Depuis plus de trois décennies, le Sénégal, à l’instar de la plupart des pays du Sahel, connaît des irrégularités pluviométriques qui ont conduit à un établissement progressif de la sécheresse. Ce contexte a souvent entraîné une réduction persistante de la production de l’arachide considérée jusque là comme l’une des principales cultures de rente et aussi des cultures vivrières comme le mil, le maïs, le sorgho (www.fao.org). Cette baisse progressive tend ainsi à accentuer la pauvreté en milieu rural avec une incidence de plus de 85 % de la population, taux sensiblement supérieur à la moyenne de 60 % pour l’ensemble de la population sénégalaise (PNUD, 2001). En plus, la production alimentaire ne suivant pas le rythme de l’accroissement démographique dans les pays sous développés (ONUDI, 1985 ; CAREL, 1988), les besoins croissants en terres cultivables peuvent entraîner leur surexploitation et ainsi une baisse progressive de leur niveau de fertilité. L’autosuffisance devient un des principaux objectifs du Sénégal pour une agriculture durable. Ainsi, une satisfaction des besoins alimentaires des populations à travers une bonne politique de sécurité alimentaire s’impose. La diversification des cultures se montre de plus en plus comme une solution aux problèmes posés. C’est dans ce contexte que les autorités ont mis en place un programme de diversification des cultures pour une meilleure sécurisation des productions destinées à l’exportation. C’est ainsi que le sésame (Sesamum indicum L.), plante oléagineuse à utilisations alimentaires multiples et à culture facile a été introduit dans le cadre du programme agricole « Diversification des cultures » du Sénégal (ISRA, 1998 ; MAE, 2003) pour assurer la sécurité alimentaire et financière des agriculteurs.
Le sésame (Sesamum indicum L.) est une plante des régions chaudes situées généralement dans les zones tropicales et intertropicales connue pour ses besoins modestes en eau et en fumure (Purseglove, 1984). Son importance économique est surtout liée au fait que sa graine est riche en huile de qualité (50%) et une composition en protéines (25%) comparable à celle de la viande (Yermanos et al., 1964; FAO,1999).
Le sésame, Sesamum indicum L.
Historique et distribution
Le sésame, Sesamum indicum L. est une plante oléagineuse longtemps cultivée par les hommes. C’est une plante riche en huile de qualité et est aussi utilisée pour la thérapie. (Weiss, 1971 ; Purseglove, 1984 ; Mulkey et al., 1987 ; OMM, 1991). Son origine est probablement africaine par la présence de souches sauvages de la plupart des espèces du genre Sesamum (Weiss, 1971 ; Purseglove, 1984). Il serait entré en culture en Ethiopie d’abord et c’est par la suite qu’il a été introduit en Asie notamment en Chine et en Inde et l’extension vers les Etats-Unis fut l’œuvre des esclaves durant la période de la traite négrière (Weiss, 1971 ; Purseglove, 1984, Yermanos, 1980 cité par Yahya, 1998). La culture du sésame est spécifique des zones tropicales et subtropicales qui sont généralement comprises entre les latitudes 25° N et 25°S mais aussi dans les zones tempérées chaudes (Weiss, 1971 ; Purseglove, 1984; OMM, 1991; Yahya, 1998). Au Sénégal, le sésame est cultivé dans les régions orientales sud à Kolda et Tambacounda et les centres nord et sud du bassin arachidier à Kaolack (Mémento de l’agronome, 1991 ; 2002).
