Le rôle des marchés hebdomadaires dans le développement local

DECENTRALISATION

   La décentralisation est définie administrativement dans le dictionnaire universel comme un système dans lequel une collectivité ou un service technique s’administre lui-même sous le contrôle de l’Etat. Selon PIVEAUTAU Alain dans « décentralisation et développement local : analyse d’un rapport ambiguë à partir du Sénégal ». Revue Tiers monde, la décentralisation s’exprime à travers des transferts de compétences du gouvernement central ou de ses agences à des gouvernements locaux. La décentralisation favorise la création de nouvelles collectivités territoriales et l’émergence de nouveaux acteurs. Elle permet le transfert de certaines compétences de l’Etat aux collectivités territoriales afin de promouvoir un développement à la base. La décentralisation est donc un outil de développement pour les collectivités territoriales. Pour PIVEAUTAU, le processus de décentralisation permet d’analyser de manière plus explicite le rapport entre le pouvoir central et le pouvoir local. Elle prône une bonne gouvernance avec la participation de tous les acteurs dans la gestion de la collectivité. La décentralisation permet ainsi le renforcement de la démocratie. Au Sénégal deux réformes phares ont marqué le processus de renforcement de la décentralisation du Sénégal : La réforme de 1972 pose « l’acte précurseur de libertés locales plus affirmées, avec la création des communautés rurales, la promotion de la déconcentration et la régionalisation de la planification » ; La réforme de 1996 qui consacre la régionalisation constitue l’étape la plus importante de la politique de décentralisation surtout de par l’ampleur des compétences que l’Etat transfère aux collectivités locales. Cette réforme a permis le transfert de neuf domaines de compétences par l’Etat aux collectivités locales. Aujourd’hui, le Sénégal a connu une nouvelle phase de décentralisation notamment l’acte 3 de la décentralisation qui consiste à renforcer davantage la démocratie et promouvoir un développement territorial à partir de ses territoires à la base. Posé le 07 Juin 2012 par le Président de la République lors du conseil des ministres à SaintLouis, l’acte 3 de la décentralisation a été lancé officiellement le 19 mars 2013 par le Président de la République. L’acte 3 consiste à une communalisation intégrale et à la création de pôles territoires qui seront de véritables poumons de développement économique et social.

La création d’emplois

   Le marché hebdomadaire lieu de rencontre et d’échange est une principale source de revenu pour la population. Le jour du loumo on observe la présence de plusieurs acteurs qui s’activent dans différents domaines pour gagner leur vie. Ainsi, dans le secteur du transport on remarque la présence de plusieurs taxis moto notamment des jeunes qui gagnent parfois des sommes remarquables dans le transport des personnes surtout entre le « daral » et le marché et même parfois ils transportent des bagages. Parfois aussi ils transportent des personnes venues au loumo dans leurs villages et en tirent bénéfice en gagnant des sommes considérables. Nous avons aussi les charretiers notamment des enfants en grande partie qui gagnent aussi de l’argent dans le transport des marchandises et aussi des personnes (100F par tête) entre le daral et le marché. La plupart de ces enfants versent la somme qu’ils ont gagné à leurs parents le soir après la descente. Plusieurs femmes s’activent aussi dans le marché à travers les restaurants, la vente d’eau fraîche, du jus et même du thé etc. On remarque plusieurs autres acteurs qui s’activent dans le marché notamment les réparateurs de vélo, de moto, de chaussures, les soudeurs métalliques etc. Le marché favorise donc la création de revenus pour les populations ce qui contribue à l’amélioration de leurs conditions de vie. Le marché fait donc la promotion du secteur informel ce qui est une véritable source de revenus pour les populations qui en tirent profit avec notamment les activités qu’il génère. Le marché constitue un facteur de mutation économique de la localité avec notamment la promotion de la commercialisation des produits agricoles et animaliers secteur dans lequel plusieurs acteurs s’y activent.

La création de liens sociaux

   Lieu de rencontre entre des personnes venant de divers horizons, le marché hebdomadaire favorise la création de liens sociaux entre les personnes. Il est avant tout un lieu d’échanges économiques mais aussi il contribue à la création de relations sociales d’une part entre les habitants de Sinthiou Malème et ceux de son hinterland et les étrangers et d’autre part entre les étrangers eux même. Le jour du loumo plusieurs familles de Sinthiou Malème reçoivent chez eux des étrangers venant des villages environnants et parfois d’autres localités de l’intérieur du pays et aussi de certains pays voisins. A travers les enquêtes qui ont été menées, les 37 personnes parmi les acheteurs soit 49,3% ont des tuteurs dans le village et parmi les commerçants aussi plusieurs d’entre eux ont des tuteurs à Sinthiou Malème. Et certains clients et commerçants passent la nuit le vendredi à Sinthiou Malème chez leurs tuteurs. On remarque aussi la présence de plusieurs acteurs venant des pays limitrophes comme la Gambie, la Guinée Conakry, la Mauritanie, le Mali et beaucoup d’entre eux ont des maisons d’accueil dans le village. Tout cela favorise l’existence de liens d’amitié, de fraternité et de solidarité et de parenté entre les différents peuples. Cela favorise le brassage culturel entre les différentes ethnies en provenance des localités du pays mais aussi des pays limitrophes.

