali, de nombreuses zones de production sont enclavées et rendent difficile le transfert des produits vers les centres urbains ou en augmentent considérablement les coûts de transfert. Les relations entre les zones majeures de production et de consommation ont été établies au cours de récentes études et notamment dans les régions de Sikasso et de Ségou, qui disposent d’excédents céréaliers. Ainsi, on a observé que chaque campagne de faible production de céréales sèches, notamment de mil et sorgho, est suivie, l’année suivante, d’une hausse perceptible du prix du mil en raison de la baisse des stocks. L’effet de l’enclavement sur les prix est notable à Kayes (à l’est du pays) et Dioro (au nord de Ségou) en ce qui concerne respectivement les prix à la consommation et aux producteurs. Il paraît donc nécessaire de renforcer les investissement dans les infrastructures de transport. Par ailleurs, pour permettre un nivellement des prix, il faudrait mener une politique de stockage raisonné en investissant dans les capacités des unités de conservation des céréales.
Ainsi, les prix n’augmenteraient pas aussi fortement les années suivant les années de mauvaise récolte. Des investissements dans ces capacités de stockage ont déjà été réalisés, mais sans succès. De grands silos ont été construits. Mais ils n’ont jamais servi puisqu’ils n’ont pas été accompagné d’une politique commerciale incitative. Une action sur le niveau des prix a également été menée, sans plus de succès : les prix étaient soit trop bas, ce qui favorisait la consommation au détriment de la production – les stocks n’ont donc pas pu être réapprovisionnés -, soit les prix étaient trop élevés, 25 incitant la production – les organismes de stockage n’avaient plus les capacités à accueillir l’excédent de la production.
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Table des matières
Introduction
PARTIE I : LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LA PLACE DU MAÏS ET DU SORGHO DANS L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE AU MALI
I-1) Etat général de la sécurité alimentaire
1-1) Disponibilité
1-1-A) La production
1-1-B) Les importations commerciales
1-1-C) Les aides alimentaires
1-1-D) Les exportations
1-2) Accessibilité
1-3) Stabilité
1-4) Situation nutritionnelle
1-4-A) La consommation alimentaire
1-4-B) La situation « santé et nutrition
I-2) La place du maïs et du sorgho dans l’agriculture et l’alimentation au Mali
2-1) Le sorgho et le maïs dans l’alimentation
2-2) La pénétration du maïs dans la zone Mali-sud
PARTIE II : LE CADRE DU STAGE, LE MATERIEL ET LES METHODES UTILISES LORS DU STAGE
II-1) Projet « Agrobiodiversité du sorgho au Mali et au Burkina Faso » et description du stage
1-1) Présentation du projet agrobiodiversité du sorgho au Mali et au Burkina Faso
1-2) Le stage
II-2) Matériel et méthodes de l’étude
2-1) Première phase : enquête structurelle des exploitations
2-1-A) Méthodologie de l’enquête structurelle
2-1-B) Analyse de variance des variables de l’enquête
2-2) Deuxième phase : Typologie des exploitations et échantillonnage
2-2-A) Typologie des exploitations
2-2-B) Echantillonnage
2-3) Troisième phase : Enquête fonctionnelle
2-3-A) Les deux niveaux de l’enquête : l’exploitation et la parcelle
2-3-B) Les raisons de l’évolution de la culture du maïs et du sorgho
2-3-C) Les informations utiles pour le calcul du coût de production
PARTIE III : RESULTATS
III-1) Premier résultat : Validation du choix des villages par les OP
1-1) Diversité des surfaces cultivées totale mais pas dus superficies par actif
1-2) Diversité des superficies cultivées en maïs mais pas en sorgho
1-3) Dominance du maïs dans l’assolement
III-2) Deuxième résultat : Typologie des exploitations et échantillonnage
2-1) Village de Kanian (nord ; 600 à 800 mm
2-1-A) Analyse des variables
2-1-B) Typologie et échantillon retenu
2-2) Village de Kaniko (centre ; 700 à 900 mm
2-2-A) Analyse des variables
2-2-B) Typologie et échantillon retenu
2-3) Village de Siramana (sud ; + 1 000 mm
2-3-A) Analyse des variables
2-3-B) Typologie et échantillon retenu
III-3) Troisième résultat : l’enquête fonctionnelle
3-1) Les raisons de l’adoption du maïs : la présence du coton et l’accès aux intrants
3-1-A) Premiers résultats comprenant toutes les raisons d’adoption du maïs
3-1-B) Deuxièmes résultats avec un regroupement de certaines raisons
3-1-C) Troisièmes résultats sans les raisons autres, coton et accès aux intrants
3-2) L’analyse des marges brutes et des coûts d’opportunités en fonction de la culture, du type de sol et du village
PARTIE IV : DISCUSSION
IV-1 : Les résultats
1-1) Le choix des villages par les organisations paysannes
1-2) Les données de l’enquête n’ayant pas servies dans l’analyse des résultats
1-2-A ) Le précédent cultural
1-2-B) L’évolution de l’assolement
1-2-C) Les raisons de l’évolution de la culture de sorgho
1-3) Marges brutes et coûts d’opportunité
1-3-A) Calcul de la marge brute
1-3-B) L’analyse de la marge brute et du coût d’opportunité du maïs
IV-2) : La méthodologie
2-1) Le découpage en classes
2-2) Les groupes d’exploitations
IV-3) Le questionnaire
3-1) Le choix des questions ouvertes et/ou fermées
3-2) La partie sur la sécurité alimentaire
3-2-A) L’autoconsommation et l’approvisionnement à l’extérieur
3-2-B) L’accès aux marché
IV-4) : L’enquête de terrain
4-1) Les biais liés aux réponses des paysans
4-2) Des données difficiles à obtenir
4-2-A) L’assolement
4-2-B) Les ventes
4-2-C) Remarques
4-3) Les réponses des femmes
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Annexe 1 Carte des isohyètes
Annexe 2 Tableaux des facteurs limitants et favorables aux différentes cultures
Annexe 3 ACP sur les trois villages
Annexe 4 AFC Kanian
Annexe 5 AFC Kaniko
Annexe 6 AFC Siramana
Annexe 7 Codification des coûts et des quantités
Annexe 8 Questionnaire
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