LES SOURCES DU SECTEUR INFORMEL
Cette première section concernera les sources du secteur informel. Elle fera une analyse descriptive des faits qui ont eu comme conséquence la naissance du secteur informel. Etudier les causes d’un phénomène est très indispensable car dans la plupart des cas, la solution émerge facilement lorsque les causes d’un problème sont soulevées. L’exode rural constitue la principale cause de l’existence du secteur informel, suivent ensuite le manque de l’Etat-providence et les différents échecs de politique que les décideurs ont voulu mettre en place. Dans les pays du Tiers-Monde, l’exode rural se faisait de manière très massive et continue dans le dernier demi-siècle. En quelques dizaines d’années, les villes de ces pays en développement se trouvent saturées et élargies en superficie à cause de la surpopulation. Contrairement à ce que les paysans s’attendaient, les emplois en ville sont limités et les allocations de chômage n’existaient pas. Ainsi, pour survivre, ils avaient intérêt à « se débrouiller » en faisant des petits boulots non déclarés à l’Etat et qui ne paient donc pas d’impôts. D’où la naissance du terme «informel» nommé ainsi par les experts internationaux du Bureau International du Travail (B.I.T.) en 1972 dans le « rapport Kenya ». Cette notion a été acceptée et utilisée par les politiques, les chercheurs et presque tout le monde. Bien évidemment, les activités qui composent l’informel existaient bien avant la dénomination donnée par les institutions internationales. Les principales formes des activités du secteur informel sont les ventes ambulantes, les ateliers des arrière-cours, les cirures de chaussures, les commerces de rue, le trafic de la drogue, l’emploi non déclaré dans de grandes firmes et celui des domestiques, les gardiennages de voitures, les récupérations des déchets et leur transformation… en résumé, tout ce qui se fait en dehors de la loi et du fisc et qui reflète la pauvreté et la recherche de la survie. Avant les années 70, l’informel était appelé de diverses manières : la pauvreté, la marginalité, l’emploi non salarié, l’illégalité ; on nommait les activités informelles « les activités du sous-emploi ». D’après Arthur Lewis, il y a un dualisme sectoriel : le secteur traditionnel rural qui libère de plus en plus de travailleurs pour travailler en ville à cause du besoin en main d’œuvre éprouvées par les industries urbaines et le secteur moderne urbain qui absorbe les travailleurs venant des milieux ruraux. Contrairement à cela, nombre d’économistes ont constaté que les gens vont vers la ville à cause des évolutions des matériels utilisés en agriculture qui permettent de libérer plusieurs paysans et qu’en fait, ceux qui arrivent en ville ne trouvent même pas d’emploi. D’où le « secteur transitionnel » qui englobe tous ceux qui sont pauvres en recherche d’emplois. A part l’exode rural, le manque de l’Etat-providence constitue une des sources du secteur informel. L’économie informelle est en fait vue d’une conception plutôt positive car elle représente le caractère débrouillard des pauvres des pays en développement et leur créativité en formulant des « stratégies de survie » qui ont pour principe de profiter de la moindre occasion étant donné que l’Etat ne fait pratiquement rien pour ces pauvres personnes qui se trouvent sans emploi et donc sans revenu. D’où l’expression « bidonvilisation » de Granotier B. qui désigne la « dénonciation des conditions de vie et d’habitat et la mise en exergue de la créativité des pauvres. » Il est également à remarquer que l’économie informelle est née à partir de différents échecs de l’Etat en termes de projet d’industrialisation en vue d’un développement rapide, de « l’Etat de droit institutionnalisé », de la généralisation des droits sociaux. Si les sources et les manifestations de l’économie informelle sont analysées précédemment, quelles en sont les définitions proposées ?
