Le secteur «Tourisme», moteur de développement
« Un pôle de développement est un centre économique moteur exerçant des effets d’entraînement sur son environnement, peut être une entreprise, une branche, un secteur, une agglomération, une région ou une nation » . L’accroissement du nombre de touristes exerce un impact positif de plus en plus marqué sur l’économie de Madagascar. Ces impacts sont divers. Il y a d’abord des impacts économiques directs : impacts sur le niveau d’emploi, impacts sur l’apport en devises et donc sur la balance des paiements, impacts sur le niveau des investissements et par conséquent sur le revenu national suite à l’effet multiplicateur. Il y a aussi d’autres enjeux du développement du tourisme. Il s’agit notamment de la lutte contre l’exode rural et la protection de l’environnement.
Les répercussions économiques directes
Comme on vient de le dire plus haut, le développement du secteur économique provoque des répercussions économiques directes non négligeables. Afin de mieux expliquer ces impacts, nous allons analyser l’évolution de la contribution du secteur «Tourisme» dans l’économie de Madagascar.
Effets sur la Balance des paiements
L’arrivée des touristes dans un territoire donné se traduit économiquement par une entrée en devises pour le pays d’accueil et une sortie de devise pour le pays émetteur. Ainsi, elle a des répercussions sur la balance des paiements aussi bien du pays d’accueil que du pays émetteur.
Définition de la balance des paiements
« La balance des paiements est un état statistique où sont systématiquement résumées, pour une période donnée, les transactions d’une économie avec le reste du monde. Les transactions sont celles qui portent sur les biens, services et revenus ; celles qui font naître des créances financières sur le reste du monde ou des engagements financiers avec celui-ci […] qui sont considérées comme […] des transferts sans contre partie. Une transaction se définit comme un flux découlant de la création, de la transformation, de l’échange, du transfert ou de l’extinction d’une valeur économique et faisant intervenir le transfert de la propriété de biens ou d’actifs financiers, la prestation de services ou de la fourniture de travail et de capital » .
La balance des paiements d’un pays retrace à la fois les paiements à destination de l’étranger et les recettes qui en proviennent.
Effets des recettes touristiques sur la balance des paiements
Le tourisme est enregistré dans le poste transports et voyages sous la rubrique transaction de services de la balance des paiements. Le secteur «Tourisme» s’illustre dans la Balance des Paiements par les recettes en devises qui sont inscrites au crédit et par les dépenses des touristes qui voyagent à l’extérieur qui sont inscrites au débit du poste voyages de la balance des paiements. Ces recettes ou dépenses entraînent une augmentation ou une diminution des avoirs extérieurs en devises du pays. Mais l’influence du secteur touristique sur la balance des paiements ne se limite pas à la balance des services, il peut s’étendre sur l’ensemble de la balance courante et de la balance des capitaux. Les activités touristiques peuvent entraîner des importations des marchandises et de biens d’équipement. Elles peuvent donner lieu à des opérations courantes sur les marchandises ou sur les services, et peuvent faire appel à des capitaux étrangers. En effet, les investissements touristiques et infrastructures peuvent engendrer des mouvements de capitaux. Il peut s’agir d’Investissements Directs Etrangers, des dons ou prêts provenant des bailleurs de fonds. Les mouvements de capitaux peuvent avoir des effets à long terme sur la balance des paiements. Par exemple, le recours à l’emprunt implique un encaissement dans l’immédiat, mais il implique aussi un endettement ultérieur qui ne figure pas à la balance des paiements de l’année. Ainsi, l’accroissement des recettes touristiques contribue largement à l’amélioration de la balance des paiements d’un pays. Or les recettes touristiques d’un pays sont étroitement liées au nombre de touristes internationaux venant visiter ce pays. L’accroissement du nombre de touristes exerce un impact sur l’accroissement des recettes touristiques en devises. Entre 1998 et 2001, une augmentation du nombre des touristes de l’ordre de 40,4% a généré une augmentation de 37,7% des recettes touristiques en devises. En 2003, les recettes en devises au titre du tourisme étaient de 54 millions de DTS, soit en contre valeur 468,45 milliards FMG. Entre 1998 et 2003, chaque touriste non-résident supplémentaire qui vient à Madagascar fait augmenter les recettes touristiques de 501 DTS en moyenne.
