Le rgyalrong situ de Brag-bar et sa contribution à la typologie de l’expression des relations spatiales

Les langues rgyalrong sont principalement parlées au sud-ouest de la Chine. Le rgyalrong situ est distribué au nord-ouest de la province du Sichuan (四川 sìchuān), à la Préfecture Autonome Tibétaine et Qiang de Rngaba (阿坝藏族羌族自治州) et dans certaines parties de la Préfecture Autonome Tibétaine de Dkar.mdzes (甘孜藏族自治州).

Le nom « rgyalrong » (rɟarôŋ, prononciation en brag-bar) provient du tibétain རྒྱལ་མོ་ཚ་བ་རོང rgyal.mo.tsha.ba.rong, qui signifie « la région agricole tempérée de la reine ». L’écriture chinoise courante de ce terme est 嘉绒 ou 嘉戎 (jiāróng). Il s’écrit aussi comme 甲绒 (jiǎróng) dans le dictionnaire tibétain-chinois (Zhang and al. 1993 : 556). Mis à part la langue, ce terme peut représenter plusieurs significations différentes. Tout d’abord, rgyalrong peut être un concept géographique politique et historique. Selon l’explication proposée dans le dictionnaire, le terme rgyalrong est le nom de la région des dix-huit principautés à l’époque ancienne qui se trouvaient dans les vallées de la région d’Amdo . Ces dix-huit principautés peuvent remonter jusqu’à la dynastie de Míng, et les rois de ces principautés étaient appelés tusi (土司, tǔsī), officiers indigènes. Le système de tusi était héréditaire, mais il devait être décerné par l’empereur chinois sous les Míng, puis mandchou sous les Qīng. Ceci indique que les principautés rgyalrong étaient politiquement alliées avec le gouvernement chinois de l’époque, soit les dynasties Míng, puis Qīng. À l’époque actuelle, cette région correspond principalement à la préfecture de Rngba et la préfecture de Dkar.mdzes au nord-ouest de la province du Sichuan.

Ensuite, rgyalrong peut désigner les habitants de la région rgyalrong historique. Ces habitants sont identifiés comme les tibétains rgyalrong (བོད་ རིགས, 嘉绒藏族 jiāróng zàngzú) par le gouvernement chinois, et ils se considèrent également comme appartenant à la nationalité tibétaine. Du point de vue de la religion, la plupart des ces habitants suivent différentes branches du bouddhisme tibétain et en bon . Les habitants rgyalrong s’appellent kərú (prononciation en brag-bar), ce terme est utilisé comme un concept opposé à kəpiɛ́, les Han (汉 hàn). Cependant, ils se considèrent quand même comme différents des tibétains locaux  d’Amdo, qu’ils appelaient mbrɐkpâ (འབྲོག་པ, ou en chinois 草地人 cǎodìrén or 牧民 mùmín), les nomades. Les gens du situ s’appellent eux-mêmes rongpâ (རོང་པ), les paysans.

Le terme 四土 (sìtǔ) est en fait l’abréviation du chinois 四土司 (sìtiǔsī), qui désigne les quatre tusi, soit les quatre rois qui autrefois gouvernaient la région de ’Barkhams pendant les dynasties Míng et Qīng. Les quatre rois sont : le roi de So.mang (སོ་མང,  磨 suōmó), le roi de Cog.tse (ཅོག་ཙེ, 卓克基 zhuókèjī), le roi de Rdzong.’gag (རྫོང་འགག, 松岗 sōnggāng ) et le roi de Dam.pa (དམ་པ, 党坝 dǎngbà).

Le situ (四土话), en tant que nom de langue, a été employé pour désigner le rgyalrong oriental d’abord par Sun (2000a : 163). Le situ est la plus répandue parmi les quatre langues rgyalrong nucléaires. Selon Lín (1993 : 411), la zone situ-phone couvre les comtés de ’Bar.khams (འབར་ཁམས, 马尔康 mǎ’ěrkāng), Chu.chen (ཆུ་ཆེན, 金川 jīnchuān), Btsan.lha (བཙན་ལྷ, 小金 xiǎojīn), et des parties des comtés de Khro.chu (ཁྲོ་ཆུ, 黑水 hēishuǐ), Hóngyuán (红 原), Lǐxiàn (理县) et Wènchuān (汶川) de la préfecture de Rngaba, ainsi que des parties des comtés de Dānbā (丹巴, rong.brag རོང་བྲག ) dans la préfecture de Dkar.mdzes, et de Bǎoxīng (宝兴) à Yǎ’ān (雅安). Le situ est parlé par environ 67000 à 73000 locuteurs (Gates 2014 : 102, 104).

