Les causes multiples du TDA/H
Il y a eu bon nombre de controverses concernant l’origine du TDA/H, pourtant il est important de tenter d’en connaitre les causes afin de mettre en place des stratégies thérapeutiques adaptées. Il convient d’emblée de préciser qu’il n’existe pas de cause unique pour expliquer le TDA/H. D’ailleurs, la complexité du trouble se reflète bien dans le long cheminement que nous venons de voir pour décrire le trouble. Il n’existe donc pas de cause unilatérale pour l’expliquer, et il faut s’intéresser à des facteurs variés.
Tout d’abord, au niveau cérébral, le trouble aurait un lien avec une altération des fonctions cognitives liées au contrôle de soi-même et à la planification. Il s’agit d’un dysfonctionnement exécutif, c’est à dire une incapacité à inhiber des réponses prédominantes (aux niveaux moteur, verbal et de la pensée), à contrôler les interférences entre des stimulations, et à être flexible sur le plan de la pensée lorsqu’il s’agit d’appliquer une modification de consigne. Il s’agit donc d’un trouble neurologique puisqu’il touche des zones cérébrales responsables de l’attention, du contrôle et de l’organisation, de l’inhibition.
Plus précisément, c’est le lobe préfrontal qui est concerné puisque cette région du cerveau joue un rôle dans l’attention, l’organisation, la planification, la gestion du temps, la sociabilité, la capacité à traiter des informations simultanées : ce sont les fonctions exécutives. Plus l’enfant grandi, plus elles sont primordiales à une bonne adaptation à la vie quotidienne des individus.
On parle aussi du facteur génétique pour expliquer la propension de certains enfants à développer ce trouble. Le TDA/H touche en effet souvent plusieurs membres d’une famille. Cette explication génétique rend compte de la forte héritabilité de ce type de trouble d’une génération à une autre. Le risque d’’hériter du trouble lorsqu’on a un des parents qui est diagnostiqué est d’un peu plus de 30 %.
De plus, il faut prendre en compte les facteurs prénataux comme une grossesse compliquée, un accouchement difficile ou la consommation de drogue ou d’alcool pendant la grossesse, qui peuvent favoriser l’apparition du TDA/H.
Enfin, les facteurs familiaux et sociaux interviennent dans le degré d’intensité du trouble et dans le développement des troubles concomitants. En effet, la qualité de l’environnement social et familial influe sur l’expression du trouble.
Étant donné que la causalité du TDA/H n’est pas réductible à un facteur, nous pouvons imaginer que l’accompagnement n’est pas linéaire et que l’ensemble de l’étiologie doit être pris en compte. Toutefois, il faut également s’intéresser aux signes cliniques.
Les symptômes et les troubles associés
Aujourd’hui, la description clinique du trouble relève de trois faits : le déficit d’attention, l’hyperactivité et l’impulsivité.
Plus précisément, il existe trois sous-types de TDA/H :
-le sous-type « inattentif » : il se détecte moins facilement, donc il est moins vite diagnostiqué.
-le sous-type « hyperactif-impulsif » : il est plus facilement observable par l’entourage.
-le sous-type « mixte » : il combine les deux sous-types précédents.
Tout d’abord, le domaine du comportement est le plus visible et concerne l’hyperactivité et l’impulsivité.
L’hyperactivité est le critère majeur, et se traduit par une instabilité psychomotrice. D’abord, sur le plan moteur car l’enfant remue continuellement, ensuite sur le plan cognitif car il est envahi en permanence par une multitude de pensées, et enfin sur le plan verbal car il parle beaucoup. Cet aspect passe rarement inaperçu dans la mesure où l’enfant s’agite et s’exprime de manière expressive et désordonnée. L’enfant a un comportement agité régulier et très perturbateur qui peut l’amener à se mettre en danger. Il ne peut contrôler ses actions et il est en mouvement perpétuel sans cohérence, ni objectif précis.
L’impulsivité, quant à elle, consiste en l’incapacité à inhiber une action verbale ou motrice : le contrôle de soi et la planification sont difficiles. Elle conduit à une faible capacité d’anticipation et de gestion des situations nouvelles. Ainsi, dans une situation qui pose problème, l’enfant ne peut pas réagir de manière contrôlée mais plutôt avec une charge émotionnelle qui le poussera à être excessif.
