Le sexisme et les stéréotypes de genre dans la littérature jeunesse en théorie et dans les textes officiels

Le sexisme et les stéréotypes de genre dans la littérature jeunesse en théorie et dans les textes officiels 

Clarification des concepts 

Le sexisme est défini par le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) de la façon suivante « Attitude discriminatoire adoptée à l’encontre du sexe opposé (principalement par les hommes qui s’attribuent le meilleur rôle dans le couple et la société, aux dépens des femmes reléguées au second plan, exploitées comme objet de plaisir, etc.) » Le sexisme c’est donc toutes les attitudes, les images, les idées qu’a un sexe sur le sexe opposé. Comme le dit bien le CNRTL, la majorité du temps, le sexisme représente une attitude machiste de la part des hommes envers les femmes. C’est ce sexisme qui donne lieu aux stéréotypes de genre. Les stéréotypes sont définis de la façon suivante dans le CRNTL « Idée, opinion toute faite, acceptée sans réflexion et répétée sans avoir été soumise à un examen critique, par une personne ou un groupe, et qui détermine, à un degré plus ou moins élevé, ses manières de penser, de sentir et d’agir ». Les stéréotypes de genre sont ces idées reçues relayées sans aucune réflexion ni critique sur les femmes ou les hommes. Par exemple dans les stéréotypes de genre, on peut trouver sur les femmes qu’elles doivent être maternelles, sensibles, à l’écoute des autres. Tandis que les hommes doivent être forts et virils. Outre le comportement, il y’a également des stéréotypes de genre sur les métiers. Dans l’imaginaire collectif stéréotypé il y’a en effet des métiers « pour les femmes » et des métiers « pour les hommes ». Par exemple, une femme peut être esthéticienne mais beaucoup de personnes n’imaginent pas un homme faire ce métier. À l’inverse, les métiers de mécaniques ne sont pas du tout imaginés comme pouvant être féminins. Les stéréotypes de genre sont partout dans notre société et sont présents dans notre environnement dés le plus jeune âge. En effet, les jouets pour les enfants sont fortement stéréotypés. Les filles doivent jouer aux poupées et les garçons aux voitures. Les filles doivent être des princesses, les garçons des pirates. Malheureusement, beaucoup de personnes ne laisseraient pas un petit garçon jouer avec des poupées car c’est un « jeu de fille», ni des filles jouer aux pirates ou aux voitures car se sont « des jeux de garçons». Les stéréotypes de genre sont également présents dans les couleurs: le rose est considéré comme pour les filles et le bleu pour les garçons. Cela est tellement entré dans les moeurs que par exemple lors d’une « baby shower » où les futurs parents dévoilent le sexe de leur futur enfant, ils le font à l’aide de bleu ou de rose. Quand la couleur est dévoilée, si c’est du rose, tout le monde comprend que c’est une fille, si c’est du bleu un garçon alors qu’en réalité qui a défini le rose comme étant une couleur de fille et le bleu une couleur de garçon? Par quel examen?

Aucun. Les albums jeunesse se sont les livres illustrés qui s’adressent à un jeune public. Les albums jeunesse sont beaucoup utilisés à l’école et notamment à l’école maternelle. Malheureusement, beaucoup d’albums véhiculent des stéréotypes de genre: la faible représentation de la femme, les rôles définis pour les pères et les mères dans les histoires, les métiers envisagés par les protagonistes, les jouets auxquels ils jouent ou encore les couleurs utilisées. Mais depuis quelques années, des écrivains et illustrateurs ont pris conscience de ce problème et créent maintenant des albums de moins en moins stéréotypés et surtout des albums qui déconstruisent les stéréotypes de genre.

Que disent les nouveaux programmes? 

