LE ROLE DU TRAVAIL DANS LA SOCIETE

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INTERPRETATION BIBLIQUE DU TRAVAIL

Lโ€™histoire religieuse nous enseigne, ร  travers la Bible que lโ€™homme est la derniรจre crรฉation de Dieu. Et celui-ci crรฉa les รชtres humains, cโ€™est-ร -dire lโ€™homme ร  sa propre image.
Pour leur faire plaisir, ร  savoir, ร  Adam et Eve, Il mit ร  leur disposition un magnifique jardin au champ dโ€™Eden. Il mit รฉgalement au centre de ce jardin, un arbre qui donne la connaissance du bien et du mal.
Par mesure de prudence et de discrรฉtion, Dieu interdit aux deux รชtres humains de cueillir le fruit de cet arbre, encore moins de le manger. Mais un jour, la femme tint une conversation avec le serpent qui lui dit : ยซ Dรจs que vous en aurez mangรฉ, vous serez comme Lui, capable de savoir ce qui est bien ou mal ยป. 5

Persuadรฉe de tout ce que le serpent lui dit, ne pouvant pas rรฉsister aux fruits de lโ€™arbre qui รฉtaient bien joli ร  regarder, quโ€™ils devraient รชtre bon ; quโ€™ils donnaient envie dโ€™en manger pour acquรฉrir un savoir plus รฉtendu, la femme en prit un et le mangea avec son รฉpoux afin dโ€™acquรฉrirla connaissance du bien et du mal. A peine avaient-ils mangรฉ ces fruits que la colรจre de Dieu se manifesta. Lโ€™homme fut saisi de peur ! En effet, sa connaissance sโ€™est รฉlargie et sโ€™est immรฉdiatement rendu compte quโ€™il รฉtait tout nu.
Dieu demanda ร  lโ€™homme : ยซ Qui tโ€™as appris que tu es nu ? Aurais-tu goutรฉ au fruit que je tโ€™avais dรฉfendu de manger ยป ?6
Et au serpent Il a dit :
Puisque tu as fait cela, Je te maudis. Seul de tous les animaux, tu devrais ramper sur ton ventre et manger de la poussiรจre tous les jours de ta vie7.
Entre les lignes de ces derniรจres phrases, nous comprenons que le serpent exรฉcute un travail chaque fois quโ€™il se dรฉplace. Les multiples contractions que le serpent effectue pour se dรฉplacer constituent une souffrance. Le serpent pourrait rester dans un coin et รฉchapper en ce sens ร  cet assujettissement imposรฉ par lโ€™Eternel Dieu. Mais apparemment, il nโ€™a pas le choix, car le serpent doit se nourrir aussi. La souffrance constitue donc sa libertรฉ, car cโ€™est dโ€™elle que le serpent se libรจrede sa faim.

Dieu tourna aussi son visage vers les รชtres humains . Il sโ€™adressa ร  la femme et a dit : ยซ Jโ€™augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur ยป 8
Dieu a infligรฉ une douleur ร  la femme aux moments de lโ€™accouchement. Ceci, non pas pour la punir, mais pour la rendre solide et consciente de la plรฉnitude de son travail. Nous ne sommes pas sans savoir que lโ€™Eternel Dieu est omniscient. Par sa grรขce, Il aurait pu empรชcher la tentation de la femme de cueillir le fruit. Mais Il la laisse ou bien Il avait dรฉjร  planifiรฉ que ces รชtres humains devraient un jour vivre dans un monde auquel la connaissance du bien et du mal serait leur convoitise quotidienne. Lโ€™homme doit donc accomplir son devoir pour assurer la sรฉcuritรฉ alimentaire de sa famille. Dieu dit ร  lโ€™homme :
Par ta faute, le sol est maintenant maudit, tu auras beaucoup de peines ร  en tirer ta nourriture pendant toute ta vie [โ€ฆ] cโ€™est ร  la sueur de ton front que tu mangeras ton pain.9
Ce passage nous dit long. Nous comprenons dans un sens ou dans un autre que lโ€™homme sโ€™attache au travail pour survivre. Et ce nโ€™est pas une malรฉdiction divine. Cโ€™est pour son bien que Dieu a imposรฉ ร  lโ€™homme cette tรขche.

