Le sarcoïde équin : aspect épidemio-clinico-lesionnel

Le sarcoïde équin : aspect épidemio-clinico-lesionnel

Traitement du sarcoïde : facteurs affectant le choix de la méthode

Les différents types de traitements seront développés dans la 3ème partie. Les possibilités sont nombreuses, et regroupent des traitements physiques (chirurgie simple, laser, cryothérapie, radiothérapie…), chimiques (immunothérapie, chimiothérapie…) et des combinaisons des deux (électrochimiothérapie, photodynamique…).
Avant toute chose, trois points importants sont à noter :
– un équidé qui a présenté une lésion de sarcoïde est assujetti à la maladie toute sa vie. De nouvelles lésions et des récurrences sur les premiers sites peuvent survenir n’importe quand dans la vie de l’animal. Cependant, parfois les tumeurs peuvent régresser et disparaître complètement et spontanément. L’étude de Christen-Clottu et al. (2010) montre une régression spontanée des lésions sur 14,3% des chevaux du groupe contrôle (68 chevaux, recevant un placebo), ce qui représente 13,2% de leurs sarcoïdes. Ces résultats concordent avec les études de Broström (1995) et Studer et al. (1997). Néanmoins, on ne peut conclure avec précision sur la fréquence de rémission spontanée du sarcoïde chez les équidés. Mais dans le cas d’une régression spontanée (uniquement), on peut raisonnablement penser qu’il n’apparaîtra pas d’autres sarcoïdes.
– la probabilité que soit nécessaire un traitement prolongé et répété est importante.
– les variations individuelles : il n’y a pas de traitement universel efficace pour tout type de sarcoïde et sur tous les équidés. Et quand bien même des lésions similaires seraient traitées de la même façon sur des équidés comparables, différentes réponses peuvent survenir.
Ces constats expliquent la difficulté de gestion d’un équidé atteint de sarcoïde et les nombreux échecs de traitements.

La localisation des lésions

Sur certains sites, les possibilités de traitements sont limitées. Le traitement peut même aggraver la situation. C’est le cas par exemple des sarcoïdes se localisant sur le pourtour des yeux : ces lésions souvent localement invasives excluent le plus souvent un traitement chirurgical. Et tout produit caustique ou des agents cytotoxiques locaux pourraient avoir des répercussions fonctionnelles graves sur la vision (Knottenbelt et Kelly, 2000). De même, les lésions localisées sur le prépuce, le pénis, au niveau des articulations des membres, autour de la bouche et des oreilles, induisent des restrictions sur les choix thérapeutiques.

Le type de sarcoïde

Il est important de connaître les six différents types de sarcoïdes, car selon le type, le choix de la méthode thérapeutique varie (paragraphe 3.8). Les lésions localisées, bien définies, situées dans des régions facilement accessibles et non critiques, sont les moins difficiles à traiter.

Les traitements précédents
Les chances de réussites d’un traitement sont moindres lorsque le traitement précédent n’a pas eu le résultat escompté (Knottenbelt et Walker, 1994). Des échecs répétés aggravent le pronostic. C’est pourquoi il est important d’employer en première intention la méthode qui a le plus de chances de succès.

Le pronostic (probabilité de réussite du traitement choisi)

La probabilité de succès d’un traitement dépend de la localisation de la lésion, de son type, de sa sévérité et de son extension. La perception de la lésion comme étant un simple défaut esthétique peut également avoir une large influence sur le pronostic, en augmentant le délai entre le diagnostic et le traitement. Dans de nombreux cas, la décision tardive de traiter permet à la lésion de s’étendre ou de s’aggraver suffisamment pour induire des échecs de traitement, ou bien conduira à un assombrissement du pronostic.

Les résultats de la biopsie

La biopsie est le seul outil permettant d’avoir un diagnostic de certitude (paragraphe 2.4.3). Néanmoins, recourir à une biopsie est parfois délétère, notamment lorsque le délai la séparant du traitement est important. La tendance à l’exacerbation de la lésion suite à la biopsie fait débat. Mais lorsque le sarcoïde n’est pas diagnostiqué, les résultats peuvent être désastreux.Les faux positifs sont rares, car les caractéristiques histologiques des sarcoïdes sont aisément reconnaissables à l’examen microscopique. Par contre, certaines lésions occultes, verruqueuses ou mixtes avec une composante de tissu de granulation, demandent les compétences d’un pathologiste confirmé.

Les complications
Les complications peuvent altérer la présentation histologique et clinique du sarcoïde, et peuvent conduire à des mésinterprétations. Il peut s’agit de l’existence d’autres facteurs comme un tissu de granulation, des ulcérations, des infections secondaires, des myases, ou un autre processus néoplasique.

Les facilités et praticités du traitement disponible

L’option la plus favorable à la réussite du traitement peut être économiquement ou pratiquement non réalisable. Par exemple, l’utilisation de la radiothérapie est habituellement d’excellent pronostic, mais la taille de la lésion est souvent limitante, ainsi que la disponibilité des infrastructures et l’investissement financier nécessaire à ce type de prise en charge. L’usage de la cryothérapie sur de multiples lésions peut impliquer une anesthésie générale prolongée, et l’emploi d’un cycle de 3 cryothérapies deviendra vite très chronophage.Le Cisplatine n’est pas facilement disponible (et sa dangerosité induit la nécessité d’infrastructures particulières) et la crème AW4-LUDES est également difficilement disponible en dehors de la Grande-Bretagne.