Concernant la sphère cognitive, le déficit attentionnel relève d’un processus cognitif qui empêche de réagir de façon adéquate, de gérer ses capacités attentionnelles, de se concentrer sur la durée, d’écouter. La personne qui souffre de TDA/H est capable d’être attentive mais éprouve des difficultés pour l’être efficacement, elle ne peut pas rester concentrée sur un même sujet longtemps, ni savoir quelle information traiter en priorité. La concentration, c’est-à-dire la capacité à fixer son esprit sur un centre d’intérêt défini, devient laborieuse.
Il en va de même pour l’attention qui est un concept complexe relevant de plusieurs aspects selon les spécialistes10. L’attention soutenue correspond à cette concentration mais aussi à la vigilance, elle permet de maintenir son attention de façon continue pour mener à bien une tâche. Ensuite, l’attention sélective permet de sélectionner des informations et d’en occulter d’autres. Quant à l’attention partagée, elle rend possible le traitement simultané de plusieurs informations.
En somme, concernant la symptomatologie, l’inattention se traduit par une grande distractibilité, l’hyperactivité se manifeste par une incapacité à rester en place dans une situation où il y a une contrainte avec une agitation désorganisée et sans but, et l’impulsivité reflète une intolérance à l’attente et une grande difficulté à se contrôler.
Le traitement du TDA/H et de ses symptômes est souvent pris en charges selon deux axes. D’abord, il s’agit de solutions pharmaceutique, avec en général l’administration de Ritalin. Puis, il y a les interventions psychologiques ou psychosociales qui visent à développer une capacité à mieux gérer les symptômes, et donc à améliorer la vie sociale de l’enfant. Il s’agit donc de favoriser la socialisation, l’adaptation à la vie quotidienne, plutôt que de réduire l’agitation motrice et l’impulsivité.
Quelles sont les spécificités du trouble ?
La spécificité du TDA/H réside notamment dans les controverses sur la validité diagnostique du trouble, c’est-à-dire sa possible confusion avec une mauvaise éducation de la part des parents notamment. Le TDA/H, étant un trouble très fréquent, suscite également des interrogations et des controverses qu’il convient d’éclaircir.
De nombreux mythes autour du TDA/H
Tout d’abord, il parait important de nuancer certaines idées reçues autour du trouble. La première méprise est de confondre la paresse ou le manque de motivation avec l’inattention associée au trouble alors qu’il s’agit plutôt d’un manque de capacité. Il est par ailleurs fréquent de confondre le TDA/H avec le résultat d’une mauvaise éducation alors que l’enfant a réellement des difficultés à se maitriser et à intérioriser les règles de conduite.
Nous avons précisé que le TDA/H n’est pas uniquement un problème d’ordre biologique mais qu’il émane d’un mélange de prédispositions génétiques et de facteurs liés à l’environnement de l’enfant. Concernant les symptômes (l’hyperactivité, la distractibilité et l’impulsivité), ils ne sont pas figés et peuvent même être atténués dans certains contextes comme la relation duelle avec une personne ou dans un environnement nouveau et stimulant. Les symptômes se trouvent donc étroitement liés au contexte (psychosocial notamment). Ainsi, si les facteurs psychosociaux ne font pas partie de l’étiologie ils ont une influence considérable sur l’intensité des symptômes.
Un autre mythe réside en l’idée selon laquelle la prise de psychostimulants comme le Ritalin est la meilleure méthode pour soigner le trouble. Le Ritalin est un médicament à base de méthylphénidate qui aide à accroître l’attention et à réduire l’agitation des personnes atteintes du TDA/H.
Cependant, le médicament augmente les capacités d’attention sur le court terme et son administration peut aboutir à la mise à l’écart de stratégies non médicale, ainsi que camoufler les problèmes d’apprentissages ou les troubles émotionnels et affectifs.
Enfin, un enfant qui regarde la télévision ou joue aux jeux-vidéos très longtemps sans se laisser distraire peut avoir un TDA/H car ce sont des éléments très stimulants pour ces enfants.
Ainsi, le TDA/H est un trouble complexe, à l’image de la mise en place de son diagnostic.
Un diagnostic complexe
Un élève non diagnostiqué peut paraitre paresseux ou étourdi ce qui peut conduire une mauvaise estime de soi pour lui-même mais aussi ses parents. Nous voyons donc la nécessité d’une évaluation initiale approfondie pour minimiser les impacts du trouble dans la vie quotidienne. Toutefois, il apparait que le diagnostic est difficile à établir en raison de l’agitation motrice et des difficultés attentionnelles caractéristiques aux enfants. En outre, il n’existe pas de marqueur biologique comme la prise de sang.