Mais comme beaucoup de thรฉologien le disent, le travail rรฉsulte de la punition divine. Ainsi, cโ€™est en utilisant sa force de travail et en suant de son front que lโ€™homme peut se nourrir et nourrir sa famille. Lโ€™homme doit donc travailler pour subvenir ร  ses besoins. Ce nโ€™est pas en restant les bras croisรฉs que lโ€™homme peut vivre. Cโ€™est comme le serpent qui, en restant de son coin, nโ€™aura de quoi se nourrir. Lโ€™homme doit, en ce sens, bouger dans toutes les directions pour assurer la vie dโ€™ici bas. Cโ€™est pour cela que Marx affirme : ยซ Le travail proprement dit appartient exclusivement ร  lโ€™homme ยป 10
Dans cette affirmation de Marx, nous comprenons que seul lโ€™homme possรจde la prรฉrogative de travailler. Il doit unir force et intelligence en travaillant la terre afin quโ€™il puisse soustraire satisfaction de son effort. Le travail paraรฎt รชtre la condition nรฉcessaire de lโ€™existence de lโ€™homme sur terre. Dieu a, en effet, fait du travail une nรฉcessitรฉ vitale. Les buts et les rรฉsultats de ce travail, quels quโ€™ils soient, sont donc la condition de lโ€™existence de lโ€™homme sur terre. Beaucoup de philosophes ont compris cette nรฉcessitรฉ. Karl Marx ajoute que :
En tant quโ€™il produit des valeurs dโ€™usage, quโ€™il est utile. Le travail, [โ€ฆ] est la condition indispensable de lโ€™ex istence de lโ€™homme, une nรฉcessitรฉ รฉternelle, le mรฉdiateur de la circulation entre la nature et lโ€™homme.11
Ceci implique que le travail est constitutif de la vie de lโ€™homme. Dรจs sa naissance, lโ€™homme est confrontรฉ au travail. Lorsque lโ€™homme prend conscience de son existence il met seulement de lโ€™ordre dans lโ€™exรฉcution de son travail.
Dans ce sens, nous comprenons que mรชme le fait de m anger, de tenter de marcher ou de marcher, de dormir, constitue un acte de travail. Le travail est tout ce qui demande une force, quโ€™elle soit physique ou intellectuelle. Une fois que le mouvement demande une pulsion quelconque de lโ€™organisme, ce mouvement constitue un travail. De lร  vient la conception plus moderne du travail, plus raffinรฉe mais aussi plus englobant de la notion de travail.

En effet, Didier Julia, dans son Dictionnaire de la philosophie, Larousse rรฉfรฉrences, nous dit ceci, concernant le mot travail : Le travail sโ€™oppose au jeu, qui est une activitรฉ dรฉsintรฉressรฉe, il se distingue de lโ€™effort, qui peut รชtre dรฉsordonnรฉ ; il se caractรฉrise par son caractรจre de contrainte (on travaille par devoir, par nรฉcessitรฉ sociale) et surtout par sa forme dโ€™action rรฉglรฉe (horaire fixe, contrรดle du travail ou du rรฉsultat). Toutefois, dans certains cas, le travail peut correspondre ร  la vocation de lโ€™individu, ร  ses tendances les plus profondes (crรฉation artistique, philosophique ou scientifique) : du point de vue psychologique, il ne se distingue plus alors du jeu. Bien que la notion de travail รฉvoque, dโ€™une maniรจre privilรฉgiรฉe, lโ€™action physique sur le monde (agriculture) ou sur une machine (travail industriel), lโ€™effort intellectuel, la recherche thรฉorique, lโ€™enseignement, la direction dโ€™une entreprise ou dโ€™un รฉtat reprรฉsentent รฉgalement un travail : de comprรฉhension, de synthรจse, de direction. Il y a travail tant quโ€™il y a ยซ respo nsabilitรฉ ยป sociale ou crรฉation vรฉritable. Dโ€™un point de vue juridique, le ยซ droit au travail ยป est le droit qui crรฉe ร  lโ€™Etat lโ€™obligation juridique dโ€™assure un travail ร  quiconque lui en demande. ยป 12
Cette citation se passe de commentaire. En effet, plus largement, lโ€™homme est crรฉe fort pour รชtre exposรฉ aux vicissitudes de la vie. Il ne pouvait, en aucun cas, รฉchapper ร  son destin. Et le travail fait partie des grands piliers du destin de lโ€™homme.

