Le site de production alimentaire : la ferme
Méthodologie
Pour réaliser ce travail, j’ai décidé d’analyser une association d’agriculture contractuelle de proximité, TerreVision. En ligne avec Nost (2014), le choix de réaliser une étude de cas n’a pas pour but d’être représentatif, mais d’illustrer la relation P-C et de repérer des tendances plus générales dans les SAA. En même temps, l’ACP est un modèle important dans les SAA et est une institution en évolution (Nost, 2014). Le centre de mon étude étant la reconnexion entre producteurs·trices et consommateurs·trices, il était indispensable de pouvoir étudier cette relation en tenant compte de toutes les parties impliquées. L’étude de cette association m’a permis d’avoir accès aux producteurs·trices, aux consommateurs·trices et aux membres du comité (intermédiaires) dans un seul endroit et de pouvoir présencier et analyser la dynamique de l’activité et de la relation P-C. Je vais par la suite présenter la méthodologie adoptée au cours de ce travail (pour un aperçu consulter le tableau 1). Pour avoir accès au terrain, j’ai utilisé l’observation et l’observation participante, afin de pouvoir prendre connaissance du fonctionnement de l’association et de ses membres à travers des conversations informelles sur le vif. J’ai commencé avec une observation participante pendant une journée de travail dans une récolte de maïs chez un producteur qui travaille avec l’association. L’événement était inscrit dans l’agenda du site web de l’association, et je me suis inscrit en ligne pour participer. Cet événement était ouvert au public. Il a eu lieu mi-octobre 2019, un samedi de 10h à 17h. En plus de participer à l’activité de récolte de maïs j’ai pu rencontrer l’agriculteur et sa famille et discuter avec d’autres participant·e·s à l’activité. J’ai ensuite réalisé une soirée d’observation à TerreVision lors de la distribution des paniers, après avoir pris contact avec l’association par courriel, ce qui m’a permis de rencontrer la secrétaire de l’association, un des membres du comité, les personnes responsables de la distribution du jour et plusieurs membres. Ces personnes ont très volontairement répondu aux questions initiales que je me posais, ce qui m’a permis de mieux encadrer le travail par la suite. Après l’observation précédente, j’ai eu l’opportunité de m’inscrire pour aider lors d’une soirée de distribution ce qui m’a permis de connaître de première main le fonctionnement de la distribution et vivre la dynamique du fonctionnement de l’association. Lors de cette occasion, j’ai pu rencontrer d’autres membres ainsi qu’un des producteurs qui fait partie du comité. Pendant ces travaux de terrain, j’ai pu avoir des conversations informelles avec de nombreuses 37 personnes. Pour recueillir et analyser les données des observations et des observation participantes j’ai pris des notes de terrain de trois types : descriptives, analytiques et méthodologiques (Bernard, 2013). Les notes descriptives m’ont permis de donner une description détaillée du terrain, sans interprétation d’aucune type. Dans les notes analytiques, je me permets de réaliser des premières interprétations et de suivre certaines pistes d’analyse pour la suite du travail. Les notes méthodologiques m’ont permis de réfléchir à mon rôle de chercheur et aux changements et améliorations que je peux appliquer lors des prochains travaux de terrain. J’ai essayé d’écrire ces notes le même jour de la réalisation des observations ou au plus tard le lendemain des observations pour avoir l’information « fraîche » dans ma mémoire (Goffman, 1989). Les informations recueillis lors des observations m’ont permis d’affiner trois grilles de questions pour producteur·trice/ intermédiaire/ consommateur·trice pour ensuite conduire des entretiens qualitatifs. Afin de contacter les personnes à interviewer, je suis allé à une autre soirée de distribution pour fixer des rendez-vous avec les personnes intéressées. J’ai essayé d’avoir une représentation des acteurs impliqués dans ce projet. Ainsi, j’ai réalisé au total six entretiens qualitatifs approfondis à sept personnes différentes entre le mois de décembre 2019 et janvier 2020, trois à des membres de l’association (dont un couple), un à un producteur et deux aux membres de la direction. Les entretiens ont duré environ une heure et ont été réalisés au domicile des interviewé·e·s ou dans des cafés, selon la disponibilité ou le désir des interviewé·e·s. Les membres consommatrices·teurs comptaient un homme de 43 ans, marié, sans enfants, travaillant dans le secteur de l’intégration des migrants ; un couple marié, femme et homme, de 36 et 38 ans avec deux enfants, travaillant dans le commerce de détail et dans la représentation commerciale, ainsi qu’un homme de 48 ans marié et de profession technique. Le producteur était un homme de 35 ans, marié, avec deux enfants. J’ai également contacté les deux producteurs présents au comité de TerreVision mais il n’a pas été possible de fixer un rendez-vous pour un entretien, j’ai pu toutefois entretenir des conversations informelles avec eux. Les membres de la direction comptaient une femme de 42 ans, mariée avec enfants, travaillant dans l’administration et un homme de 40 ans, en couple, avec deux enfants, travaillant dans le secteur éducatif. Pour les entretiens qualitatifs, j’ai utilisé des entretiens du type « narratif » ou « centrés sur un problème », tel que proposé par Witzel (2000). J’ai utilisé des questions ouvertes pour permettre 38 aux participant·e·s de définir eux et elles-mêmes leurs expériences avec l’ACP, et je me suis aidé des grilles de questions pour m’assurer de couvrir tous les points importants, y compris la relation entre producteurs·trices et consommateurs·trices. Les grilles de questions se trouvent dans l’annexe. L’analyse de différentes brochures et documents mis à disposition par l’association ainsi que son site web et ses réseaux sociaux a également était effectuée pour la réalisation de ce travail.