Dans le DSM-IV, cité antérieurement, les symptômes du TDA/H doivent être présents dans des contextes différents et avoir des conséquences dans différentes sphères de la vie de l’enfant :
-Dans la forme inattentive, l’enfant doit présenter au moins six des symptômes d’inattention et moins de six symptômes d’hyperactivité / impulsivité.
-Dans la forme hyperactive c’est l’inverse, l’enfant doit présenter au moins six symptômes d’hyperactivité / impulsivité et moins de six symptômes d’inattention.
-Dans la forme mixte, l’enfant présente à la fois un minimum six symptômes d’inattention et un minimum six symptômes d’hyperactivité / impulsivité.
Afin d’établir le diagnostic, la CIM-1012 (classification internationale des maladies), exige la présence au minimum de six critères dans la liste du déficit attentionnel, trois dans la liste de l’hyperactivité, un dans la liste de l’impulsivité, avec des manifestations avant l’âge de 7 ans et des symptômes présents dans plusieurs milieux.
Le diagnostic de TDA/H nécessite de collecter un certain nombre de donnés diverses dans des contextes différents. Tout d’abord, il s’agit de s’entretenir avec les parents pour entamer les recherches et montrer que l’enfant montre des manifestations du trouble dans le contexte familial. Ensuite, un entretien avec l’enfant permet de mieux appréhender les symptômes subis par l’enfant.
L’observation clinique est primordiale car elle permet de se rendre compte du comportement de l’enfant en contexte et cela dans des situations diverses.
L’examen médical quant à lui permet de trouver les éventuels troubles associés à prendre en compte et l’orientation vers des examens plus approfondis.
Durant les examens médicaux, les symptômes peuvent être atténués en raison du contexte de relation duelle et de l’environnement nouveau : il vaut mieux beaucoup observer car la réalisation de tâches successives n’est pas naturelle. En effet, l’évaluation neuropsychologique ne permet pas de donner un diagnostic franc mais de mettre en lumière le déficit attentionnel. Le test le plus fréquemment utilisé est le WISC qui permet un bilan concernant la compréhension verbale, le raisonnement perceptif, la mémoire de travail ou encore la vitesse de traitement. Ces deux derniers items sont en effet en lien avec les difficultés attentionnelles.
De plus, l’évaluation des fonctions cognitives peut se compléter par des tests spécifiques. Dans le cas de l’inattention, le test de Stroop étudie la distractibilité ainsi que les troubles de l’attention sélective et le test d’activité continue mesure l’attention sélective et soutenue. Pour l’impulsivité, il existe le test des figures familières qui permet de distinguer les personnes réflexives des impulsives. Enfin, certains appareils comme les actigraphes enregistrent les mouvements du corps et peuvent mesurer une activité supérieure à la normale.
Des questionnaires d’échelles d’évaluation comportementales comme le questionnaire de Conners permettent de recueillir auprès des parents et des éducateurs l’essentiel des caractéristiques de comportements de l’enfant. Cela dit, le remplissage d’items en lien avec l’attention et le comportement est assez subjectif.
Ce qu’il faut garder en tête c’est que les symptômes se caractérisent autant par leur permanence que par leur fluctuation au gré des contextes. Par exemple, ils peuvent être renforcés par un état de fatigue ou améliorés par un contexte nouveau.
Pour le TDA/H, on parle aussi de diagnostic différentiel, c’est-à-dire d’un processus d’identification grâce à l’élimination des hypothèses proches de la pathologie recherchée. En effet, « lorsqu’une consultation concerne un trouble de déficit de l’attention / hyperactivité, il est nécessaire, avant d’approfondir l’évaluation, d’éliminer les autres causes possibles des symptômes observés chez le jeune. Il existe plusieurs troubles psychologiques ou physiques qui présentent une symptomatologie similaire ou s’apparentant au TDAH. Il faut donc analyser ces avenues avant de pouvoir poursuivre l’évaluation d’un TDAH comme tel. Cette démarche est ce que l’on appelle le diagnostic différentiel »14. En effet, il convient de ne pas confondre le TDA/H avec la turbulence propre aux enfants en bas âge, ou encore avec des troubles plus globaux comme les troubles sévères des apprentissages, l’autisme ou le retard mental qui peuvent provoquer l’agitation et l’inattention. De plus, la prise de certains traitements (corticoïdes, antiasthmatiques ou antiépileptiques), ou encore l’instabilité environnementale peuvent entrainer des symptômes similaires.