LE ROLE DU TRAVAIL DANS LA SOCIETE

La diffรฉrence fondamentale entre lโ€™homme et lโ€™anima est apparue, comme la science lโ€™a รฉtablie lorsque lโ€™homme a commencรฉ ร  fabriquer des instruments de travail. A la question, quโ€™est ce qui dรฉtermine le dรฉveloppement de la sociรฉtรฉ ? Karl Marx fut le premier ร  donner une rรฉponse scientifiquement fondรฉe. Pour vivre, les hommes doivent pouvoir se nourrir, se vรชtir, se loger et possรฉder dโ€™autres biens matรฉriels. Or, le procรจs de production des biens matรฉriels inclut le travail de lโ€™homme, les moyens de travail et les objets de travail ? Ainsi, selon les termes dโ€™Engels, ยซ le tr avail a crรฉe lโ€™homme lui-mรชme ยป.

LE TRAVAIL, APANAGE DE Lโ€™HOMME

Philosophiquement, le travail est une activitรฉ de transformation de la nature propre aux hommes, qui le met en relation et qui est le producteur de valeur. Karl Marx souligne aussi que ยซ le travail appartient exclusivement ร  lโ€™homme ยป. 13 Cette proposition nous relate le fait quโ€™ร  la diffรฉrence des animaux qui agissent par instinct, lโ€™homme agit consciemment. Chacune de ses actions concrรจtes est prรฉcรฉdรฉe dโ€™un plan qui lui permet dโ€™aboutir ร  lโ€™objectif fixรฉ.
En effet, le travail est nรฉcessaire ร  lโ€™homme. Il nโ€™est pas imposรฉ par qui que ce soit, mais rรฉalisรฉ librement. Cโ€™est grรขce au travail que lโ€™homme conรงoit son futur.

Comme nous lโ€™avons dรฉjร  dit, si Adam et Eve avaient respectรฉ la parole de Dieu, le ciel nous avait, peut- รชtre, offert tou tes les choses que nous voulons. Et lโ€™homme ne serait plus obligรฉ de travailler. Lโ€™oisivetรฉ aurait รฉtรฉ son lot. Lโ€™homme serait devenu esclave de son temps. Le travail, en effet, exprime lโ€™origine de la servitude de lโ€™homme qui ne parvient ร  survivre dans la nature que par des efforts douloureux.
Mais en mรชme temps, le travail forme et libรจre lโ€™homme. Cโ€™est lโ€™expression concrรจte de notre intelligence et de notre libertรฉ. Lโ€™homme doit donc meubler son temps avec des occupations utiles. Il doit chercher son bonheur dans le travail. La libertรฉ et lโ€™harmonie, dans la rรฉalisation de ce travail, conditionnent le bonheur. Par exemple, architecte naval conรงoit sa prochaine construction sur papier. Il serait enthousiasmรฉ par le plan. Mais, cโ€™est la construction finale qui lui apporterait le plus dโ€™agrรฉment. Il en est de mรชme du chirurgien esthรฉtique. Ce dernier sera ravi de lui lorsquโ€™il verra sa patiente ou son patient le remercie de la beautรฉ inespรฉrรฉe dontil lui a fait don.

Le travail est de prime abord, un acte qui se passe entre lโ€™homme et la nature. Lโ€™homme y joue lui-mรชme, vis-ร -vis de la na ture, le rรดle dโ€™une puissance naturelle. Les forces dont son corps est douรฉ, bras et jambes, tรชte et mains, il les met en mouvement afin de sโ€™assimiler des matiรจres en leur donnant une force utile ร  sa vie. En mรชme temps quโ€™il agit dans ce mouvement sur la nature extรฉrieure et la modifiรฉ, il modifie รฉgalement sa propre nature et dรฉveloppe les facultรฉs qui y sommeillent.
Nous ne nous arrรชterons pas ร  cet aspect primordial du travail oรน il nโ€™a pas encore dรฉpouillรฉ son monde purement instinctif. Notre point de dรฉpart, cโ€™est le travail sous une forme qui appartient exclusivement ร  lโ€™homme.
Une araignรฉe fait des opรฉrations qui ressemblent ร  celles du Tisserant, et lโ€™abeille confond, par la structure de ces cellules de cire, lโ€™habiletรฉ de plus dโ€™un architecte. Mais ce qui distingue dรจs lโ€™abord, le plus mauvais architecte de lโ€™abeille la plus experte, cโ€™est lโ€™architecte construit son plan dans sa tรชte avant de construire sur un papier. Le rรฉsultat auquel le travail aboutit prรฉexiste idรฉalement dans lโ€™imagination du travailleur.
Ce nโ€™est pas quโ€™il opรจre seulement un changement de forme dans les matiรจres naturelles, mais quโ€™il y rรฉalise du mรชme coup son propre but dont il a conscience, qui dรฉtermine comme loi son mode dโ€™action et auquel il doit subordonner sa volontรฉ. Et cette subordination nโ€™est pas momentanรฉe.

