Le rôle infirmier en milieu de vie
PROBLEMATIQUE
À l’aube du 21ème siècle, la situation démographique au sein de notre pays est la suivante: « – La proportion des jeunes (de moins de 20 ans) a régressé de 40,7% en 1900 à 21,7% en 2006, celle des personnes âgées (plus de 64 ans) a progressé de 5,8% à 16,2%. L’augmentation est particulièrement marquée (de 0,5% à 4,6%) pour les personnes du quatrième âge (80 ans ou plus).» (Rosado Walker, 2010, p.5). Nous vivons donc aujourd’hui, une phase démographique qui a pour conséquence, un vieillissement de la population. Selon l’office fédéral de la statistique (2013), ceci est en partie la conséquence de la baisse de la fécondité et l’accroissement de l’espérance de vie, au sein de la population helvétique. De ce fait, les soignants seront de plus en plus confrontés à ce type de population et la structure sanitaire devra par conséquent s’adapter à cette réalité. La société ainsi que le système sanitaire, devront répondre aux attentes de cette population et prendre en considération, les problématiques qui découlent du vieillissement et les conséquences de celles-ci. Hormis les infrastructures, l’ensemble du corps soignant devra s’adapter et donc se sensibiliser aux nouveaux défis, auxquels notre société sera confrontée. Notre travail de recherche, s’intéresse donc, à une population qui est aujourd’hui et le sera encore plus demain, au centre de l’attention. «Avec l’âge, la sensibilité aux effets de l’alcool augmente. Déjà à partir de la cinquantaine, la quantité d’eau présente dans l’organisme diminue. Les effets de l’alcool sont ainsi plus importants. Le risque de souffrir de problèmes de santé liés à l’alcool augmente avec l’âge, et la dépendance peut s’installer plus rapidement. Environ un tiers des aînés développent un problème d’alcool une fois à la retraite, la plupart du temps suite à des difficultés d’adaptation ou à des événements difficiles, (perte du conjoint, maladie)». (Addiction suisse, 2014). Selon Collomp & Rabatel (2007/2008), l’image d’une personne âgée alcoolique, consommant sans modération des quantités pouvant aller jusqu’à l’intoxication reste peu répandue et peu imaginable. Néanmoins, les conséquences engendrées par l’abus de consommation d’alcool chez la personne âgée, sont dans les faits un problème de santé publique. Les conséquences d’une consommation abusive chez la personne âgée « En général, les aînés sont plus sensibles aux effets de l’alcool, phénomène qui s’explique par le fait que leur circulation sanguine est moins rapide, leurs reins et leur foie travaillent plus lentement pour éliminer l’alcool, sans compter que leur organisme contient moins d’eau pour diluer l’alcool. Comme les femmes sont plus petites que les hommes et que leur organisme contient, toutes proportions gardées, moins d’eau pour diluer l’alcool, les femmes plus âgées sont encore plus sensibles à ses effets » (Roh & Terretaz, 2012, p.25). On dénombre également, un certain nombre d’effets indésirables, résultant d’une consommation abusive d’alcool. En effet, selon Graziani (2010), une consommation excessive, augmente chez la personne âgée le risque de chute, la consommation de tabac, altère le système immunitaire, engendre des troubles cardiaques, de l’hypertension, de l’incontinence, une perte d’appétit, des accidents vasculaires cérébraux ainsi que toutes sortes de complications suite à une interaction avec les médicaments Un sujet tabou Selon la brochure de Pro Senectute (2011), la consommation excessive d’alcool ou autres substances chez les personnes âgées, reste une problématique peu prise en considération et par conséquent très peu prise en charge, on parle même d’un sujet tabou. De plus, « un rapport de l’institut de recherche sur la santé publique et les addictions ISGF (basé à Zurich) paru en 2006 conclut à l’existence d’un « nihilisme thérapeutique » en ce qui concerne les problèmes d’addiction chez les personnes âgées : il estime qu’on se permet d’avoir des idées préconçues sur leur situation de vie, mais qu’on ne sait que peu de chose sur les solutions thérapeutiques existantes» (Pro Senectute, 2011, p. 2).
