Le risque inondation au Royaume Uni
Concepts clés et définitions
Afin de pouvoir caractériser l’aléa inondation au Royaume Uni, il faut définir les différents termes qui lui sont associés. Les définitions suivantes sont celles présentées dans le « Flood and Water Management Act 2010 » qui est un texte s’appliquant uniquement sur les territoires anglais et gallois.
Inondation « flood » : Le terme inondation inclus tous les cas où des terres normalement exondées sont inondées, peu importe si une inondation est causée par de fortes précipitations, une rivière débordante, un barrage débordant ou percé, des eaux de remontées souterraines, ou autre chose (y compris une combinaison de plusieurs facteurs). Ce terme ne concerne cependant pas les inondations provoquées par un débordement total ou partiel du système d’assainissement sauf si celle-ci est causée par une augmentation du volume d’eau de pluie ni une inondation provoquée par la rupture d’une conduite d’eau.
Erosion côtière « Coastal erosion » : Ce terme concerne l’érosion des côtes en Angleterre et au Pays de Galles.
Risque « risk » : Il définie à des fins scientifiques et d’assurance, une combinaison de la probabilité d’un évènement et de ses conséquences potentielles. Dans chaque cas, les conséquences néfastes potentielles à prendre en compte dans leurs évaluations comprennent notamment les conséquences sur la santé humaine, le bien être social et économique des individus et des communautés, des infrastructures et sur l’environnement.
Gestion du risque « risk management » : Défini tout ce qui est mis en œuvre dans le but d’analyser, d’évaluer, de réduire un risque, de réduire une composante dans l’évaluation d’un risque, de modifier l’équilibre des facteurs combinés dans son évaluation ou prendre des mesures en ce qui concerne un risque ou un facteur. Ceci inclus également les actions qui augmentent la probabilité d’un évènement tout en réduisant ses conséquences potentielles ou déplaçant le risque dans un autre lieu afin de réduire le risque dans une zone à fort enjeu.
Pour une meilleure compréhension du sujet, il faut également maîtriser le concept suivant :
Inondation centennale : Inondation ayant une probabilité de 1% de se produire une année donnée. C’est un synonyme de temps de retour de 100 ans ou probabilité de 1% d’un phénomène. Une inondation trentennale sera une inondation avec un temps de retour de 30 ans.
Le risque inondation au Royaume Uni
La nature du risque inondation
En premier lieu il convient de définir les différents types d’inondation auquel le territoire du Royaume Uni peut être soumis.
– Inondation fluviale « flooding » : Inondation d’un cours d’eau lorsque l’eau du fleuve ou du canal de drainage se déverse dans la plaine inondable
– Inondation côtière « coastal flooding » : Inondation se produisant lorsque par l’action des vagues ou par la combinaison des vagues et de la marée, l’eau déborde et dépasse les limites du rivage
– Inondation par ruissellement « surface water » : Inondation provoquée par une chute de pluie lorsque l’eau de pluie ruisselle et n’atteint pas un cours d’eau ou un canal de drainage établi
– Inondation par remontée de nappes « groundwater » : Inondation provenant du sol causée par des niveaux d’eau élevés dans les aquifères .
En Angleterre, l’Agence de l’Environnement a un programme d’étude en cours visant à améliorer la compréhension des risques inondations. Ce travail examine les risques des différents types d’inondations (fluviales, côtières, de ruissellements et de remontées de nappe) et leurs probabilités. L’objectif de cette étude est d’informer les organisations chargées de la gestion de ce risque, le grand publique et les preneurs de décisions. Cette étude a été conduite par la NaFRA « National Flood Risk Assessment ». Le résultat obtenu est une carte nationale des risques basée sur 85 bassins versants et les zones côtières. Pour cette modélisation, une cellule est équivalente à 50m². Cette carte permet de comparer les risques relatifs ainsi que leurs répartitions pour chaque bassin versant et est basé sur la probabilité que toutes les mesures de défenses soient dépassées ou hors service.
Les probabilités d’inondations sont ensuite utilisées par les assurances du Royaume Uni et sont classifiées de la manière suivante :
– Risque faible si la probabilité d’une inondation est de 0,5% ou moins
– Risque modéré si la probabilité d’une inondation est comprise entre 0,5% et 1,3%
– Risque significatif si la probabilité d’une inondation est supérieure à 1,3% .