De plus, avant l’âge de 5 ans, le diagnostic est d’autant plus complexe à établir car l’agitation et l’inattention sont plus grandes. Cependant une exagération et une intensité de ces dernières, avec une persistance dans le temps et dans différents contextes peuvent être une indication.
Ainsi, nous voyons la nécessité d’une évaluation précise et multifactorielle.
Cependant, le diagnostic repose beaucoup sur les informations recueillies par les parents et les éducateurs, notamment les enseignants car dès la maternelle la manière de s’adapter de l’enfant est révélatrice, à travers les difficultés de comportement et d’intégration au groupe, d’agressivité ou de faible tolérance à la frustration.
Des difficultés scolaires, sociales et familiales
Le TDA/H a des répercussions pour l’enfant au sein de différentes sphères de sa vie. En effet, on peut notamment parler de conséquences concernant la scolarité, la vie en société, la vie de famille mais aussi l’estime de soi.
Tout d’abord, lors de sa scolarité, l’enfant qui a un TDA/H peut être confronté à des difficultés même s’il ne présente pas un trouble des apprentissages. Par exemple, les élèves ont du mal à fournir un effort long pour aboutir à une tâche ou à suivre des consignes complexes et multiplient les erreurs d’inattention. De plus, il est fréquent que leur travail soit désordonné et leur matériel détérioré ou perdu. Ils ont des difficultés à travailler de manière autonome car ils ne peuvent gérer leur temps et s’organiser de manière optimale. Sur le long terme, si ces difficultés ne sont pas prises en compte, cela peut aboutir à une grande difficulté scolaire.
De même, avec ses pairs comme avec autrui en général, l’impulsivité et la maladresse peuvent donner lieu à de l’incompréhension et du rejet. Ce même comportement peut avoir des conséquences similaires avec sa fratrie ; et ces rejets successifs peuvent avoir un impact désastreux concernant la dynamique sociale de l’enfant. Aussi, pour les parents les réprimandes et les jugements sont très pesant et peuvent donner une impression de culpabilité et d’impuissance. Selon le Docteur Raymond François : « C’est dans son intérêt que la société doit se montrer bien disposée et généreuse à l’égard de ces parents d’enfants atteint d’un problème chronique aux énormes répercussions sociales ».
En effet, au niveau cognitif, l’enfant ne peut contrôler son comportement ni s’adapter de manière appropriée à des situations nouvelles.
Tous ces aspects ont un impact direct sur l’estime de soi de l’enfant qui peut se sentir d’une part dévalorisé et d’autre part coupable de ne pas rentrer dans la norme attendue. Sur le plan personnel, c’est son incapacité à répondre aux exigences environnementales qui lui fait perdre confiance.
Face à ces constats, il apparait primordial de mettre en place des stratégies visant la diminution des gênes dans tous les domaines pour l’enfant. Toutefois, les élèves porteurs d’un TDA/H se caractérisent aussi par leur esprit vif, imaginatif, curieux, dynamique … Alors, comment prendre en compte au mieux tous ces aspects pour inclure ces élèves au mieux dans la classe ?
Une pédagogie adaptée ?
Pour les professionnels de l’Éducation, il est important de bien s’informer sur ce trouble qui touche de nombreux élèves. Ainsi, ils doivent tenter de répondre au problème afin de prévenir le décrochage scolaire qui peut être une conséquence directe d’un mauvais traitement du TDA/H. En effet, selon le référentiel de compétences des métiers du professorat et de l’Éducation de 2013, les professeurs doivent « construire, mettre en oeuvre, et animer des situations d’enseignement et d’apprentissage prenant en compte la diversité des élèves ». C’est d’ailleurs selon trois compétences de ce référentiel que vont s’articuler les trois dimensions de la pédagogie adaptée pour les élèves ayant un TDA/H : « coopérer avec les parents d’élèves » et « coopérer au sein d’une équipe », « organiser et assurer un mode de fonctionnement du groupe favorisant l’apprentissage et la socialisation des élèves » ainsi qu’« intégrer les éléments de la culture numérique nécessaires à l’exercice de son métier ».
