Le risque de submersion marine, un phénomène contrôlé ?

Le littoral constitue un enjeu majeur pour les politiques d’aménagement, il fait l’objet de nombreuses réflexions depuis les années 1970 que ce soit de la part de l’Etat, des élus ou des scientifiques. La côte représente une zone particulière en matière de risques. En effet, alors que l’évolution naturelle du rivage tend à gagner la terre, les aménagements humains obéissent à une logique inverse. Cette dynamique convergente est à l’origine des risques côtiers. Avant d’expliquer plus en détail le type de risque côtier qui nous intéresse, le risque de submersion marine, nous allons définir le concept de risque. Une fois ces explications achevées, nous nous tournerons vers la description des différents modes de gestion d’un tel risque. Puis, les concepts de vulnérabilité et de résilience, concepts fondamentaux pour ce projet, seront définis Enfin, nous terminerons cette partie par la définition de l’acceptabilité et la représentation d’un risque et de la dernière intervention de l’Etat en matière de gestion du risque.

Le risque de submersion marine 

Définition du risque de submersion marine 

Tout d’abord, le risque se définit comme « la probabilité d’occurrence de dommages compte tenu des interactions entre processus physiques d’endommagement (aléas) et facteurs de peuplement (vulnérabilité) » (MEUR-FEREC, C., MOREL, V., 2004, p.268). Il peut aussi se définir comme « les effets d’un aléa sur des biens ou des personnes vulnérables » (BARROCA, B. et al., 2006, p.4). Bien souvent, le risque s’exprime virtuellement mais la catastrophe « naturelle » le concrétise par l’expression d’un endommagement, résultat de l’impact de phénomènes naturels sur les sociétés et leurs territoires (LEONE, F. & VINET, F., 2006).

Il existe deux types de risques littoraux : le risque d’érosion côtière et le risque de submersion marine qui est étroitement dépendant du premier. Par la suite, l’étude sera ciblée sur la submersion marine, risque non dominant mais dangereux pour la population car c’est un phénomène soudain encore difficilement prévisible et localisable. Une submersion marine est une brusque remontée du niveau maritime liée aux marées et aux conditions hydrométéorologiques (surcote). L’aléa submersion marine résulte de la conjonction plus ou moins concomitante de ces différents phénomènes. Selon la morphologie des villes, le risque de submersion marine peut être différent. Pour certaine, ce risque peut être lié à la rupture d’un ouvrage de protection ou encore à la submersion de celui-ci et pour d’autres à la pénétration de la mer à partir d’embarcadères, des marais ou de zones non protégées.

Lorsque le risque devient réalité 

Les risques et les catastrophes sont de moins en moins acceptés par la société. Quelque soit l’échelle d’analyse (individu, population, territoire), des efforts sont mis en œuvre pour atténuer les risques (PROVITOLO, D., 2009). Cependant, quand une catastrophe se produit, la portée de l’événement a un retentissement important ; c’est ce qui s’est passé dans la nuit du 27 au 28 février 2010. La France a été touchée par une tempête combinée à la haute mer d’une marée de fort coefficient, phénomène alors appelé vimer. Cette réunion d’événements a été à l’origine de la submersion des littoraux vendéen et charentais. En effet, la catastrophe qui s’est produite n’est pas liée aux vents mais à la submersion des ouvrages de protection et à la rupture de parties de ceux-ci.

Des événements similaires se sont produits le 22 août 1537, le 24 octobre 1591, le 9 octobre 1711 ou encore le 9 janvier 1924. 8 à 10 vimers sont dénombrés par siècle et 1 par siècle est qualifié d’exceptionnel par sa force et sa gravité (MINISTERE DE L’ECOLOGIE, DU DEVELOPPEMENT DURABLE, DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT et al, 2010).

Les dégâts après ce vimer sont considérables : 53 personnes mortes, 500 080 personnes touchées et plus 130 million d’euros de dommages (EM-DAT, 2010). Face à ces constats, le terme de catastrophe peut être employé. En effet, il s’emploie lorsque un événement dépasse les capacités locales de réaction et qu’au moins 10 personnes ont été tuées ou 100 personnes affectées (ALBOUY, F.X., 2002). Il semblerait que l’inconscience collective, l’ignorance ou encore l’absence d’organisation face aux risques transforment des événements connus dans le passé et partiellement prévisibles en catastrophe. Cette tempête a donc agit comme le révélateur d’une inadaptation de l’urbanisation des territoires littoraux face aux risques (CHALINE, C. & DUBOISMAURY, J., 1994) . Ces territoires peuvent alors être considérés comme vulnérables, vulnérabilité qu’il faut tenter de réduire.