Position taxonomique et description botanique
Position taxonomique
Le sésame Sesamum indicum L. est une plante appartenant à la tribu des Sésamées, à la famille des Pédaliacées, à l’ordre des Tubiflorales, à la classe des Dicotylédones, à la sous-division des Angiospermes et à la division des Spermaphytes (Weiss, 1971 ; Purseglove, 1984 ; Lebrun & Stork ,1997). Le genre Sesamum compte 36 espèces dont certaines sont oléagineuses comme Sesamum indicum L. (OMM, 1991), Sesamum angolense avec une teneur en huile d’environ 28%, S. radiatum Schum. et Thom. cultivé surtout pour l’alimentation des ovins, S. alatum Thom. , S. prostatum Retz. et Ceratotheca sesamoïdes Endl. (37% d’huile) (Weiss, 1971 ; Purseglove, 1984). Cependant quelques synonymies de Sesamum indicum L. existent dans la littérature. On peut citer S. orientale L. ; S. occidentalis H&R ; S. luteum Hort. et S. oleiferum Moech. (Weiss, 1971 ; Lebrun & Stork ,1997).
Description botanique
Appareil aérien
Le sésame, Sesamum indicum L. est une plante annuelle à port droit pubescent, à tige de section carrée dont la taille varie entre 60 cm à 120 cm selon les variétés et les conditions de cultures. Selon Weiss (1971) le degré de pubescence traduit une résistance à la sécheresse. On distingue des variétés non ramifiées ou monocaules, des variétés ramifiées et des variétés très ramifiées. Les feuilles de couleur verte sont poilues avec des stomates sur les deux faces. Les dimensions des feuilles varient et peuvent atteindre jusqu’à 17,5 cm de long et 7 cm de large. Les feuilles peuvent être opposées lorsqu’elles sont situées à la base de la tige ou alternes pour celles situées plus haut sur la tige. Ces dernières ont une forme effilée, lancéolées et étroite avec un pétiole court tandis que les feuilles inférieures sont plus larges, lobées avec un long pétiole (Weiss, 1971). Les fleurs chez le sésame sont tubulaires, pendulantes en forme de cloche de couleur pourpre pâle, rose à blanchâtre mesurant 1,9 à 2,5 cm de long. Les fleurs sont individualisées ou parfois regroupées en deux ou trois fleurs (racème) par axe et apparaissent à l’aisselle des feuilles. Le sésame est autogame avec un nombre de chromosomes total 2n = 26. Les fleurs sont zygomorphes et sont autofécondes. Elles sont gamopétales avec un calice à 5 sépales et une corolle à 5 lobes. Corolle et calice sont tous pubescents. Les étamines fertiles au nombre de 4 forment l’androcée. Les anthères sont portées par des filets basifixes. Les étamines s’individualisent par deux formant deux paires inégales. La plus courte mesure 1,5 cm maximum et la plus longue 2cm. Les graines de pollen produites par les anthères tôt le matin, sont viables 24h durant. Le gynécée comprend un ovaire à 2 carpelles contenant 15 à 25 ovules répartis dans 4 loges. Ces ovules sont disposés en position axillaire (Mazzani, 1964). L’ovaire est sessile et supère. Le style simple est composé d’un stigmate bifide et peut être réceptif un jour avant et deux 2 jours après l’épanouissement floral. Cependant Schilling & Cattan (1991) fixe la période de réceptivité du stigmate à 4 jours après l’ouverture de la fleur. C’est un style terminal, pubescent mesurant 2 cm environ (Weiss, 1971). Les fleurs de sésame sont autofécondées pour la plupart. Cette autofécondation est possible par la disposition des anthères qui ne libèrent les graines de pollen qu’à l’intérieur de la fleur en rapport avec leur disposition introrse. Néanmoins la fécondation croisée par l’intermédiaire d’insectes ou du vent est souvent observée (Weiss, 1971). Après fécondation et ouverture de la fleur, les pétales et les étamines tombent au bout de 15 à 20h. Les fleurs fécondées donnent des capsules au bout de 9 jours après leur ouverture. Ces capsules ont une taille de 1 à 3 cm et sont pubescentes ou glabres selon les variétés, de couleur marron à pourpre à maturité, oblongues et présentant des rainures. Chaque capsule produit de nombreuses petites graines (60 graines environ) ovales de couleur variable suivant les variétés (Weiss, 1971). Ces graines sont classées en type en fonction de la couleur et il existe des graines de type claire (blanches, jaunes, crèmes) et des graines de type sombre (rouge brune, grise ou noire). Ces graines contiennent de l’huile et des protéines dont les teneurs en huile et en protéines des graines varient beaucoup en fonction des variétés entre 45 à 55% et 19 à 25% respectivement (Weiss, 1971 ; Varma, 1958 ; Pursglove, 1984).
