Le sujet de recherche auquel je m’intéresse dans ce mémoire est celui du respect des différences et de l’éveil à l’empathie, grâce à la littérature jeunesse, pour mieux vivre ensemble à l’école maternelle. Pour commencer, le sujet spécifique que sont les violences scolaires m’intéresse depuis ma licence de sociologie. Au sein de celle-ci, j’ai pu effectuer une journée d’observation dans une classe de CE2 à Bellevue, un quartier sensible de Nantes, dans le cadre de l’élaboration d’un dossier sur les différences entre les manières d’enseigner en zones prioritaires et en milieux favorisés. C’est ainsi que j’ai choisi de m’appuyer sur ce sujet pour me professionnaliser et m’auto-former tout au long de ma première année de Master à l’ESPE, en rassemblant des informations sur ce propos grâce à des ressources et à des enquêtes de terrain, tout en développant un esprit critique vis à vis d’elles. En effet, je suis attentive à la question de la violence et du bien être à l’école, puisqu’il est une condition indispensable au bon déroulement des apprentissages en collectivité, comme mes observations le confirment.
Définition de la différence
La différence représente l’ensemble des caractères qui nous distinguent les uns des autres. Ces caractères peuvent être physiques, culturels ou intellectuels. En effet, nous n’avons pas la même apparence physique, les mêmes façons de penser et de vivre, ni les mêmes possibilités intellectuelles et physiques : nos personnalités sont en cela toutes différentes. Parfois, ces différences nous séparent et peuvent conduire à de l’incompréhension et à des discriminations, qui remettent en cause les principes des Droits de l’Homme. Pourtant, nous sommes, malgré nos différences, tous des êtres humains : même si nos différences peuvent faire peur quand on les découvre, elles nous enrichissent aussi et nous poussent à faire évoluer nos regards. Nos différences nous permettent ainsi de grandir.
En effet, d’autres particularités culturelles ou physiques que les nôtres ou que celles que l’on connaît habituellement dans notre société sont bel et bien possibles. Il ne tient alors qu’à nous de se donner les moyens de les accepter pour mieux vivre ensemble, la norme ne découlant toujours que d’une simple construction sociale inscrite dans l’espace et le temps, et pouvant donc évoluer. En cela, l’école est un lieu possible d’ouverture d’esprit où les enfants peuvent découvrir et comprendre cette richesse du monde dans lequel ils vivent. Depuis les attentats de 2015, l’école donne d’ailleurs une place encore plus importante au vivre ensemble dans les enseignements. Sans renier nos différences en affirmant qu’on est « tous pareils », mais en discutant d’autres manières d’être ou de faire possibles et existantes dans le monde, les enfants peuvent alors y apprendre à vivre en démocratie. Ils deviennent ainsi peu à peu des citoyens lucides et éclairés de notre société, puisqu’ils comprennent alors que les différences sont des diversités dont nous faisons partie, et qui n’empêchent pas pour autant l’égalité des droits.
Toutes ces différences existantes (genre, âge, apparence, origine, idées, etc.) peuvent nous rendre discriminés, mais aussi discriminants. En France, l’article 225-1 du Code Pénal retient une liste de critères définissant la discrimination : « Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur lieu de résidence, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur orientation ou identité sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. » Ainsi, le fait de traiter une personne ou un groupe d’une autre manière que les autres seulement à cause de l’un des critères cités dans cet article est considéré comme étant de la discrimination.
Les discriminations sont souvent dues aux opinions préconçues que l’on a sur quelqu’un, et qui sont généralement transmises inconsciemment à travers une culture. C’est ce que l’on appelle les préjugés. Ce sont des idées qui ne reposent que sur des généralisations sans preuve ou fait vérifié, et qui mènent à des différences et particularités de comportements vis à vis des personnes discriminées, portant ainsi préjudice au principe d’égalité entre les Hommes, et participant notamment au mauvais climat scolaire.
La discrimination nuit à autrui sur une base non justifiée alors qu’au contraire, la discrimination positive est une exception faite au respect de l’égalité, dans le but de favoriser une personne ou un groupe ayant subi des inégalités et donc dans le but de l’aider à retrouver sa place légitime dans la société.