Lโ€™ล“uvre exige pendant toute sa durรฉe, outre lโ€™effor t des organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-mรชme rรฉsulter que dโ€™une tension constante de la volontรฉ. Elle lโ€™exige plus, par son objet et par son mode dโ€™exรฉcution. Le travail entraรฎne moins le travailleur, quโ€™il se fait moins sentir ร  lui, comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles. En quelques mots, quโ€™il est moins attrayant.
Lโ€™homme est le seul animal qui doit travailler. Et pour cela, il lui faut dโ€™abord beaucoup de prรฉparations pour en venir ร  jouir de ce qui est supposรฉ par sa conservation.
La question est de savoir, si le ciel nโ€™aurait pas pris soin de nous avec bienveillance, en nous offrant toutes les choses dรฉjร  prรฉparรฉes, de telle sorte que nous ne serions pas obligรฉs de travailler, doit assurรฉment recevoir une rรฉponse nรฉgative. Lโ€™homme a, en effet, besoin dโ€™occupation et mรชme de celles qui impliquent une certaine contrainte. Lโ€™homme doit รชtre occupรฉ de telle maniรจre quโ€™il soit rempli par le but quโ€™il a devant les yeux, si bien quโ€™il ne se sente plus lui-mรชme et que le meilleur repos soit p our lui, celui qui suit le travail.

Cโ€™est seulement en meublant le temps par des occupations dont le dรฉveloppement suit un plan et atteint ร  la fin importante quโ€™on sโ€™รฉtait proposรฉe, que lโ€™on peut รชtre heureux de sa propre vie et parv enir du mรชme fait ร  la satiรฉtรฉ.
Dans la vie, รชtre satisfait se serait hors de toute activitรฉ, le repos et lโ€™inertie des mobiles ou lโ€™engourdissement des sensations et de lโ€™activitรฉ qui leur est liรฉe. Un tel รฉtat est tout aussi incompatible avec la vie intellectuelle de lโ€™homme que lโ€™immobilitรฉ du cล“ur dans un organisme animal, immobilitรฉ ร  laquelle, sโ€™il ne survient aucune nouvelle excitation par la douleur, la mort fait suite inรฉvitablement.
On peut distinguer les hommes des animaux par leur conscience, par leur foi et par dโ€™autres choses. Eux-mรชmes commence nt ร  se distinguer des animaux dรจs quโ€™ils commencent ร  produire leurs moyens dโ€™existence, pas avant, qui est la consรฉquence mรชme de leur organisa tion corporelle. En produisant leurs moyens dโ€™existence, les hommes produisent indirectement leur vie matรฉrielle elle-mรชme. La vie offerte ร  lโ€™homme est de nature hostile. Lโ€™homme doit travailler pour lโ€™adapter ร  ses besoins. Il produit ses moyens dโ€™existence en la modifiant. Il faut noter que cette nature, quoiquโ€™elle soit hostile aux hommes, reprรฉsente la base de production de lโ€™existence physique des individus. Elle reprรฉsente plutรดt un monde dรฉterminรฉ de lโ€™activitรฉ des individus, une faรงon dรฉterminรฉe de manifester leur vie, reflรฉtant trรจs exactement ce quโ€™ils sont. Cโ€™est quโ€™ils coรฏncidentavec leur production aussi bien quโ€™avec ce quโ€™ils produisent.
Le travail est le propre de lโ€™homme. Au temps de Karl Marx, le travail occupe une immense place dans la sociรฉtรฉ. Lโ€™homme produit alors mรชme quโ€™il est libรฉrรฉ du besoin physique et il en est libรฉrรฉ.En dโ€™autres termes, Marx nous dit que le travail รฉconomique se dรฉfinit essentiellement par sa production des valeurs dโ€™usage, cโ€™est-ร -dire la production des objets dont nous avons besoin quotidiennement. Cโ€™est le travail qui met lโ€™homme en relation avec la nature. Par exemple, dans le cas des รฉtudiants, ils mรฉriten la rรฉussite ร  la fin de leurs รฉtudes ร  condition quโ€™ils aient bien travaillรฉ. Un autre exemple : ร  la campagne ; si les cultivateurs ne peuvent plus nourrir leurs familles, cโ€™est sรปr quโ€™ils seront atteints par la famine. Ces genres dโ€™exemples se manifestent toujours dans la vie quotidienne de lโ€™homme.

