Un métier ancien représenté dans le monde
Apothicaire vient du latin apothecarius signifiant boutiquier. Les apothicaires et apothicairesses étaient les précurseurs des pharmaciens. Leur travail consistait à préparer des drogues et des médicaments pour des malades dans leur boutique. Ce lieu permettait de les différencier du marchand charlatan. La boutique correspond aux pratiques de la profession au XIIIe et XIVe siècle. On pourrait remonter à l’Antiquité où des textes attestent de la fonction d’apothicaire. En effet, des textes médicaux mêlés à des incantations religieuses ont été retrouvés en Mésopotamie en 2600 BC. En Egypte ancienne (1500 avant l’ère chrétienne) se trouve l’un des plus anciens traités médicaux, le Papyrus Ebers. Celuici contient une collection de plus de 800 prescriptions et mentionne environ 700 différents médicaments. Ce sont les médecins arabes qui créent de nouvelles formes pharmaceutiques (sous forme de sirops) et transmettent leurs connaissances en Occident . La revue d’histoire de la pharmacie est fondée en 1913 sous le nom Bulletin de la Société d’Histoire de la Pharmacie. C’est la revue la plus ancienne qui traite de la pharmacie et des sciences annexes.
Les grands noms de l’histoire
Nous avons sélectionné quelques grands noms qui ont contribué à l’essor des médicaments et du métier d’apothicaire. Nous constatons qu’une professionnalisation s’installe, les expériences bénéficient à l’orient, comme à l’occident. Cassiodore, homme politique et écrivain latin (485-580) recommande aux monastères et couvents de disposer d’un apotecarius servant de médecin et de pharmacien. Avicenne (980-1037) né en Perse, était philosophe, écrivain, médecin et scientifique. Il est connu comme le plus grand des médecins et va dispenser ses savoirs dans toute la Perse et même en Asie. Il devient le vizir et le médecin du roi de Perse. Il est l’auteur d’un Canon de la médecine. Son ouvrage a l’avantage de traiter à la fois des maladies et des préparations sous forme de sirops, de décoctions et de poudres. Il est le premier à imaginer des pilules et cherche même à les dorer et les argenter. Antoine Parmentier (1737-1813) né à Paris, est militaire. Il est agronome, nutritionniste et hygiéniste, domaines dans lesquels il devient célèbre en préconisant la consommation de la pomme de terre et l’hygiène alimentaire. Il dirigera l’apothicairerie de l’hôtel des Invalides. Elizabeth Garrett Anderson apothicairesse anglaise (1836-1917) est la première femme à obtenir un diplôme de médecine en Grande-Bretagne. Elle obtient son diplôme également à Paris en 1870. Elle se consacre à dispenser des soins aux femmes nécessiteuses et ouvre une école de médecine pour femmes. Emile Couë (1837 1926) rêve de faire de la chimie et d’être chercheur. Il fera des études de pharmacie. Il est diplômé de l’Ecole de Pharmacie de Paris. Les Américains l’appelaient « le marchand du bonheur ». Il connaît un très grand succès grâce à ses ouvrages tirés à 300 000 exemplaires et traduits dans plus de vingt langues. Il exerce dans sa ville natale, à Troyes. L’exercice de sa profession va lui permettre de réaliser son rêve. Il constate l’influence d’un bon moral sur la guérison et fait, un jour, l’expérience d’eau distillée donnée à une patiente, et constate les effets positifs du placebo. En effet, cette dernière a cru prendre une potion. A partir de là, il va suivre sa méthode expérimentale et recevoir des personnes chez lui. « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux » : telle est la phrase que fait répéter E. Coüé à ces personnes. Cela fait penser à des affirmations positives, technique qui sera reprise au XXème siècle par les Américains qui prennent soin d’enlever tout caractère religieux. Le pharmacien crée des Instituts Coüé en France et à l’étranger. La méthode Coüé s’appuie sur la question du conflit intérieur évoqué par les philosophes. « A chaque fois, qu’il y a conflit entre l’imagination et la volonté, c’est toujours l’imagination qui l’emporte, et dans ce cas, nous ne faisons pas ce que nous voulons, mais justement le contraire ». Il suscite l’admiration de tous non seulement par le nombre de guérisons, par sa collaboration avec les médecins du monde entier, mais aussi par le fait que les conseils prodiguées à tous sont gratuits. Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) puis Antoine-Laurent de Jussieu (1748-1836) vont faire évoluer l’idée d’une botanique scientifique. L’enseignement de la botanique se fait au Jardin Royal des Plantes à Paris où deux chaires lui sont consacrées. Pierre Julien (1921-2007) joue un rôle central en devenant le secrétaire général de l’Académie internationale d’histoire de la pharmacie de 1981 à 1989, puis vice-président, ensuite président d’honneur. Il édite les « Communications de l’Académie », qui relate les différentes activités du réseau dans le monde. Il est ensuite à la tête de la « Revue d’histoire de la pharmacie ».