De plus, dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont déterminé le coût des investissements à long terme afin de faire face au changement climatique et à ses conséquences. Ils sont arrivés à la conclusion que d’ici à 2035, il faudra investir environ 1 milliards de livres sterling par an (valeur ne prenant pas en compte l’inflation future) pour maintenir le niveau de protection actuelle.
Etude des crues de l’hiver 2013/2014
L’inondation au Royaume-Uni est le risque naturel le plus important, en effet, pas moins de 5 millions de bâtiments (soit 1/6e du nombre total du pays) sont situés en zone inondable. De plus, d’importantes infrastructures comme des centrales électriques, des routes, des voies de chemin de fer … sont soumises à ce risque d’après la « Contains Environment Agency information, 2009 ». Ainsi, chaque année, les inondations coûtent en moyenne entre £500 million et £1 milliard au pays (Penning-Rowsell 2014b). La plus importante des années 2000, celle de 2007 a fait perdre à l’économie britannique environ £3.2 milliards. L’hiver 2013 – 2014 a été marqué par une importante série de tempêtes et d’inondations ayant eu des conséquences désastreuses pour le pays. Ces évènements sont également exceptionnels par la nature des inondations, en effet comme expliqué ensuite, les 4 types d’inondations ont affecté le pays. Cette série a commencé les 5/6 décembre 2013 lorsqu’une tempête a inondé l’Ecosse et dont l’onde (le rehaussement du niveau de la mer en raison des faibles pressions atmosphériques) a impacté les côtes Est du Royaume-Uni et Nord du Pays de Galles. Ce fut le pire évènement de ce type depuis celui qui a touché l’estuaire de la Tamise en 1953 inondant Londres. Cependant grâce aux défenses les zones basses du pays ont été protégées et les conséquences des inondations, relativement limitées.
Les 18/19 décembre, de nouvelles crues ont touché l’Irlande du Nord et l’Ouest de l’Ecosse. Une série de tempête a traversé le sud de l’Angleterre entre le 23 et le 27 décembre inondant des milliers de foyers et d’entreprises et en privant d’autres d’électricité pendant la période de Noël principalement dans les régions du Dorset, Hampshire, Surrey et Kent. Les 30/31 décembre, de nouvelles tempêtes ont apporté d’importantes quantités d’eau sur des sols déjà saturés par les précipitations précédentes dépassant les capacités des systèmes de drainage. Ainsi en Ecosse, la rivière Nith a inondé certaines villes du pays. Cet épisode pluvieux a continué début janvier inondant les zones proches de la Tamise et du Severn sur une large échelle. Ces tempêtes de début d’année ont également causé des vagues tempétueuses inondant et dégradant les côtes du pays de Galles et Sud/Sud-Ouest de l’Angleterre.
Malgré une accalmie au niveau des tempêtes après le 7 Janvier, des précipitations record ont continué sur le Sud et le Sud Est de l’Angleterre rendant le mois de janvier le plus humide de l’histoire depuis le début des mesures, soit depuis 1766 (fig 2).
|
Table des matières
Introduction
1. Le risque inondation au Royaume Uni
1.1. Concepts clés et définitions
1.2. Le risque inondation au Royaume Uni
1.2.1. La nature du risque inondation
1.2.2. Etude des crues de l’hiver 2013/2014
1.3. Le Réchauffement climatique, quelles conséquences ?
1.3.1. Le réchauffement climatique
1.3.2. Les conséquences
1.4. Démographie du Royaume – Uni
2. Utilisation de la trame verte et bleue au Royaume – Uni
2.1. La trame verte et bleue
2.1.1. Définition
2.1.2. Utilité
2.1.3. Contexte réglementaire
2.2. Les techniques actuelles
2.2.1. Kilingworth et Longbenton
2.2.2. Cas de Derby
2.3. Exemples d’infrastructures vertes et bleues
3. La mise en place de la TVB
3.1. Les acteurs
3.1.1. Angleterre et Pays de Galle
3.1.2. Cas de la ville de Derby
3.1.3. Cas de l’Irlande du Nord et de l’Ecosse
3.2. L’appropriation foncière
3.3. La vision des décideurs
3.3.1. Les bénéfices
3.3.2. Les barrières
Conclusion
Télécharger le rapport complet