TRAVAIL ET DEVELOPPEMENT SOCIAL

Aux yeux de Marx, le travail sโ€™impose donc comme le caractรจre distinctif de lโ€™รชtre humain. La production de vie m atรฉrielle, par le travail, devient ainsi la clef de lโ€™analyse de la vie sociale et du devenir historique de lโ€™humanitรฉ.
Cโ€™est pourquoi, Marx sโ€™attache prioritairement ร  lโ€™รฉtude de la vie matรฉrielle, cโ€™est-ร -dire ร  la faรงon dont les รชtre humains, ร  une รฉpoque donnรฉe, produisent, รฉchangent, vendent et consomment les produits nรฉcessaires ร  leur existence.
Dans cette optique, il nโ€™importe pas vraiment de savoir ce quโ€™ils pensent dโ€™eux-mรชmes, ni de connaรฎtre leurs idรฉes personnelles, sociales, politiques ou religieuses. En effet, selon Marx :
La production des idรฉes, des reprรฉsentations et de la conscience est dโ€™abord directement et intimement mรช lรฉe ร  lโ€™activitรฉ matรฉrielle et au commerce matรฉriel des hommes, elle est le langage de la vie rรฉelle. 21

Nous sommes ici en prรฉsence de la thรจse de Marx. Les conceptions rationalistes et chrรฉtiennes prรฉsentaient un modรจleabstrait de lโ€™รชtre humain, un modรจle qui prรฉsupposait une essence dรฉjร  donnรฉe, une facultรฉ spรฉcifique non matรฉrielle qui donnait ร  lโ€™existence humaine son sens dans cette optique.
Les personnes nโ€™avaient quโ€™ร  actualiser leur รชtre p ropre, ร  assumer quโ€™ils รฉtaient dรฉjร  des รชtres rationnels ou spirituels. Ces conceptions nโ€™ont pas reconnu lโ€™importance de la vie matรฉrielle dans lโ€™existence humaine.
Marx, au contraire, met en รฉvidence le fait que les conditions concrรจtes dans lesquels les humains produisent les biens nรฉcessaires ร  leur survie et nouent leurs relations sociales, influencent, conditionnent et dรฉterminent leur pensรฉe, leur รชtre et leur devenir effectif.
En terme plus gรฉnรฉraux, la rรฉalitรฉ humaine coรฏncideavec lโ€™activitรฉ humaine. Elle est incarnรฉe dans des individus concrets dotรฉs de forces actives qui leur permettent de faรงonner la nature selon leurs propres besoins.
Il nโ€™y a pas dโ€™essence a priori de lโ€™รชtre humain, il nโ€™y a pas dโ€™essence antรฉrieure ร  lโ€™individu qui existe, qui respire, travaille et communique, qui rรฉalise ses besoins en fonction du contexte socio-รฉconomique et de sa position dans lโ€™ordre social.

La thรฉorie marxiste rattache lโ€™existence humaine dโ€™abord ร  lโ€™ordre social, ensuite seulement, ร  lโ€™ordre individuel. Aussi loin que lโ€™on remonte dans lโ€™histoire, on constate que lโ€™individu humain appartient ร  une communautรฉ. Dรจs lโ€™origine de lโ€™humanitรฉ, lโ€™individu est intรฉgrรฉ dans une famille, une tribu ou un regroupement de tribus. Marx interprรจte cette appartenance comme une dรฉpendance de lโ€™individu envers le groupe, mais aussi comme un facteur de dรฉveloppement. Cโ€™est ainsi quโ€™il รฉcritยซ Lโ€™รชtre humain est un animal sociable qui ne peut sโ€™รฉpanouir quโ€™en sociรฉtรฉ ยป.
Les activitรฉs humaines courantes, quโ€™elles soient collectives ou individuelles, font appel ร  lโ€™expรฉrience des membres de la communautรฉ et ร  celle des gรฉnรฉrations antรฉrieures. La langue, la culture, les coutumes et le savoir sont un hรฉritage, un patrimoine collectif. Ils sont le rรฉsultat de la coopรฉration entre les hommes. Marx ajoute que :