Le gouvernement a pleinement conscience des problèmes de sexisme et des stéréotypes de genre qui sont présents à l’école. En 2002 déjà, le ministère de l’Éducation Nationale propose alors dans les programmes de l’école primaire, une liste de 180 « ouvrages de références » pour aiguiller les enseignants dans leurs choix en terme de littérature jeunesse. Lors de son élection en 2017, le président Emmanuel MACRON a fait de « l’égalité entre les femmes et les hommes: grande cause nationale du quinquennat », comme le souligne le document sur L’égalité des filles et des garçons sur le site education.gouv.fr. Ce document stipule que pour travailler à cette égalité il faut agir auprès des parents ainsi que dans la formation du corps enseignant. La promotion d’une meilleure mixité des filières est également mis en avant. De plus « un référent égalité » devra être nommé dans chaque établissement scolaire en France, ce qui est une nouveauté. Dans la lutte contre les violences faites aux femmes, les établissements devront condamnés tout comportement sexiste et seront invités à inscrire la valeur de l’égalité entre les sexes dans leurs règlements intérieurs. L’Éducation Nationale insiste sur le fait que la transmission de cette valeur se fait dés le plus jeune âge. Une meilleure formation des enseignants sur ces questions vise à éradiquer les différentes pratiques enseignantes pouvant être jugées sexistes. Un arrêt pourrait conduire à une répartition mixte dans les filières même si pour cela il faut faire un véritable travail en profondeur de déconstruction des stéréotypes qui sont intériorisés par les élèves sans qu’ils ne s’en rendent compte. L’Éducation Nationale, pour ancrer cette égalité de genre a défini « trois chantiers prioritaires: la transmission des valeurs d’égalité entre les filles et les garçons, le renforcement de l’éducation au respect mutuel et à l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes, l’engagement pour une mixité plus grande des filières de formations et à tous les niveaux d’étude ». Des personnes seront nommées et chargées par les académies de mission pour coordonner et suivre les actions visant à cette égalité. Nous vivons dans un monde toujours plus connecté, le ministère a donc à coeur de sensibiliser les parents et professionnels de l’éducation au cyber-harcèlement sexiste et/ou sexuel. Toujours en réponse à ce monde connecté, le ministère met à disposition de tous (professionnels, parents, directions) des outils numériques pour prévenir des violences sexistes ou sexuelles et promouvoir l’égalité entre les filles et les garçons. Il a également créer « la malette des parents (qui) intègre des outils relatifs à l’égalité filles-garçons, les usages d’internet et du numérique et la lutte contre le cyber harcèlement ». La Convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif de 2019 à 2024 développe toute ces nouvelles mesures pour promouvoir l’égalité de genre. Elle décrète notamment deux journées nationales pour cette promotion: le 8 mars, journée pour les droits des femmes et le 25 novembre, journée contre les violences faites aux femmes. La convention souligne ue les stéréotypes de genre véhiculés dans notre société construisent malheureusement la personnalité des enfants qui les intériorisent dés la maternelle sans même sans rendre compte. Dans cette convention, l’État annonce vouloir continuer son soutien aux associations pour l’égalité des femmes et des hommes et aussi leur permettre d’intervenir dans les établissements scolaires pour sensibiliser les élèves à ces questions. La formation du personnel enseignant à ces questions est le deuxième volet de cette convention, le gouvernement prenant très au sérieux ce sujet. De ce fait l’état propose une formation continue du personnel enseignant sur ces questions, mais également de mettre en place des formations aux auteur-e-s des ressources pédagogiques afin d’éradiquer tout stéréotype de genre dans leurs publications. La transmission de la valeur de l’égalité entre les femmes et les hommes est le troisième volet de la convention. Elle veut notamment « favoriser le dialogue avec le secteur de l’édition pour lutter contre les stéréotypes et  pour une plus grande représentation des femmes dans les manuels scolaires ». En EPS, il y a également de la part de la convention une volonté de réduire les inégalités entre les filles et les garçons et de montrer que la pratique de l’activité physique n’est pas masculine. Lors des journées nationales de la femme, les établissements devront organiser des débats. Ceci entre parfaitement en accord avec le programme d’EMC qui prévoit les débats en classe de façon générale. Ces débats pourront permettre de mettre en lumière les stéréotypes encore présents dans la tête des élèves et pouvoir avec eux les déconstruire. Dans un souci de réduire les différences d’orientation entre les filles et les garçons et déconstruire les stéréotypes de genre qui demeurent dans certaines filières, la convention prévoit de « favoriser la découverte de tous les métiers, sans stéréotype de sexe, dés l’école élémentaire » en faisant appel par exemple à des intervenants qui sont des contrestéréotypes, ainsi qu’en favorisant l’entrée dans ces filières fortement sexuées du sexe minoritaire. Pour finir dans cette convention, l’État prévoit de « favoriser les recherches en sciences sociales permettant d’éclairer les vecteurs favorisant la mixité ».