Défaut en matière d’outils de dépistage
S’ajoute à cela, une autre problématique en lien avec la difficulté du diagnostic. Selon Collomp & Rabatel (2007/2008), le métabolisme de la personne âgée ayant subi des modifications suite au vieillissement, aura comme conséquence de biaiser les observations des soignants, vis-à-vis de la consommation de la personne en question. Un verre de vin bu à l’âge de 20 ou 30 ans ne provoque pas le même effet que le même verre bu à l’âge de 80 ans. Les signes d’abus vont donc la plupart du temps être confondus avec des symptômes caractéristiques d’une autre pathologie psychiatrique ou somatique. « Dans les structures gériatriques, la consommation de la personne âgée pose souvent des problèmes aux équipes soignantes, surtout qu’elle est aussi plus importante que dans la population de personnes âgées non hospitalisées» (Pierluigi Graziani, 2010, p. 58). Afin de déterminer le fait qu’une personne âgée consomme de manière excessive, il est important que les soignants puissent évaluer celle-ci, afin d’être en capacité de déceler les signes de la présence ou non d’une consommation abusive. Collomp & Rabatel (2007/2008) nous ont appris, que l’évaluation de la consommation abusive d’alcool chez les personnes âgées ne serait pas adéquate. En effet, selon l’article consulté, les outils utilisés afin de mesurer la consommation chez les personnes âgées, seraient les mêmes que chez les adultes, or ceux-ci ne seraient pas adaptés aux personnes âgées. «Les outils d’évaluation de l’alcoolodépendance chez l’adulte ne sont pas adéquats pour les personnes âgées (Atkinson, 1990)» (Pierluigi Graziani, 2010, p. 63-64). « Il est nécessaire de construire des connaissances spécifiques pour les plus de 65 ans. Certaines études ont essayé de répondre à cette absence de données, mais l’évaluation de l’usage et du mésusage de l’alcool par la personne âgée souffre de l’absence de mesures fiables et valides de l’abus d’alcool (Maheut-Bosser, 2007; St. John et coll., 2009)» (Pierluigi Graziani, 2010, p.64). Nous nous rendons compte que la problématique de la consommation d’alcool chez les personnes âgées demeure un sujet d’importance auquel il est fort intéressant de se pencher. Nous sommes donc face à une population, qui dans les années à venir, sera grandissantes et donc fortement concernées en matière de prise en charge sanitaire. La consommation problématique, elle, est peu abordée, peu connue ou reconnue chez ces personnes. Difficile à diagnostiquer, la consommation abusive, peut avoir un impact considérable sur la qualité de vie des personnes âgées. De ce fait, il est dans le rôle des soignants de préserver un minimum de qualité de vie chez ces personnes. Il est donc primordial de s’intéresser à ce phénomène qui altère, discrètement à l’abri des soupçons, la vie d’une partie de la population. C’est pourquoi, à la vue de nos différentes constatations, acquises suite à nos lectures, il est nécessaire que l’infirmier soit en mesure de mettre en lumière la problématique, d’en parler au sein de son équipe et à l’égard des résidents. De plus, nous percevons également la nécessité de mettre en place des interventions, permettant le dépistage des personnes à risques, ainsi que des outils permettant d’aborder le sujet et briser le tabou existant.
|
Table des matières
INTRODUCTION
1. PROBLEMATIQUE
1.1 Les conséquences d’une consommation abusive chez la personne âgée
1.2 Un sujet tabou
1.3 Défaut en matière d’outils de dépistage
2. QUESTION DE RECHERCHE
3. BUT DE LA REVUE DE LITTERATURE
4. CONCEPTS
4.1 Le lieu de vie
4.2 La personne âgée
4.3 La consommation abusive d’alcool
4.3.1 La consommation d’alcool problématique
4.3.2 Ivresse ponctuelle
4.3.3 Consommation chronique
4.3.4 Consommation inadaptée à la situation
4.3.5 Conduite addictive (alcoolodépendance)
4.3.6 La consommation abusive chez la personne âgée
4.4 Le rôle infirmier en milieu de vie
4.4.1 Le service rendu au système culturel numéro 1 (SC1
4.4.2 Le service rendu au système culturel numéro 2 (SC2
4.4.3 Le service rendu au système culturel numéro 3 (SC3
5. CADRE DE REFERENCES
5.1 L’approche centrée sur la personne (C.Rogers)
5.1.1 La congruence
5.1.2 La considération positive inconditionnelle
5.1.3 L’empathie
5.1.4 L’entretien clinique
5.1.4.1a reformulation reflet
5.1.4.2 La reformulation comme renversement du rapport figure-fond
5.1.4.3 La reformulation-clarification
5.2 Le seuil bas
5.2.1 Définition
5.2.2 Les intentions thérapeutiques
5.2.3 Attitudes thérapeutiques
5.2.4 Rôle professionnel de l’infirmier
5.2.5 Attitude professionnel
5.2.6 Choix du cadre de référence
6. METHODE
6.1 Intérêt et étape de la revue de littérature étoffée
6.2 Critères d’inclusion et d’exclusion
6.3 Extraction des données
6.4 Résultats des stratégies de recherche
7. RESULTAT
7.1 Politique institutionnelle
7.2 Considération professionnelle
7.3 Caractéristiques sociaux, démographiques et cliniques
7.4 Méthodes de dépistage
7.4.1 Le CAGE (Cut down, Annoyed, Guilty, Eye opener)
7.4.2 Le questionnaire Audit
7.5 Les interventions infirmières
7.5.1 Les interventions brèves (the brief interventions
7.5.2 L’entretien motivationnel
8. DISCUSSION
8.1 Critique de notre revue de littérature
8.2 Discussion des résultats
8.2.1 L’approche humaniste de Carl Rogers
8.2.2 Le seuil bas
9. PERSPECTIVE PROFESSIONNELLE
10. LIMITE DE LA REVUE DE LITTERATURE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE 1 : Déclaration d’authenticité
ANNEXE 2 : Questionnaire CAGE
ANNEXE 3 : Questionnaire Audit
ANNEXE 4 : Grilles de lecture des articles scientifiques.
Télécharger le rapport complet