Système racinaire
La morphologie racinaire du sésame est fortement corrélée au type variétal mais aussi aux conditions environnementales (Weiss, 1971). La racine a un long pivot principal et un réseau dense de racines latérales. Cette racine croit plus vite chez les variétés non ramifiées et l’accroissement rapide du pivot serait due à une accumulation importante de phosphore par la plante indispensable à son établissement racinaire et le prélèvement s’effectue entre 5 et 8 cm en dessous du sol (Weiss, 1971 ; Diouf, 2001).
Caractéristiques phénologiques
Le sésame a un cycle de développement variant entre 70 à 180 jours après semis (jas) selon les variétés. Il existe des variétés précoces à cycle court (70 à 100 jas) et des variétés tardives à cycle long (100 à 180 jas). Cependant le cycle peut varier considérablement en relation avec les conditions environnementales. Ainsi le sésame qui est normalement une plante de jour court présente des variétés de jour long adaptées. (Weiss, 1971 ; Narayan et al., 1982 ; Purseglove, 1984). Après semis, la germination s’observe au bout de 3 à 10 jours. Le sésame est caractérisé par une lente mise en place du système racinaire, ensuite il y’a un accroissement rapide de l’appareil aérien. La floraison débute au bout de 25 à 55 jas suivant les variétés. L’arrêt de la floraison est synonyme de maturation des capsules qui se fait du bas vers le haut de la tige par un jaunissement progressif suivie de chute des feuilles. En outre une déhiscence des capsules est observée chez les variétés déhiscentes.
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Table des matières
Introduction
Synthèse bibliographique
1. Le sésame, Sesamum indicum L
1.1 Historique et distribution
1.3 Caractéristiques phénologiques
1.4 Conditions écologiques de culture
1.5 Culture du sésame
1.6 La récolte des fruits et utilisation post-récolte des produits
2. La symbiose mycorhizienne
2.1 Les Champignons Mycorhiziens Arbuscules (MA)
2.2 Taxonomie des champignons MA
3. Dépendance mycorhizienne des plantes
4. Rôle des champignons MA dans la nutrition hydrominérale des plantes
4.1. Rôle dans l’alimentation hydrique
4.2 Rôle dans la nutrition phosphatée
4.3 Les champignons mycorhiziens et la nutrition azotée des plantes
4.4 Les champignons MA et la protection phytosanitaire des plantes
5 Avantages et bénéfices des champignons mycorhiziens en agriculture
6. Mycorhization du sésame (Sesamum indicum L.)
Matériel et méthodes
1- Sites d’étude
1- Matériel végétal
2- Matériel fongique
2.1- Production d’inoculum
2.2- Inoculation des cultures
Résultats
2.3- Coloration des racines
3- Potentiel mycorhizogène (MPN) du sol des sites d’étude
3.1- Préparation des sols et conduite de la culture
3.2- Observation et estimation du MPN
4- Dispositifs expérimentaux
4.1- Détermination du degré de dépendance des différentes variétés de sésame à l’inoculation mycorhizienne arbusculaire
4.2- Etude du comportement des couples sélectionnés sur sol non stérilisé
5- Paramètres mesurés
6- Analyses statistiques
Résultats
1- Détermination du degré de dépendance des différentes variétés de sésame à l’inoculation mycorhizienne arbusculaire
1.1- Mycorhization
1.2- Développement végétatif
2- Etude de la mycorhization sur la croissance et la biomasse aérienne des couples choisis cultivés sur sol non stérilisé
2.1- Mycorhization
2.2- Développement végétatif
Conclusion