La compliance du détenteur
Le coût du traitement peut s’avérer plus élevé que l’évaluation initiale, et l’équidé peut être contraint à une prise en charge particulière, comme l’isolation en box, ou le contrôle des mouches (pour rappel, l’ADN du BPV a été détecté chez des stomoxes et mouches domestiques).

La compliance de l’équidé

Les chevaux impossibles à manipuler ne peuvent recevoir des traitements répétés, comme les applications locales. Un cheval qui ne tolère pas le confinement aura beaucoup de mal à accepter une brachythérapie (application locale d’une source radioactive).Chez les équidés sauvages détenus en captivité, l’anesthésie est incontournable dans la grande majorité des cas, ce qui : – rend l’échec de traitement plus redoutable encore que chez un équidé domestique, du fait du recours plus fréquent à l’anesthésie générale – augmente le délai d’intervention (en différant le traitement par rapport au diagnostic, en vue de la balance bénéfice / risque due à la nécessité d’anesthésie) – facilite le choix du recours à la chirurgie (puisque dans la plupart des cas l’anesthésie est obligatoire).Les traitements locaux répétés peuvent nécessiter la mise en place d’un entraînement médical de l’animal par ses soigneurs, ce qui prend du temps.

La valeur de l’individu

La question se pose peu pour des équidés classés « espèces menacées » par l’UICN, de valeur suffisante pour qu’une lutte contre le sarcoïde soit engagée, mais c’est également le cas pour les autres équidés captifs, comme le zèbre de Grant.
Par contre, dans la mesure où le sarcoïde peut avoir une susceptibilité génétique, l’individu peut perdre de sa valeur de reproducteur donc devient moins indispensable au programme de conservation (paragraphes 0 et 0). De plus, les individus déjà écartés du programme de reproduction, car étant de valeur génétique faible (par exemple, un individu dont les gènes sont déjà sur-représentés dans la population), peuvent éventuellement être sujet à moins de considérations thérapeutiques.

La possibilité d’une nature contagieuse

Un doute subsiste quant à la nature contagieuse ou non du sarcoïde. Le mécanisme de dissémination potentielle sur le même individu ou d’un individu à l’autre n’est pas connu, mais il semble que les mouches pourraient jouer un rôle de vecteur du BPV (paragraphe 2.3). La possibilité de transmission d’un équidé à l’autre est à tenir en considération lorsque se fait la réflexion du choix du traitement potentiel, et peut conduire à la décision de traiter.

Prévention

Lutte contre les mouches
Les mouches sont attirées par les plaies et sont suspectées de jouer un rôle de vecteur de dissémination du sarcoïde sur le même animal ou sur ses voisins (paragraphe 2.3.1). Des mouches piqueuses et non piqueuses ont été impliquées dans la transmission du BPV, puisque de l’ADN viral a été retrouvé en leur sein : il s’agit du stomoxe (Stomoxys calcitrans) et des mouches communes non piqueuses (Musca automnalis, Musca domestica, Fannia carnicularis) (Finlay et al., 2009 ; Merck Manual, 2015).
Il est donc important de lutter contre les mouches. Pour cela, différentes méthodes peuvent être employées, comme l’usage de répulsifs classiques ou de pièges collants pour l’environnement, ou bien par l’application de kérosène directement sur l’équidé. La méthode, décrite par l’Université de Liverpool dans une note à l’intention des propriétaires de chevaux, est dite sans danger pour l’équidé : une cuillère à café de kérosène est mélangée dans un seau d’eau, puis appliquée à l’éponge sur le cheval. Pour les zones plus restreintes et sensibles, une cuillère de kérosène peut être mélangée à un petit pot de vaseline avant d’être appliqué. L’odeur doit jouer le rôle répulsif sur les mouches, le kérosène ainsi employé serait ni toxique ni inflammable (Knottenbelt, 2010).