L’impact spatial du marché

   Sur le plan spatial, le marché hebdomadaire a favorisé l’agrandissement du village. Lors de sa création, le village n’étant pas trop grand à l’époque, aujourd’hui si le village a atteint une certaine taille on peut dire que c’est grâce à son marché hebdomadaire qui exerce une certaine attraction sur les populations selon le témoignage de certains élus locaux. Le village s’agrandit de plus en plus du fait de l’exode des habitants des villages environnants et parfois même des localités lointaines pour venir s’installer à Malème. Le loumo a aussi favorisé la construction de certaines infrastructures comme le marché à bétail réalisé par le Projet de Développement de l’Élevage du Sénégal Oriental et en haute Casamance (PDESOC) qui permet de mieux contrôler le flux du bétail durant le marché hebdomadaire car tout acquéreur est obligé de chercher un laisser-passer pour convoyer ses bêtes. Le marché à bétail est composé d’un grand hangar, des abreuvoirs, d’un bâtiment qui abrite le bureau du vétérinaire et de celui du responsable du foirail et aussi des toilettes. Nous avons aussi un hangar construit par l’argent issu des taxes selon le responsable des collecteurs Seydou Sylla par l’ex PCR El Hadji Massar Diop au niveau du marché permanent même si aujourd’hui les commerçants n’utilisent pas cette infrastructure sauf le jour du samedi les vendeurs de tissus s’y installent. Mais aussi on retrouve des boutiques construites par des « Baol-Baol »37 qui venaient tout simplement vendre le jour du loumo et qui se sont installés par la suite dans le village pour des raisons de commerce.

L’impact de la délocalisation du daral sur le marché hebdomadaire

   La délocalisation du marché à bétail situé auparavant à côté du marché a eu des impacts négatifs sur le fonctionnement du loumo selon la quasi-totalité des personnes rencontrées sur le terrain. Ainsi, 51 personnes soit 68% des commerçants trouvent que le déplacement du daral a engendré d’énormes impacts sur le loumo et seulement les 24 soit 32% ont apprécié le déplacement du daral. Pour la majorité le déplacement de celui-ci a provoqué un manque de dynamisme du loumo. Selon ces derniers avant le déplacement du daral le loumo était très dynamique et très attractif et recevait beaucoup plus de bétail. Mais depuis lors, le foirail commence à avoir des faiblesses de plus en plus dues à son éloignement du goudron car au début certains passagers faisaient une escale pour acheter du bétail et ensuite continuer leur trajet. A quelques heures de fonctionnement seulement celui-ci se vide et tout le monde se converge vers le marché et parfois sans avoir vendu leurs bétails dû parfois à l’absence d’ombre dans le lieu. Ces impacts sont surtout ressentis le plus souvent chez les commerçants surtout les restauratrices qui pour elles depuis que le daral est sorti du loumo elles ne parviennent presque plus à écouler toute leurs nourritures. Mais cette remarque est faite aussi auprès des autres commerçants aussi qui s’activent dans d’autres secteurs d’activité. Toutes ces personnes ont le même témoignage « je ne vends plus comme avant ; le daral doit revenir. » L’accès au daral est parfois très difficile en période de saison des pluies. L’état des routes fait parfois peur aux transporteurs qui ont du mal à rejoindre le foirail car parfois leurs véhicules s’enlisent ce qui leur cause d’énormes difficultés pour ressortir car ils seront obligés de creuser et cela contribue même à la dégradation des routes dans le village. Tout cela a impacté négativement sur le loumo car en période de saison des pluies le daral ne fonctionne pas normalement.

Gestion du marché

   Pour une bonne gestion du marché, la mairie doit travailler en parfaite collaboration avec l’ensemble des acteurs concernés dans le domaine du marché. Elle doit mettre sur place des différentes commissions à savoir : un comité de gestion qui jouera un rôle de facilitateur, une commission domaniale qui se chargera des questions de place dans le marché pour éviter des problèmes, une commission des finances qui se chargera de contrôler les recettes du marché, un syndicat des commerçants pour leur permettre de mieux s’organiser entre eux et de défendre les intérêts des différents acteurs. Les autorités municipales doivent prôner pour une gouvernance participative avec l’implication de tous les acteurs dans la gestion du marché notamment en instaurant le dialogue entre eux et les différents acteurs clés du marché afin que personne ne se sente léser. Cela facilitera la perception de la taxe auprès des redevables. Cela permettra à tout le monde de s’unir autour d’un objectif commun qui est le développement local. Les autorités municipales doivent organiser parfois des réunions avec tous les acteurs concernés pour discuter sur des problèmes liés au marché et essayer d’en apporter des solutions.