L’ÉCONOMIE FAMILIALE ET DOMESTIQUE
Cette première section présentera la première composante de l’économie informelle c’est-à-dire l’économie familiale et domestique. Elle représentait la forme principale et la plus importante de l’économie informelle. Les principaux travaux réalisés dans le cadre de l’économie familiale seront exposés dans cette section. Etymologiquement, « économie familiale » est un pléonasme car l’économie traditionnelle désigne le mode de gestion du patrimoine familial. Le travail domestique est devenu marchand à l’instar des femmes de ménage, des blanchisseuses, gargotières et couturières. Etant donné que les appareils électroménagers sont très chers, le travail féminin reste une source de revenu très intéressante. Ainsi, les femmes préfèrent travailler à longue durée afin de gagner le plus d’argent possible. Leur salaire ne respecte pas les normes salariales du salaire minimum et leur emploi s’effectue hors de la régulation de l’Etat. La majorité des femmes qui se lancent dans le secteur informel sont des mères célibataires qui doivent subvenir aux besoins de leurs enfants en plus des leurs. On peut dire que l’économie informelle s’accroit avec les « dérèglements matrimoniaux ». La deuxième composante de l’économie informelle qui sera présentée dans la prochaine section s’est beaucoup développée ces dernières années. Elle est appelée l’économie conviviale
L’ÉCONOMIE SOUTERRAINE
Cette troisième section présentera la troisième et dernière composante de l’économie informelle qui est l’économie souterraine appelée également « parallèle », « clandestine », ou « occulte ». Ce type d’activités du secteur informel mérite une attention particulière car il s’est accru avec le développement. Dans cette section seront déterminées les différentes formes d’activités développées au sein de l’économie souterraine illustrées par des exemples concrets. Nous pourrons en déduire les caractéristiques de l’économie clandestine dont plusieurs sont spécifiques à ce type d’économie informelle par rapport aux autres composantes de cette dernière. Nous analyserons également la place que l’Etat prend par rapport à l’économie occulte. En général, le salaire réel moyen des Africains ne suffit pas pour leur propre survie et encore moins celle de leur famille. Ce fait les pousse à chercher de l’argent en dehors de leurs salaires et de manière illégitime. Généralement, ils détournent des fonds, abusent des biens sociaux et pratiquent la corruption. Le secteur public et de nombreux employeurs privés ne peuvent pas empêcher les travailleurs de pratiquer ces activités secondaires même si cela implique une dégradation du rapport salarial en termes d’absentéisme croissant et de nonchalance accrue. En effet, la majorité de la population, étant homo-oeconomicus, s’intègrent à la fois dans le secteur formel et dans l’informel et exerce des activités dans l’un ou l’autre secteur selon ce qui lui procure le plus de profit à l’instar d’un douanier qui détourne une grande quantité de produits pour son propre intérêt. L’économie parallèle est également représentée par les petits trafics, les détournements de produits hors du circuit officiel, les travaux au noir, la production et le trafic de drogue qui crée des emplois en termes de culture, de raffinage, de distribution, de transport, de surveillance…, les mafias, la contrebande surtout en période de surévaluation monétaire, le vol, la tuerie à gages, la prostitution, la corruption (souvent aussi sous forme de mal rémunération des employés d’une entreprise formelle qui est impunie sous prétexte que l’entrepreneur tient un important rôle social en créant des emplois), les activités criminelles… D’après les rapports de Salazar11, les jeunes bandes de Medellin ont dit que « tueurs à gages est un boulot comme les autres ». Certains auteurs disent que l’économie parallèle est issue de la rigidité de la planification et du caractère bureaucratique de la gestion qui poussent les employés à pratiquer la corruption. Tout ce que nous avons vu concernant l’économie souterraine est jusqu’ici négatif, mais ce prochain paragraphe nous révèlera en quoi ce type d’économie favorise l’économie dans son ensemble. On constate que le développement des activités criminelles et illicites est source de revenus abondants pour les villes et les pays dans lesquels elles se pratiquent. En fait, les anciens trafiquants et tueurs créent des micro-entreprises qui créent à leur tour des emplois pour le bien public et qui développent le commerce local. Ainsi, même l’économie noire qui parait être totalement nuisible pour l’économie possède des points positifs. Cela nous mène à une étude approfondie de ce que pourraient être les avantages et inconvénients de l’économie informelle en général.
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Table des matières
Introduction
Partie I. Généralités sur le secteur informel
Chapitre 1. Naissance et définition du secteur informel
Section 1. Les sources du secteur informel
Section 2. Qu’est-ce que le secteur informel ?
Section 3. Les différentes caractéristiques du secteur informel
Chapitre 2. Les différentes composantes de l’économie informelle
Section 1. L’économie familiale et domestique
Section 2. L’économie conviviale
Section 3. L’économie souterraine
Chapitre 3. Avantages et inconvénients de l’économie informelle
Section 1. Avantages de l’économie informelle
Section 2. Inconvénients de l’économie informelle
Partie II. Le secteur informel et le développement
Chapitre 1. Le secteur informel et les pays en développement
Section 1. Le secteur informel vient-il du développement ou du sousdéveloppement ?
Section 2. Le secteur informel est-il un obstacle ou favorise-t-il le développement ?
Section 3. Le secteur informel et l’Etat dans les pays en développement
Chapitre 2. Le secteur informel dans la ville d’Antananarivo
Section 1. Sources du secteur informel dans la ville d’Antananarivo
Section 2. Antananarivo et son économie informelle
Section 3. Développer la ville d’Antananarivo : que faire de son économie informelle ?
Conclusion
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