Le sommeil de l’enfant
Le sommeil se développe rapidement dès la période fœtale. Il atteindra les principales similitudes avec le sommeil de l’adulte dans les deux premières années de vie (Langevin, 2009). Les besoins en heures de sommeil vont progressivement diminuer au fil des années. Les enfants de deux à cinq ans ont besoin de 13 à 14 heures de sommeil en incluant la période de sieste et les enfants de six à douze ans ont besoin de 10 à 12 heures de sommeil par nuit (Challamel & Louis, 2015 ; Langevin, 2009 ; Thirion & Challamel, 2011). Selon Langevin, « l’adolescence est une période de transformation du corps, de l’esprit et des émotions », résultant de changements hormonaux conséquents (2009, p.131). C’est durant cette période que le retard de phase fait son apparition ; l’adolescent s’endormira et se réveillera plus tard. La période de l’adolescence requière de 8.5 à 9.25 heures de sommeil par nuit (Régie régionale de la santé Beauséjour, 2008) .
Les fonctions du sommeil de l’enfant
Le sommeil lent profond est celui qui est le moins connu. Selon Thirion & Challamel : On sait que, par l’intermédiaire de l’hormone de croissance, il favorise le développement corporel, la synthèse des protéines et la réparation des tissus. Au moment de la puberté, il permet la maturation sexuelle puisque les hormones sexuelles sont, elles aussi, sécrétées en sommeil lent profond (2011, p.352).
Le sommeil paradoxal, quant à lui, permettrait le développement des circuits nerveux dès la conception jusqu’aux premiers mois après la naissance. Une autre hypothèse serait que le sommeil paradoxal apprendrait aux nouveau-nés certaines mimiques émotionnelles telles que la joie ou la tristesse (Thirion & Challamel, 2011).
Après avoir compris l’importance des fonctions du sommeil de l’enfant, il est nécessaire de s’intéresser aux conséquences d’un manque de sommeil. Thirion et Challamel (2011) citent une étude qui montre qu’une privation de sommeil durant une seule nuit peut suffire à avoir des conséquences chez les adolescents âgés de 10 à 14 ans. Une autre étude faite sur 74 enfants âgés de 9 à 12 ans rapporte que la diminution puis l’augmentation de 60 minutes dans la durée du sommeil engendre des progrès dans les résultats scolaires. Selon Gruber & Brouillette, le manque de sommeil influence les capacités d’apprentissage et d’attention des enfants (2006, p.418). En cas de manque de sommeil, le degré d’éveil et de conscience peuvent être altérés, la concentration et la vigilance diminuées.
Dans la littérature, l’accent est souvent mis sur les conséquences cognitives ou cérébrales de la mauvaise qualité ou du manque de sommeil. Cependant, de nombreuses preuves attestent que la mauvaise qualité ou le manque de sommeil amènent à « des changements métaboliques qui pourraient contribuer à l’apparition de l’obésité, de la résistance à l’insuline, du diabète ou de maladies cardiovasculaires » (AboutKidsHealth.ca, 2010). Selon l’étude de Wang et al. (2006, citée dans AboutKidsHealth.ca, 2010), « chaque heure de sommeil supplémentaire réduit les risques d’obésité de 9% chez les enfants. Elle a également démontré que les risques d’obésité sont 92% plus élevés chez les enfants qui dorment moins comparativement aux enfants qui dorment plus longtemps ». Selon Balz (2012), en Suisse, 20% des enfants se trouvent en surpoids et 5 à 8% sont obèses. Les causes de l’obésité peuvent être multiples : la diminution de l’activité physique, le déséquilibre des apports énergétiques ou encore les facteurs génétiques. Cette auteure n’interprète pas les troubles du sommeil comme étant une des origines de l’obésité. Cependant, AboutKidsHealth (2010) souligne qu’il s’agit d’une cause bien réelle à ne pas négliger. Il existe un grand nombre de conséquences liées à l’obésité chez l’enfant tel qu’une augmentation du risque de diabète, des troubles cardiovasculaires, de l’hypertension artérielle ou encore de cancer (Balz, 2012). Walter et al. déclarent également que la mauvaise qualité ou le manque de sommeil peuvent avoir un impact sur la résilience de l’enfant, à savoir la capacité à rebondir suite à une situation stressante (2015, p.72).
Concernant les troubles du sommeil en Suisse, ils sont fréquemment rapportés chez les enfants et les adolescents. Selon Vella & Hasselmann, ils « concernent 25% des petits enfants, presque 50% des enfants d’âge scolaire ainsi que 33% des adolescents » (2010, p.222). Ces chiffres sur les troubles du sommeil montrent qu’il s’agit d’un problème d’actualité qui doit être pris en considération, en particulier chez les enfants atteints d’un cancer afin de minimiser l’impact sur leur qualité de vie.
Le sommeil de l’enfant dans le contexte de l’oncologie
Selon Linder & Christian, le sommeil joue un rôle fondamental pour la santé des enfants (2013, p.11). Ce rôle est d’autant plus important chez les enfants atteints d’un cancer car 30 à 45% d’entre eux rapportent souffrir couramment de troubles du sommeil pouvant mener à une perte de 20 à 25% du temps de sommeil quotidien (Hinds et al., 2007, p.394).