La variété que la présente thèse étudie en priorité est le parler de Bragbar. Le brag bar est le nom à la fois de la langue et de la division administrative locale. Ce nom provient du tibétain བྲག brag « falaise » et བར bar « entre », qui signifie littéralement « entre les falaises ». Il se prononce comme prawâr par ses locuteurs. En tant que nom de lieu, ce nom désigne le canton de Brag-bar 白湾 乡 Báiwān xiāng, qui est affilié à la ville de ’Barkhams. Le gouvernement du canton est à environ 38 kilomètres de la ville de ’Barkhams. Le brag-bar se situe entre le territoire de l’ancien Roi de Rdzong.’gag et celui du Roi de Khroskyabs. Le canton de Brag-bar a sous sa juridiction neuf villages. Il y en a six répartis le long de la rivière So.mang qui sont dans l’ordre de l’amont à l’aval, mbərtsiɛ́(木尔基 Mù’ěrjī), serí (色里 Sèlǐ), cɐták (加达 Jiādá), ʑakpâr (饶 巴 Ráobā), ɕkantô (石广东 Shíguǎngdōng), et jiŋgró (英果洛 Yīngguǒluò). Ces six villages sont appelés 内六社 (nèiliùshè) par les habitants locaux, qui sont les locuteurs du situ de Brag-bar (≈ 2000 locuteurs) Les trois villages, tartɕəkták (大石凼 Dàshídàng), ɲamkhɐ́j (年克 Niánkè) et vəngú (温古 wēngǔ), sont situés le long de la rivière Dùkē (杜柯河), et sont appelés 外三社 (wàisānshè) par les habitants locaux. Selon les informateurs du village de Jiādá, ces trois villages parlent un dialecte du khroskyabs qui n’est pas intelligible avec le brag bar, sur lequel je n’ai pas personnellement enquêté.

Du fait de raisons géographique, politique et religieuse, les langues avec lesquelles les langues rgyalrong entretiennent le plus de contacts sont des dialectes tibétains locaux et le mandarin du sud-ouest et aussi récemment le mandarin standard. Cela se reflète directement dans le grand nombre de mots empruntés à ces deux langues.

Les langues rgyalrong ont une longue histoire de contacts avec le tibétain. Jacques (2004b : 178-200 ; 2008 : 109-147), selon la correspondance phonétique, a discuté des différentes couches d’emprunts au tibétain du rgyalrong japhug, qui remontent à la période de l’Empire du Tibet (618-842), où les mots empruntés conservent la prononciation du tibétain ancien. Le contact avec le chinois a commencé plus tard pendant les guerres à Chu-chen et à Btsan-lha durant le règne de l’Empereur Qiánlóng. Les contacts intenses avec le chinois local ont eu lieu après les années 1950, et l’influence du chinois continue d’augmenter. Lín (1993 : 95) a remarqué que les emprunts chinois dans les dialectes de So-mang et de Cogtse du situ dans les années 1950 représentaient environ 3,6% et en 1987, le chiffre atteint 28,9% sur les 2800 mots d’un questionnaire. Étant donné la large distribution des dialectes du situ, il n’est pas surprenant que certaines variétés se maintiennent mieux que d’autres, en fonction des contextes sociolinguistiques.

En ce qui concerne le dialecte de Brag-bar, il se transmet encore aux jeunes. Toutefois, la plupart des jeunes locuteurs ne peuvent utiliser qu’un vocabulaire limité. Ceux qui sont nés après les années 1990 et 2000 et vont travailler et étudier à l’extérieur soit ne parlent totalement pas le brag-bar, soit l’utilisent uniquement à la maison. Les générations plus âgées, comme celles nées dans les années 1950 et 1960, en particulier celles qui habitent dans le village, ont encore une bonne maîtrise du brag-bar, mais elles sont essentiellement bilingues chinois/brag-bar. Seuls ceux de la génération de leurs parents (nés dans les années 1930 et 1940) sont toujours monolingues rgyalrong. Selon le standard de l’UNESCO (2003), la vitalité du dialecte de Brag-bar se situe entre Unsafe (4) et Stable pourtant menacé (5-).

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Table des matières

Introduction
1.1 La région
1.1.1 Le nom « rgyalrong »
1.1.2 Le nom « situ »
1.1.3 Le dialecte de Brag-bar
1.1.4 Contexte socio-linguistique et vitalité
1.2 Les langues rgyalrongs et leur classification
1.2.1 Classification supérieure
1.2.1.1 Hypothèse « qianguique »
1.2.1.2 Hypothèse « runguique »
1.2.2 Classification interne
1.2.3 Situ (rgyalrong oriental)
1.2.3.1 Classification des dialectes du situ
1.2.3.2 Situ du nord
1.2.4 Études précédentes sur le situ
1.3 Les sujets étudiés dans la thèse
1.3.1 Systèmes d’orientation
1.3.1.1 Divergence dialectale à l’intérieur du groupe
1.3.1.2 Préfixes directionnels et la morphologie verbale rgyalronguique
1.3.2 Système de mouvement associé
1.4 Les données
1.4.1 Données du brag-bar
1.4.1.1 Histoires traditionnelles collectées
1.4.2 Sources des langues citées
1.5 Éléments récapitulatifs
1.5.1 Caractéristiques typologiques
1.5.1.1 Phonologie
1.5.1.2 Ordre de mots et alignement
1.5.1.3 Indexation de personne hiérarchique
1.5.2 Morphologie nominale
1.5.3 Indexation de personne
1.6 La structure de la thèse
Conclusion

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