Mรชme si mon activitรฉ est scientifique, etc., et que je puisse rarement mโ€™y livrer en communautรฉ directe avec dโ€™autres, je suis social parce que jโ€™agis en tant quโ€™homme. Non seulement matรฉriel de mon activitรฉ-comme le langage lui-mรชme grรขce auquel le penseur exerce la science- mโ€™est donnรฉ comme produit social, mais ma propre existence est activitรฉ sociale.23
Comme nous lโ€™avons vu prรฉcรฉdemment, la thรฉorie marxiste dรฉfinit le travail comme moyen privilรฉgiรฉ de rรฉalisation des apacitรฉs de chaque individu, cette rรฉalisation sโ€™accomplissant au prix dโ€™un investissement de temps dโ€™รฉnergie.
Pour Marx, le travail ne prend son sens vรฉritable que dans la mesure oรน son rรฉsultat, cโ€™est-ร -dire la production dโ€™un bien, sert ร  satisfaire le besoin de quelquโ€™un dโ€™autre. La finalitรฉ ultime du travail est donc dโ€™entrer en relation avec les autres, de contribuer ร  satisfaire leurs besoins autant que les miens.
Les effets individuels de transformation de la nature prennent alors tout leur sens. Ils permettent ร  lโ€™รชtre humain dโ€™accompl ir sa nature vรฉritable et sa sociabilitรฉ.

Lโ€™idรฉe que le travail est une activitรฉ sociale prend donc, chez Marx, une double signification. Dโ€™abord, la production technique des biens matรฉriels suppose, bien sรปr, la collaboration de plusieurs pe rsonnes. Dans un sens plus fondamental, le travail crรฉe le lien nรฉcessaire de solidaritรฉ entre les รชtres humains, hors duquel, ils ne peuvent sโ€™accomplir de maniรจre vรฉritablement humain.
Le travail est lโ€™acte humain par excellence, lโ€™expression concrรจte de notre intelligence et de notre libertรฉ. Lโ€™outil est le signe de notre intelligence, parce quโ€™il est un moyen.
Songez-y, ce marteau que nous venons dโ€™acheter nโ€™est pas objet de consommation. Il nโ€™est ni bon ร  manger ni beau ร  voir. Le sens de ce marteau est dans une relation, dans ce quโ€™il permet de faire. Il vous permet de planter un clou auquel vous accrochez une casserole. Celle-ci nโ€™est ร  son tour quโ€™un intermรฉdiaire. Elle permettra de cuire la soupe ร  condition que vous ayez un rรฉchaud.

Vous voyez que les outils sโ€™impliquent les uns et les autres dans une chaine des mรฉdiations. Lโ€™outil est donc le signe de lโ€™intelligence humaine qui procรจde par dรฉtours pour transformer la nature, qui prend donc un certain recul par rapport ร  la nature.
Sur ce, nous pouvons dire que lโ€™homme est lโ€™animal qui nโ€™accepte pas simplement le donnรฉ naturel. Il le nie et change aussi le monde extรฉrieur naturel, il en tire des outils et des objets fabriquรฉs qui composent un monde nouveau, le monde humain.
Dans ce domaine intellectuel du travail, lโ€™homme cherche le sommet de la connaissance. Cโ€™est ร  partir de la nรฉcessitรฉ constante de la pratique sociale que se permet le dรฉveloppement de la connaissance humaine.
En effet, cโ€™est dans la pratique sociale que les hommes peuvent acquรฉrir les premiรจres formes du reflet de la rรฉalitรฉ objective des sensations. De ce fait, on peut dire aussi que cโ€™est par la pratique sociale que sโ€™รฉlabore donc la premiรจre forme de toute connaissance humaine. Cโ€™est ainsi que Marx รฉcrit : ยซ Ce nโ€™est pas la conscience des hommes qui dรฉtermine leur รชtre. Cโ€™est inversement, leur รชtre social qui dรฉtermine leur co nscience ยป. 24

LES PROPRIETES PRIVEES COMME CAUSES Dโ€™ALIENATION

Tout dโ€™abord, quand on parle de propriรฉtรฉ privรฉe, on montre les rapports entre les hommes relativement ร  lโ€™appropriation des moyens de production et des biens matรฉriels produits. Si pour les savants bourgeois, la propriรฉtรฉ ne reprรฉsente quโ€™un rapport de lโ€™homme vis-ร -vis dโ€™une chose, la science marxiste considรจre la propriรฉtรฉ comme un moyen de production, un rapport qui se modifie parallรจlement aux changements socio-รฉconomiques.
Le rรดle principal dans lโ€™appropriation des biens matรฉriels revient ร  la propriรฉtรฉ des instruments de travail et des autres moyens de production qui caractรฉrise le rรฉgime social. Le caractรจre de la production, de la rรฉpartition de lโ€™รฉchange et de la consommation dรฉpend du propriรฉtaire des moyens de production.
A chaque รฉtat et niveau des forces productives correspondent une forme de propriรฉtรฉ. Elle peut favoriser ou freiner le dรฉveloppement. Sous le rรฉgime de la communautรฉ primitive, le niveau des forces productives รฉtait extrรชmement bas. Lโ€™outillage et les produits de tra vail appartenaient ร  la communautรฉ, ils รฉtaient collectifs.

