Le sentiment d’impuissance face aux lois

Le sentiment d’impuissance face aux lois

Enjeux pour le travail social

Comme noté dans la partie ci-dessus, les personnes prostituées rencontrent statistiquement plus des difficultés que la population en général. Ainsi, la prostitution peut être considérée comme un problème social. Pour cette raison, en tant que travailleuse sociale, je dois me poser la question ; Qu’est-ce qui peut être fait pour queles travailleurs et travailleuses du sexe puissent bénéficier d’une meilleure qualité de vie ? Effectivement, il est impossible de répondre à cette question de manière exhaustive mais ce sujet doit être plus étudié et pris en considération. Les travailleurs et travailleuses sociales ont  responsabilité de se préoccuper des sujets qui semblent susciter peu d’intérêt en général et défendre les droits fondamentaux des plus démunis comme le soutien le code de déontologie rédigé par AvenirSocial (l’association professionnelle suisse du travail social), (AvenirSocial, 2010). En conséquence, le soutien à l’intégration sociale en fait partie ainsi que l’attention particulière aux personnes qui ont un accès insuffisant ou restreint aux ressources sociales. Selon ce code : « le travail social consiste à empêcher, faire disparaître ou atténuer la détresse des êtres ou les groupes humains. » (AvenirSocial, 2010, pp. 6, point 5)4 Comme on peut voir dans ce travail, plusieurs facteurs montrent que l’accompagnement social est nécessaire autour de la prostitution. Cet accompagnement consiste à créer et entretenir un lien avec les prostitué·e·s, à les écouter, à faciliter leur accès aux droits fondamentaux et éventuellement, à les accompagner au niveau de l’insertion professionnelle (Ayerbe, Tour, Henry, & Vey, 2011). Comme noté dans le code de déontologie, les travailleurs et travailleuses sociales doivent s’abstenir de jugement (AvenirSocial, 2010). Cette abstention est essentielle dans l’accompagnement des prostitué·e·s. Cela d’autant plus que la stigmatisation et les préjugés sont omniprésents dans le milieu du travail du sexe (Comte, 2010). Pour finir cette partie, l’étude SWAN confirme qu’« Il faut donc renforcer la communication concernant les droits et devoirs des TS5 auprès de la population cible. Si les associations d’aide aux TS ont actuellement pour principal mandat de faire de la prévention du VIH et des autres IST, il faut reconnaître l’important travail d’orientationdans le réseau et le soutien psycho-social apporté aux TS. » (Lociciro, Ernst, Simonson, & Bize, 2017, p. 86).

Prostitution : un travail ou une exploitation ?

