La sécurité et la défense sont parmi les grands défis du 21ème siècle. Dans un monde en perpétuelle évolution, marqué par une recrudescence du terrorisme, des conflits ouverts et des malaises sociaux. Les priorités de la communauté internationale se tournent vers la protection des biens et des personnes, la sauvegarde et le rétablissement de la paix. Aujourd’hui, et depuis l’attentat du 11 septembre 2001 aux Etats Unis (Manhattan , les Deux tours) particulièrement, le nouveau contexte géopolitique mondial et régional fait que le sentiment de danger est côtoyé au quotidien. Avec un parcours politique difficile, fait de manifestations parfois violentes, et tout aussi brutalement réprimées comme ce fut le cas en 1947, en 1972, en 1991, en 2002 et en 2009, Madagascar n’échappe pas à cette logique. La crise de 2009 a remis sur le tapis la nécessité de réfléchir sur le rôle des militaires et des civils dans le domaine de la sécurité et de la défense, à Madagascar. Une piste de réflexion qui ouvre le débat vers d’autres points importants comme le contrôle parlementaire de la politique de sécurité, les rôles de la société civile et des médias, les responsabilités des citoyens, mais également, les nouveaux visages de l’insécurité. La mondialisation, les nouvelles technologies, les nouveaux enjeux politiques et économiques se sont mués en de possibles foyers d’insécurité tant à l’échelle internationale que nationale. Tous les conflits ne mènent pas obligatoirement à une lutte armée ou à une situation d’insécurité. Par contre, une mauvaise gestion militaire, une incompréhension, une incertitude voire une méconnaissance des acteurs de la sécurité et de la défense de leurs rôles et obligations peuvent être fatale. Repenser l’essence même de l’utilité des forces armées, en saisir la mesure et la portée, c’est aussi comprendre les raisons d’une implication militaire avant tout, citoyenne, personnelle, communautaire, nationale et régionale pour la paix dans le monde. C’est dans cet axe que l’utilité et les rôles des forces armées s’avèrent être cardinale, dans la recherche que nous allons mener.
CADRES THEORIQUES ET RUBRIQUES EPISTEMOLOGIQUES
Une armée peut être définie comme l’ensemble des moyens humains et matériels destinés au combat, à la défense du territoire National et de l’intérêt d’une Nation. C’est l’ensemble des militaires et des armes. Donc une armée est un ensemble organisé pour accomplir un but précis. C’est aussi un ensemble de valeurs, d’éthiques et de buts précis au sein d’une société. Dans le but de déterminer l’utilité de ces dernières, il faut avant tout déterminer leurs origines, leurs organisations, et leurs fondements.
Cadre d’analyse
Présentations et Rubriques épistémologiques
Pour apporter plus de précision et de cohérence à notre recherche, des approches s’avèrent être fondamentales en guise de typologie de recherche.
Sociologie Politique
Bien que le militaire soit et devrait être extérieur à la pratique politique, il faut néanmoins apporter des explications. En effet, la notion de pouvoir est indissociable au sein des forces armées. L’aspect hiérarchique en démontre cette affirmation. Il est vrai que notre recherche portera sur la redéfinition de l’utilité militaire au sein de la société. Mais toutefois, Armée et Politique ont toujours eu des liens symboliques tout au long de l’histoire de la Nation. C’est d’ailleurs pour cette raison que de facto, des implications, responsabilités et fonctions politiques sont assujetties à la définition même de l’armée bien que le principe en soit le contraire. C’est dans ce dynamisme primo que l’étude va être cadrée.
Sociologie Militaire
Théodore Caplow et Pascal Vennesson ont depuis peu établi des recherches sur cette discipline en plein essor .L’organisation militaire, les conflits armés et des emplois effectifs et potentiels des forces armées sont donc crucial dans le développement de la société. Voilà pourquoi relation internationales et stratégies-diplomaties militaires ont toujours coexisté depuis, et jusqu’à l’avènement de la mondialisation. Cette approche déterminera entres autres le caractère social du militaire, pour en dégager ses utilités face à la mondialisation d’une part. Et par la suite d’apporter les appréciations diverses tant externes qu’internes de ce qu’elles représentent pour tout un chacun.