Avec la dรฉcomposition de la propriรฉtรฉ commune apparaissent des rapports รฉconomiques nouveaux : la propriรฉtรฉ privรฉedes moyens de production et de leurs produits, ainsi que la personne du travailleur qui devient un esclave.
La propriรฉtรฉ privรฉe des moyens de production a dรฉterminรฉ lโ€™apparition de lโ€™exploitation de lโ€™homme par lโ€™homme, lโ€™apparition de lโ€™appropriation des produits du travail des propriรฉtaires, la division de la sociรฉtรฉ en classe exploiteuse et classe exploitรฉe.
Le cadre de la sociรฉtรฉ esclavagiste, fondรฉ sur le ravailt des esclaves indiffรฉrents ร  la croissance et au perfectionnement de la production, devient une entrave pour les forces productives au fur et ร  mesure quโ€™elles se dรฉveloppent.
Le fรฉodalisme a remplacรฉ lโ€™esclavage. Dans la sociรฉtรฉ fรฉodale, les travailleurs sont intรฉressรฉs dans une certaine mesure ร  augmenter la production. Cโ€™est ce qui a contribuรฉ au dรฉveloppement continu de la propriรฉtรฉ privรฉe qui a atteint son point culminant avec le capitalisme.

A mesure que se dรฉveloppe la sociรฉtรฉ bourgeoise, les instruments de travail, les moyens de production et le produit du travail se concentrent entre les mains des capitalistes. Les travailleurs libres formellement, sont obligรฉs de vendre leur force de travail aux propriรฉtaires des moyens de production. Ils sont soumis ร  une fรฉroce exploitation.
Au stade impรฉrialiste, les grands monopoles, qui ont des positions dominantes dans lโ€™industrie : les banques, lโ€™agriculture, le transport, le commerce, concentrent de gigantesques capitaux. Sous le capitalisme, il y a le dรฉveloppement des forces productives dont le caractรจre social se renforce aux limites de la propriรฉtรฉ capitaliste privรฉe.
Lโ€™anarchie et le caractรจre spontanรฉ de la production capitaliste, la concurrence forcenรฉe entre les propriรฉtaires des entreprises, assoiffรฉs de profits, les crises รฉconomiques de surproduction, le niveau relativement bas de consommation des masses travailleurs, le chรดmage massif ainsi que la sous-utilisation permanente des capacitรฉs de production, tout cela dรฉmontre que le rรฉgime social fondรฉ sur la propriรฉtรฉ capitaliste afait son temps.
Il devient un frein au dรฉveloppement de la sociรฉtรฉ et de ses forces productives. Il doit cรฉder la place ร  un rรฉgime social nouveau, le socialisme, qui abolit lโ€™exploitation de lโ€™homme par lโ€™homme, donne le champ libre aux progrรจs รฉconomiques, techniques et culturels, ร  lโ€™augmentation du bien-รชtre de tous les membres de la sociรฉtรฉ.
Le trait essentiel, dรฉterminant, des rapports socialistes de propriรฉtรฉ des moyens de production est que tous les membres de la sociรฉtรฉ sont รฉconomiquement sur un mรชme pied dโ€™รฉgalitรฉ en tant que maรฎtres collectifs de la production. Ils sont tous intรฉressรฉs ร  entendre la propriรฉtรฉ sociale en tant que fondement de la puissance รฉconomique du pays, de lโ€™รฉlรฉvation continu du niveau de vie du peuple. Les idรฉologues bourgeois dรฉforment dรฉlibรฉrรฉment lโ€™histoire de la naissance de la classe des capitalistes et la classes des ouvriers. En essayant de lรฉgitimer par tous les moyens la rรฉpartition inรฉgale et injuste des biens matรฉriels, ils inventent des lรฉgendes sur les causes de la division de la sociรฉtรฉ en riche et en pauvres. Les uns sont laborieux et รฉconomes tandis que les autres sont paresseux. Alors que Karl Marx disait : ยซ Le travail est quelque chose de positif, cela est intimement liรฉ au fait dโ€™รชtre un homme ยป 25. Cela veut dire que cโ€™est en travaillant que lโ€™homme doit rรฉaliser sa propre subsistance. Lโ€™homme travaille pour soi, mais non pas pour lโ€™autre.