L’espace physique
L’apothicaire est installé, nous l’avons dit, dans une boutique appelée l’apothicairerie. Celle-ci dispose d’un comptoir en bois, des commodes avec des tiroirs, des rayonnages présentant des bocaux, des fioles, et des pots en faïence portant des étiquettes. Sur les poutres, on peut voir des petits reptiles empaillés tels des lézards ou des serpents. La préparation se fait dans une salle comportant différentes sortes de balances de même que des bassines, chaudrons et alambics préparant des eaux distillées . L’espace pourvu d’un ou plusieurs comptoirs est celui qui existe de nos jours en France. Même si les pratiques diffèrent, nous avons constaté l’existence du comptoir en Italie, en Grèce et en Espagne. Au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, un grand comptoir est installé au fond de la boutique.
Apprentissage du métier
L’apothicaire est assisté d’un préparateur. Celui-ci reçoit une formation essentiellement pratique, faite de tours de main à acquérir pour les préparations. Ce sont les maîtres apothicaires qui se chargent de la formation de leurs apprentis à qui il est demandé de connaître le latin, la grammaire pour pouvoir lire les formulaires rédigés par les médecins. Il faut en moyenne 4 années d’apprentissage, suivies de 3 à 10 années de compagnonnage. L’apprenti reçoit à l’issue de sa formation un certificat de bonne vie et mœurs.
Petit à petit, les apothicaires se réunissent et forment des communautés. Communautés qui penseront ensuite à une réglementation. En 1241, Fréderic II sépare la corporation des apothicaires et celle des médecins. L’Edit de Salerne est rédigé et servira de modèle en Occident. Ainsi est né le métier d’apothicaire. Ce dernier est souvent représenté portant une camisole et se servant d’une balance. Le monde de l’art exprime le métier en montrant des vases d’apothicaire.
Le métier d’apothicaire en France
C’est dans le Midi que les premiers apothicaires s’installent. En 1258, Saint Louis leur donne un statut. Jusqu’au XVIIIe siècle, Montpellier est la seule ville de France où on enseigne magistralement la pharmacie. La première pharmacopée toulousaine date de 1648. Au XIXe siècle, la profession s’autonomise en France et l’apothicaire est remplacé par le pharmacien en 1777, date à laquelle Louis XVI remplace le Jardin des apothicaires par le Collège de pharmacie. De nombreuses querelles opposent médecins et corporations d’apothicaires. La loi intervient ensuite pour interdire les droguistes de vendre des drogues. Désormais, seuls les membres du Collège royal de pharmacie peuvent vendre les médicaments. Avant cela, il était question d’officine, nous l’avons dit, lieu de préparation de certains remèdes, sous forme de potion, de poudre ou d’herbes. Il existait des formes préparées à l’avance, d’autres se faisaient sur ordonnance du médecin. Pour ce faire, le préparateur était chargé d’aider les officinaux. La révolution industrielle voit l’avènement de l’industrie de la chimie fabriquant les médicaments. Les évolutions de la chimie vont changer la profession : les formes sont prêtes à l’emploi préparées dans l’industrie, distribuées par l’industrie pharmaceutique et mises en vente au sein de la pharmacie. Dès lors, la profession est en pleine restructuration, il n’est plus question de préparation à l’officine.
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Table des matières
INTRODUCTION
Introduction
Chapitre 1. Contexte de la recherche
1.1. Contexte institutionnel
1.2. Perspective socio-historique
1.2.1. Un métier ancien représenté dans le monde
1.2.2. Les grands noms de l’histoire
1.2.3. L’espace physique
1.2.4. Apprentissage du métier
1.2.5. Le métier d’apothicaire en France
1.2.6. L’Education Thérapeutique du Patient (ETP) et le cadre législatif
Chapitre 2. Emergence de l’objet de recherche
2.1. Le pharmacien et le Ministère de la Santé
2.2. Les Groupements Professionnels
2.3. L’Université des Patients et les associations de patients
2.4. L’accompagnement en question
2.5. Enjeux du professionnel
Chapitre 3. Fondements théorique et épistémologique
3.1. La relation
3.2. La communication
3.2.2. La place de la parole dans la communication
3.2.3. La communication interpersonnelle
3.2.4. Synthèse
3.3. Le savoir
3.3.1. Savoir et compétence
3.3.2. Savoir professionnel et compétence
3.3.3. Savoir et identité
3.3.4. Savoir et sensible : voir, sentir, percevoir
3.3.5. Savoir et Objet : une relation
3.3.6. Synthèse
Chapitre 4. Problématique et hypothèses
4.1. Problématique
4.1.1. L’activité de communication du pharmacien
4.2. Vers la construction des hypothèses
CONCLUSION