L’importance de la coéducation et du partenariat
L’inclusion d’un élève ayant un TDA/H à l’école est un processus qui doit se faire en équipe :
Les enseignants sont des acteurs clés du succès de l’inclusion des élèves car ils sont souvent les premiers à interroger le diagnostic et ce sont eux qui adaptent les pratiques éducatives en classe. Cependant, il est complexe pour eux de choisir des interventions appropriées.
L’enfant et la famille doivent être bien informés sur le trouble, sa reconnaissance permet d’être mieux compris, de conforter estime de soi, motivation et relations.
Des temps de concertation doivent également être prévus entre l’enseignant, les parents et les spécialistes (psychologues, psychoéducateur, éducateur spécialisé…) : le succès de l’inclusion ne doit pas reposer uniquement sur les épaules de l’enseignant qui doit être soutenu par les professionnels du TDA/H et bénéficier de formations continues.
Des spécialistes québécois ont mis l’accent sur deux approches pour aider les enseignants à prendre en compte le TDA/H. D’une part ils évoquent un accompagnement issu de l’approche comportementale avec des évaluations fonctionnelles en plusieurs étapes : décrire le comportement problématique, identifier les facteurs influents sur les comportements et les hypothèses explicatives, déterminer des variables et planifier les interventions.
D’autre part, ils décrivent un accompagnement issu de l’approche de la santé mentale : l’enseignant doit avoir une relation non hiérarchique avec ses collègues spécialistes qui doivent l’aider à repérer les informations essentielles pour résoudre le problème et à améliorer son habileté et son efficacité.
Un autre outil d’aide aux enseignants évoqué est la communauté de pratique destinée à faciliter les échanges entre pairs et la résolution de problèmes pédagogiques en regroupant les professeurs pour améliorer leurs pratiques concernant élèves présentant des difficultés comportementales.
L’intérêt est de développer une meilleure compréhension des difficultés des élèves et d’identifier les interventions à maintenir, à modifier ou à ajouter.
Ainsi, il y a un soutien nécessaire à apporter aux enseignants de la part des professionnels qui doivent assister et encourager leurs efforts dans l’intérêt des élèves concernés, mais aussi envers la famille qui doit toujours être entendue et informée : il s’agit de collaborer pour trouver des stratégies de réussite scolaire.
Le rôle de l’enseignant et les aménagements en classe
Si le trouble est mal interprété par les enseignants ou s’ils n’ont pas les moyens adéquats, ces derniers peuvent instaurer des pratiques telles que les punitions et les réprimandes, augmentant ainsi les problèmes comportementaux des élèves : d’où l’intérêt de la connaissance du trouble mais aussi de la recherche d’adaptations adéquates qui peuvent être mises en oeuvre.
Tout d’abord, il convient pour l’enseignant de connaitre son élève avec ses symptômes, ses capacités et ses limites afin de l’accepter et de mieux répondre à ses besoins.
Ensuite il est primordial d’aménager l’espace de la classe : diminuer les sources de distraction visuelles et auditives, proposer une place à côté de l’enseignant ou d’enfants paisibles, créer des zones où l’enfant peut se dégourdir.
Puisque les élèves ayant un TDA/H peuvent rencontrer des problèmes de relations avec leurs pairs et d’estime de soi, il est très important d’assurer l’intégration avec les camarades ainsi que d’éviter la stigmatisation, et de sans cesse valoriser ses efforts, notamment avec des « feedback » positifs durant la journée d’école.
L’enseignant doit également proposer des exercices et des consignes séquencés pour pallier au défaut d’attention de l’élève : il faut fragmenter les travaux en petites tâches. Concernant les consignes on peut les écrire au tableau et il est important de vérifier la compréhension de l’élève en le faisant reformuler par exemple.
On peut montrer comment faire, aider l’élève à démarrer. Il faut laisser du temps aux élèves lors des activités pour pallier aux difficultés à se lancer dans la tâche et au traitement des informations ainsi qu’aux erreurs d’inattention. Il faut fréquemment attirer l’attention de l’élève, déterminer un code pour prévenir qu’il faut se concentrer.