Selon l’article 1er de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée en 1948, ainsi que dans la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) de 1989, tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Cependant, comme nous l’avons vu, ce principe d’égalité n’est pas toujours respecté. En effet, si nous sommes tous égaux, nous sommes aussi tous différents, et il est nécessaire de connaître et de comprendre ces différences pour que cette égalité puisse être appliquée. Le respect des différences passe alors par l’apprentissage de la tolérance, du vivre ensemble et du respect des limites et des compétences de chacun, en ayant la capacité à comprendre et à accepter les choses qui peuvent nous paraître inconnues ou étranges au premier abord. La non-discrimination est en effet une valeur fondamentale du traité de la CIDE, acté par la France depuis le 7 août 1990, et faisant l’objet de l’article 2 : « Tous les droits énoncés par la Convention doivent être accordés à tous les enfants, filles et garçons, quelle que soit leur origine ou celle de leurs parents. Les États s’engagent à ne pas violer ces droits et à les faire respecter pour tous les enfants. » De plus, l’article 29 définit que l’éducation des enfants doit viser à les préparer à assumer leurs responsabilités dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d’égalité et d’amitié entre tous.
Prenons l’exemple du handicap : une personne en situation de handicap est semblable aux autres, mais est aussi différente des autres. Elle est semblable car elle est un être humain qui a les mêmes besoins que les autres, et qu’elle est un citoyen comme les autres qui a les mêmes droits et les mêmes devoirs. Cependant, elle est également différente des autres puisqu’elle a aussi d’autres besoins : elle rencontre plus de difficultés que les autres citoyens, du fait de sa déficience et de son handicap. On nomme handicap la difficulté à vivre à égalité avec les autres à cause d’une déficience due à des problèmes divers (par exemple des problèmes de santé) et à cause des obstacles que rencontre la personne déficiente dans sa vie quotidienne . Les droits des personnes handicapées, y compris des enfants et des jeunes, sont protégés par un texte international : la Convention relative aux droits des personnes handicapées, adoptée en 2006 par les Nations Unies.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) reconnaît trois types de handicap :
– Le handicap physique est moteur ou relationnel (paralysies, amputations, infirmité motrice cérébrale, myopathie, etc.) et peut aussi toucher la voix (mutisme,laryngectomie).
– Le handicap sensoriel regroupe les malvoyants, non voyants et malentendants.
– Le handicap mental représente les déficiences intellectuelles et relationnelles durables.
D’après l’enquête HID de 2001 élaborée par l’INSEE, 12 millions de français seraient touchés par un handicap.
L’article 23 de la Convention internationale des droits de l’enfant reconnaît, elle, « que les enfants physiquement ou mentalement handicapés doivent mener une vie pleine et décente, dans des conditions qui garantissent leur dignité, favorisent leur autonomie et facilitent leur participation active à la vie de la collectivité. » Ainsi, l’enfant handicapé a donc le droit de bénéficier de soins spéciaux, et, dans la mesure du possible, d’une aide adaptée et gratuite pour pouvoir avoir accès à l’éducation et à la rééducation, à la formation et à la préparation à l’emploi, de façon à lui assurer une intégration sociale aussi complète que possible. Il doit aussi pouvoir accéder aux activités récréatives et aux services propres à assurer son épanouissement personnel pour lui permettre de devenir, autant que les autres, un citoyen du monde le plus autonome possible.
La loi française « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », dite loi handicap , et promulguée en 2005 sous le gouvernement Raffarin, prend un grand nombre de décisions pour améliorer la vie des personnes en situation de handicap : création d’une Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), institution du droit fondamental à la compensation du handicap (allocations), obligation d’emploi de personnes en situation de handicap, principe d’accessibilité pour tous et droit d’être un citoyen comme un autre. De plus, cette loi affirme que tout enfant ou adolescent présentant un handicap ou un trouble invalidant sa santé sera inscrit dans l’école de son quartier.
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Table des matières
Introduction
I – Cadre théorique
A) Définition de la différence
B) Le respect pour vivre ensemble
C) La philosophie et le débat à l’école maternelle
D) Ce que préconisent les programmes
II – Séquence mise en place
A) Description générale de la séquence
B) L’album de jeunesse support
C) La découverte de l’album
D) La discussion-débat sur la différence
E) La discussion-débat sur le respect
F) Le cas du handicap
G) La trace écrite collective
III – Analyse du recueil des données
A) Ce que cette séquence a fait évoluer chez les élèves
B) Ce que cette séquence apporte à ma réflexion
C) Ce qui pourrait enrichir davantage la réflexion des élèves
Conclusion
Bibliographie
Sitographie
Annexes