Toutefois, dans le systรจme capitaliste, lโ€™ouvrier travaille pour quelquโ€™un dโ€™autre. Dans ce cas le travail devient quelque chose dโ€™extรฉrieur, quelque chose qui ne lui appartient plus. Lโ€™homme devient รฉtranger ร  son propre travail, et le pire cโ€™est quโ€™il est รฉtranger ร  lui-mรชme. Cโ€™est ainsi quโ€™on peut parler de lโ€™aliรฉnation de lโ€™homme. Les capitalistes rรฉussissent ร  rassembler progressivement toutes sortes de richesses, les ouvriers restent pauvres comme ils รฉtaient. Le rรดle de ces derniers est dโ€™assurer la pรฉrennitรฉ de la production.
Il est utile de savoir que lโ€™explication de la naissance du capitalisme nโ€™a rien ร  voir avec la rรฉalitรฉ.
Le rรฉgime fรฉodal a existรฉ, avec une telle ou telle particularitรฉ, dans presque tous les pays. Lโ€™รฉpoque du fรฉodalisme a รฉtรฉune pรฉriode prolongรฉe. En Chine, par exemple, le rรฉgime fรฉodal a existรฉ pendant deux millรฉnaires. Dans les pays dโ€™Europe occidentale, le fรฉodalisme a durรฉ de la chute de lโ€™Empire romain jusquโ€™au XVIIe siรจcle en Angleterre et jusquโ€™au XVIIIe siรจcle en France. En Russie, le fรฉodalisme a existรฉ du IXe siรจcle jusquโ€™ร  lโ€™abolition du servage en 1861.

En Europe occidentale, le fรฉodalisme est nรฉ de lโ€™interaction de deux processus : la dรฉcadence de lโ€™Etat esclavagiste romain, dโ€™une part, et la dรฉsagrรฉgation du rรฉgime clanal dans les tribus conquรฉrantes, de lโ€™autre. Comme nous lโ€™avons constatรฉ, des รฉlรฉments du fรฉodalisme ont รฉtรฉ engendrรฉs sous la forme du colonat, dรจs le rรฉgime esclavagiste. Mais lโ€™Empire romain esclavagiste sโ€™effondra complรจtement ร  la fin du Ve siรจcle, sous les coups venant de lโ€™intรฉrieur comme de lโ€™extรฉrieur. Les tribus avaient ร  leur tรชte des chefs militaires et leurs suites armรฉes. Une grande partie se trouva aux mains des chefs dโ€™armรฉe qui, par la suite devinrent des rois. Ces chefs distribuaient la terre conquise ร  leurs suivants dโ€™armes et avec les paysans qui sโ€™y traient. Elle รฉtait donnรฉe en jouissance ร  vie, puis hรฉrรฉditaire. La terre distribuรฉe selon ces principes portait le nom de ยซ fief ยป, les propriรฉta ires des fiefs รฉtaient des ยซ fรฉodaux ยป. Ceux qui avaient reรงu de la terre รฉtaient obligรฉs de servir dans lโ€™armรฉe. La terre continuait dโ€™รชtre cultivรฉe par les petits paysans qui, dรฉsormais, se trouvaient sous la dรฉpendance de leurs nouveaux seigneurs.

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Table des matiรจres

REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA NOTION DE TRAVAIL
CHAPITRE 1: Lโ€™EVOLUTION CONCEPTUELLE DE TRAVAIL DANS L’HISTOIRE
I.1.1: DEFINITION ET ANALYSE DU TRAVAIL
I.1.2: INTERPRETATION BIBLIQUE DU TRAVAIL
CHAPITRE 2 : LE ROLE DU TRAVAIL DANS LA SOCIETE
I.2.1 : LE TRAVAIL, APANAGE DE Lโ€™HOMME
I.2.2 : LE TRAVAIL ET LA NATURE
I.2.3 : TRAVAIL ET DEVELOPPEMENT SOCIAL
DEUXIEME PARTIE : LE TRAVAIL DANS LACIVILISATIO CAPITALISTE
CHAPITRE 1 : TRAVAIL ET ALIENATION
II.1.I : LES PROPRIETES PRIVEES COMME CAUSE D’ALIENATION
II.1.2: TRAVAIL ET ALIENATION ECONOMIQUE
II.1.3: TRAVAIL ET ALIENATION RELIGIEUSE
CHAPITRE II : MOUVEMENT DU PROLETARIAT
II.2.1: LA LUTTE DES CLASSES
II.2.2 : LA DICTATURE PROLETARIENNE
II.2.3 : Lโ€™AVENEMENT DU COMMUNISME
CONCLUSION.
BIBLIOGRAPHIE

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