Divers troubles du sommeil existent chez les enfants atteints d’un cancer. La somnolence diurne excessive (SDE) constitue le problème principal avec un taux de 60% (Rosen & Brand, 2011, p.985). Selon Billiard (2007), la SDE est une sorte d’hypersomnie se caractérisant par un endormissement incontrôlé pouvant apparaître à tout moment de la journée. Les conséquences principales sont l’altération des fonctions cognitives ainsi que la diminution de la performance intellectuelle. Afin d’établir un diagnostic, il est possible d’utiliser divers questionnaires de dépistage et la SDE doit perdurer durant au moins trois mois.
Les troubles respiratoires du sommeil (TRS) sont présents chez 40% des enfants atteints de cancer (Rosen & Brand, 2011, p.985). Selon Cohen-Gogo et al. (2009), les TRS de l’enfant regroupent un grand nombre de pathologies allant du ronflement au syndrome d’apnée du sommeil. L’apnée obstructive du sommeil est un trouble pouvant être présent chez les enfants atteints de cancer. Ce trouble se manifeste par des épisodes d’obstruction partielle ou complète des voies respiratoires durant le sommeil. La prévalence est plus élevée chez les enfants de deux à six ans compte tenu du diamètre de leurs voies respiratoires par rapport au volume de leurs amygdales et de leurs végétations adénoïdes. L’apnée centrale du sommeil est, quant à elle, associée à un trouble du système nerveux central dans lequel il existe une absence de transmission nerveuse du cerveau aux muscles de la respiration. La polysomnographie permet d’établir le diagnostic des troubles respiratoires du sommeil en analysant les stades du sommeil, les mouvements respiratoires, le flux aérien et les échanges gazeux. Les conséquences de ces troubles respiratoires peuvent être multiples. La qualité du sommeil peut affecter la sécrétion de certaines hormones et, de ce fait, amener un retard de croissance. Il est également possible de retrouver des difficultés de concentration, une altération du système immunitaire ainsi qu’une somnolence diurne excessive (Infosommeil.ca, 2012).
La fatigue de l’enfant dans le contexte de l’oncologie
La fatigue signifie un manque d’énergie ou un épuisement généralisé. La fatigue liée au cancer diffère de celle que l’on peut ressentir à la fin d’une journée. Cette dernière peut ne pas se dissiper, même en cas de repos prolongé et elle n’est pas forcément liée à l’activité pratiquée. La fatigue constitue le symptôme le plus fréquemment mentionné par les personnes atteintes d’un cancer et peut affecter leur qualité de vie (Société canadienne du cancer, 2016).
Déterminants de la santé
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2016), « les déterminants sociaux de la santé sont les circonstances dans lesquelles les individus naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent ainsi que les systèmes mis en place pour faire face à la maladie ».
Lalonde (1974), Ministre de la Santé nationale et du Bien-être social au Canada, remarque que pour améliorer la santé de la population, il ne suffit pas d’utiliser une vision strictement biomédicale, mais de prendre en compte tous les éléments qui entourent les individus. Pour cela, Lalonde (1974, cité dans Cantoreggi, 2010) propose d’élargir le regard sur un modèle global qui comporte quatre pôles : la biologie humaine, l’environnement, les habitudes de vie et l’organisation du système de soins.
La biologie humaine comprend les aspects de la santé, physique et mentale, qui sont propres à chaque personne. Elle « englobe le patrimoine génétique individuel, la maturation, le vieillissement et les nombreux systèmes internes complexes de l’organisme, notamment le squelette et les systèmes nerveux, musculaire, cardiovasculaire, endocrinien et digestif » (Lalonde, 1974, p.33).
|
Table des matières
Introduction
Problématique et recension des écrits
Le sommeil en général
Le sommeil de l’enfant
Le sommeil de l’enfant dans le contexte de l’oncologie
La fatigue de l’enfant dans le contexte de l’oncologie
Question de recherche et objectifs
Cadre théorique
Déterminants de la santé
Concepts
Méthode
Argumentation du choix de devis
Banque de données
Critères de sélection
Stratégies de recherche
Stratégie 1
Stratégie 2
Stratégie 3
Stratégie 4
Stratégie 5
Résultats
Diagramme de flux
Devis et données des articles
Présentation des résultats
L’évolution de la fatigue au cours du traitement des enfants atteints d’un cancer
Les effets de la dexaméthasone sur les jeunes enfants atteints d’une leucémie lymphoblastique aiguë (LLA)
Les caractéristiques de l’environnement hospitalier durant la nuit (son, lumière et température) chez l’enfant atteint d’un cancer
Les perturbations du sommeil, l’environnement hospitalier et les symptômes du cancer chez les enfants en âge de scolarité
Les réveils nocturnes, l’environnement influençant les interruptions de sommeil et la fatigue chez les enfants hospitalisés avec un cancer
Le sommeil des parents et des enfants dans un hôpital pour enfants
Le point de vue des infirmières sur les facteurs influençant le sommeil des enfants hospitalisés et de leur famille : une étude par groupe de discussion
Les enfants recevant un traitement contre le cancer et leurs aidants naturels : une étude mixte des caractéristiques du sommeil
Le sommeil et la fatigue en oncologie pédiatrique : une revue de littérature
Synthèse des résultats
Discussion
Discussion des résultats
Biologie humaine
Environnement
Habitudes de vie
Organisation du système de soins
Appréciation des résultats
Réponse à la question de recherche
Implications pour la pratique infirmière
Biologie humaine
Environnement
Habitudes de vie
Organisation du système de soins
Besoins pour les recherches futures
Forces et limites
Conclusion
Télécharger le rapport complet