Actualité de la recherche scientifique

Carole BRUGEILLES, Sylvie CROMER et Nathalie PANISSAL, dans leur article scientifique Le sexisme au programme? Représentations sexuées dans les lectures de référence à l’école écrit en 2009 , se sont demandées, comme l’indique le titre, si le sexisme était présent dans les programmes scolaires et donc en quelque sorte enseigné à l’école. Cet article commence par le constat que depuis les années 60, le gouvernement souhaite une égalité de genre à l’école. Pourtant leur étude prouvent que cette égalité de genre n’est malheureusement pas encore totalement présente à l’école. Il demeure en effet de nombreuses différences d’orientation des filles et des garçons. Des filières demeurent fortement orientées. En 2002, le gouvernement a proposé aux enseignant une liste d’ouvrages de référence pour aiguiller leurs choix. arole BRUGEILLES, Sylvie CROMER et Nathalie PANISSAL se sont alors intéressées à cette liste et ses ouvrages pour voir si ceux-ci véhiculaient ou non des stéréotypes sexistes et donc s’ils prônaient ou non l’égalité entre les filles et les garçons. Elles se sont concentrées sur un corpus de 118 ouvrages. Elles ont fait le constat que 80% de ces ouvrages sont écrits par des hommes alors que des recherches ont prouvé que le sexe de l’auteur influençait les histoires. Les illustrations aussi étaient à dominante masculine étant donné que 67% des ouvrages sont illustrés par des hommes. Les ouvrages sont essentiellement français, contemporains et réalistes. Elles ont pu constater également que les inégalités sociales comme la pauvreté par exemple sont abordées dans peu de ces ouvrages mais sans parler d’inégalités de genre, le simple rapport entre les hommes et les femmes n’est jamais abordé. Dans la littérature jeunesse, les personnages très importants sont majoritairement masculins « 93% des histoires campent au moins un protagoniste masculin (…) 60% des histoires seulement font appel à un personnage féminin ». Il y a donc un réel déséquilibre de représentation entre les sexes. De plus quand il y a plusieurs protagonistes, il est observé une nette différence de représentation entre les protagonistes masculins et féminins : 31% des histoires ont pour personnages principaux deux personnages masculins et 16% des histoires en ont 3 voir plus, mais ces pourcentages baissent respectivement à 10% et moins de 1% quand il s’agit de personnages féminins. Pour résumé, je peux citer « Les élèves, filles et garçons, sont invités à s’intéresser et à s’identifier à un universel masculin où les éléments féminins, moins nombreux et isolés, ne représentent qu’une sous catégorie ». Les personnages secondaires et l’arrière plan sont eux aussi majoritairement masculin. Bien que 57% des histoires comportent des protagonistes masculins et féminins seulement 13% en comportent à parts égales: la mixité est donc présente en façade mais pas de façon réelle et paritaire. Il ne faut pas non plus omettre que 36% des histoires comportent exclusivement des personnages masculins pour seulement 3% exclusivement de personnages féminins. Tout comme les personnages, dans 64 % des cas le héros est principalement masculin (garçon, homme, groupe d’hommes ou groupe de garçons). Le héros est souvent un enfant ce qui permet une meilleure identification du lecteur au héros plus qu’à une héroïne. En ce qui concerne le caractère des personnages, les différences entre les sexes sont moins marquées mais les femmes sont nettement plus dotées de qualités affectives par rapport aux hommes et ces derniers ont plus de « défauts intellectuels» que celles-ci. En revanche chez les protagonistes enfants, les garçons sont plus souvent caractérisés par des qualités affectives « ce qui peut être considéré comme un véritable contre-stéréotype ». Les filles, elles, se concentrent plus sur les relations amoureuses. Demeurent également dans ces ouvrages le stéréotype classique de: la femme à la maison, l’homme au travail : 64% des hommes sont insérés professionnellement pour seulement 28% de femmes. Le panel de professions est également nettement différent selon le sexe: tandis que les hommes peuvent exercer quasiment toutes les professions existantes, les femmes sont elles cantonnées à trois domaines. Elles sont extrêmement marquées dans la sphère domestique contrairement aux hommes.

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Table des matières

Introduction
Le sexisme et les stéréotypes de genre dans la littérature jeunesse en théorie et dans les textes officiels
A) Clarification des concepts
B) Que disent les nouveaux programmes
C) Actualité de la recherche scientifique
D) Actualité de la recherche professionnelle
Pourquoi s’interroger sur la présence de stéréotypes de genre dans la littérature jeunesse et comment les combattre?
A) Objectifs de la recherche et les hypothèses
B) Présentation du recueil de données
Expérimentation et résultats
A) Séance 1: lecture de l’album Dinette dans le tractopelle
B) Séance 2: contage de l’album Nils, Barbie et le problème du pistolet
C) Séance 3: nouvelle lecture de l’album Dinette dans le tractopelle
D) Entretiens après les séances menées pour l’expérimentation
Conclusion
Annexe 1: Guide d’entretien
Annexe 2: retranscription des entretiens initiaux des deux élèves ayant des représentations non stéréotypées
Annexe 3: retranscription des entretiens initiaux de deux élèves ayant les stéréotypes de genre fortement ancrés
Annexe 4: retranscription de l’entretien avec l’élève pour laquelle le bleu est une couleur de garçon bien qu’elle porte une robe bleue
Annexe 5: retranscription de l’entretien après les séances d’expérimentation de l’élève pour qui pour gagner on a besoin des garçons
Annexe 6: retranscription des entretiens après les séances d’expérimentation des deux élèves qui avaient des représentations initiales non stéréotypées
Annexe 7: retranscription des entretiens après les séances d’expérimentation des élèves qui avaient des représentation initiales très stéréotypées
Bibliographie

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