Les recours de l’Etat face aux submersions marines 

Les différentes orientations dans la gestion des risques 

Des actions peuvent être faites selon quatre orientations : la protection, la surveillance et l’alerte, la prévention et la réparation (Figure 2). La protection a longtemps été la seule manière de gérer le risque. Pour réduire les effets dommageables des catastrophes, les ingénieurs proposaient depuis plusieurs siècles une stratégie qui visait à améliorer la résistance des sociétés face à un aléa. Un système de défense contre la mer a alors été édifié. Les ouvrages ont pour but de gérer totalement le risque voire de l’éliminer, d’où leur aspect sécuritaire pour la population. Le danger est alors entièrement contenu dans l’ouvrage, ainsi le risque est considéré comme jugulé (VEYRET, Y., 2004). Cependant, quels que soient les ouvrages ou les mesures de protection, il est impossible de parvenir à un risque zéro, ce système de défense se révèle inefficace car il est impossible de prédire l’impact précis de l’aléa. Il est alors nécessaire pour les organismes responsables de mettre en parallèle l’accent sur les mécanismes de prévision et d’alerte (CHALINE, C. & DUBOIS-MAURY, J., 1994). Pour cela, un système de surveillance des tempêtes a été mis en place par Météo France et un protocole d’alerte a été déterminé en cas de menace trop importante.

Le préfet doit informer les maires des communes concernées qui doivent à leur tour alerter la population pour qu’elle se mette à l’abri et se protège. Aujourd’hui, en France, la gestion de crise fait prévaloir le confinement à l’évacuation lors d’une tempête. Par ailleurs, si on ne peut empêcher les événements de survenir, on peut en atténuer les conséquences par des mesures de prévention. Celles-ci devraient permettre d’accroître le degré de perception du risque par la société qui réagirait alors mieux face à un danger. Cependant, chacun se comporte différent du fait de l’âge de la personne, de son genre et de son niveau socio-économique, éléments qui déterminent la capacité de résistance et contribuent donc à accroître ou à diminuer les possibilités du groupe à faire face à une catastrophe (VEYRET, Y., 2004). Malgré les actions associées à ces trois premières orientations, des dégâts sont toujours à noter lors d’une tempête ou d’une submersion marine et il est alors nécessaire d’indemniser les personnes pour qu’elles se reconstruisent. Pour cela, les assurances et le fond de solidarité en faveur des collectivités victimes de catastrophes naturelles (fond catnat) sont mobilisés dès que l’état de catastrophe naturel a été décrété par l’Etat.

Un entêtement de l’Etat pour la protection

L’Etat et les collectivités territoriales ont élaboré de nombreux documents pour tenter d’éviter une catastrophe telle que Xynthia, ils cherchent principalement à limiter le risque à travers la maitrise de l’urbanisation nouvelle et la coordination des secours et de l’alerte.

Les documents d’urbanisme qui sont le Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRI) , le Schéma de Cohérence Territorial (SCoT) , le Plan Local d’Urbanisme (PLU) et le Plan Communal de Sauvegarde (PCS) , ont établi des principes pour la gestion et la prévention des risques. Des orientations pour une meilleure prévention, des zonages interdisant la construction dans les zones dites à risque sont des exemples d’actions choisies par l’Etat pour agir face aux risques (COLLIN, C., 1995). Néanmoins, le vimer de février 2010 a montré les limites de la politique actuelle en termes de gestion des risques. La France compte alors se doter du Plan Digue qui permettra de mettre en œuvre une politique de prévention renforcée sur les zones dites à risque. Cependant, est-ce qu’un document supplémentaire permettra de limiter les conséquences d’une tempête similaire à celle du 28 février 2010 ? En effet, il existe déjà de bons outils mais il se pourrait qu’ils ne soient pas utilisés de manière stricte. La création de nouvelles lois et orientations semblerait donc superflue si ces outils ne sont pas correctement appliqués. Par ailleurs, l’Etat est dans l’excès de protection à travers la mise en place de nombreux ouvrages de défense sans réelle évaluation préalable du risque. Ces ouvrages ont été construits à la suite d’événements dramatiques mais l’Etat n’a pas prévu la nécessité d’un entretien régulier et la poursuite des travaux hors des zones de première priorité engendrée par les ouvrages (BARTHELEMY, J.R. et al, 2001). Il est évident qu’une protection totale ne sera jamais atteinte en raison des imprévus, du coût des travaux,… Les décisions publiques sont finalement façonnées par la recherche scientifique qui cherche à lutter contre les catastrophes et à réduire les risques (ALBOUY, F.X., 2002).

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : Le risque de submersion marine, un phénomène contrôlé ?
1. Le risque de submersion marine
2. Les recours de l’Etat face aux submersions marines
3. La vulnérabilité et la résilience, deux concepts clés pour la gestion des risques
4. La population face à un risque
5. La tempête Xynthia, une catastrophe aux grandes retombées
Partie 2 : Quel est le rôle de chaque critère dans l’acceptation du risque de submersion marine ?
1. Xynthia, une tempête inhabituelle
2. L’île de Ré, une île soumise aux vimers
3. Evaluation par enquête de l’acceptation du risque de submersion marine par la population
4. Une acceptation du risque de submersion marine très floue chez les habitants de La Flotte et de Loix
Partie 3 : L’acceptation du risque, quels critères pour l’améliorer ?
1. Retour sur l’enquête
2. Une remise en question de l’utilité des actes de protection
3. La culture du risque, une stratégie pour l’acceptation du risque de submersion marine ?
4. Le devenir de ce projet
Conclusion
Glossaire

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