Pour l’insalubrité et le manque d’eau

   Pour rendre le marché propre et lutter contre le manque d’eau au niveau du marché les autorités municipales doivent mettre sur place un ensemble de mesures comme :
 Un système de collecte et de ramassage des ordures tous les dimanches après le loumo et si possible les vendredis. Pour cela, la mairie doit mettre sur place des charrettes en fonction des moyens disponibles pour le ramassage des ordures.
 Prendre des mesures fermes pour le dépôt sauvage des ordures  dans le marché en sanctionnant les auteurs par une amende pouvant aller jusqu’à 2000f CFA.
 Mettre des poubelles à ordures à la disposition des commerçants dans tout le marché et devant les maisons environnantes du marché qui devront verser une somme à la municipalité à chaque fin du mois.
 Construire et entretenir des toilettes dans le marché et au niveau du foirail.
 Construire dans le marché des bornes fontaine et au niveau du foirail pour lutter contre l’absence d’eau.
 Lutter contre la stagnation des eaux pluviales dans le marché pendant l’hivernage

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I-CONTEXTE ET JUSTIFICATION
1-CONTEXTE
2-Justification
II-PROBLEMATIQUE
1-DISCUSSION CONCEPTUELLE
2-Objectifs et hypothèses
2-1 Objectif général
2-2 Objectifs spécifiques
3- Hypothèse générale
3-1- Hypothèses spécifiques
III-METHODOLOGIE
1-La revue documentaire
2- Les enquêtes de terrain
3-Le traitement des données
4- Les difficultés rencontrées
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION, HISTORIQUE, ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DU MARCHE 
INTRODUCTION PARTIELLE
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA COMMUNE ET HISTORIQUE DE CREATION DU MARCHE HEBDOMADAIRE
I -Localisation de la commune de Sinthiou Malème
II- Historique de la création du marché hebdomadaire
1-Origine de la création du loumo de Sinthiou Malème
2-Le choix du site du loumo
3-La renaissance ou la réapparition du loumo
CHAPITRE II: ORGANISATION DU MARCHE
I-Le marché forain
1-Le secteur des produits agricoles
2- Le secteur de la restauration
3- Le secteur des moyens de transport
4- Le grand secteur ou le cœur du marché
II- Le marché à bétail
1- Le secteur des bovins
2- Le secteur des petits ruminants
3- Le secteur des équins
Entretien avec Bocar Camara
III- L’appréciation de l’organisation du marché par les différents acteurs
1-Selon les commerçants
2-Selon les acheteurs
3- Appréciation responsables du marché sur son organisation
CHAPITRE III : FONCTIONNEMENT DU MARCHE
I -Les acteurs du marché
1 – Les commerçants
1-1-La période de forte affluence selon les commerçants
2-1- La période de forte affluence selon les acheteurs
3- Les transporteurs
3-1- les cars
3-1-1- Les charretiers
3-2- Les motos taxi
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIEME PARTIE : LE MARCHE DANS LA DYNAMIQUE DES RELATIONS VILLE-CAMPAGNE
INTRODUCTION PARTIELLE
CHAPITRE I : AIRE DE POLARISATION DU MARCHE 
1- Origine des commerçants
2- Origine des clients
3- Origine des produits
4- Destination des produits
CHAPITRE II : LES RELATIONS VILLE-CAMPAGNE ET MARCHE
I- Les relations entre Sinthiou Malème et son arrière-pays
1- Sur le plan commercial
II- Les relations entre Sinthiou Malème et la ville de Tambacounda
III- Les relations entre Sinthiou Malème et les autres marchés hebdomadaires
CONCLUSION PARTIELLE
TROISIEME PARTIE : ENJEUX ET PERSPECTIVES DU MARCHE
INTRODUCTION PARTIELLE
CHAPITRE I : Les impacts socio-économiques, spatiaux et environnementaux du marché
I- Les impacts socio-économiques positifs du marché
1- La création d’emplois
2- La création de liens sociaux
3- Les recettes municipales
4- L’impact spatial du marché
II- Les impacts socio-économiques et environnementaux négatifs du marché
1-Les risques sanitaires du loumo
2- Les agressions et autres délits sur les populations
3- La production de déchets et de pollution sonore dans le marché
4- L’impact de la délocalisation du daral sur le marché hebdomadaire
CHAPITRE II : LES PERSPECTIVES EN TERMES D’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET LES DEFIS DU MARCHE
I- LA NECESSITE D’UNE INTEGRATION AVEC SON HINTERLAND
II-LES DEFIS DU MARCHE HEBDOMADAIRE
1- Problème de gestion du marché
Extrait d’entretien avec Abdou Samath Sakho 1er adjoint au maire
Extrait d’entretien avec monsieur Ibrahima Seck chef du bureau recouvrement
2- Problème d’organisation
3- Insalubrité et manque d’eau
II-1 LES SOLUTIONS A ENTREPRENDRE POUR LE MARCHE
II-1-1 Propositions pour une bonne gestion et du recouvrement de la taxe
1- Gestion du marché
2- Le recouvrement de la taxe
II-1-2 Proposition de solutions pour l’amélioration de l’organisation du marché
II-2- Pour l’insalubrité et le manque d’eau
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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