Comme expliqué dans la partie 3.1.2 (Cadre légal en Europe : différents modèles pour régler la prostitution et les conséquences observées), la reconnaissance de la prostitution comme métier partage les opinions des expert·e·s et de la population. L’impact de ces différences s’étend à des politiques selon l’idéologie que le pays en question a adoptée. A ce combat des idéologies féministes partagées, il faut y rajouter des enjeux de l’ordre moral comme ; est-ce bien ou pas de marchander son corps ? Etant donné le caractère genré de la prostitution, les femmes, qui exercent cette activité, sont visées par ces questions morales. Les mots que l’on utilise dans le langage courant, comme « pute » ou « sale boulot », sont forts et dégradants. A tel point que, les femmes qui osent enfreindre les normes de genre et de sexualité prescrites par l’idéal de la féminité, risquent d’être traitées comme « les putes » (Plumauzille, 2016). Les clients des personnes prostituées n’ont pas le poids de ce stigmate. Comme expliqué dans l’ouvrage de Piechowicz, qui décortique le message véhiculé par le média concernant les clients : « Dans ces articles, les représentations sociales de genre jouent le jeu de la banalisation de la prostitution et normalisent les actes des clients. […] Cette banalisation de la prostitution s’appuie sur une conception de la sexualité masculine pensée comme la réponse à une pulsion. » (Piechowics, 2017, p. 52). Pourtant, il est évident que sans la demande de la part des clients, la prostitution n’existerait pas. Dans cette partie, je vais m’attarder à ces deux mouvements qui ont chacun leurs argumentations pour défendre leurs opinions. Dans certains ouvrages (Chimienti, 2009), le terme « les féministes radicales » est utilisé pour les féministes qui souhaitent l’interdiction de la prostitution et qui ne considèrent la prostitution dans aucun cas comme un travail. L’exploitation sexuelle des femmes Selon certains mouvements féministes, la prostitution ne peut jamais être considérée comme un libre choix (Jovelin, 2011). « La prostitution représente une violence à l’égard des femmes et constitue une exploitation non seulement des femmes prostituées mais de l’ensemble des femmes présentées comme une « marchandise ». Pour les féministes radicales, la prostitution s’explique par l’appropriation de la sexualité des femmes par les hommes ; les femmes sont définies comme des objets sexuels destinés à répondre aux besoins des hommes, en tant qu’épouses ou comme prostituées » (Jovelin, 2011, p. 76). Ce mouvement veut l’abolition de la prostitution et la première étape dans cette démarche consiste à pénaliser les clients comme cela se fait, en Suède. Ceci afin de responsabiliser les clients et de leur infliger le stigmate subi par les prostitué·e·s. Pour Legardinier « L’abolition ne signifie pas que la prostitution disparaîtra de la carte, à titre individuel. Elle cessera simplement d’être organisée, banalisée par les Etats comme par les médias. Cessant d’être encouragée, institutionnalisée, elle ne sera plus la source de profits sans fond qu’elle est aujourd’hui pour d’innombrables proxénètes et parasites partout dans le monde. » (Legardinier, 2015, pp. 198 199).Selon Comte, la criminalisation de la prostitution stigmatise encore plus les prostitué·e·s car elles et ils sont vu·e·s comme des criminel·le·s par la suite (Comte, 2010) : « Finalement, une approche à travers la criminalisation des clients telle que la prônent les abolitionnistes, maintient un statut de victime chez les femmes faisant de la prostitution : celles-ci se voient donc refuser le statut de citoyennes à part entière pour être socialement identifiées en tant que mésadaptées sociales ayant besoin d’être protégées contre elles-mêmes. »

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Table des matières

Abréviations
1. Introduction : Pourquoi la prostitution ?
2. La problématique
2.1 Question de recherche
2.2 Pertinence de la recherche et premiers éléments contextuels
2.2.3. Enjeux pour le travail social
2.3 Objectifs et les hypothèses
3. Les concepts théoriques
3.1 Cadre légal
3.1.1 Différents termes légaux en lien avec la prostitution
3.1.2 Cadre légal en Europe : différents modèles pour régler la prostitution et les
conséquences observées
3.1.3 Cadre légal en Suisse dans la règlementation de la prostitution
3.1.4 Cadre légal en Valais et les spécificités
3.2 Prostitution : un travail ou une exploitation ?
3.3 Enjeux de genre
3.4 Migration en lien avec le travail du sexe
3.5 Prostitution et stigmatisation
3.5.1 Construction d’identité, estime de soi, image du corps
3.6 Réinsertion (socio ?) – professionnelle
4. Enquête empirique
4.1 Terrain de recherche
4.2 L’échantillon
4.3 Démarche qualitative
4.4 Un terrain exploré par différentes méthodes
4.5 Ethique
4.6 Les risques et les limites
5. Description et analyse des données
5.1 Autorités, lois et environnement social
5.1.1 La collaboration avec l’autorité (=police
5.1.2 Le sentiment d’impuissance face aux lois
5.2 Les enjeux autour de la migration et la mobilité
5.2.1 Migration
5.2.2 Vulnérabilité
5.3 Stigmatisation
5.3.1 Préjugés dans le milieu de la prostitution
5.3.2 Le regard des autres sur le travail des accompagnatrices
5.4 Les questions de genre
5.4.1 Travailleurs du sexe et personnes transgenres
5.4.2 Rencontres avec les travailleurs du sexe
5.5 Travail social en lien avec la prostitution
5.5.1 Le lien de confiance et la mobilité : la combinaison impossible ?
5.5.2 Des accompagnatrices motivées
5.6 Travail du sexe : Un métier comme autre en Valais
5.6.1 Travail social et prostitution : enjeux et difficultés
5.6.2 Le corps comme outil de travail dans un cadre normatif
6. Conclusion
Bibliographie
1. Annexes

 

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