Les recettes en devises du tourisme par rapport aux autres principales recettes d’exportations
De 1998 à 2000, le secteur «Tourisme» est le deuxième secteur pourvoyeur de devises à Madagascar après les Zones Franches Industrielles. En 1998 et 1999, les recettes générées par le tourisme (hors titre de transport international) représentent 17% des recettes d’exportation de marchandises. En 1999, les recettes du tourisme ont connu une hausse de 11%. Toutefois, cette hausse est inférieure à celle constatée en 1998 qui était de 20,29%. En 2000, et 2001, les recettes touristiques représentent respectivement 8% et 11% des recettes totales d’exportations. La hausse en 2001 par rapport à l’année 2000 est probablement liée à l’éclipse solaire qui a entraîné une augmentation du nombre de touristes venus dans la Grande Ile. Toutefois, en 2001, le tourisme, avec 90,2 millions de DTS de recettes, était relégué à la troisième place, devancée par la vanille qui a connu une recette de 128,8 millions de DTS. La hausse des recettes de la vanille s’explique par le fait qu’en 2001, le cours de la vanille a connu une forte hausse : 39,78 DTS/kg en 2000 à 78,54 DTS/kg en 2001. En 2002, le secteur «Tourisme», avec seulement 27,8millions DTS de recettes, passe à la quatrième place en terme de recettes en devises, distancé par ordre décroissant par la vanille (90,19 millions DTS), les Zones Franches Industrielles (78,10millions DTS), et les crustacés (67,8 millions DTS). Certes, tous les secteurs économiques ont souffert des crises politiques et économiques qui paralysaient le pays, mais on peut constater que le secteur «Tourisme», avec les Zones Franches Industrielles ont été les plus touchés. En effet, ces deux secteurs ont vu diminuer leurs recettes de 70% contre 6% et 30% pour la vanille et les crustacés.
Tourisme et création d’emplois
La contribution du secteur «Tourisme» dans l’économie ne se limite pas seulement à l’apport en devises. Il est aussi un secteur générateur d’emploi.
Emplois générés par le tourisme
Concernant les effets du développement du tourisme sur le niveau d’emploi d’un pays, nous allons distinguer trois effets: les emplois directs générés par le tourisme, les emplois indirects et les emplois induits.
Emplois directs
Les emplois directs sont des emplois qui correspondent à des emplois purement touristiques, des emplois créés suite à la demande des touristes. On y trouve par exemple les emplois créés suite à la création d’un établissement hôtelier, d’une création d’EVPT, les guides touristiques,…
Emplois indirects
Les emplois indirects quant à eux sont des emplois créés dans les activités concourant à la satisfaction de la consommation touristique intérieure dans d’autres secteurs. Ce sont donc des emplois qui correspondent aux emplois créés dans les entreprises, autres que les entreprises touristiques productrices de biens et services consommés par les touristes. On peut citer par exemple le commerce, l’agriculture, l’artisanat. Autrement dit, ce sont des emplois créés suite à la réponse de la demande induite du secteur touristique. Les emplois créés dans les secteurs d’activités liés à l’activité touristique telles que les activités liées aux investissements touristiques (par exemple: la création des hôtels entraînant une création d’emploi dans le secteur de bâtiment et travaux publics) peuvent également être considérés comme des emplois indirects.
Emplois induits
Enfin, le développement du secteur «Tourisme» exerce un effet sur d’autres secteurs économiques. Ainsi, les emplois induits sont des emplois créés dans d’autres secteurs de l’économie du fait de la demande de consommation générée par les revenus gagnés par les salariés du secteur touristique. Ces emplois induits peuvent donc concerner tous les secteurs d’activité. Maintenant, nous allons analyser la contribution du secteur «Tourisme» sur la création d’emplois à Madagascar. Etant donné qu’aucune statistique concernant les emplois indirects et induits générés par le tourisme n’est disponible, l’étude portera sur les emplois directs créés par les activités et services touristiques.
Evolution des emplois directs générés par le secteur touristique à Madagascar entre 1998 et 2003
Près de 18 690 emplois directs ont été générés par les hôtels et/ou restaurants et les EVPT pour l’année 2003. Entre 1998 et 1999, les nombres d’emplois directs générés par le tourisme ont connu une hausse de 8,4%. Entre 1999 et 2001 le nombre d’emplois directs générés par le tourisme passe de 15 574 à 17 564, soit une hausse de près de 13%. Ce taux d’augmentation est supérieur au taux de création d’emplois à Madagascar durant cette période : 7 439 590 à 7 814 300, soit une augmentation de 5% .
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Table des matières
INTRODUCTION
Partie I: Analyse du secteur «Tourisme» à Madagascar
Chapitre I: Le marché malgache du tourisme
Chapitre II : Le secteur «Tourisme», moteur de développement
Chapitre III : La place du tourisme à Madagascar par rapport au marché mondial du tourisme
Partie II: Les Investissements Directs Etrangers: Pour une contribution accrue du secteur «Tourisme» dans l’économie nationale
Chapitre I: Les obstacles au développement du secteur «Tourisme» à Madagascar
Chapitre II : L’apport des investissements directs étrangers (IDE) au secteur «Tourisme» malgache
Chapitre III : Attractivité des IDE en général
CONCLUSION