Le concept d’institution totale
Ervin Goffman a entrepris de 1954 à 1957, avec l’accord des responsables institutionnels, l’étude de l’univers hospitalier psychiatrique, qui a donné lieu à la publication d’un ouvrage fondateur, « Asiles » en 1961 . L’originalité de son travail d’ethnologue visait à rendre compte d’une structure sociale en se plaçant du point de vue de l’interné. La simple substitution de la désignation de la catégorie d’individus communément nommés « fous » ou « malades » par le nom «d’internés», « reclus » ou « incarcérés » illustre la posture du chercheur qui se situe dans le champ de l’organisation sociale. Goffman apporte un regard nouveau, fondamental et alternatif à celui que pose la communauté médicale et scientifique sur les pensionnaires de ces établissements. En s’intéressant et en révélant l’organisation sociale de ces institutions, Goffman ouvre une réflexion sur la socialisation des individus en leur sein. Il met en lien la construction individuelle et l’environnement social direct avec son cortège de normes (formelles et informelles) qui le structurent. Il en tirera des enseignements sur la construction individuelle. La spécificité d’une socialisation imposée et limitée par un acteur social, dessine, à contrario, le contour d’une socialisation libre et ouverte. Une approche qui nous parait logique et opportun dans le cadre de notre thème puisqu’il s’agit des forces armées institution mère de la vie sociétale du malgache.
L’institution totale, aspect central mais pas réducteur
Il est facile de trouver dans les articles de journaux sur la grogne des gendarmes, ou encore dans la littérature institutionnelle, des références au caractère total de l’institution, tel que mis en évidence par Erwin Goffman. Comme il a été dit précédemment, l’exercice ne saurait réduire la gendarmerie nationale à une institution totale, au même titre qu’il serait inapproprié de la réduire à une institution militaire ou à une institution policière. Le caractère total, s’il est central dans cette approche, n’est cependant qu’un des aspects pertinents à étudier, parmi tant d’autres .
Le gendarme
Le gendarme est au centre de notre attention parmi les éléments constituant de la brigade territoriale. Comme élément de notre hypothèse, nous considèrerons l’individu, Devenu officiellement gendarme, il est pris dans le réseau de trois sphères de socialisation. La première sphère est la sphère institutionnelle. Ici, l’individu interagit, dès son recrutement, avec d’autres gendarmes, en tant que représentant de l’institution. Il interagit aussi avec la population et les représentants des autres institutions présentes dans son environnement. Ces interactions sont codifiées par la gendarmerie nationale et servent la mission générale qui lui a été confiée.
L’individu : son identité, sa socialisation
S’interroger sur l’individu, qui a pris une place de plus en plus prépondérante dans la société d’aujourd’hui, c’est s’interroger sur son avènement, son fonctionnement, sa trajectoire, sa relation avec les autres et l’environnement en général, sa place et son rôle dans un groupe, dans la société. L’identité, indissociable à l’individu, tient une place centrale dans ces interrogations, on la retrouve au cœur d’une grande variété de questions contemporaines (ex : l’adolescence, l’intégrisme religieux, le travail, les guerres ethniques, la violence urbaine, …) qui occupent les sociologues, psychologues (au sens large), ethnologues, etc. Elle est multidimensionnelle et liée à la fois à l’individu, au groupe, à la société.
L’individu dès sa naissance, se socialise et se construit une identité par étapes dont l’enfance et l’adolescence prennent une place prépondérante, mais continue tout au long de sa vie. Il bâtit des représentations de soi, des croyances, une image de lui-même qui serviront de filtres pour sélectionner ses actions et ses relations dans le processus constant de socialisation. Dans cette construction et ce façonnage permanent de soi, l’état des savoirs permet de mettre en évidence plusieurs facettes :
▶ Le désir de continuité de soi, exprimé dans le besoin d’appartenir à une lignée, un groupe ou une culture;
▶ Le double processus de séparation/intégration très fort chez l’adolescent. Ce processus combine l’opposition avec la famille et les efforts pour appartenir, être reconnu par un autre groupe dominé par une culture jeune. Cette dynamique entraîne de nouveaux repères identitaires ;
▶ L’existence par les actes; La sociologie religieuse illustre bien la relation entre appartenance et pratique;
▶ La construction identitaire constitue un cadre psychologique qui structure l’action individuelle .
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : Cadre théorique
Chapitre 1 : Genèse et Fondement des forces armées
Chapitre 2 : Valeurs, Ethos et pouvoir politique
Chapitre 3 : Des spécificités et des caractéristiques du Gendarme
PARTIE II : Présentation des Résultats et Analyses
Chapitre 1 : Etat des lieux
Chapitre 2 : Problèmes constatés au sein même des Forces armées et de la Gendarmerie
Chapitre 3 : Vérification des Hypothèses
PARTIE III : Réflexions prospectives
Chapitre1 : Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces courante concernant la Gendarmerie
Chapitre 2 : Analyse prospective
Chapitre 3 : Propositions de réformes des rôles et missions des forces armées pour garantir la démocratie
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLES DES MATIERES
ANNEXES
RESUME