Présentation du cas TerreVision
TerreVision a été créée en septembre 2011 et propose des paniers de légumes et des produits supplémentaires depuis mai 2012 dans la ville de Bienne. L’association compte approximativement cent-vingt membres (janvier 2020). Elle est le fruit d’un mouvement plus large, des villes pour la transition écologique, dont un groupe de discussion pour la création d’un projet d’ACP a émergé : Vision 2035 est une association et un journal, et il y a quelques années ils ont commencé à faire des groupes d’activité, et puis il y a des branches qui sont parties de ça, et une branche était sur l’agriculture et c’est TerreVision, donc voilà, ça s’inscrit dans un mouvement un peu plus général dans la ville de Bienne. (Membre du comité, entretien) On doit considérer les membres comme des foyers, car chaque membre amène le panier à son unité familiale. Ils travaillent avec environ douze producteurs·trices locaux·ales qui produisent de façon biologique. La gestion est menée par un comité composé de huit membres, dont deux producteurs, et vingt-cinq personnes actives dans des groupes de travail. Au début, il y avait une coprésidence pendant une année. Aujourd’hui, il n’y a que le comité pour assurer la gestion de l’association. Le panier doit être cherché chaque mardi soir à un endroit fixe, le Gärbi, un bar-restaurant de la vieille ville de Bienne qui loue l’établissement à l’association. Cette distribution vise à être une occasion pour la rencontre entre les membres de l’association et éventuellement avec les producteurs·trices, et il s’agit aussi d’une occasion de repérer la dynamique de la relation producteur·triceconsommateur·trice. La distribution est gérée par un membre responsable qui travaille de 16h à 20h et par deux autres membres qui viennent aider, l’un de 16h à 18h et l’autre de 18h à 20h. L’horaire d’ouverture pour aller chercher le panier de légumes est de 17h à 19h30. L’association a prévu d’ouvrir un second point de distribution dans la ville de Bienne, dans un autre quartier, à partir du mois de mai 2020.
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Table des matières
1 Introduction
2 Cadre théorique
2.1 Reconnecter les différents éléments du système alimentaire
2.2 Dépassement de la sphère marchande
2.3 L’alternativité des systèmes alimentaires dites « alternatifs »
2.3.1 L’importance de la localité
2.3.2 Le rôle de la confiance
2.3.3 Les motivations, à la base des projets
2.3.4 La relation producteur·trice-consommateur·trice et la croissance du projet
2.3.5 La fonction des intermédiaires
2.3.6 La spécificité de l’agriculture contractuelle de proximité
3 Cadre analytique
4 Question de recherche et hypothèses
5 Méthodologie
6 Présentation et interprétation des résultats
6.1 Présentation du cas : TerreVision
6.2 La reconnexion en marche
6.2.1 Le site de production alimentaire : la ferme
6.2.2 Les méthodes de production
6.2.3 La chaîne d’approvisionnement
6.2.4 L’arène d’échange
6.2.5 L’interaction producteur·trice-consommateur·trice
6.2.6 Les motivations des acteurs
6.2.7 La constitution d’identités individuelles et collectives
6.3 Se développer sans perdre l’âme
7 Conclusion
8 Bibliographie
9 Annexes
9.1 Grille d’entretien producteurs
9.2 Grille d’entretien intermédiaires
9.3 Grille d’entretien consommateurs
9.4 Codes crées lors de l’analyse avec Atlas.ti
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