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Table des matières

Introduction
Table des illustrations
Abréviations et Acronymes
1ère partie : étude bibliographique
1. Zèbre de Hartmann, Zèbre de Grévy, Ane de Somalie : espèces gérées en programmes d’élevage
1.1. Convention de Washington et Union Internationale pour la conservation de la Nature
1.1.1. CITES
1.1.2. UICN
1.2. Présentation des programmes d’élevage
1.2.1. Programmes européens : EEP et ESB
1.2.2. Programmes nord-américain : SSP et PMP
1.3. Présentation des espèces
1.3.1. Taxonomie : classification Linné de la famille des équidés
1.3.2. Statut des populations sauvages
1.3.3. Statut des populations captives
1.3.4. Données biologiques
2. Le sarcoïde équin : aspect épidemio-clinico-lesionnel
2.1. Circonstances d’apparition et facteurs de risques
2.2. Etude lésionnelle
2.2.1. Lésions macroscopiques
2.2.2. Lésions microscopiques
2.3. Etiologie
2.3.1. Lien avec des Papillomavirus bovins
2.3.2. Traumatisme initial
2.4. Diagnostic
2.4.1. Diagnostic clinique
2.4.2. Diagnostic différentiel
2.4.3. Diagnostic de laboratoire
2.5. Traitement du sarcoïde : facteurs affectant le choix de la méthode
2.5.1. La localisation des lésions
2.5.2. Le type de sarcoïde
2.5.3. Les traitements précédents
2.5.4. Le pronostic (probabilité de réussite du traitement choisi)
2.5.5. Les résultats de la biopsie
2.5.6. Les complications
2.5.7. Les facilités et praticités du traitement disponible
2.5.8. La compliance du détenteur
2.5.9. La compliance de l’équidé
2.5.10. La valeur de l’individu
2.5.11. La possibilité d’une nature contagieuse
2.6. Prévention
3. Les différentes possibilités de prise en charge du sarcoïde chez les chevaux
3.1. Choix de ne pas traiter
3.2. Traitements chirurgicaux
3.2.1. Mise en place d’une ligature
3.2.2. Exérèse chirurgicale
3.2.3. Cryochirurgie
3.2.4. Hyperthermie
3.2.5. Electro-cautérisation
3.2.6. Chirurgie laser
3.3. Radiothérapie : radiation ionisante
3.4. Traitements locaux superficiels
3.4.1. Utilisation de métaux lourds
3.4.2. Utilisation du 5-Fluorouracil
3.4.3. Utilisation du AW4-LUDES®
3.4.4. Utilisation de Podophylline
3.4.5. Utilisation d’Imiquimod (Aldara® 3M)
3.4.6. Application de nitrate d’argent
3.4.7. Utilisation de gels à base de Formaldéhyde
3.4.8. Utilisation d’extrait de Sanguinaria canadensis
3.4.9. Electrochimiothérapie
3.5. Traitement locaux intralésionnels
3.5.1. Injections de Bléomycine
3.5.2. Injections de Cisplatine
3.5.3. Injections de 5-Fluoro-uracil
3.5.4. Traitement photodynamique
3.6. Immunothérapie
3.6.1. Vaccination avec des particules virales chimériques
3.6.2. Vaccin autogène
3.6.3. Immunomodulation : utilisation du BCG et de ses dérivés
3.7. Phytothérapie
3.8. Traitement conseillé selon le type de sarcoïde
4. Susceptibilité génétique au sarcoïde : mythe ou réalité ?
4.1. Phylogénie, caryotypes et divergences génétiques au sein de la famille des Equidés
4.2. Susceptibilité génétique aux maladies virales
4.3. Prédispositions raciales et rôle du Complexe Majeur d’Histocompatibilité
4.4. Statut immunitaire, dépression de consanguinité et susceptibilité génétique
4.5. Corrélation entre consanguinité et survenue d’épizootie de sarcoïdes
2ème partie : étude expérimentale
5. Présentation du questionnaire : objectifs et réalisation pratique
6. Analyse et discussion des résultats
6.1. Prévalence et incidence estimables
6.2. Influence de facteurs biologiques
6.2.1. Le sexe
6.2.2. L’âge
6.3. Signes cliniques ayant menés à la découverte du sarcoïde
6.4. Diagnostic du sarcoïde
6.5. Etude lésionnelle
6.5.1. Nombre de lésions
6.5.2. Taille des lésions
6.5.3. Types de lésions
6.5.4. Répartition des lésions
6.6. Thérapeutique
6.6.1. Efficacité des traitements et évolution des équidés
6.6.2. Variété des traitements employés
6.6.3. Nombre moyen de traitements par équidé
6.6.4. Efficacité rapportée et constatée des différentes modalités de traitements
6.6.5. Influence de la durée d’intervention entre découverte et traitement
6.7. Impact du sarcoïde
6.7.1. Sur le bien-être de l’individu
6.7.2. Sur les échanges entre le groupe et l’individu
6.7.3. Sur la décision d’euthanasie
6.8. Traiter : pourquoi et comment
6.9. Pathologies intercurrentes et suspicion de déficience immunitaire
7. Etude de la susceptibilité génétique au sarcoïde
7.1. Création des pédigrées et limites de leur étude
7.2. Hypothèse d’une transmission mendélienne autosomique récessive
7.2.1. Etude du pédigrée des ânes de Somalie
7.2.2. Etude du pédigrée des zèbres de Hartmann
7.2.3. Etude du pédigrée des zèbres de Grévy
7.2.4. Effet de la consanguinité sur une maladie autosomique récessive
7.3. Hypothèse d’une transmission mendélienne autosomique dominante
7.4. Hypothèse de la contribution de plusieurs allèles
7.4.1. Principes généraux de l’étude d’association pangénomique (GWAS)
7.4.2. Application de l’étude de l’association pangénomique chez les équidés sauvages
7.5. Etude des coefficients de consanguinité des populations de l’EEP
7.6. Conséquences sur la reproduction des équidés sauvages des EEP
Conclusion
Annexes
Bibliographie

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