En ce qui concerne l’agitation, il faut savoir tolérer les comportements gênants mineurs, les sorties temporaires de classe, les différentes positions pour travailler, fixer des objectifs, donner des responsabilités permettant de se déplacer dans la classe ainsi que féliciter les réussites. Au contraire, il ne faut pas priver l’élève de récréation qui est un temps de défoulement nécessaire. Pour l’impulsivité, il s’agit d’établir un lien de confiance, d’informer des conséquences du non-respect des règles, de rester à proximité de l’élève, d’encourager les retraits volontaires.
Chaque élève ayant un TDA/H est différent et il n’existe pas une méthode pédagogique unique mais l’association HyperSupers TDAH FRANCE propose des conseils pour pallier à différente difficultés qui peuvent être formalisés dans des documents tels que le Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP) qui met en place des aménagements pédagogiques pour les élèves ayant des troubles des apprentissages. On peut aussi mettre en place un Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS) pour les élèves dont la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) a reconnu une situation de handicap. Dans ce cas, on peut également mettre en place des adaptations pédagogiques mais aussi de l’aide humaine pour aider l’élève à s’organiser et se concentrer – c’est-à-dire un Accompagnant d’Elève en Situation de Handicap (AESH)-, une attribution de matériel pédagogique adapté, un accompagnement ou une orientation particulière dans des établissements spécialisés.
Vers une utilisation du numérique
Selon le plan « l’École change avec le numérique »19, 57% des élèves se sentent plus concentrés depuis que le numérique est utilisé dans leur classe. L’usage de ce dernier développe les apprentissages en favorisant l’engagement personnel et l’intérêt des élèves, en proposant des situations d’autonomie mais aussi de collaboration, ou encore de créativité.
Dans le cas d’un élève ayant un TDA/H le numérique est intéressant car on peut se servir de l’ordinateur pour faire des jeux ludiques et éducatifs permettant de soutenir l’attention. En effet, l’informatique est une ressource éducative non négligeable car il stimule l’intérêt et l’attention des enfants. Ces activités ludiques consolidant les apprentissages représentent un moment de répit à des moments où les élèves n’arrivent plus à soutenir leur attention sur le travail proposé.
On peut aussi penser à l’utilisation tableau interactif qui attire également l’attention et qui est un support d’activité de manipulation où les élèves peuvent se déplacer pour réaliser l’activité au tableau et interagir entre eux.
Pour conclure, «le personnel enseignant doit adapter son enseignement et favoriser l’apprentissage en tenant compte des particularités de chacun dans un contexte collectif. Les besoins manifestés par les élèves sont variés : ils peuvent relever autant du domaine médical que du domaine psychologique et social et avoir des incidences pédagogiques importantes. C’est particulièrement le cas pour les jeunes qui présentent un TDAH. Il peut être difficile pour l’enseignant de reconnaitre précocement les manifestations précises du trouble, de choisir les stratégies d’enseignement et de gestion de la classe les plus pertinentes, et, le cas échéant, de diriger l’élève vers les service d’aide adaptés. Les directeurs et directrices d’école ont, pour leur part, la tache de soutenir le personnel enseignant, et ce dans diverses situations difficiles. Une méconnaissance du trouble et des symptômes peut rendre leur tâche ardue, parfois même impossible. Les professionnels du milieu scolaire sont aussi appelés à intervenir auprès des élèves en difficulté que ce soit pour évaluer les difficultés ou déterminer des stratégies d’intervention. Ils doivent donc suivre de près l’évolution des connaissances pour être en mesure d’aider les élèves ou d’apporter un soutien au personnel enseignant.»
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Table des matières
Introduction
Chapitre 1 : Partie théorique
I-Qu’est-ce que le TDA/H ?
A-L’historique du TDA/H : un long processus
B-Les causes multiples du TDA/H
C-Les symptômes et les troubles associés
II-Quelles sont les spécificités du trouble ?
A-De nombreux mythes autour du TDA/H
B-Un diagnostic complexe
C-Des difficultés scolaires, sociales et familiales
III-Une pédagogie adaptée ?
A-L’importance de la coéducation et du partenariat
B-Le rôle de l’enseignant et les aménagements en classe
C-Vers une utilisation du numérique
Chapitre 2 : Enquête
I-Le terrain d’enquête
II-Les méthodes utilisées
III-Les résultats collectés
A-Entretien avec une directrice d’école élémentaire et enseignante en CM2
B-Entretien avec un directeur d’ITEP
C-Entretien avec une enseignante en CP
IV-L’analyse des résultats
Bibliographie
Annexes
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